🎥 De l’euphorie à la crise : synthèse visuelle de l’effondrement de 1929 et de la réponse politique américaine. 📸 Source : Réviser l’histoire / IA.
🎯 Pourquoi le Krach de 1929 est-il une rupture majeure en histoire ?
L’histoire du XXe siècle bascule véritablement un jeudi d’octobre, lorsque la bourse de New York s’effondre brutalement, mettant fin à l’insouciance des années 1920. Le Krach de 1929 n’est pas seulement un événement financier technique, c’est le détonateur d’une crise économique et sociale mondiale sans précédent : la Grande Dépression. Cet effondrement va déstabiliser les démocraties, favoriser la montée des totalitarismes en Europe et transformer radicalement le rôle de l’État dans l’économie. Pour comprendre le monde actuel et les crises contemporaines, il est indispensable d’analyser comment ce séisme boursier a pu plonger l’humanité dans une décennie de misère et de tensions politiques.
🎥 De l’euphorie à la crise : synthèse visuelle de l’effondrement de 1929 et de la réponse politique américaine. 📸 Source : Réviser l’histoire / IA.
🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :
- 🥂 Les « Années folles » : une prospérité fragile
- 📉 Le mécanisme du Krach de 1929
- 🌍 De la crise américaine à la dépression mondiale
- ue🏚️ Misère sociale et conséquences politiques
- 🦅 La réponse américaine : le New Deal de Roosevelt
- 🔄 L’héritage du krach et les leçons économiques
- 🧠 À retenir
- ❓ FAQ
- 🧩 Quiz
🥂 Les « Années folles » : une prospérité apparente minée par les déséquilibres
📌 L’euphorie économique américaine de l’après-guerre
Pour comprendre la violence de la chute, il faut d’abord saisir la hauteur du sommet atteint par l’économie américaine. Au sortir de la Première Guerre mondiale, les États-Unis sont les grands vainqueurs économiques. Alors que l’Europe se reconstruit péniblement, l’Amérique entre dans une ère de prospérité spectaculaire surnommée les « Roaring Twenties » (les années rugissantes). La production industrielle explose, augmentant de plus de 50 % entre 1920 et 1929. C’est l’avènement de la société de consommation de masse : l’automobile (grâce au fordisme), la radio, l’électroménager entrent dans les foyers américains. Cette croissance est soutenue par un optimisme inébranlable. Le président républicain Herbert Hoover, élu en 1928, déclare même que l’Amérique est sur le point de triompher définitivement de la pauvreté. Wall Street, la bourse de New York, devient le symbole de cette réussite. L’indice Dow Jones ne cesse de grimper, attirant non seulement les banquiers et les industriels, mais aussi les petits épargnants persuadés que l’achat d’actions est un moyen sûr et rapide de s’enrichir. Tout semble possible dans cette atmosphère d’euphorie où le progrès technique et le profit semblent ne jamais devoir s’arrêter.📌 La spéculation boursière et le crédit facile
Cependant, cette prospérité repose sur des fondations fragiles. Le moteur principal de la hausse boursière n’est plus la santé réelle des entreprises, mais la spéculation. De plus en plus d’Américains achètent des actions non pas pour toucher des dividendes (la part des bénéfices), mais pour les revendre plus cher quelques jours plus tard. C’est ce qu’on appelle une bulle spéculative : le prix des actions se déconnecte de la valeur réelle de l’économie. Entre 1927 et 1929, les cours s’envolent de façon irrationnelle, alimentés par la conviction collective que la baisse est impossible. Le danger est amplifié par un système pervers : l’achat à crédit, ou « achat sur marge ». Le principe est simple mais risqué. Un spéculateur peut acheter pour 10 000 dollars d’actions en ne versant que 1 000 dollars de sa poche (10 %), le reste étant prêté par son courtier (le broker), qui lui-même emprunte aux banques. L’idée est de rembourser le prêt avec la plus-value réalisée lors de la revente. Tant que la bourse monte, tout le monde gagne de l’argent. Mais si la bourse baisse, même légèrement, le mécanisme s’inverse brutalement : le courtier exige le remboursement immédiat, obligeant le spéculateur à vendre ses titres en catastrophe, ce qui accélère la baisse.📌 Les faiblesses structurelles de l’économie réelle
Derrière la façade étincelante de Wall Street, l’économie réelle (la production de biens et services) montre des signes d’essoufflement dès 1928. Le premier secteur touché est l’agriculture. Les fermiers américains, qui s’étaient endettés pour moderniser leur matériel pendant la guerre afin de nourrir l’Europe, font face à une surproduction chronique. Les prix agricoles s’effondrent, les ruinant bien avant le krach boursier. Cette crise rurale réduit le pouvoir d’achat d’une grande partie de la population. De plus, la production industrielle commence à dépasser la demande. Les salaires des ouvriers augmentent beaucoup moins vite que les profits des entreprises (+43 % pour les profits contre +8 % pour les salaires entre 1923 et 1929). Les ménages s’endettent donc massivement pour continuer à consommer. Le marché immobilier commence également à stagner. En résumé, avant même que le Krach de 1929 n’éclate, l’économie américaine est en surchauffe : surproduction, endettement excessif, inégalités croissantes et spéculation débridée forment un cocktail explosif prêt à sauter à la moindre étincelle.📉 Le mécanisme du Krach de 1929 : du Jeudi Noir à l’effondrement bancaire
📌 La semaine fatidique : Jeudi Noir et Mardi Noir
Le retournement commence doucement au début de l’automne 1929, avec quelques séances de baisse qui inquiètent les investisseurs avertis. Mais la panique se déclenche véritablement le 24 octobre 1929, une date restée dans l’histoire sous le nom de « Jeudi Noir » (Black Thursday). Ce matin-là, dès l’ouverture, des millions d’actions sont mises en vente sans trouver d’acheteurs. La loi de l’offre et de la demande joue alors à plein régime : faute d’acheteurs, les prix s’effondrent. À midi, la panique est totale. Les grands banquiers new-yorkais, dont J.P. Morgan, tentent d’intervenir en achetant massivement des titres pour soutenir les cours, ce qui permet une légère accalmie en fin de journée. Cependant, le répit est de courte durée. Le lundi suivant, la baisse reprend, et le 29 octobre 1929, le « Mardi Noir », le marché s’effondre définitivement. 16 millions d’actions sont jetées sur le marché dans une atmosphère de chaos indescriptible. Les téléscripteurs (les machines qui donnaient le prix des actions) ont des heures de retard, si bien que les gens vendent sans même savoir à quel prix. En quelques semaines, la valeur virtuelle de milliers d’entreprises part en fumée. Des fortunes colossales disparaissent, et de nombreux petits épargnants qui avaient joué à crédit se retrouvent non seulement ruinés, mais endettés à vie.📌 De la crise boursière à la crise bancaire
Si le krach n’avait touché que quelques spéculateurs, l’impact aurait été limité. Mais la crise se propage immédiatement au système bancaire. Comme nous l’avons vu, les banques avaient prêté massivement aux courtiers et aux spéculateurs. Avec l’effondrement des cours, ces emprunteurs sont incapables de rembourser. Les banques se retrouvent donc avec des créances irrécouvrables (des dettes qui ne seront jamais payées) dans leurs bilans. Pire encore, certaines banques avaient elles-mêmes spéculé avec l’argent de leurs clients, une pratique peu régulée à l’époque. La nouvelle de la fragilité des banques se répand comme une traînée de poudre. Un phénomène psychologique redoutable se met en place : le « bank run » (la ruée bancaire). Paniqués à l’idée de perdre leurs économies, des millions d’Américains se précipitent aux guichets pour retirer leur argent liquide. Or, aucune banque ne garde tout l’argent des dépôts dans ses coffres (cet argent est prêté ou investi). Face à ces demandes massives de retraits simultanés, les banques, à court de liquidités, font faillite les unes après les autres. Entre 1929 et 1933, près de 9 000 banques américaines mettent la clé sous la porte, engloutissant l’épargne de millions de familles innocentes qui n’avaient jamais acheté une seule action.📌 L’arrêt du crédit et la spirale déflationniste
L’effondrement du système bancaire paralyse toute l’économie. Les banques survivantes, traumatisées, cessent de prêter de l’argent. Sans crédit, les entreprises ne peuvent plus investir ni payer leurs fournisseurs ; sans crédit, les ménages ne peuvent plus acheter de voitures ou de maisons. La consommation chute brutalement. Face à la baisse de la demande, les entreprises accumulent des stocks invendus. Pour survivre, elles n’ont que deux solutions : baisser les prix et baisser la production. C’est le début de la déflation (une baisse générale et durable des prix), un phénomène économique dévastateur. La baisse des prix entraîne la baisse des profits, qui entraîne des licenciements massifs et des baisses de salaires. Les chômeurs consomment moins, ce qui fait encore baisser les prix, et le cercle vicieux s’auto-entretient. La production industrielle américaine est divisée par deux entre 1929 et 1932. Le Krach de 1929 s’est ainsi transformé en une Grande Dépression systémique.🌍 De la crise américaine à la dépression mondiale
📌 Le rapatriement des capitaux américains
La crise ne reste pas confinée aux frontières américaines. Les États-Unis étant devenus la première puissance économique et financière mondiale après 1918, ils sont le créancier du monde. Durant les années 1920, les banques américaines investissaient massivement en Europe, notamment en Allemagne et en Autriche, pour aider ces pays à se reconstruire et à payer les réparations de guerre. Lorsque la crise frappe Wall Street, les banques américaines, en manque cruel de liquidités, rapatrient urgemment leurs capitaux investis à l’étranger. Ce retrait brutal des capitaux américains déstabilise totalement l’économie européenne. L’Allemagne, dont l’économie dépendait des prêts américains à court terme, est touchée de plein fouet dès 1930. Le système bancaire centre-européen vacille, symbolisé par la faillite retentissante de la banque autrichienne Creditanstalt en mai 1931. L’Europe se retrouve privée de son moteur financier, propageant la récession sur le Vieux Continent. Pour approfondir les mécanismes financiers, tu peux consulter les ressources pédagogiques de Lumni.📌 L’effondrement du commerce international et le protectionnisme
L’autre vecteur de contagion est le commerce international. Face à la crise, le réflexe immédiat des gouvernements est de protéger leur propre industrie. En 1930, le Congrès américain vote le tarif Hawley-Smoot, qui augmente considérablement les droits de douane sur plus de 20 000 produits importés. L’idée est de forcer les Américains à acheter américain pour sauver les emplois. C’est une erreur tragique. En représailles, les partenaires commerciaux des États-Unis (Europe, Canada, etc.) augmentent eux aussi leurs barrières douanières. Le résultat est catastrophique : le commerce mondial s’effondre, perdant deux tiers de sa valeur entre 1929 et 1933. Au lieu de sauver l’économie nationale, le protectionnisme aggrave la crise partout en fermant les débouchés à l’exportation. Les pays dont l’économie reposait sur les exportations de matières premières (comme les pays d’Amérique latine) sont ruinés par la chute des cours et la fermeture des frontières. La crise devient véritablement planétaire.📌 Les spécificités de la crise en Europe : Allemagne, Royaume-Uni, France
En Europe, la crise frappe de manière inégale et décalée. Le Royaume-Uni, déjà en difficulté économique dans les années 1920, subit une aggravation du chômage et doit abandonner l’étalon-or (la convertibilité de la livre en or) en 1931 pour dévaluer sa monnaie et tenter de relancer ses exportations. L’Allemagne est le pays le plus durement touché après les États-Unis : la production industrielle s’effondre, et le nombre de chômeurs explose, atteignant 6 millions en 1932, créant un terreau fertile pour la propagande nazie. La France semble d’abord épargnée, touchée tardivement à partir de 1931. Sa structure économique plus rurale, moins bancarisée et son franc sous-évalué la protègent un temps. On parle de la France comme d’un « îlot de prospérité ». Cependant, quand la crise arrive, elle s’installe durablement. La France s’enferme dans une politique de déflation et de maintien de l’étalon-or qui prolonge la stagnation économique jusqu’à la fin de la décennie, alimentant une forte instabilité politique qui mènera au Front Populaire.🏚️ Misère sociale, chômage de masse et conséquences politiques
📌 L’explosion du chômage et la paupérisation
La conséquence la plus visible et la plus dramatique du Krach de 1929 est le chômage de masse. Aux États-Unis, le taux de chômage passe de 3 % en 1929 à près de 25 % en 1933. Un quart de la population active se retrouve sans emploi, sans revenu et, à l’époque, sans aucune protection sociale (pas d’assurance chômage). Les files d’attente pour la soupe populaire (breadlines) s’allongent interminablement dans les grandes villes. La classe moyenne bascule dans la pauvreté du jour au lendemain. Les familles expulsées de leur logement se regroupent dans des bidonvilles de fortune construits avec des tôles et du carton, surnommés ironiquement « Hoovervilles » en référence au président Hoover, jugé responsable de leur malheur par son inaction. Cette misère est aggravée dans le centre des États-Unis par une catastrophe écologique, le Dust Bowl : des tempêtes de poussière dues à la sécheresse et à la surexploitation des sols ruinent les fermiers de l’Oklahoma et du Kansas, jetant des milliers de familles sur les routes de l’exode vers la Californie, une tragédie immortalisée par l’écrivain John Steinbeck dans Les Raisins de la colère.📌 La montée des extrémismes politiques
La crise économique se transforme rapidement en crise politique. La misère et le désespoir poussent les populations à rejeter les partis traditionnels et le libéralisme économique, jugés incapables de résoudre la situation. Les peuples cherchent des hommes providentiels et des solutions radicales. En Amérique latine, la crise provoque une vague de coups d’État militaires. Mais c’est en Europe que les conséquences sont les plus funestes. En Allemagne, la République de Weimar, déjà fragile, est balayée par la crise. Le parti nazi (NSDAP) d’Adolf Hitler exploite la détresse des chômeurs et la peur du déclassement des classes moyennes. Il promet du travail et la restauration de la fierté nationale. Lors des élections législatives, le parti nazi passe de 2,6 % des voix en 1928 à 37,3 % en juillet 1932, devenant le premier parti du pays. Il existe un lien direct entre la courbe du chômage et la montée du nazisme. Le 30 janvier 1933, Hitler accède au pouvoir. Ainsi, le Krach de 1929 est une cause indirecte mais majeure de la Seconde Guerre mondiale.📌 Les marches de la faim et les tensions sociales
Partout dans le monde occidental, le climat social se tend. Les grèves, les manifestations et les « marches de la faim » se multiplient. Aux États-Unis, les vétérans de la Première Guerre mondiale marchent sur Washington en 1932 pour réclamer le paiement anticipé de leur pension, avant d’être violemment dispersés par l’armée. En France, les ligues d’extrême droite manifestent violemment le 6 février 1934, faisant craindre un coup d’État et poussant les partis de gauche à s’unir. La démocratie libérale semble à bout de souffle. Deux modèles concurrents fascinent alors une partie de l’opinion : le communisme de l’URSS (qui semble épargné par la crise car son économie est fermée et planifiée) et le fascisme (qui prône l’ordre et l’intervention de l’État). C’est dans ce contexte de remise en cause du capitalisme libéral que vont émerger de nouvelles politiques économiques.🦅 La réponse américaine : le New Deal de Roosevelt
📌 L’élection de Franklin D. Roosevelt et le tournant de 1933
Face à l’ampleur du désastre, le président Herbert Hoover reste attaché aux dogmes du libéralisme classique : il pense que le marché va s’autoréguler et refuse l’intervention directe de l’État fédéral pour aider les chômeurs. Cette attitude le rend extrêmement impopulaire. Lors de l’élection présidentielle de novembre 1932, le candidat démocrate Franklin Delano Roosevelt (FDR) l’emporte haut la main en promettant une « Nouvelle Donne » (New Deal) au peuple américain. Lors de son investiture en mars 1933, Roosevelt prononce cette phrase célèbre : « La seule chose que nous devons craindre, est la crainte elle-même ». Dès ses « Cent premiers jours » au pouvoir, il lance un programme de réformes législatives d’une rapidité et d’une ampleur jamais vues. C’est la fin du « Laissez-faire ». L’État fédéral devient le moteur de la relance économique et le protecteur social, marquant une rupture idéologique fondamentale dans l’histoire des États-Unis.📌 Les 3 R : Relief, Recovery, Reform
Le New Deal s’articule autour de trois axes majeurs, souvent résumés par les « 3 R ». Le premier est le Relief (Secours) : il s’agit d’apporter une aide d’urgence aux plus démunis. L’État distribue de l’argent aux États pour financer des soupes populaires et des aides directes. Le deuxième est la Recovery (Reprise) : l’État finance de gigantesques travaux publics pour donner du travail aux chômeurs et relancer l’économie. La Tennessee Valley Authority (TVA) construit des barrages pour apporter l’électricité dans le Sud pauvre. La WPA (Works Progress Administration) embauche des millions d’hommes pour construire des routes, des ponts, des écoles et même des parcs nationaux. Le troisième axe est la Reform (Réforme) : il s’agit de réguler l’économie pour éviter qu’une telle crise ne se reproduise. Dans l’agriculture, l’AAA (Agricultural Adjustment Act) verse des indemnités aux fermiers pour qu’ils réduisent leur production afin de faire remonter les prix. Dans l’industrie, le NIRA (National Industrial Recovery Act) encourage les ententes sur les prix et les salaires pour stopper la spirale déflationniste et autorise les syndicats.📌 La régulation financière et l’État-providence
Un aspect crucial du New Deal est la mise au pas de la finance. En 1933, le Glass-Steagall Act impose une séparation stricte entre les banques de dépôt (où les gens mettent leur épargne) et les banques d’affaires (qui spéculent en bourse). Cette loi vise à empêcher que l’argent des épargnants soit utilisé pour jouer en bourse. La SEC (Securities and Exchange Commission) est créée pour surveiller Wall Street et imposer la transparence. Ces régulations assureront la stabilité financière pendant près de 50 ans. En 1935, lors du « Second New Deal », Roosevelt va plus loin avec le Social Security Act. C’est la naissance de l’État-providence américain : cette loi crée pour la première fois un système de retraite fédéral et une assurance chômage. Roosevelt pose ainsi les bases d’un filet de sécurité sociale. Si le New Deal a été critiqué (certains le trouvant trop socialiste, d’autres pas assez efficace pour résorber tout le chômage), il a redonné confiance aux Américains et sauvé la démocratie aux États-Unis, contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne.🔄 L’héritage du krach et les leçons économiques
📌 La théorie keynésienne : une nouvelle vision de l’économie
Le Krach de 1929 a permis la validation des théories de l’économiste britannique John Maynard Keynes. Avant la crise, la pensée dominante croyait que l’équilibre budgétaire (ne pas dépenser plus qu’on ne gagne) était la règle d’or, même en temps de crise. Keynes démontre l’inverse : en période de récession, l’État doit dépenser de l’argent (même s’il doit s’endetter pour cela) afin de soutenir la demande globale. C’est le principe du multiplicateur keynésien : la dépense publique crée des emplois, qui créent des revenus, qui créent de la consommation, qui relance la production. Cette pensée a guidé les politiques économiques des « Trente Glorieuses » après 1945. Pour approfondir ce lien entre dette et relance, tu peux lire notre article sur la dette publique et l’austérité. L’idée que l’État a un rôle de régulateur et d’amortisseur social est un héritage direct de la crise de 1929.📌 Comparaison avec la crise de 2008
La crise financière de 2008, dite des subprimes, est souvent comparée à celle de 1929. Les points communs sont nombreux : une bulle spéculative (immobilière en 2008, boursière en 1929), un endettement excessif des ménages, des produits financiers complexes et opaques, et une crise bancaire mondiale. Cependant, une différence majeure réside dans la réaction des États. En 2008, les gouvernements et les banques centrales avaient retenu les leçons de 1929. Au lieu de laisser les banques faire faillite comme en 1929, les États les ont sauvées (le « too big to fail ») et les banques centrales ont injecté massivement des liquidités pour éviter l’arrêt du crédit. Cela a permis d’éviter une Grande Dépression comparable à celle des années 1930, même si les conséquences sociales ont été lourdes, comme l’explique notre dossier sur la crise des subprimes.📌 Les leçons oubliées ?
Malgré ces leçons, l’histoire a tendance à bégayer. Les régulations mises en place après 1929 (comme le Glass-Steagall Act) ont été progressivement démantelées dans les années 1980 et 1990, au nom de la libéralisation financière, favorisant le retour de crises violentes. Le Krach de 1929 reste donc un avertissement permanent sur les dangers d’un capitalisme financier déconnecté de l’économie réelle et sur l’importance de la régulation publique pour protéger la société des excès du marché.🧠 À retenir sur le Krach de 1929
- Le Jeudi Noir (24 octobre 1929) marque l’effondrement de la bourse de New York, provoqué par une spéculation excessive et l’abus du crédit.
- La crise boursière devient une crise économique mondiale (la Grande Dépression) par le biais des faillites bancaires, du rapatriement des capitaux américains et du protectionnisme.
- Les conséquences sociales sont désastreuses : chômage de masse, misère (Hoovervilles) et montée des extrémismes, favorisant l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne.
- Aux États-Unis, le président Franklin D. Roosevelt lance le New Deal dès 1933 : un État interventionniste qui régule les banques, lance de grands travaux et crée la sécurité sociale.

