🤝 Concordat de 1801 et relations Église–État au XIXe siècle

🎯 Pourquoi le Concordat de 1801 et les relations Église–État sont-ils emblématiques en histoire ?

Après les bouleversements majeurs de la Révolution, la France se trouve dans une situation religieuse chaotique qui nécessite une stabilisation urgente pour garantir la paix sociale. Le Concordat de 1801 et les relations Église–État au XIXe siècle marquent une période fascinante où le pouvoir politique tente d’instrumentaliser la religion tout en lui accordant une place officielle au cœur de la société. De la mainmise de Napoléon sur le clergé aux luttes féroces de la Troisième République pour la laïcité, ce siècle est le laboratoire de la modernité religieuse française. C’est une époque charnière où se joue le passage définitif d’une monarchie de droit divin à une République laïque.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème.

🧭 La genèse du Concordat : réconcilier la France après la fracture révolutionnaire

📌 Un héritage religieux explosif en 1799

Pour comprendre la signature du Concordat de 1801 et les relations Église–État au XIXe siècle, il est impératif de revenir sur l’état de la France au moment du coup d’État du 18 Brumaire. La Révolution française a laissé un paysage religieux totalement dévasté et profondément divisé. D’un côté, vous avez l’Église constitutionnelle, issue de la Constitution civile du clergé, dont les prêtres ont prêté serment à la Révolution mais qui sont souvent rejetés par les fidèles traditionnels. De l’autre, l’Église réfractaire, fidèle à Rome, qui a opéré dans la clandestinité et dont les prêtres ont souvent été persécutés, emprisonnés ou exilés. Cette fracture spirituelle recoupe la fracture politique entre républicains et royalistes, créant une instabilité chronique que le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, ne peut tolérer. En outre, les tentatives de déchristianisation et les cultes révolutionnaires (Culte de la Raison, Culte de l’Être suprême) n’ont pas réussi à s’implanter durablement dans les campagnes, où la population reste massivement attachée au catholicisme traditionnel.

Le constat de Bonaparte est purement pragmatique et politique, loin d’une ferveur mystique personnelle. Il déclare d’ailleurs : « On ne gouverne pas un peuple en l’empêchant de prier Dieu ». Pour lui, la religion est un formidable instrument de cohésion sociale et, surtout, de contrôle des masses. Il comprend que pour pacifier la Vendée et rallier les catholiques au nouveau régime, il doit impérativement résoudre le conflit avec la Papauté. Il s’agit de couper l’herbe sous le pied des contre-révolutionnaires qui utilisent la religion comme arme contre la République. Ainsi, la volonté de rétablir la paix religieuse n’est pas une fin en soi, mais un moyen de consolider son propre pouvoir et de terminer la Révolution en fixant ses acquis juridiques tout en rejetant ses excès anticléricaux.

📌 Les négociations ardues avec le pape Pie VII

Les négociations qui s’ouvrent pour aboutir au Concordat sont d’une complexité diplomatique redoutable. Le nouveau pape, Pie VII, élu en 1800, est un homme d’Église modéré mais ferme sur les principes dogmatiques. Il souhaite ardemment le retour de la « fille aînée de l’Église » dans le giron romain, mais il ne peut accepter toutes les conditions d’un régime issu de la Révolution. Les pourparlers durent plusieurs mois et connaissent de multiples rebondissements, menés côté français par l’abbé Bernier et côté romain par le cardinal Consalvi. Les points d’achoppement sont nombreux : le statut des évêques constitutionnels, la question des biens du clergé vendus comme Biens nationaux, et la nomination des futurs évêques.

Bonaparte, impatient et autoritaire, menace à plusieurs reprises d’envahir les États pontificaux ou de créer une Église gallicane totalement indépendante si le pape ne cède pas. Cependant, un compromis est finalement trouvé. Le texte est signé dans la nuit du 15 au 16 juillet 1801 (26 messidor an IX). C’est un document bref, de seulement 17 articles, mais d’une portée historique immense. Il ne déclare pas le catholicisme comme « religion d’État » (ce que voulait le pape), mais comme « la religion de la grande majorité des citoyens français ». Cette nuance sémantique est capitale : elle reconnaît le fait sociologique sans engager l’État dans une exclusivité théologique, préservant ainsi la liberté de conscience acquise en 1789. Pour approfondir les détails juridiques de cet accord fondateur, vous pouvez consulter les archives sur le site de Vie Publique, qui offre des éclairages précieux sur ces textes législatifs.

⚙️ La mécanique du système concordataire et l’organisation des cultes

📌 Le clergé fonctionnarisé : une nouveauté radicale

Le cœur du Concordat de 1801 et des relations Église–État au XIXe siècle réside dans la transformation radicale du statut du prêtre. Désormais, les évêques et les curés ne sont plus bénéficiaires de dîmes ou de terres, mais deviennent des salariés de l’État. En échange de ce traitement financier, ils doivent prêter un serment de fidélité au gouvernement : « Je jure et promets à Dieu, sur les Saints Évangiles, de garder obéissance et fidélité au Gouvernement établi par la Constitution de la République ». C’est une domestication sans précédent de l’institution ecclésiale. Le curé devient, dans chaque village, un relais de l’administration, chargé de lire les bulletins des armées et d’encourager l’obéissance aux lois.

La nomination des évêques illustre parfaitement cet équilibre des pouvoirs. Le Premier Consul (puis l’Empereur ou le Roi) nomme les évêques, et le Pape leur donne l’investiture canonique. C’est un partage des tâches qui rappelle le gallicanisme de l’Ancien Régime, mais renforcé par la puissance de l’administration moderne. En contrepartie de cette reconnaissance officielle, le Pape accepte un sacrifice immense : la renonciation aux Biens nationaux vendus sous la Révolution. L’Église ne réclamera pas la restitution de ses terres confisquées, ce qui rassure définitivement la bourgeoisie et la paysannerie propriétaires. Cette « tabula rasa » économique permet de sceller l’alliance entre les nouvelles élites et le pouvoir napoléonien.

📌 Les Articles Organiques : le verrou de Napoléon

Cependant, Napoléon, méfiant, ne s’en tient pas au texte signé avec le Pape. De manière unilatérale, et sans consulter Rome, il fait voter en 1802 les Articles Organiques. Ce texte de loi, qui est accolé au Concordat, en précise l’application dans un sens très restrictif pour l’Église. Il interdit par exemple la publication de toute bulle pontificale ou la tenue d’un concile sans l’autorisation expresse du gouvernement. Il réglemente même le costume des ecclésiastiques et l’usage des cloches ! Le pape Pie VII protestera vivement contre cet ajout qu’il considère comme une trahison, mais il ne pourra jamais obtenir leur abrogation. Ces articles constituent la véritable armature administrative qui régira les cultes en France jusqu’en 1905.

Un point crucial des Articles Organiques est l’extension du système de reconnaissance aux cultes protestants (luthériens et réformés). Pour la première fois depuis la Révocation de l’Édit de Nantes, les protestants bénéficient d’un statut légal, de pasteurs salariés par l’État et de temples officiels. Quelques années plus tard, en 1808, Napoléon organisera également le culte israélite (judaïsme) avec la création des Consistoires, bien que les rabbins ne soient salariés qu’à partir de 1831 sous la Monarchie de Juillet. Ainsi se met en place le système des « cultes reconnus » : l’État ne connaît pas une seule religion, mais protège et finance quatre cultes officiels, laissant les autres dans une sphère privée ou marginale. Cette organisation pluriconfessionnelle est une étape décisive dans l’histoire de la tolérance religieuse en France, même si elle se fait sous une tutelle étatique stricte.

📜 L’alliance du trône et de l’autel : de l’Empire à la Restauration (1804–1830)

📌 Napoléon, le « Nouveau Constantin » et le sacre

Avec la proclamation de l’Empire en 1804, l’instrumentalisation de la religion atteint son paroxysme. Napoléon invite le pape Pie VII à venir le sacrer à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804. La présence du souverain pontife est un coup politique magistral : elle légitime la nouvelle dynastie Bonaparte aux yeux des catholiques du monde entier. Cependant, la cérémonie elle-même montre bien qui commande : Napoléon se couronne lui-même et couronne Joséphine, reléguant le pape au rang de témoin privilégié et de bénédictionnaire de luxe. L’Église est mise au service de la gloire impériale. Le « Catéchisme impérial » de 1806 enseigne aux enfants que « Dieu a établi Napoléon pour être notre souverain » et que « honorer et servir notre Empereur est donc honorer et servir Dieu lui-même ».

Pourtant, cette lune de miel tourne vite à l’orage. Dès 1808, les tensions politiques s’aggravent lorsque Napoléon envahit les États pontificaux. En 1809, il fait arrêter Pie VII et le retient prisonnier à Savone, puis à Fontainebleau. Le conflit devient personnel et violent. Le pape refuse d’investir les évêques nommés par l’Empereur, bloquant le fonctionnement de l’Église de France. Cette crise montre les limites du système concordataire : quand les deux pouvoirs (spirituel et temporel) s’affrontent, le système se grippe. La chute de Napoléon en 1815 est vécue par une partie du clergé comme une libération divine, ouvrant la voie au retour des Bourbons.

📌 La Restauration : vers un retour à l’Ancien Régime ?

Avec le retour de Louis XVIII en 1814, puis de Charles X en 1824, on assiste à une tentative de « rechristianisation » de la France par le haut. Le catholicisme redevient « religion de l’État » dans la Charte de 1814 (bien que la liberté des cultes soit maintenue). C’est l’époque de « l’Alliance du Trône et de l’Autel ». Les missionnaires parcourent les campagnes pour planter des croix et expier les « crimes » de la Révolution. Le clergé retrouve une influence politique considérable, notamment dans l’enseignement. On voit apparaître la figure des prêtres « Ultras », qui soutiennent un retour à l’ordre moral strict.

L’apogée de cette réaction cléricale est sans doute la loi sur le sacrilège de 1825, votée sous Charles X. Cette loi punit de mort le vol et la profanation des hosties consacrées. Même si elle ne fut jamais appliquée, sa valeur symbolique est terrible : elle réintroduit une notion religieuse dans le droit pénal civil, ce qui choque profondément les libéraux et les héritiers des Lumières. Le sacre de Charles X à Reims, fastueux et archaïque, semble vouloir effacer trente ans d’histoire. Mais cette pression religieuse excessive se retourne contre le régime. L’anticléricalisme, jusqu’alors discret, devient une arme politique pour l’opposition libérale. Les chansons de Béranger ou les pamphlets de Paul-Louis Courier moquent le « parti prêtre ». La Révolution de 1830, qui chasse Charles X, est aussi une réaction contre cette emprise cléricale jugée insupportable par la bourgeoisie parisienne.

🎨 Libéralisme, romantisme et tensions religieuses (1830–1848)

📌 Le catholicisme libéral : une tentative de modernisation

Sous la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe), le climat change. Le roi, plus bourgeois et sceptique, ne cherche pas à s’appuyer sur l’Église de la même manière. Le catholicisme perd son statut de religion d’État pour redevenir celle de « la majorité des Français ». C’est dans ce contexte que naît un mouvement intellectuel passionnant : le catholicisme libéral. Des figures comme Félicité de Lamennais, Henri Lacordaire ou Charles de Montalembert tentent de réconcilier l’Église avec les libertés modernes (liberté de la presse, liberté de conscience). Leur devise, publiée dans le journal *L’Avenir*, est audacieuse : « Dieu et la Liberté ». Ils plaident pour une séparation de l’Église et de l’État, non pas pour affaiblir l’Église, mais pour la libérer de la tutelle du pouvoir politique.

Ce mouvement suscite un immense espoir chez les jeunes romantiques et une partie de l’intelligentsia. Cependant, il se heurte à la rigidité du Vatican. Le pape Grégoire XVI condamne fermement ces idées « funestes » dans l’encyclique *Mirari Vos* en 1832. Pour Rome, la liberté de conscience est un « délire ». Lamennais quittera l’Église, mais Montalembert et Lacordaire se soumettront, tout en continuant à lutter sur le terrain politique, notamment pour la liberté de l’enseignement. Cette période est cruciale car elle montre qu’il existait, au sein même du catholicisme français, des forces prêtes à accepter la modernité démocratique, forces qui seront malheureusement marginalisées par la hiérarchie romaine.

📌 La lutte pour l’école et la loi Falloux

Si l’Église échoue à se libéraliser dogmatiquement, elle remporte une victoire majeure sur le terrain scolaire. Depuis Napoléon, l’Université détenait le monopole de l’enseignement. Les catholiques réclament la « liberté de l’enseignement » pour pouvoir ouvrir leurs propres écoles secondaires (collèges et lycées). C’est l’enjeu central des années 1840. Montalembert mène une campagne parlementaire vigoureuse : « Nous sommes les fils des Croisés et nous ne reculerons pas devant les fils de Voltaire ! ».

Cette lutte aboutit sous la Deuxième République, avec le vote de la loi Falloux en 1850. Cette loi est fondamentale : elle autorise l’ouverture d’établissements secondaires privés (essentiellement catholiques) et accorde au clergé un droit de regard sur l’école publique. Les instituteurs sont placés sous la surveillance du curé et du maire. Adolphe Thiers, ancien anticlérical devenu conservateur par peur du socialisme (après les émeutes ouvrières de 1848), soutient cette loi en voyant dans le curé une force de police morale indispensable. Il déclare vouloir confier l’enseignement au « clergé qui propage cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici pour souffrir ». La loi Falloux permet à l’Église de rebâtir un immense réseau éducatif qui formera une grande partie des élites françaises jusqu’au XXe siècle, mais elle cristallise aussi la haine des républicains qui feront de la laïcité scolaire leur cheval de bataille futur.

🌍 Le Second Empire et l’ordre moral : le dernier éclat avant la tempête

📌 Napoléon III et l’Église : une alliance intéressée

Le coup d’État du 2 décembre 1851 par Louis-Napoléon Bonaparte est massivement soutenu par l’Église catholique. Les évêques appellent à voter « Oui » au plébiscite, voyant dans le futur Napoléon III un « homme providentiel » capable de barrer la route au socialisme et au désordre (« les partageux »). Durant la phase autoritaire de l’Empire (années 1850), l’alliance est totale. Le budget des cultes augmente, les congrégations religieuses (surtout féminines) se multiplient de manière exponentielle, et l’Église contrôle l’assistance publique et l’enseignement primaire. C’est l’époque où l’urbanisme parisien intègre de nouvelles églises monumentales (Saint-Augustin, La Trinité) et où les pèlerinages de masse se développent, notamment avec les apparitions de Lourdes en 1858.

Cependant, cette alliance s’effrite dans les années 1860. La cause en est la politique italienne de Napoléon III. En soutenant l’unification italienne (le Risorgimento) contre l’Autriche, l’Empereur menace indirectement le pouvoir temporel du Pape, qui règne encore sur Rome et le Latium. Les catholiques français, ultra-montains (c’est-à-dire tournés vers Rome, « au-delà des monts »), se sentent trahis. Ils craignent que le Pape ne perde ses États, ce qui mettrait en péril son indépendance spirituelle. Napoléon III perd alors le soutien du clergé et doit chercher des appuis à gauche, libéralisant son régime. C’est le début du divorce entre le bonapartisme et le catholicisme conservateur.

📌 Le Syllabus et l’infaillibilité : le durcissement de Rome

Face à la montée du libéralisme, du socialisme et du rationalisme en Europe, l’Église catholique réagit par un durcissement doctrinal spectaculaire. En 1864, le pape Pie IX publie l’encyclique *Quanta Cura* accompagnée du Syllabus. Ce texte est un catalogue de 80 « erreurs modernes » condamnées par l’Église. Parmi elles : la liberté de la presse, la liberté de conscience, le socialisme, et même l’idée que « le Pontife romain peut et doit se réconcilier avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne ». C’est une déclaration de guerre intellectuelle au monde moderne.

Ce fossé s’élargit encore avec le concile Vatican I en 1870, qui proclame le dogme de l’infaillibilité pontificale. Pour les républicains français comme Gambetta, Jules Ferry ou Victor Hugo, l’Église catholique apparaît désormais comme une force obscurantiste, incompatible avec la démocratie et la raison. L’anticléricalisme change de nature : il n’est plus seulement une critique des privilèges du clergé, mais une lutte philosophique pour l’émancipation de l’esprit humain. « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! », s’écriera Léon Gambetta en 1877. Cette phrase deviendra le mot d’ordre des fondateurs de la IIIe République.

🤝 La marche vers la séparation et la laïcité (1870–1905)

📌 L’école, champ de bataille de la République

Après la chute de Napoléon III et l’épisode sanglant de la Commune (où l’archevêque de Paris est fusillé), la IIIe République met quelques années à s’installer. Les monarchistes tentent un dernier retour avec l’Ordre Moral du maréchal de Mac-Mahon (1873-1877), favorisant la construction du Sacré-Cœur de Montmartre en expiation nationale. Mais dès 1879, les Républicains prennent définitivement le pouvoir. Leur priorité absolue est de soustraire la jeunesse à l’influence de l’Église pour former des citoyens républicains éclairés.

C’est l’œuvre de Jules Ferry et des grandes lois scolaires de 1881-1882. L’école primaire devient gratuite, obligatoire et surtout laïque. L’instruction religieuse est remplacée par l’instruction morale et civique. Les crucifix sont retirés des salles de classe, et les prêtres n’ont plus le droit d’inspecter les écoles publiques. C’est une révolution culturelle. Les « Hussards noirs » (les instituteurs républicains) s’opposent aux curés dans chaque village de France. Cette laïcisation s’étend ensuite aux hôpitaux, aux cimetières et aux tribunaux. Pour approfondir ce point crucial, l’étude des ressources pédagogiques sur Lumni est particulièrement recommandée.

📌 De l’Affaire Dreyfus à la loi de 1905

La fin du siècle est marquée par une radicalisation des positions. Le pape Léon XIII tente un apaisement avec l’encyclique *Au milieu des sollicitudes* (1892), demandant aux catholiques français de se rallier à la République (le « Ralliement »). Mais cet apaisement est ruiné par l’Affaire Dreyfus (1894-1906). Une grande partie de la presse catholique (comme le journal *La Croix*) se déchaîne contre Dreyfus avec un antisémitisme virulent, associant la défense de l’armée et de l’Église contre la « République juive et maçonnique ». En réaction, le bloc des gauches se soude autour d’un anticléricalisme de combat.

La victoire du Bloc des Gauches aux élections amène au pouvoir le ministère d’Émile Combes en 1902. Sa politique est intransigeante : fermeture de milliers d’écoles congréganistes, expulsion des moines et des religieuses non autorisés. Les relations diplomatiques avec le Vatican sont rompues en 1904. Le Concordat de 1801 est devenu une coquille vide, un carcan que plus personne ne supporte : ni les républicains qui veulent un État neutre, ni une partie de l’Église qui préfère la liberté à la servitude dorée du salaire d’État. La voie est libre pour la Loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, portée par Aristide Briand. Ce n’est pas une loi de persécution, mais une loi de liberté qui met fin au régime concordataire (sauf en Alsace-Moselle, alors allemande) et inaugure une nouvelle ère pour la religion en France.

🧠 À retenir sur le Concordat de 1801 et le XIXe siècle

  • Le Concordat de 1801, signé par Napoléon et Pie VII, pacifie la France religieuse et transforme le clergé en fonctionnaires salariés, tout en reconnaissant le catholicisme comme « religion de la majorité ».
  • Les Articles Organiques (1802) ajoutent une tutelle stricte de l’État sur l’Église et étendent la reconnaissance officielle aux protestants, puis aux juifs (1808).
  • Le XIXe siècle voit une alternance d’alliances (Restauration, début du Second Empire) et de conflits (Monarchie de Juillet, fin de l’Empire) entre l’Église et l’État.
  • La loi Falloux (1850) permet à l’Église de dominer l’enseignement, provoquant en réaction la politique de laïcisation scolaire de Jules Ferry (1881-1882) sous la IIIe République.
  • L’affrontement culmine avec l’Affaire Dreyfus et aboutit à la Loi de séparation de 1905, mettant fin au système concordataire (sauf en Alsace-Moselle).

❓ FAQ : Questions fréquentes sur le régime concordataire

🧩 Pourquoi l’Alsace-Moselle est-elle encore sous le régime du Concordat ?

En 1905, lors du vote de la loi de Séparation, l’Alsace et la Moselle étaient des territoires allemands (annexés depuis 1871). La loi française ne s’y est donc pas appliquée. Au retour de ces départements à la France en 1918, les populations locales ont demandé le maintien de leur statut spécifique, y compris le régime des cultes. Aujourd’hui encore, les prêtres, pasteurs et rabbins y sont salariés de l’État.

🧩 Quelle différence entre le clergé réfractaire et le clergé constitutionnel ?

Sous la Révolution, le clergé constitutionnel avait prêté serment à la Constitution civile du clergé (refusant l’autorité directe du pape sur l’organisation temporelle), tandis que le clergé réfractaire refusait ce serment par fidélité à Rome. Le Concordat de 1801 a mis fin à ce schisme en obligeant tous les évêques (des deux camps) à démissionner pour en nommer de nouveaux.

🧩 Le Concordat reconnaissait-il l’islam ?

Non, au XIXe siècle, l’islam n’était pas présent en métropole de manière significative et n’a pas été intégré au système des « cultes reconnus » (catholique, luthérien, réformé, israélite). Même en Algérie colonisée, bien que l’État français gérât le culte musulman, le statut juridique était différent et ne relevait pas du Concordat de 1801 stricto sensu.

🧩 Quiz – As-tu bien suivi l’histoire du Concordat ?

1. En quelle année le Concordat a-t-il été signé ?



2. Quel pape a négocié le Concordat avec Napoléon ?



3. Quel statut le Concordat donne-t-il aux prêtres ?



4. Comment appelle-t-on les lois ajoutées unilatéralement par Napoléon en 1802 ?



5. Quelle phrase définit le catholicisme dans le Concordat ?



6. Quel événement marque la rupture entre Napoléon et le Pape en 1809 ?



7. Sous quel régime vote-t-on la loi sur le sacrilège (1825) ?



8. Qui sont les principaux représentants du catholicisme libéral ?



9. Que permet la loi Falloux de 1850 ?



10. Quel document publié par Pie IX en 1864 condamne les « erreurs modernes » ?



11. Qui a prononcé la phrase : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » ?



12. Que deviennent l’école publique et l’enseignement sous Jules Ferry (1881-1882) ?



13. Quelle affaire judiciaire a aggravé le conflit entre l’Église et la République à la fin du siècle ?



14. En quelle année le culte israélite a-t-il été organisé par Napoléon ?



15. Quel pape a appelé au « Ralliement » des catholiques à la République en 1892 ?



16. Qui est l’homme politique qui a porté la loi de Séparation de 1905 ?



17. Qu’est-ce que l’ultramontanisme ?



18. Quelle conséquence la loi de 1905 a-t-elle sur le budget des cultes ?



19. Quel territoire français garde aujourd’hui le régime concordataire ?



20. Quel bâtiment symbolique est construit à Paris pour « expier » les fautes de la Commune ?



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