🧭 Ve République : institutions, origine et enjeux démocratiques expliqués simplement

🎯 Pourquoi la Ve République est-elle une étape clé de la démocratie française ?

La Ve République est le régime politique en vigueur en France depuis 1958 et elle structure encore aujourd’hui la vie démocratique du pays. Elle naît dans un contexte de crise grave, avec la guerre d’Algérie et le retour au pouvoir du général Charles de Gaulle, ce qui explique ses institutions plus stables et un exécutif renforcé. Pour bien comprendre la place de la Ve République, il faut donc revenir sur ses origines, ses grandes réformes et les débats qu’elle suscite sur la qualité de la démocratie française. Tu verras ainsi comment ce régime organise concrètement le pouvoir, les élections et les contre-pouvoirs que tu retrouves dans tes chapitres de cours.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de naissance de ce régime politique.

🧭 Origines et naissance de la Ve République en 1958

📌 Une IVe République en crise permanente

Pour comprendre la naissance de la Ve République, il faut d’abord revenir sur la IVe République, en place entre 1946 et 1958, marquée par une grande instabilité politique. Le Parlement y est très puissant, les gouvernements sont fragiles, et les coalitions éclatent souvent, ce qui conduit à une succession rapide de présidents du Conseil. De plus, cette période est traversée par de graves crises coloniales, comme les guerres d’Indochine et d’Algérie, ce qui fragilise encore la confiance des citoyens dans le régime.

Dans ce contexte, beaucoup de responsables politiques dénoncent les faiblesses institutionnelles de la IVe République et réclament une réforme profonde. Ainsi, certains souhaitent renforcer l’exécutif pour éviter les chutes de gouvernement à répétition et assurer une continuité de l’action publique. Tu peux d’ailleurs mettre en relation cette crise de régime avec l’évolution plus longue de la démocratie française depuis la Révolution, marquée par l’alternance de phases de stabilité et de périodes de remise en cause.

⚔️ La guerre d’Algérie et le retour de Charles de Gaulle

La crise décisive éclate avec la guerre d’Algérie, commencée en 1954, qui divise profondément la société française et le monde politique. Le 13 mai 1958, à Alger, une insurrection de militaires et de partisans de l’Algérie française met directement en cause le gouvernement, accusé d’être incapable de régler le conflit. Ce soulèvement provoque une véritable crise de régime, car certains craignent un coup de force militaire contre les institutions de la IVe République.

Dans cette situation explosive, le général Charles de Gaulle, héros de la Seconde Guerre mondiale, apparaît comme l’homme providentiel pour une partie de la population. Le président de la République, René Coty, fait appel à lui pour former un gouvernement et éviter le chaos, à condition qu’il prépare une nouvelle Constitution. De plus, ce retour au pouvoir de De Gaulle est perçu comme l’occasion de refonder les institutions afin de rendre la démocratie plus stable et plus efficace face aux crises internationales.

📜 La Constitution de 1958 et l’avènement de la Ve République

Chargé de rédiger un nouveau texte fondamental, le gouvernement de Charles de Gaulle confie à une équipe de juristes, dirigée par Michel Debré, la préparation d’un projet de Constitution. Ce texte renforce nettement le pouvoir de l’exécutif, en particulier celui du président de la République, tout en maintenant un Parlement bicaméral avec l’Assemblée nationale et le Sénat. Par référendum, le projet est soumis aux citoyens le 28 septembre 1958 et il est largement approuvé, ce qui marque la naissance officielle de la Ve République.

La Constitution du 4 octobre 1958 entre alors en vigueur et pose les bases du régime encore en place aujourd’hui, même si elle a connu plusieurs révisions importantes. Pour compléter ce cours, tu peux consulter les fiches pédagogiques de vie-publique.fr sur les institutions françaises, souvent utilisées par les enseignants. Enfin, pour replacer cette étape dans le temps long, il est utile de comparer cette nouvelle organisation du pouvoir avec les expériences antérieures étudiées dans l’article sur la Révolution française et la démocratie, qui ont progressivement construit la souveraineté nationale.

⚙️ Institutions de la Ve République : exécutif, législatif et judiciaire

🏛️ Un exécutif bicéphale mais dominé par le président

Au cœur de la Ve République, on trouve un exécutif dit « bicéphale », c’est à dire organisé autour de deux têtes : le président de la République et le Premier ministre. Le président est élu au suffrage universel direct depuis 1962, ce qui lui donne une forte légitimité démocratique face au Parlement et au gouvernement. Le Premier ministre, lui, est nommé par le président et dirige l’action du gouvernement, mais il doit aussi conserver la confiance de l’Assemblée nationale, qui peut le renverser par une motion de censure.

Dans la pratique, surtout lorsque le président et la majorité de l’Assemblée appartiennent au même camp politique, c’est le chef de l’État qui fixe les grandes orientations de la politique nationale. De plus, il dispose de pouvoirs importants, comme la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale ou de recourir au référendum, ce qui renforce encore le caractère présidentiel de la Ve République. Pour comparer, tu peux relire l’article sur la démocratie athénienne, où l’exécutif était beaucoup moins personnalisé et où l’assemblée des citoyens jouait un rôle dominant.

📜 Un pouvoir législatif bicaméral sous surveillance de l’exécutif

Le pouvoir législatif de la Ve République reste confié au Parlement, qui se compose de deux chambres : l’Assemblée nationale, élue au suffrage universel direct, et le Sénat, élu au suffrage universel indirect par un collège de grands électeurs. L’Assemblée nationale vote la loi, contrôle l’action du gouvernement et peut le renverser, ce qui en fait la chambre la plus puissante du point de vue politique. Le Sénat, lui, représente davantage les collectivités territoriales et joue un rôle de chambre de réflexion, en examinant les textes dans la durée.

Cependant, la Constitution de 1958 encadre fortement l’initiative et la procédure législative, ce qui donne plus de moyens au gouvernement pour maîtriser l’ordre du jour et le contenu des lois. Par exemple, l’article 49 alinéa 3 permet d’engager la responsabilité du gouvernement sur un texte, ce qui limite parfois le débat parlementaire. Pour mieux comprendre la continuité historique des assemblées, tu peux faire le lien avec la République romaine et ses assemblées, où le partage du pouvoir entre différents organes posait déjà la question de l’équilibre démocratique.

⚖️ Le pouvoir judiciaire et le rôle spécifique du Conseil constitutionnel

Dans la Ve République, le pouvoir judiciaire est présenté comme indépendant, même si la Constitution parle plutôt d’« autorité judiciaire ». Les juges appliquent la loi votée par le Parlement, protègent les libertés individuelles et veillent au respect de la procédure pénale, ce qui constitue un pilier essentiel de l’État de droit. Cependant, la grande nouveauté par rapport aux régimes précédents est l’apparition d’un acteur spécifique, au sommet de la hiérarchie des normes : le Conseil constitutionnel.

Créé en 1958, le Conseil constitutionnel contrôle la conformité des lois à la Constitution avant leur promulgation, et, depuis les réformes de 1974 puis de 2008, il peut être saisi plus largement, y compris par des citoyens via la question prioritaire de constitutionnalité. Ce mécanisme renforce la protection des droits fondamentaux et encadre davantage l’action du législateur. Si tu veux voir le texte officiel de la Constitution, tu peux te référer au site Légifrance, qui publie la version à jour de la Constitution française, souvent utilisé comme référence en cours d’éducation civique.

📜 Le rôle central du président de la République

🗳️ Une élection au suffrage universel direct depuis 1962

Dans la Ve République, le président de la République occupe une place centrale, en grande partie parce qu’il est élu au suffrage universel direct depuis 1962. Au départ, en 1958, le président était élu par un collège électoral limité, ce qui le rendait moins directement lié au vote des citoyens. La réforme voulue par Charles de Gaulle change profondément la donne et fait de lui la figure principale de la vie politique française, avec une légitimité populaire forte.

Concrètement, les électeurs choisissent le président pour une durée de sept ans jusqu’en 2000, puis pour cinq ans après la réforme du quinquennat. Le scrutin se déroule en deux tours, ce qui oblige souvent les candidats à rassembler au-delà de leur camp au second tour. Ainsi, l’élection présidentielle devient le moment politique le plus suivi du régime de la Ve République, bien plus médiatisé que les élections législatives ou locales. Pour replacer ce choix du suffrage universel dans le temps long, tu peux te référer à l’article sur le suffrage universel de 1848, qui marque la première expérience de vote de tous les citoyens masculins en France.

📘 Des pouvoirs constitutionnels très étendus

Le texte de 1958 donne au président de la Ve République une série de pouvoirs qui en font à la fois un arbitre et un chef politique. Il nomme le Premier ministre, peut mettre fin à ses fonctions, préside le Conseil des ministres et représente la France à l’étranger. De plus, il dispose de prérogatives spécifiques, comme la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale, de recourir au référendum ou encore d’utiliser les pouvoirs exceptionnels prévus par l’article 16 en cas de crise grave.

Ces pouvoirs s’exercent dans un cadre constitutionnel précis, mais ils laissent une grande marge d’interprétation selon la personnalité du chef de l’État et la situation politique. Par exemple, certains présidents ont beaucoup utilisé la dissolution, comme Charles de Gaulle en 1962 et 1968, tandis que d’autres y ont renoncé après l’échec de Jacques Chirac en 1997. Ainsi, la pratique de la Ve République montre que le texte ne suffit pas à lui seul à définir le rôle présidentiel, et que l’histoire politique pèse aussi sur la manière d’exercer la fonction.

🎛️ Un chef de majorité ou un arbitre selon les périodes

Dans les périodes où le président et la majorité de l’Assemblée nationale appartiennent au même camp, le chef de l’État apparaît souvent comme un véritable chef de majorité, qui impulse la politique du gouvernement. C’est particulièrement visible sous les présidences de Charles de Gaulle, de Georges Pompidou ou de Nicolas Sarkozy, où la figure présidentielle est très présente dans le débat public. Le Premier ministre occupe alors un rôle plus technique, chargé de mettre en œuvre les orientations définies à l’Élysée.

En revanche, lors des périodes de cohabitation, quand la majorité parlementaire est d’un autre bord politique que le président, l’équilibre change. Le chef de l’État se recentre sur ses fonctions d’arbitre, de garant des institutions et de la politique étrangère, tandis que le Premier ministre mène la politique intérieure avec sa majorité. Ces allers-retours entre présidence « dominante » et présidence plus arbitrale nourrissent les débats sur la nature exacte du régime de la Ve République, parfois qualifié de « régime semi-présidentiel ». Pour approfondir ce type de réflexion comparée sur les formes de gouvernement, tu peux lire l’article de synthèse sur l’histoire de la démocratie, qui permet de replacer le modèle français parmi d’autres expériences politiques.

🎨 Vie politique, partis et élections sous la Ve République

🏟️ Des partis politiques transformés par les institutions

La vie politique de la Ve République est profondément marquée par les institutions qui favorisent la personnalisation du pouvoir autour du président de la République. Le scrutin majoritaire à deux tours pour les législatives et la centralité de l’élection présidentielle poussent les forces politiques à se regrouper en grands partis capables de gagner au second tour. Ainsi, les grandes familles politiques comme la droite gaulliste, la gauche socialiste ou plus récemment les mouvements centristes se structurent souvent autour d’une figure présidentielle, ce qui renforce encore le caractère présidentialisé du régime.

De plus, les partis doivent composer avec le calendrier électoral qui articule élection présidentielle et élections législatives, surtout depuis la mise en place du quinquennat en 2000. Les législatives qui suivent de près la présidentielle donnent souvent une majorité nette au chef de l’État, ce qui réduit les risques de crise politique à court terme. Cependant, cette logique peut aussi limiter le pluralisme au Parlement, ce qui alimente les critiques sur le fonctionnement démocratique de la Ve République. Pour replacer ces recompositions partisanes dans une perspective plus large, tu peux rapprocher ce chapitre de l’analyse des défis démocratiques actuels, où la méfiance envers les partis traditionnels occupe une place centrale.

🗳️ Les grandes élections qui rythment la Ve République

Depuis 1958, la Ve République est rythmée par plusieurs types d’élections qui organisent la représentation nationale et locale. L’élection phare reste la présidentielle, qui désigne le chef de l’État pour cinq ans, au scrutin majoritaire à deux tours, avec souvent une forte participation lors des grands rendez vous comme 1981, 1995 ou 2017. Les élections législatives permettent ensuite de choisir les députés de l’Assemblée nationale, circonscription par circonscription, ce qui lie de manière étroite la majorité parlementaire à la dynamique présidentielle.

À côté de ces scrutins nationaux, les citoyens participent aussi aux élections municipales, régionales, départementales et européennes, qui donnent une place importante aux enjeux locaux et à la construction européenne. Ainsi, la démocratie représentative sous la Ve République repose sur un enchevêtrement d’échelles électorales qui permet aux citoyens de s’exprimer régulièrement. Cependant, les résultats très contrastés entre ces différents scrutins montrent que les électeurs utilisent parfois ces rendez vous comme des votes de sanction ou de soutien envers le pouvoir en place. Pour mieux comprendre cette logique électorale, tu peux relier ce chapitre au cours sur les évolutions de la démocratie, qui montre comment le vote devient un outil central de participation politique.

📊 Participation, abstention et nouvelles formes d’engagement

Si la Ve République a longtemps été marquée par une forte participation aux élections, surtout présidentielles, la montée de l’abstention est devenue un sujet majeur depuis les années 1990. Beaucoup de citoyens, en particulier parmi les jeunes ou les milieux populaires, se sentent éloignés des partis et doutent de l’efficacité de leur vote. Ainsi, certaines élections législatives ou locales connaissent des taux d’abstention supérieurs à la moitié du corps électoral, ce qui interroge directement la vitalité de la démocratie représentative.

Cependant, cette baisse de participation ne signifie pas que les citoyens se désintéressent totalement de la politique sous la Ve République. De nouvelles formes d’engagement se développent, comme les pétitions en ligne, les mobilisations sur les réseaux sociaux ou les mouvements de contestation ponctuels, qui cherchent à peser sur les décisions publiques en dehors des partis traditionnels. Ces évolutions posent la question de l’adaptation des institutions françaises aux attentes actuelles de la société, notamment en matière de transparence et de participation. Pour approfondir cette réflexion sur la crise de la représentation, tu pourras retrouver dans le cours sur les révolutions politiques dans le monde des exemples de sociétés où la contestation débouche sur une transformation radicale des régimes.

🌍 Crises, cohabitations et grandes réformes institutionnelles

🚨 Des crises politiques sans effondrement du régime

Dès ses débuts, la Ve République est confrontée à des crises politiques importantes, mais le régime tient bon et se renforce même parfois. En 1962, le choix de l’élection du président de la République au suffrage universel direct provoque une forte opposition au Parlement, mais le référendum organisé par Charles de Gaulle est approuvé par les électeurs. En 1968, la contestation étudiante et ouvrière de mai 1968 paralyse le pays, mais les institutions résistent et de nouvelles élections législatives redonnent une large majorité au pouvoir.

Plus tard, d’autres moments de tension, comme le référendum perdu de 1969 qui entraîne la démission de De Gaulle, ou celui sur le traité européen en 2005, montrent que le régime peut être secoué sans pour autant s’effondrer. Ainsi, la Ve République s’affirme comme un cadre stable, capable d’absorber des conflits sociaux et politiques importants. Ces épisodes rappellent que la démocratie française reste traversée par des débats vifs, mais aussi qu’elle dispose de mécanismes de renouvellement par le vote.

🤝 Les cohabitations : une originalité de la Ve République

Une autre particularité de la Ve République est l’apparition des périodes de cohabitation, quand le président et la majorité de l’Assemblée nationale ne sont pas du même camp politique. La première cohabitation a lieu entre 1986 et 1988, avec un président socialiste, François Mitterrand, et un Premier ministre de droite, Jacques Chirac. Deux autres cohabitations suivent, entre 1993 et 1995 avec Édouard Balladur, puis entre 1997 et 2002 avec Lionel Jospin à Matignon.

Ces périodes montrent que la Ve République peut fonctionner de manière plus parlementaire, le gouvernement s’appuyant sur la majorité de l’Assemblée pour conduire la politique intérieure. Le président conserve un rôle important, surtout en matière de diplomatie et de défense, mais il ne dirige plus directement la majorité. Les cohabitations nourrissent le débat sur la nature exacte du régime, certains y voyant une preuve de souplesse, d’autres une source de confusion. Pour comparer ces moments de tension politique avec de véritables ruptures de régime, tu peux les mettre en perspective avec les grands basculements étudiés dans l’article sur la Révolution française de 1789, où l’ordre institutionnel est complètement renversé.

⏱️ Le quinquennat, la maîtrise du calendrier et les révisions constitutionnelles

Parmi les grandes réformes de la Ve République, le passage au quinquennat en 2000 est l’une des plus importantes, car il modifie directement le rythme de la vie politique. Le mandat présidentiel est réduit de sept à cinq ans pour limiter les décalages entre l’élection du chef de l’État et celle des députés. À partir de 2002, les élections législatives suivent immédiatement la présidentielle, ce qui donne presque toujours une majorité au nouveau président et rend les cohabitations beaucoup moins probables.

La Constitution est également révisée en profondeur en 2008, avec l’objectif affiché de moderniser les institutions et de rééquilibrer certains pouvoirs. Cette réforme renforce les droits du Parlement, encadre davantage l’usage de certains outils gouvernementaux, et généralise la question prioritaire de constitutionnalité, qui permet aux citoyens de contester une loi devant le Conseil constitutionnel. Pour les enseignants et les élèves, ces évolutions sont souvent présentées dans des dossiers pédagogiques disponibles sur le site du ministère, comme certaines fiches publiées sur education.gouv.fr consacrées aux institutions de la Ve République. Ces réformes montrent que le régime reste vivant et capable de s’adapter aux critiques tout en conservant ses principes de base.

🤝 Bilan démocratique, limites et débats actuels

🧮 Un régime souvent présenté comme stable et efficace

Depuis 1958, la Ve République est souvent décrite comme un régime à la fois stable et efficace, surtout si on la compare à la IVe République. Les gouvernements durent en général plus longtemps, les crises ministérielles sont moins fréquentes et les grandes orientations de la politique française restent relativement cohérentes. Cette stabilité est particulièrement visible pendant les périodes où le président de la République et la majorité parlementaire appartiennent au même camp politique, ce qui limite les blocages institutionnels.

Sur le plan démocratique, le recours régulier au suffrage universel, qu’il soit présidentiel, législatif ou local, permet aux citoyens de sanctionner ou de soutenir les dirigeants. De plus, l’existence d’institutions comme le Conseil constitutionnel et le développement de la question prioritaire de constitutionnalité renforcent la protection des droits fondamentaux. Beaucoup de juristes considèrent ainsi que la Ve République a réussi à concilier un exécutif fort avec un minimum de contre pouvoirs, ce qui en fait un modèle souvent étudié dans les chapitres d’histoire de la démocratie.

📉 Hyperprésidentialisation et critiques sur la représentation

En parallèle de ces atouts, la Ve République est aussi fortement critiquée pour ce que certains appellent son « hyperprésidentialisation ». La concentration du pouvoir autour du chef de l’État, amplifiée par l’élection au suffrage universel direct et par le quinquennat, donne parfois le sentiment que tout se décide à l’Élysée. Les opposants dénoncent un affaiblissement du Parlement, une marginalisation des partis d’opposition et une personnalisation excessive de la vie politique, qui réduirait la place des débats de fond.

De plus, la montée de l’abstention lors de nombreuses élections interroge directement la capacité de la Ve République à représenter fidèlement l’ensemble des citoyens. Certains électeurs estiment que les institutions laissent trop peu de place aux minorités politiques ou aux mouvements émergents, malgré l’existence de la représentation proportionnelle pour les élections européennes. Ces critiques rejoignent plus largement les interrogations étudiées dans le chapitre sur les défis démocratiques actuels, où la crise de confiance envers les responsables politiques occupe une place centrale.

🧭 Vers une réforme ou une VIe République ?

Face à ces limites, des débats reviennent régulièrement sur la nécessité de réformer en profondeur la Ve République, voire de passer à une VIe République. Certains plaident pour un renforcement clair du Parlement, une réduction des pouvoirs du président ou une dose plus importante de proportionnelle dans les élections législatives, afin de mieux refléter la diversité des opinions. D’autres défendent au contraire les équilibres actuels, en expliquant que la stabilité offerte par ce régime est un atout dans un contexte international incertain.

Ces discussions montrent que la Ve République n’est pas un bloc figé mais un régime en évolution, soumis à des révisions constitutionnelles et à des pratiques politiques changeantes. L’avenir dépendra en grande partie de la manière dont les citoyens, les partis et les responsables publics parviendront à adapter les institutions aux nouvelles attentes démocratiques. Pour un élève, l’enjeu est de savoir replacer ce régime dans la longue histoire des expériences politiques françaises, depuis la Révolution française jusqu’aux débats contemporains, afin de mieux comprendre comment se construit la démocratie au fil du temps.

🧠 À retenir sur la Ve République française

  • La Ve République naît en 1958, dans un contexte de crise de la IVe République et de guerre d’Algérie, avec le retour au pouvoir du général Charles de Gaulle et l’adoption de la Constitution du 4 octobre 1958 par référendum.
  • Les institutions de la Ve République renforcent l’exécutif, en particulier le président de la République élu au suffrage universel direct depuis 1962, tout en maintenant un Parlement bicaméral et un Conseil constitutionnel chargé de contrôler la conformité des lois à la Constitution.
  • La vie politique française est structurée par les grandes élections, surtout la présidentielle et les législatives, et par des périodes clés comme les cohabitations ou la réforme du quinquennat en 2000, qui ont modifié l’équilibre entre présidence et majorité parlementaire.
  • Le bilan démocratique de la Ve République oscille entre stabilité et critiques d’hyperprésidentialisation, ce qui alimente aujourd’hui des débats sur une éventuelle VIe République et sur la nécessité de mieux représenter la diversité politique et de répondre à la montée de l’abstention.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur la Ve République

🧩 Pourquoi la Ve République a-t-elle été créée en France ?

La Ve République a été créée en 1958 pour sortir la France de la crise politique de la IVe République, marquée par l’instabilité des gouvernements et la guerre d’Algérie qui menaçait l’unité du pays.

🧩 En quoi la Ve République est-elle différente d’un régime purement parlementaire ?

Contrairement à un régime purement parlementaire, la Ve République donne un rôle central au président de la République, élu au suffrage universel direct, qui dispose de pouvoirs importants comme la dissolution de l’Assemblée nationale ou le recours au référendum.

🧩 Comment le président est-il élu et pourquoi a-t-on choisi le quinquennat ?

Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour cinq ans, au scrutin majoritaire à deux tours, et le passage au quinquennat en 2000 vise à rapprocher son mandat de celui des députés pour limiter les périodes de cohabitation.

🧩 La Ve République est-elle encore une démocratie malgré les critiques ?

La Ve République reste une démocratie car les dirigeants sont désignés par le suffrage universel, les libertés publiques sont protégées et le Conseil constitutionnel contrôle les lois, mais les critiques sur l’hyperprésidentialisation et l’abstention montrent que son fonctionnement fait l’objet de débats nourris.

🧩 Quiz – Comprendre la Ve République française

1. En quelle année naît officiellement la Ve République en France ?



2. Quel événement joue un rôle majeur dans la crise qui entraîne la fin de la IVe République ?



3. Quel personnage incarne le retour au pouvoir au moment de la naissance de la Ve République ?



4. Quelle est la date de la Constitution qui fonde juridiquement la Ve République ?



5. Comment qualifie-t-on l’exécutif de la Ve République, partagé entre président et Premier ministre ?



6. Comment le président de la République est-il élu depuis la réforme de 1962 ?



7. Quel est aujourd’hui le mode de scrutin pour l’élection du président sous la Ve République ?



8. Quel est le rôle principal de l’Assemblée nationale dans la Ve République ?



9. Comment qualifie-t-on le Parlement de la Ve République, composé de l’Assemblée nationale et du Sénat ?



10. Quelle institution contrôle la conformité des lois à la Constitution dans la Ve République ?



11. Qu’est-ce que la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) introduite dans la Ve République ?



12. Que signifie le terme de « cohabitation » dans la Ve République ?



13. Quel duo incarne la première cohabitation de la Ve République entre 1986 et 1988 ?



14. Quel est l’effet principal de l’instauration du quinquennat en 2000 sur la vie politique ?



15. Quel reproche majeur est souvent fait à la Ve République concernant le rôle du président ?



16. Quel phénomène met en difficulté la légitimité démocratique de la Ve République lors de nombreuses élections ?



17. Pourquoi certains responsables politiques défendent-ils l’idée d’une VIe République ?



18. Quel type de régime utilise-t-on souvent pour qualifier la nature de la Ve République ?



19. Quel est l’enjeu principal, pour un élève, en étudiant la Ve République dans l’histoire de la démocratie française ?



20. Que montre l’histoire de la Ve République depuis 1958 pour comprendre la politique française actuelle ?



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