🎯 Pourquoi les statues sont-elles devenues un champ de bataille mémoriel ?
Depuis le début des années 2020, l’espace public français est le théâtre de vives controverses autour de la présence de figures historiques liées à l’esclavage ou à la colonisation. Les débats sur les statues coloniales ne sont pas de simples querelles esthétiques, mais révèlent une profonde interrogation sur notre identité nationale et la manière dont la République regarde son passé. En effet, alors que des mouvements mondiaux remettent en cause la glorification de certains personnages, la France se trouve confrontée à la nécessité de réévaluer son héritage monumental, cristallisant les tensions entre devoir de mémoire et vérité historique.
🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :
- 🧭 La « statuomanie » républicaine et l’origine des monuments
- ⚙️ L’onde de choc mondiale et le cas spécifique français
- 📜 Le cas Colbert : Grand commis de l’État ou organisateur de l’esclavage ?
- 🎨 Faidherbe, Gallieni, Bugeaud : les figures militaires en question
- 🌍 Les outre-mer : Joséphine et Schoelcher, des symboles brisés
- 🤝 Déboulonner ou expliquer ? Les réponses politiques et muséales
- 🧠 À retenir
- ❓ FAQ
- 🧩 Quiz
👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème et pourquoi nos villes sont remplies de ces figures de bronze et de pierre.
🧭 La « statuomanie » républicaine et l’origine des monuments
📌 Pourquoi y a-t-il tant de statues coloniales en France ?
Pour comprendre les débats sur les statues coloniales actuels, il faut impérativement remonter au XIXe siècle, et plus précisément à la période de la IIIe République (1870-1940). C’est durant cette époque que la France connaît un phénomène culturel et urbain majeur que les historiens, comme Maurice Agulhon, ont baptisé la « statuomanie ». À cette époque, la République cherche à s’ancrer dans le paysage et les esprits en multipliant les hommages publics. Les places, les carrefours et les jardins publics se couvrent de monuments à la gloire des « grands hommes » qui ont fait la France. Dans ce contexte, la colonisation est perçue par les élites de l’époque comme une œuvre de civilisation majeure, une fierté nationale qu’il convient de célébrer.
Ainsi, ériger une statue de Faidherbe à Lille ou de Gallieni à Paris n’est pas anodin : c’est un acte politique fort qui vise à légitimer l’expansion impériale. Ces monuments servent de supports pédagogiques pour inculquer aux citoyens l’idée que la France apporte les « Lumières » aux peuples jugés inférieurs. Les sculpteurs de l’époque représentent souvent le héros colonial en position dominante, parfois accompagné de figures allégoriques représentant les colonies reconnaissantes ou soumises. Ce ne sont pas de simples décorations, mais des outils de propagande inscrits dans la pierre, destinés à durer éternellement. Aujourd’hui, ce sont précisément ces mises en scène de la domination qui heurtent une partie de la population, car elles figent dans l’espace public une vision du monde raciste et hiérarchisée qui n’a plus cours.
Il est essentiel de noter que ces statues ont été érigées dans un contexte où la voix des colonisés était inexistante ou réprimée. Le récit national se construisait de manière unilatérale. Pour en savoir plus sur la manière dont cette histoire a été transmise, tu peux consulter notre article sur l’enseignement de la colonisation, qui montre comment les manuels scolaires de l’époque relayaient le même message que ces statues.
📌 Le rôle des monuments dans le « Roman National »
Le concept de « Roman National », théorisé bien plus tard, repose sur une narration linéaire et glorieuse de l’histoire de France. Dans cette optique, les figures coloniales ne sont pas vues comme des conquérants brutaux, mais comme des bâtisseurs, des pacificateurs ou des administrateurs géniaux. Par exemple, Colbert est célébré pour le redressement économique de la France sous Louis XIV et la création de la Marine, tandis que son rôle dans la rédaction du Code Noir (1685) est, jusqu’à récemment, totalement occulté ou minimisé. Les statues fonctionnent comme des marqueurs de cette mémoire sélective : elles mettent en lumière une facette du personnage (le serviteur de l’État) et laissent dans l’ombre la part sombre (l’organisateur de la traite ou de la conquête sanglante).
Cette dichotomie est au cœur des tensions actuelles. Pour une partie de l’opinion publique, toucher à ces statues revient à « effacer l’histoire » ou à renier ce Roman National qui soude la communauté. Pour d’autres, notamment les associations antiracistes et les descendants de colonisés ou d’esclaves, ces statues sont une insulte permanente, une glorification de leurs bourreaux au cœur même de la cité. Le monument n’est plus vu comme un témoin du passé, mais comme une agression présente. C’est toute la différence entre l’histoire (ce qui s’est passé) et la mémoire (ce qu’on choisit de célébrer). Comme l’explique l’historien Pierre Nora, les « Lieux de mémoire » sont vivants et leur sens peut évoluer avec le temps. Ce qui était un symbole de gloire en 1900 peut devenir un symbole d’oppression en 2020.
⚙️ L’onde de choc mondiale et le cas spécifique français
📌 De Charlottesville à Bristol : un mouvement transnational
Les débats sur les statues coloniales en France ne sont pas isolés ; ils s’inscrivent dans une dynamique mondiale de contestation de l’espace public. Aux États-Unis, le mouvement s’est d’abord cristallisé autour des statues des généraux confédérés (défenseurs de l’esclavage pendant la Guerre de Sécession) après la fusillade de Charleston en 2015 et les événements de Charlottesville en 2017. Cependant, c’est véritablement la mort de George Floyd en mai 2020 et la résurgence massive du mouvement Black Lives Matter qui ont mondialisé la contestation. Les images de la statue du marchand d’esclaves Edward Colston, déboulonnée et jetée dans le port de Bristol au Royaume-Uni en juin 2020, ont fait le tour du monde et ont agi comme un catalyseur puissant.
En Belgique, les statues du roi Léopold II, figure tutélaire de la colonisation brutale au Congo, ont été vandalisées, peintes en rouge (symbole du sang versé) ou retirées par les autorités locales. Ces événements ont eu un écho immédiat en France, où des collectifs ont commencé à interroger la présence de certaines figures dans nos villes. La question posée est simple mais radicale : peut-on continuer à honorer dans l’espace public des hommes qui ont commis des crimes contre l’humanité (l’esclavage ayant été reconnu comme tel par la loi Taubira en 2001) ou des exactions coloniales ? Cette interrogation force la société française à regarder en face son passé colonial, souvent traité de manière périphérique.
📌 La réponse politique française : « La République n’effacera aucune trace »
Face à cette montée des revendications, la réponse de l’exécutif français a été ferme et rapide, marquant une spécificité hexagonale. Lors d’une allocution le 14 juin 2020, le président Emmanuel Macron a déclaré : « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n’oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statue. » Cette position tranche avec celle d’autres pays occidentaux plus ouverts au retrait des monuments contestés. Elle s’appuie sur l’idée que déboulonner reviendrait à une forme de révisionnisme ou de « Cancel Culture » importée des États-Unis, jugée incompatible avec l’universalisme républicain français.
Toutefois, cette position officielle n’a pas clos le débat, bien au contraire. Elle a déplacé la discussion vers la notion de « contextualisation ». Si l’on ne retire pas les statues, comment expliquer aux passants qui étaient vraiment ces hommes ? Comment intégrer la complexité historique sans glorifier aveuglément ? Des rapports ont été commandés, et des réflexions ont été engagées par le ministère de la Culture pour accompagner les municipalités. Tu peux d’ailleurs approfondir la question de la gestion du patrimoine via nos articles sur les monuments et musées coloniaux, qui montrent comment les institutions tentent de s’adapter.
L’argument principal des défenseurs du maintien des statues est pédagogique : il faut garder les traces du passé, même douloureuses, pour pouvoir les expliquer. Supprimer la statue reviendrait à supprimer l’occasion d’en parler. À l’inverse, les militants antiracistes soulignent que l’on n’apprend pas l’histoire en regardant une statue (qui est un objet de gloire, pas un livre d’histoire) et que le maintien de ces symboles est une violence symbolique faite aux descendants des victimes de la colonisation.
📜 Le cas Colbert : Grand commis de l’État ou organisateur de l’esclavage ?
📌 Jean-Baptiste Colbert, une figure centrale de l’État français
Parmi les cibles les plus emblématiques des débats sur les statues coloniales figure Jean-Baptiste Colbert (1619-1683). Sa statue trône devant l’Assemblée nationale à Paris, un symbole fort du pouvoir législatif. Pour l’histoire institutionnelle française, Colbert est le modèle du grand serviteur de l’État, l’architecte du dirigisme économique (le colbertisme), le créateur de l’Académie des sciences et le restaurateur des finances sous le Roi-Soleil. Il incarne la grandeur de la France du XVIIe siècle, la rationalisation administrative et le développement industriel (les manufactures). C’est à ce titre qu’il est honoré par de nombreuses rues, lycées et statues à travers le pays.
Cependant, cette vision traditionnelle est aujourd’hui percutée par une autre réalité historique : Colbert est l’instigateur de la législation coloniale qui aboutira, deux ans après sa mort, à la promulgation du Code Noir (1685). Ce texte juridique monstrueux codifie l’esclavage dans les colonies françaises, définissant les esclaves comme des « biens meubles », autorisant les châtiments corporels et organisant la ségrégation. Colbert a également fondé la Compagnie des Indes occidentales, structurant ainsi le commerce triangulaire et la traite négrière française. C’est cette double facette qui rend le personnage si complexe à gérer mémoriellement.
📌 L’incident de l’Assemblée nationale et ses répercussions
En juin 2020, la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale a été aspergée de peinture rouge et marquée de l’inscription « Négrophobie d’État ». Cet acte militant a propulsé le débat sur la place publique. Faut-il débaptiser les salles Colbert dans les ministères ? Faut-il retirer sa statue du temple de la loi ? Pour les historiens, réduire Colbert au seul Code Noir est un anachronisme : il agissait dans une logique économique mercantiliste propre à son temps, où l’esclavage n’était pas moralement condamné par les puissants. Mais pour les militants, honorer l’homme qui a légalisé la déshumanisation de millions d’Africains devant la maison des députés (qui votent la loi) est une aberration républicaine.
Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, a suggéré non pas de détruire les statues, mais de renommer certains lieux (comme la salle Colbert de l’Assemblée) pour marquer une rupture symbolique. Le débat reste ouvert : Colbert est-il indissociable de l’État français, ou la République doit-elle choisir de ne plus honorer ceux qui ont bafoué ses valeurs actuelles de liberté et d’égalité ? Ce cas illustre parfaitement la tension entre la reconnaissance des crimes passés et la continuité de l’État.
🎨 Faidherbe, Gallieni, Bugeaud : les figures militaires en question
📌 Faidherbe à Lille : le héros du Nord face au Sénégal
Le cas du général Louis Faidherbe (1818-1889) est particulièrement intéressant car il montre comment une mémoire locale peut entrer en conflit avec une mémoire coloniale globale. À Lille, Faidherbe est célébré comme le héros qui a défendu le Nord de la France contre les Prussiens lors de la guerre de 1870. Sa statue équestre domine une place majeure de la ville, et il est perçu positivement par de nombreux Lillois attachés à leur histoire régionale. Pourtant, avant d’être ce défenseur du territoire national, Faidherbe a été le gouverneur du Sénégal et le principal artisan de la colonisation française en Afrique de l’Ouest au milieu du XIXe siècle.
Ses méthodes au Sénégal ont inclus des campagnes militaires brutales, des villages brûlés et une administration autoritaire, bien qu’il ait aussi développé des infrastructures et étudié les langues locales (ce qui était rare). Les collectifs comme « Faidherbe doit tomber » demandent le retrait de sa statue, arguant qu’on ne peut dissocier le militaire de 1870 du colonisateur sanglant. La mairie de Lille a jusqu’ici refusé le déboulonnage, préférant s’engager dans une démarche explicative via des plaques contextuelles, tentant de tenir l’équilibre périlleux entre respect de la mémoire locale et reconnaissance des souffrances coloniales.
📌 Gallieni et Bugeaud : pacificateurs ou bourreaux ?
À Paris, la statue du maréchal Gallieni (place Vauban) pose un problème similaire. Célébré comme le « sauveur de Paris » grâce à l’épisode des taxis de la Marne en 1914, il est aussi celui qui a mené la « pacification » de Madagascar (1896-1905). Cette pacification s’est traduite par une répression féroce, l’abolition de la monarchie malgache, l’exil de la reine Ranavalona III et des milliers de morts. Là encore, quelle facette retenir ? L’officier de la Grande Guerre ou le proconsul colonial implacable ?
Le cas du maréchal Bugeaud est encore plus tranché. Sa statue a longtemps trôné à Périgueux ou été honorée par une avenue à Paris (récemment objet de débats). Bugeaud est le conquérant de l’Algérie dans les années 1840, l’inventeur de la technique des « enfumades » (asphyxier des tribus entières réfugiées dans des grottes). Ses écrits assument pleinement la terreur comme arme de guerre. Contrairement à Faidherbe ou Gallieni qui ont un rôle métropolitain positif (guerre de 1870, guerre de 14-18), Bugeaud est presque exclusivement lié à la violence coloniale. C’est pourquoi sa présence dans l’espace public est de plus en plus difficile à justifier, même pour les tenants du statu quo. Ces controverses alimentent directement les polémiques politiques contemporaines entre droite et gauche sur la gestion du passé.
🌍 Les outre-mer : Joséphine et Schoelcher, des symboles brisés
📌 La particularité des territoires ultramarins
Si les débats sur les statues coloniales sont vifs en métropole, ils prennent une dimension explosive dans les territoires d’outre-mer, notamment en Martinique et en Guadeloupe. Ici, la population est majoritairement descendante d’esclaves. La présence de statues glorifiant des figures liées à l’esclavage est vécue comme une violence quotidienne insupportable, une continuation symbolique de la domination béké (descendants de colons) et métropolitaine. Dans ces territoires, le temps de la discussion a souvent laissé place à l’action directe bien avant la vague mondiale de 2020.
📌 Joséphine de Beauharnais : l’impératrice déchue
L’exemple le plus frappant est celui de la statue de Joséphine de Beauharnais sur la place de la Savane à Fort-de-France (Martinique). Première épouse de Napoléon Ier et native de l’île, elle est accusée d’avoir influencé l’Empereur pour rétablir l’esclavage en 1802 (aboli une première fois en 1794). Sa statue a d’abord été décapitée dans les années 1990, et est restée ainsi pendant trente ans, le corps sans tête maculé de peinture rouge, devenant un « anti-monument » unique au monde. Finalement, en juillet 2020, elle a été totalement abattue par des militants, dans un geste de rupture définitive. Ce n’était plus une demande de retrait, mais une exécution symbolique populaire.
📌 Le paradoxe Victor Schoelcher
Plus surprenant pour un observateur métropolitain est le sort réservé aux statues de Victor Schoelcher. Homme politique français, il est celui qui a signé le décret d’abolition de l’esclavage de 1848. Longtemps vénéré comme le « libérateur », ses statues ont pourtant été détruites en Martinique le 22 mai 2020 (jour de la commémoration de l’abolition). Pourquoi ? Les jeunes militants lui reprochent d’incarner une vision paternaliste de l’histoire où la liberté est « donnée » par un homme blanc venu de Paris, effaçant ainsi les siècles de révoltes d’esclaves et de marronnage qui ont forcé le système à céder. De plus, Schoelcher a aussi soutenu l’indemnisation des anciens propriétaires d’esclaves (et non des esclaves eux-mêmes), ce qui est aujourd’hui perçu comme une injustice originelle. La destruction de ses statues marque la volonté d’écrire une histoire « par nous-mêmes et pour nous-mêmes », sans sauveur blanc.
Pour approfondir les récits de ceux qui ont vécu cette histoire, je t’invite à lire l’article sur les témoignages d’anciens coloniaux et descendants, qui éclaire ce ressenti intime et politique.
🤝 Déboulonner ou expliquer ? Les réponses politiques et muséales
📌 L’option de la contextualisation : expliquer sans effacer
Face à l’impossibilité politique de retirer massivement les statues en métropole, la solution privilégiée par les autorités (mairies, État) est la contextualisation. Cela consiste à apposer une plaque explicative (ou un QR code) au pied du monument. L’idée est de transformer le regard du passant : la statue ne dit plus « Gloire à ce héros », mais « Voici un homme qui a joué tel rôle dans l’histoire, y compris des rôles sombres que nous condamnons aujourd’hui ». La ville de Bordeaux, ancien port négrier important, a par exemple installé des plaques dans les rues portant des noms de négriers, expliquant leur implication dans la traite. Pour consulter des exemples concrets de politiques mémorielles, le site gouvernemental Vie Publique offre des dossiers très complets sur la gestion de la mémoire collective.
Cette approche a l’avantage du compromis, mais elle a ses limites : qui lit vraiment les plaques ? Une plaque discrète peut-elle contrebalancer la puissance visuelle d’une statue de trois mètres de haut sur un piédestal ? Certains historiens proposent d’aller plus loin en installant des « contre-monuments » ou des œuvres d’art contemporain à côté des statues contestées pour créer un dialogue visuel et critique.
📌 Le musée comme refuge ?
Une autre option, parfois appliquée à l’étranger et discutée en France, est la « muséification ». Il s’agit de déplacer les statues controversées de l’espace public (la rue, où elles imposent un hommage) vers l’espace muséal (où elles deviennent des objets d’étude). Dans un musée, la statue est désacralisée ; elle est entourée de documents, de cartes et d’explications qui permettent de déconstruire le mythe. C’est ce qui a été fait par exemple à Hambourg avec des monuments coloniaux allemands. En France, cela reste rare car perçu comme une capitulation face à la rue ou un début d’engrenage : où s’arrêter ?
Enfin, la solution pourrait aussi venir de la création de nouvelles statues. Au lieu de seulement retirer, pourquoi ne pas ajouter ? La France manque cruellement de monuments honorant les héros de la diversité, les résistants à l’esclavage (comme la Solitude en Guadeloupe) ou les tirailleurs. Rééquilibrer l’espace public en rendant visible ce qui a été invisibilisé est une voie que de nombreuses municipalités commencent à explorer pour apaiser les mémoires.
Ces débats, loin d’être clos, montrent que l’histoire est une matière vivante. Réviser l’histoire, ce n’est pas la changer, c’est changer le regard qu’on porte sur elle avec les valeurs de notre temps.
🧠 À retenir sur les débats autour des statues coloniales
- Le débat a explosé mondialement après la mort de George Floyd en 2020, mais s’ancre en France dans une histoire coloniale spécifique.
- La statuomanie de la IIIe République (fin XIXe) a multiplié ces monuments pour glorifier la colonisation et le « Roman National ».
- Des figures comme Colbert (Code Noir) ou Faidherbe/Gallieni/Bugeaud (conquêtes brutales) cristallisent les tensions entre leur rôle de bâtisseurs d’État et leurs crimes coloniaux.
- Dans les Outre-mer, la contestation est plus radicale (destruction des statues de Joséphine ou Schoelcher), rejetant le récit paternaliste métropolitain.
- L’État français privilégie la contextualisation (plaques explicatives) plutôt que le déboulonnage, au nom de la complexité de l’histoire.
❓ FAQ : Questions fréquentes sur les statues coloniales
🧩 Est-il interdit de détruire une statue en France ?
Oui, absolument. En France, la destruction ou la dégradation d’un bien public, et a fortiori d’un monument historique ou d’une œuvre d’art, est un délit pénal passible de lourdes amendes et de peines de prison. C’est pourquoi la plupart des actions militantes se limitent à des actions symboliques ou demandent un retrait légal par les mairies.
🧩 Pourquoi Colbert est-il visé alors qu’il vivait au XVIIe siècle ?
Colbert est visé car il est l’initiateur du « Code Noir » (1685), qui a légalisé l’esclavage dans les colonies françaises en considérant les esclaves comme des « biens meubles ». Même si c’était la norme économique de l’époque, les militants estiment qu’une démocratie moderne ne peut honorer devant son Assemblée nationale l’auteur d’un texte qualifié aujourd’hui de crime contre l’humanité.
🧩 Quelle est la différence entre déboulonner et contextualiser ?
Déboulonner signifie retirer physiquement la statue de l’espace public (pour la détruire, la stocker ou la mettre au musée). Contextualiser signifie laisser la statue en place mais ajouter un panneau, une plaque ou une installation artistique pour expliquer les zones d’ombre du personnage, permettant une lecture critique sans effacer le monument.
