🗳️ Référendum sous la Ve République : histoire et pratique

🎯 Pourquoi le référendum sous la Ve République est-il un outil politique unique ?

Le référendum sous la Ve République constitue sans doute l’une des spécificités les plus marquantes de notre système politique, symbolisant le lien direct entre le chef de l’État et le peuple. Instauré par la Constitution de 1958, il a d’abord été l’arme favorite du général de Gaulle pour asseoir sa légitimité face aux partis politiques avant de devenir, au fil des décennies, un exercice périlleux redouté par ses successeurs. En effet, conçu initialement comme un instrument d’approbation, il s’est parfois transformé en vote sanction, provoquant des séismes politiques majeurs comme le départ de De Gaulle en 1969 ou le non à la Constitution européenne en 2005. Aujourd’hui, alors que les revendications pour plus de démocratie directe se multiplient, comprendre l’histoire de cet outil est indispensable pour saisir les blocages et les évolutions de la France contemporaine.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte juridique et historique de ce mécanisme.

📜 Les fondements constitutionnels et théoriques du référendum

📌 L’article 3 et la souveraineté nationale

Pour bien saisir la place du référendum sous la Ve République, il est impératif de revenir à la source même du texte fondamental : la Constitution du 4 octobre 1958. L’article 3 pose un principe révolutionnaire par rapport à la tradition parlementaire des IIIe et IVe Républiques. Il dispose que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Cette phrase, apparemment simple, marque une rupture idéologique majeure. En effet, elle place la démocratie directe (le référendum) sur un pied d’égalité théorique avec la démocratie représentative (le Parlement). C’est ici que réside toute l’ambition du général de Gaulle : créer un système où le Président peut, à tout moment, contourner les corps intermédiaires pour s’adresser directement aux Français.

Cependant, cette souveraineté populaire n’est pas sans limites ni procédures. Le texte constitutionnel encadre strictement les conditions dans lesquelles la parole peut être donnée au peuple. Contrairement à une idée reçue, le Président de la République ne peut pas organiser un référendum sur n’importe quel sujet, quand bon lui semble. Il doit s’appuyer sur des articles précis de la Constitution, principalement l’article 11 et l’article 89. Cette dualité juridique a d’ailleurs été la source de nombreuses controverses politiques et constitutionnelles tout au long de l’histoire du régime. Pour approfondir ce cadre, tu peux consulter l’article sur la Constitution de 1958.

📌 L’article 11 : l’arme présidentielle par excellence

L’article 11 est sans conteste le levier le plus célèbre et le plus puissant entre les mains du chef de l’État. À l’origine, il permet au Président, sur proposition du gouvernement ou des deux assemblées, de soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics. Concrètement, cela signifie que pour réformer les institutions ou ratifier un traité international, le Président peut choisir la voie directe. C’est cet article que le général de Gaulle a utilisé de manière extensive, parfois en tordant le droit, pour imposer ses vues. L’histoire a retenu cet usage comme une marque de fabrique du gaullisme : l’appel au peuple pour trancher les nœuds gordiens de la politique.

Au fil du temps, le champ d’application de l’article 11 a été élargi. Depuis la révision constitutionnelle de 1995, il est possible d’organiser un référendum sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent. Cette extension visait à moderniser l’outil référendaire, bien que son usage soit paradoxalement devenu plus rare. L’article 11 reste, dans l’imaginaire collectif, l’article de l’efficacité politique, celui qui permet de débloquer une situation par un « oui » ou un « non » franc et massif. Toutefois, son utilisation court-circuite le Parlement, ce qui explique pourquoi les députés et sénateurs ont souvent vu d’un mauvais œil ces consultations populaires.

📌 L’article 89 : la révision constitutionnelle classique

À l’opposé de l’article 11, l’article 89 organise la procédure normale de révision de la Constitution. Selon ce texte, toute modification de la loi fondamentale doit d’abord être votée par les deux assemblées (Assemblée nationale et Sénat) en termes identiques. Une fois ce pré-requis validé, le Président a le choix : soit il soumet le texte au référendum pour adoption définitive, soit il convoque le Parlement en Congrès (à Versailles) où le texte doit être approuvé à la majorité des trois cinquièmes. Dans l’esprit des rédacteurs de 1958, le référendum devait être la voie normale pour modifier la Constitution, le Congrès étant une exception pour les réformes mineures.

Pourtant, la pratique a totalement inversé cette logique. La grande majorité des révisions constitutionnelles opérées depuis 1958 sont passées par la voie du Congrès, jugée plus sûre, plus rapide et moins risquée politiquement qu’un référendum. En effet, organiser un référendum, c’est toujours prendre le risque que les électeurs ne répondent pas à la question posée, mais expriment un mécontentement envers le pouvoir en place. C’est cette peur du « vote sanction » qui a conduit à la marginalisation progressive de la voie référendaire pour les révisions constitutionnelles, au profit de la voie parlementaire.

👤 L’âge d’or : De Gaulle et la pratique plébiscitaire (1958-1969)

📌 Le référendum comme outil de légitimité personnelle

Pour le général de Gaulle, le référendum sous la Ve République n’est pas une simple technique juridique, c’est la pierre angulaire de sa conception du pouvoir. Il entretient une vision presque mystique de sa relation avec les Français. Pour lui, l’élection ne suffit pas ; il faut régulièrement « retremper » sa légitimité dans l’onction populaire. Chaque référendum organisé durant sa présidence (il y en aura cinq au total) prend ainsi une allure de plébiscite. Le marché proposé aux électeurs est clair et dramatique : « Approuvez-vous mon projet ? Si la réponse est non, je pars ». Cette personnalisation extrême du scrutin oblige les Français à se prononcer autant sur l’homme que sur le texte, ce qui renforce considérablement l’autorité du chef de l’État en cas de victoire.

Cette stratégie correspond parfaitement à la volonté de De Gaulle d’instaurer un exécutif fort, capable de gouverner au-dessus des partis. En utilisant le référendum, il contourne les « jeux du régime des partis » qu’il a tant critiqués sous la IVe République. Les partis politiques, souvent hostiles à ses projets, se retrouvent impuissants face à la vague de soutien populaire direct. C’est une méthode de gouvernement par la crise et par l’appel au peuple qui a profondément marqué la première décennie de la Ve République.

📌 Les référendums fondateurs : Algérie et élection présidentielle

La période 1958-1962 est marquée par une utilisation intense du référendum pour résoudre la tragédie algérienne. Après le référendum d’adoption de la Constitution le 28 septembre 1958 (82,6 % de oui), De Gaulle utilise cet outil pour faire accepter l’inacceptable à une partie de la droite et de l’armée : l’indépendance de l’Algérie. Le référendum du 8 janvier 1961 sur l’autodétermination en Algérie obtient 75 % de oui. Celui du 8 avril 1962, ratifiant les accords d’Évian, recueille un score massif de 91 %. Ces victoires éclatantes permettent au Général de mettre fin à la guerre tout en conservant le soutien de la nation, isolant ainsi les partisans de l’Algérie française et l’OAS.

Mais le coup de maître politique intervient à l’automne 1962. Quelques mois après l’attentat du Petit-Clamart qui a failli lui coûter la vie, De Gaulle décide de modifier la Constitution pour que le Président soit désormais élu au suffrage universel direct. Il sait que cette réforme bouleversera l’équilibre du régime en donnant au Président une légitimité indiscutable. Face à l’hostilité de tous les partis (sauf les gaullistes) et des juristes qui l’accusent de violer la Constitution en utilisant l’article 11 au lieu de l’article 89, il passe en force. Le référendum du 28 octobre 1962 est un triomphe : 62,2 % des Français disent « oui ». C’est l’acte de naissance véritable de la présidence telle que nous la connaissons aujourd’hui. Pour le détail juridique, voir les analyses sur Légifrance.

📌 1969 : Le référendum suicide ?

Si le référendum a fait la puissance de De Gaulle, il a aussi causé sa chute. En 1969, après la crise de Mai 68 qui a ébranlé le régime, le Général cherche à rétablir son autorité par un nouveau coup d’éclat. Il propose une réforme complexe mêlant la création des régions et la transformation du Sénat. Comme à son habitude, il met sa démission dans la balance. Mais cette fois, la magie n’opère plus. Les Français sont lassés, la question est technique, et une partie de la droite (menée discrètement par Pompidou) se prépare à l’après-De Gaulle. Valéry Giscard d’Estaing lance son fameux « non, mais… ».

Le 27 avril 1969, le « non » l’emporte avec 52,4 % des suffrages. Fidèle à sa promesse et à sa conception de l’honneur politique, Charles de Gaulle démissionne dès le lendemain minuit. Cet événement marque une rupture fondamentale : il prouve que le référendum-plébiscite est une arme à double tranchant. Aucun successeur du Général n’osera plus jamais mettre son mandat en jeu de manière aussi explicite lors d’un référendum, changeant ainsi la nature même de l’exercice.

⚖️ Une banalisation progressive (1969-1995)

📌 Georges Pompidou et l’ouverture européenne (1972)

Après le départ du fondateur, Georges Pompidou tente de normaliser l’usage du référendum. Il souhaite montrer que l’on peut consulter les Français sans déclencher une crise de régime. Le 23 avril 1972, il organise le premier référendum portant sur la construction européenne : il s’agit de ratifier l’élargissement de la CEE (Communauté Économique Européenne) au Royaume-Uni, à l’Irlande, au Danemark et à la Norvège. Le sujet est consensuel, trop peut-être. L’enjeu dramatique a disparu. Le résultat est sans appel mais décevant pour le pouvoir : le « oui » l’emporte largement (68 %), mais l’abstention atteint un record historique pour l’époque (39 %).

Ce référendum de 1972 est riche d’enseignements. Il montre que sans dramatisation, sans enjeu direct de pouvoir, les électeurs se mobilisent peu. Le référendum perd sa dimension sacrée pour devenir un outil de gestion politique, voire tactique. Pompidou voulait diviser la gauche (qui était effectivement partagée sur l’Europe), mais il a surtout révélé l’indifférence croissante des citoyens pour des questions jugées techniques ou lointaines.

📌 François Mitterrand : le tacticien du référendum

Valéry Giscard d’Estaing, durant son septennat (1974-1981), n’organisera aucun référendum, marquant une pause dans la pratique institutionnelle. C’est François Mitterrand qui réactive l’outil, mais avec une approche très différente de celle de De Gaulle. Pour le premier président socialiste de la Ve République, le référendum n’est pas un plébiscite (il s’est toujours opposé à cette vision), mais un moyen de régler des problèmes spécifiques ou de valider des étapes historiques. En 1988, il organise un référendum sur le statut de la Nouvelle-Calédonie, suite aux accords de Matignon qui ont ramené la paix civile sur l’archipel. Le « oui » est massif (80 %), mais l’abstention est colossale (63 %), car le sujet semble lointain aux métropolitains. Néanmoins, l’objectif politique de pacification est atteint.

Le moment le plus intense de l’ère Mitterrand reste le référendum du 20 septembre 1992 sur le traité de Maastricht. Ce scrutin coupe la France en deux, non pas selon le clivage gauche-droite habituel, mais selon une ligne de fracture sociologique et géographique (élites contre classes populaires, villes contre campagnes) qui préfigure les crises futures. La campagne est passionnée. François Mitterrand s’engage personnellement, notamment lors d’un débat télévisé célèbre face à Philippe Séguin. Le « oui » l’emporte de justesse (51,04 %). Ce « petit oui » permet à la France d’entrer dans l’euro, mais il laisse des traces profondes et une méfiance grandissante envers la construction européenne.

🇪🇺 Le traumatisme de 2005 et ses conséquences

📌 Le quinquennat de 2000 : l’indifférence générale

Avant d’aborder le choc de 2005, il faut mentionner le référendum du 24 septembre 2000 organisé par Jacques Chirac. Il portait sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans (le quinquennat). Cette réforme, pourtant structurelle pour le régime, s’est déroulée dans une indifférence quasi totale. L’abstention a atteint le niveau record de 69,8 %. Le message était clair : les Français ne se passionnent pas pour la « tambouille » institutionnelle s’ils ne perçoivent pas d’enjeu direct pour leur vie quotidienne. Ce scrutin a acté la désacralisation totale de l’outil référendaire, devenu une simple formalité administrative sans souffle démocratique.

📌 29 mai 2005 : Le « Non » qui a tout changé

Le référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) marque une rupture historique. Jacques Chirac, confiant, décide de soumettre ce texte complexe au peuple. Très vite, la campagne échappe aux partis traditionnels. Le débat est d’une intensité rare, dans les familles, les entreprises, les médias. On décortique le texte, on parle de la « directive Bolkestein », du « plombier polonais », de l’Europe sociale contre l’Europe libérale. La participation bondit à près de 70 %, prouvant que les Français aiment le débat politique quand l’enjeu est clair. Le résultat tombe comme un couperet : 54,67 % de « Non ».

Ce vote est un séisme. Il s’agit d’un désaveu cinglant pour Jacques Chirac, mais aussi pour le Parti Socialiste dont la direction appelait au « oui » alors que ses électeurs ont voté « non ». Contrairement à De Gaulle, Chirac ne démissionne pas, ce qui affaiblit encore la portée de la parole présidentielle. Mais le véritable traumatisme survient quelques années plus tard, en 2008, lorsque le Parlement adopte le Traité de Lisbonne, qui reprend l’essentiel du texte rejeté en 2005. Cet épisode est vécu par une grande partie de l’électorat comme une « trahison démocratique » ou un « déni de démocratie », nourrissant durablement la défiance envers les élites politiques et l’Union européenne. Pour comprendre ce contexte de crise, n’hésite pas à lire notre dossier sur les crises politiques.

🗳️ La crise de la représentation et le débat sur le RIC

📌 La raréfaction de l’usage référendaire

Depuis 2005, le référendum semble être devenu un tabou pour les présidents successifs. Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron (durant son premier mandat) n’ont organisé aucun référendum national relevant de l’article 11 (à l’exception de consultations locales comme sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, qui relèvent de cadres juridiques spécifiques). La crainte d’un nouveau « 2005 » paralyse l’exécutif. Le référendum est perçu comme un risque incontrôlable, une porte ouverte à l’expression de toutes les colères accumulées plutôt qu’une réponse à la question posée. Cette frilosité contraste avec les promesses de campagne qui évoquent souvent un renouveau démocratique.

Cette absence de consultation nationale directe contribue au sentiment que la politique se décide « en haut », sans le peuple. Les réformes institutionnelles successives n’ont pas réussi à combler ce fossé. Le pouvoir préfère désormais les « Grands Débats » ou les « Conventions Citoyennes » (comme celle sur le Climat), qui sont des formes de démocratie participative, mais qui n’ont pas la force contraignante d’un référendum décisionnel. Le verdict des urnes est remplacé par la synthèse des discussions, ce qui laisse souvent un goût d’inachevé aux participants.

📌 Le RIP : une fausse bonne idée ?

Pour tenter de répondre à cette demande de participation, la révision constitutionnelle de 2008 a créé le Référendum d’Initiative Partagée (RIP). L’idée était séduisante : permettre l’organisation d’un référendum si une initiative est soutenue par un cinquième des parlementaires (soit 185 élus) et par un dixième des électeurs inscrits (soit environ 4,7 millions de personnes). Sur le papier, c’est une avancée vers plus de démocratie directe. Dans la réalité, les seuils fixés sont si élevés qu’ils rendent le dispositif quasi inopérant. C’est ce que l’on appelle une « usine à gaz ».

L’exemple de la tentative de RIP contre la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) en 2019 est éclairant. Malgré une mobilisation politique et citoyenne importante, le seuil des 4,7 millions de signatures n’a pas été atteint (environ 1 million de signatures recueillies). Cet échec a renforcé la critique selon laquelle le système est verrouillé. Les citoyens ont le sentiment que l’on a créé un droit théorique impossible à exercer en pratique, ce qui alimente encore davantage la frustration démocratique.

📌 La crise des Gilets Jaunes et l’émergence du RIC

C’est dans ce contexte de blocage qu’a éclaté le mouvement des Gilets Jaunes en novembre 2018. Très vite, au-delà des revendications sur le pouvoir d’achat, une demande institutionnelle centrale a émergé : le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne). Les manifestants réclamaient la possibilité pour les citoyens de déclencher eux-mêmes un référendum (sans l’accord préalable des parlementaires) pour proposer une loi, en abroger une, révoquer un élu ou modifier la Constitution. Cette revendication marque une volonté de reprise en main directe de la souveraineté populaire, court-circuitant totalement la démocratie représentative jugée défaillante.

Le débat sur le RIC a mis en lumière deux conceptions opposées de la démocratie. D’un côté, les partisans d’une démocratie plus directe, inspirée du modèle suisse, arguant que le peuple est assez mûr pour décider. De l’autre, les défenseurs de la démocratie représentative, craignant que le RIC ne conduise à une instabilité législative permanente, au populisme ou à la remise en cause de droits fondamentaux par des majorités de circonstance. Bien que le RIC n’ait pas été adopté, il a durablement imposé la question du référendum au cœur du débat politique français.

🌍 Perspectives et comparaisons internationales

📌 Le modèle suisse : une référence indépassable ?

Dès que l’on parle de référendum, le regard se tourne vers la Suisse. Nos voisins helvètes votent plusieurs fois par an sur des sujets fédéraux, cantonaux ou communaux. C’est ce qu’on appelle les « votations ». Ce système, ancré dans une culture du compromis et du débat apaisé, fascine les partisans du RIC en France. En Suisse, le peuple peut réellement initier des lois ou s’opposer à des décisions du Parlement. Pour approfondir la compréhension des systèmes démocratiques, les ressources de Vie Publique sont très utiles.

Cependant, transposer le modèle suisse en France n’est pas simple. La culture politique française est celle de l’affrontement, du conflit (la fameuse « lutte des classes » ou le clivage droite-gauche), alors que la Suisse repose sur la recherche du consensus. De plus, la France est un État unitaire centralisé, tandis que la Suisse est une confédération où le pouvoir est très local. Importer le RIC sans changer la culture politique pourrait aboutir à des blocages permanents. C’est tout l’enjeu des discussions actuelles : comment introduire plus de participation citoyenne sans paralyser l’action de l’État ?

📌 Vers une réforme du référendum en France ?

L’avenir du référendum sous la Ve République reste incertain. Il est clair que le statu quo n’est plus tenable : l’article 11 est inutilisé par peur, et le RIP est inapplicable. Plusieurs pistes de réformes sont régulièrement évoquées par les constitutionnalistes et les politiques. L’une d’elles consisterait à abaisser drastiquement les seuils du RIP (par exemple à 1 ou 2 millions de signatures) pour le rendre praticable. Une autre serait d’élargir le champ du référendum aux questions sociétales (fin de vie, bioéthique), des sujets sur lesquels les Français souhaitent souvent s’exprimer directement.

Enfin, l’idée de référendums locaux se développe. Si le niveau national est bloqué, la démocratie locale pourrait être un laboratoire intéressant. Quoi qu’il en soit, la question du référendum est le symptôme d’une démocratie qui cherche son nouveau souffle. Entre le désir d’efficacité de l’exécutif (hérité de De Gaulle) et le désir de participation des citoyens (hérité de la crise de la représentation), le référendum sera nécessairement au cœur des prochaines alternances politiques.

🧠 À retenir sur le référendum sous la Ve République

  • C’est un outil central voulu par Charles de Gaulle en 1958 pour établir un lien direct avec le peuple et contourner les partis (usage plébiscitaire).
  • L’année 1962 est cruciale : adoption de l’élection du Président au suffrage universel direct par référendum, malgré l’opposition du Parlement.
  • Le référendum de 2005 sur la Constitution européenne marque une rupture : la victoire du « Non » et la ratification ultérieure du traité par le Parlement ont créé une crise de confiance durable.
  • Le RIP (Référendum d’Initiative Partagée), créé en 2008, s’est révélé trop complexe à mettre en œuvre, alimentant les demandes pour un RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne).

❓ FAQ : Questions fréquentes sur le référendum

🧩 Quelle est la différence entre l’article 11 et l’article 89 ?

L’article 11 permet au Président d’organiser un référendum sur l’organisation des pouvoirs publics ou des réformes économiques et sociales. L’article 89 concerne spécifiquement la révision de la Constitution et nécessite normalement un vote préalable des deux assemblées.

🧩 Le Président est-il obligé de démissionner s’il perd un référendum ?

Non, aucune règle juridique ne l’oblige à démissionner. C’était une pratique morale instaurée par le général de Gaulle (qui a démissionné en 1969 après la victoire du Non), mais ses successeurs (comme Jacques Chirac en 2005) n’ont pas suivi cette tradition.

🧩 Qu’est-ce que le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) ?

Le RIC est une proposition revendiquée notamment par les Gilets Jaunes, qui permettrait aux citoyens de déclencher eux-mêmes un référendum (sans accord des élus) dès lors qu’ils réunissent un certain nombre de signatures. Ce dispositif n’existe pas actuellement dans la Constitution française.

🧩 Quiz – Maîtrises-tu l’histoire du référendum ?

1. Quel article de la Constitution permet au Président de soumettre un projet de loi au référendum ?



2. En quelle année a eu lieu le premier référendum de la Ve République ?



3. Sur quoi portait le référendum d’octobre 1962 ?



4. Quel Président a démissionné suite à un échec au référendum ?



5. Quel était le résultat du référendum de 2005 sur la Constitution européenne ?



6. Que signifie l’acronyme RIP ?



7. Combien de signatures d’électeurs faut-il environ pour déclencher un RIP ?



8. Quel Président a organisé un référendum sur le quinquennat en 2000 ?



9. Quel traité a été ratifié par le référendum de 1992 ?



10. Quel mouvement a fortement revendiqué le RIC en 2018-2019 ?



11. Comment appelle-t-on un référendum où l’on vote davantage pour ou contre une personne que pour le texte ?



12. Quel article de la Constitution régit la révision constitutionnelle classique ?



13. Sur quel sujet portait le premier référendum organisé par Georges Pompidou en 1972 ?



14. Quel était le taux de participation au référendum sur le quinquennat en 2000 ?



15. Quelle île française a fait l’objet d’un référendum en 1988 ?



16. Qui peut initier un référendum article 11 ?



17. Quel pays est souvent cité comme modèle pour ses « votations » fréquentes ?



18. Quel président n’a organisé aucun référendum national durant son mandat ?



19. Quelle tentative de RIP a échoué en 2019-2020 faute de signatures suffisantes ?



20. En quelle année le Général de Gaulle a-t-il démissionné ?



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