La seconde guerre mondiale expliquée aux lycéens
Entre deux guerres : un monde en tension
La Seconde Guerre mondiale n’a pas surgi de nulle part. Elle est l’aboutissement d’une série de crises, de frustrations et de ruptures apparues après la Première Guerre mondiale. À peine la Grande Guerre terminée, le monde se croyait à l’abri d’un nouveau cataclysme. Mais les graines du prochain conflit étaient déjà semées. Dans ce premier bloc, on plonge dans les années 1919–1939 pour comprendre comment l’Europe et le monde ont basculé vers l’irréparable.
Le traité de Versailles : paix ou humiliation ?
Le traité de Versailles, signé en 1919, visait à mettre un terme définitif à la guerre. Mais ce texte, censé garantir la paix, va au contraire alimenter la colère et le ressentiment. L’Allemagne, désignée comme unique responsable du conflit, est lourdement sanctionnée : perte de territoires, démilitarisation, paiement de lourdes réparations. Pour beaucoup d’Allemands, c’est une humiliation nationale.
Le régime de la République de Weimar (1919–1933) qui succède à l’Empire tente de maintenir une démocratie fragile, mais il est perçu comme faible. Entre les crises économiques, les mouvements d’extrême gauche et d’extrême droite, les Allemands vivent dans un climat d’instabilité. C’est dans cette ambiance que germe une figure inquiétante : Adolf Hitler.
Crise économique mondiale et radicalisation
La crise de 1929, partie de Wall Street, provoque une onde de choc mondiale. Les banques s’effondrent, le chômage explose, les échanges internationaux s’effondrent. En Allemagne, la situation devient catastrophique : six millions de chômeurs, misère généralisée, perte de confiance dans les institutions.
Les partis extrémistes prospèrent sur ce terreau. Le parti nazi, qui promet ordre, grandeur nationale et rejet du traité de Versailles, séduit une population désespérée. En 1933, Hitler est nommé chancelier. Très vite, il installe une dictature en supprimant les libertés, en éliminant ses opposants (nuit des longs couteaux, incendie du Reichstag), et en construisant un État totalitaire appuyé sur la terreur, la propagande et l’idéologie raciste.
Le Japon, l’Italie et la tentation impériale
Mais l’Allemagne nazie n’est pas seule à remettre en cause l’ordre mondial. En Asie, le Japon impérial mène une politique agressive. Il envahit la Mandchourie en 1931, puis la Chine en 1937. En Europe, l’Italie fasciste de Mussolini se lance dans des conquêtes coloniales, notamment en Éthiopie. Tous rejettent les principes du droit international et défient la Société des Nations (SDN), incapable de réagir fermement.
On assiste à une montée des régimes autoritaires fondés sur le culte du chef, le nationalisme, la force militaire et la haine de l’ennemi intérieur : Juifs, communistes, étrangers. L’antisémitisme d’État devient une politique officielle en Allemagne dès les lois de Nuremberg de 1935.
La politique d’Hitler : expansion et revanche
Entre 1936 et 1939, Hitler accélère sa stratégie. Il réarme l’Allemagne, envoie ses troupes en Rhénanie, soutient Franco dans la guerre civile espagnole, puis annexe l’Autriche (Anschluss) et les Sudetens (région tchécoslovaque peuplée d’Allemands). À chaque provocation, les démocraties occidentales hésitent à réagir. C’est la politique d’apaisement, illustrée par les accords de Munich (1938) où la France et le Royaume-Uni acceptent les revendications d’Hitler en échange de la promesse… de ne pas aller plus loin.
Mais Hitler ment. Il veut plus. Il veut l’espace vital pour le peuple allemand (Lebensraum), vers l’est. Et surtout, il veut effacer l’humiliation de 1918 par une revanche totale.
Le pacte germano-soviétique : l’alliance des ennemis
Le coup de théâtre de l’été 1939 surprend tout le monde : l’Allemagne nazie et l’URSS de Staline, pourtant ennemies idéologiques, signent un pacte de non-agression. En secret, ils se partagent la Pologne et les États baltes. C’est le feu vert pour l’invasion à venir.
Carte de l’Europe en 1939 – situation géopolitique avant l’invasion de la Pologne
1er septembre 1939 : l’explosion
Le 1er septembre, les troupes allemandes franchissent la frontière polonaise. En quelques jours, Varsovie est bombardée. Le 3 septembre, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. C’est le début officiel de la Seconde Guerre mondiale.
Mais personne n’imagine encore l’ampleur de ce qui va suivre.
La guerre éclair : le monde sidéré
Lorsque l’Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre 1939, elle inaugure une nouvelle manière de faire la guerre. C’est la Blitzkrieg, ou « guerre éclair » : une stratégie basée sur la vitesse, la surprise et la puissance de feu combinée. En quelques semaines, la Pologne est écrasée. L’Union soviétique, en vertu du pacte secret, occupe l’est du pays. La guerre a officiellement commencé, mais en France et au Royaume-Uni, rien ne se passe… encore.
La drôle de guerre
Dès l’automne 1939 et jusqu’au printemps 1940, la France et la Grande‑Bretagne adoptent une posture défensive – une période restée dans les mémoires comme la « drôle de guerre ». Durant ce temps, les soldats français stationnent dans les ouvrages de la ligne Maginot, sans engager d’assaut majeur, un immense système de fortifications censé les protéger. Mais Hitler ne passera pas par là. En mai 1940, la Wehrmacht lance l’offensive… en passant par la Belgique et les Ardennes, là où on l’attend le moins.
La débâcle française
La bataille de France se solde par un véritable effondrement : les blindés allemands défoncent les défenses. En quelques semaines, Paris tombe, et l’exode massif des civils s’emballe. Les divisions blindées enfoncent les lignes, les avions de la Luftwaffe bombardent les routes. Des millions de civils fuient sur les routes : c’est l’exode. En six semaines, la France est vaincue. Paris est occupée. Le gouvernement s’effondre.
Le 17 juin, Pétain choisit l’armistice, divisant la France entre zones occupée et « libre ». À Londres, le général de Gaulle diffuse le lendemain un appel mémorable : « Continuez le combat ». Le mouvement France Libre est né. C’est le début de la France libre.
Soldats allemands paradant sur l’avenue des Champs-Élysées, le 14 juin 1940.
La bataille d’Angleterre
Face à l’expansion fulgurante d’Hitler, un seul pays résiste encore : le Royaume-Uni. Churchill, nouveau Premier ministre, promet de ne jamais céder. Entre juillet et octobre 1940, la bataille d’Angleterre fait rage dans le ciel britannique. La Luftwaffe bombarde les villes et les bases militaires. Mais la Royal Air Force (RAF) tient bon. Grâce au radar, à une organisation redoutable et au courage de ses pilotes, les Allemands échouent à obtenir la supériorité aérienne. L’invasion prévue, nommée « opération Lion de mer », est annulée.
Pour la première fois, Hitler recule. Mais il n’abandonne pas son ambition de dominer l’Europe.
L’expansion en Méditerranée et dans les Balkans
En 1941, l’Axe élargit son emprise. L’Italie fasciste, après une tentative ratée d’envahir la Grèce, doit être secourue par l’Allemagne. Hitler en profite pour envahir la Yougoslavie, diviser les territoires et installer des régimes fantoches. En Afrique du Nord, Rommel, à la tête de l’Afrika Korps, arrive en renfort pour soutenir les Italiens face aux Britanniques. C’est le début d’un nouveau front décisif autour de la Méditerranée.
L’opération Barbarossa : le pacte brisé
Mais le véritable tournant de cette phase de guerre arrive le 22 juin 1941. Ce jour-là, sans déclaration préalable, l’Allemagne lance l’opération Barbarossa : une gigantesque offensive contre l’Union soviétique. Trois millions de soldats, 600 000 véhicules, des milliers de chars et d’avions foncent sur un front de 2 000 kilomètres. Les Soviétiques sont pris de court.
Plan d’origine des Allemands.
En quelques semaines, les armées nazies avancent jusqu’aux portes de Moscou, de Leningrad et de Kiev. Les pertes soviétiques sont colossales. Mais l’hiver approche. Et l’armée allemande va découvrir ce qu’aucun envahisseur n’a encore réussi à vaincre : le froid russe et la ténacité soviétique.
Une guerre d’anéantissement à l’Est
L’invasion de l’URSS n’est pas une guerre comme les autres. C’est une guerre d’extermination. Les nazis considèrent les Slaves comme des sous-hommes, et les Juifs comme l’ennemi absolu. Les Einsatzgruppen (unités spéciales) suivent l’armée et massacrent systématiquement les populations juives. Des milliers de villages sont rasés, des millions de civils assassinés.
La guerre change de nature : elle devient idéologique, raciale, totale.
Le Japon entre dans la danse : Pearl Harbor
Pendant ce temps, en Asie, les tensions entre le Japon et les États-Unis s’intensifient. Le Japon veut s’étendre dans le Pacifique, mais les Américains s’y opposent. Le 7 décembre 1941, le Japon bombarde par surprise la base américaine de Pearl Harbor, à Hawaï. Plus de 2 000 morts, une grande partie de la flotte américaine détruite.
Photographie prise depuis un avion japonais pendant l’attaque à la torpille contre les navires amarrés des deux côtés de l’île Ford. La vue est orientée vers l’est, avec le dépôt de ravitaillement, la base sous-marine et le parc de réservoirs de carburant visibles au centre-droit, au loin. Une torpille vient tout juste de frapper l’USS West Virginia sur le côté opposé de l’île Ford (au centre). Les autres cuirassés amarrés à proximité sont (de gauche à droite) : Nevada, Arizona, Tennessee (du côté intérieur du West Virginia), Oklahoma (touché par une torpille et gîtant) à côté du Maryland, et California. Du côté proche de l’île Ford, à gauche, on distingue les croiseurs légers Detroit et Raleigh, le navire-cible et de formation Utah, ainsi que le ravitailleur d’hydravions Tangier. Raleigh et Utah ont été touchés par des torpilles, et Utah présente une forte gîte sur bâbord. Des avions japonais sont visibles au centre-droit (au-dessus de l’île Ford) et au-dessus de l’arsenal de la marine, à droite. L’inscription en japonais en bas à droite précise que la photographie a été reproduite avec l’autorisation du ministère de la Marine. Photographie de la U.S. Naval History and Heritage Command.
C’est le choc. Le lendemain, les États-Unis entrent en guerre contre le Japon. Puis contre l’Allemagne et l’Italie. La guerre devient mondiale. Les deux plus grandes puissances industrielles – les États-Unis et l’Allemagne – s’affrontent désormais sur tous les continents.
La guerre entre dans une nouvelle ère
Fin 1941, l’Allemagne contrôle presque toute l’Europe continentale, le Japon s’impose dans le Pacifique, l’URSS est à genoux, et les États-Unis viennent d’entrer dans la bataille. Le monde est entré dans une guerre totale. Les prochains chapitres vont révéler une résistance féroce, des tournants inattendus… et les débuts de la chute des dictatures.
1942–1943 : le tournant du conflit
En 1942, les forces de l’Axe paraissent invincibles. Hitler domine presque toute l’Europe, le Japon s’étend dans le Pacifique, et les Alliés reculent sur tous les fronts. Mais dans cette obscurité apparaissent les premières fissures. Cette période marque un véritable basculement : les grandes puissances de l’Axe vont, peu à peu, perdre l’initiative. Trois batailles clés vont inverser le cours de la guerre : Midway, El-Alamein et Stalingrad.
Le Pacifique : Midway et le tournant naval
Le Japon, après l’attaque de Pearl Harbor, poursuit ses conquêtes : Philippines, Indonésie, Birmanie, Malaisie. L’objectif : créer une grande sphère de coprospérité asiatique, débarrassée de l’influence occidentale. Mais la machine impériale japonaise va se heurter à la puissance industrielle et militaire américaine.
Le 4 juin 1942, la bataille de Midway éclate. Grâce au décryptage du code japonais, les Américains tendent un piège. En quelques heures, ils détruisent quatre porte-avions japonais. C’est une perte irremplaçable pour la marine impériale.
Midway marque un tournant stratégique : pour la première fois, le Japon recule. Les États-Unis entament une longue reconquête des îles du Pacifique, une par une. C’est le début d’une guerre d’usure, amphibie et sanglante.
Carte de la bataille de Midway (4–7 juin 1942), illustrant les mouvements stratégiques des forces américaines et japonaises. © dean.usma.edu
Afrique du Nord : El-Alamein et l’effondrement de l’Axe
En Afrique, la guerre fait rage dans le désert. Le général allemand Rommel, surnommé le « renard du désert », s’illustre par des victoires spectaculaires. Il menace l’Égypte et le canal de Suez. Mais en octobre 1942, les forces britanniques du maréchal Montgomery stoppent sa progression lors de la bataille d’El-Alamein.
Deux semaines de combats acharnés mettent un terme à l’expansion allemande. Dans la foulée, les Américains débarquent au Maroc et en Algérie (opération Torch). Pris en tenaille, les forces de l’Axe capitulent en mai 1943 en Tunisie. L’Afrique est désormais sous contrôle allié.
C’est un coup dur pour Hitler : le flanc sud de l’Europe est exposé.
L’enfer de Stalingrad : le tournant moral
Mais le choc le plus symbolique et le plus décisif survient à l’Est. Depuis juin 1941, les troupes allemandes tentent d’écraser l’URSS. En août 1942, elles lancent une nouvelle offensive vers le Caucase et la ville de Stalingrad, sur la Volga. Objectif : couper les ressources soviétiques et infliger une défaite politique à Staline.
Commence alors une des batailles les plus terribles de l’histoire. Stalingrad devient un champ de ruines. Les combats sont quotidiens, rue par rue, immeuble par immeuble. Le froid est glacial, les vivres manquent, les deux camps s’enlisent dans un cauchemar de feu et de sang.
En novembre, l’armée soviétique lance l’opération Uranus : elle encercle la 6e armée allemande, piégée dans la ville. Malgré les ordres d’Hitler, les troupes allemandes doivent capituler en février 1943. 91 000 soldats sont faits prisonniers. Le choc est immense : l’image d’invincibilité du Reich s’effondre.
Prisonniers de guerre de l’Axe – Allemands, Italiens, Roumains et Hongrois – capturés en 1943 sur le front de l’Est, vraisemblablement après une offensive soviétique.
Une guerre mondiale et totale
À cette période, la guerre prend une nouvelle ampleur. Tous les continents sont impliqués, toutes les sociétés mobilisées. On parle de guerre totale : toutes les ressources économiques, industrielles, humaines sont orientées vers l’effort de guerre.
Dans les territoires occupés, les nazis intensifient la terreur. Rafles, exécutions, camps de concentration. Les Juifs d’Europe sont traqués, enfermés dans les ghettos, puis déportés. À l’Est, des millions de civils sont assassinés dans des massacres de masse. L’idéologie nazie, fondée sur le racisme et l’antisémitisme, devient une machine de mort à l’échelle industrielle.
La Résistance s’organise
Face à la brutalité de l’occupation, la Résistance s’intensifie. En France, des réseaux se forment, dirigés par des figures comme Jean Moulin, Lucie Aubrac, ou encore Missak Manouchian. Ils sabotent, informent, organisent des évasions, préparent la libération. Dans toute l’Europe, des milliers de femmes et d’hommes risquent leur vie pour lutter dans l’ombre.
Le rôle des résistants est fondamental : ils permettent de maintenir un espoir, de transmettre des informations aux Alliés, de préparer la reconquête. C’est aussi une guerre morale, une lutte entre oppression et liberté.
Carte de la situation militaire en Europe en 1943, indiquant les territoires occupés, les lignes de front et les forces en présence. © Wikimedia Commons
Une machine de guerre alliée en marche
À la fin de 1943, les Alliés reprennent l’initiative sur tous les fronts. La supériorité aérienne, navale et industrielle des États-Unis se fait sentir. L’Union soviétique lance de vastes contre-offensives à l’Est. En Italie, les Alliés débarquent en Sicile, puis remontent la péninsule. Mussolini est renversé, mais les combats se poursuivent contre les Allemands.
La guerre change d’axe : le reflux de l’Axe a commencé. Il reste encore deux années de combats acharnés, mais désormais, l’issue du conflit commence à se dessiner.
1944–1945 : La reconquête alliée et l’effondrement du Reich
Après les tournants de 1942–1943, le destin de la guerre semble changer de main. L’Allemagne et le Japon reculent sur tous les fronts. Mais les combats sont loin d’être terminés. En Europe, l’objectif est clair : libérer les pays occupés, anéantir le régime nazi et mettre un terme à l’une des plus grandes tragédies de l’histoire. La machine de guerre alliée se déploie avec une puissance inégalée. À l’Est comme à l’Ouest, les armées avancent. L’année 1944 marque le début de la fin pour Hitler.
Le Débarquement de Normandie : une opération titanesque
Le 6 juin 1944, à l’aube, l’opération Overlord est lancée. C’est le plus grand débarquement militaire de l’histoire. Plus de 150 000 soldats alliés débarquent sur les plages de Normandie : Utah, Omaha, Gold, Juno, Sword. Américains, Britanniques, Canadiens affrontent les troupes allemandes retranchées dans les bunkers du mur de l’Atlantique.
Les pertes sont lourdes, notamment sur la plage d’Omaha Beach, mais l’objectif est atteint. Une tête de pont est créée. En quelques semaines, les Alliés libèrent la Normandie, puis avancent vers Paris. Le 25 août 1944, la capitale française est libérée. Le général de Gaulle y entre en triomphe. La libération de la France est en marche.
Débarquement des troupes américaines sur Omaha Beach, le 6 juin 1944, pendant le jour J. Photographie emblématique du D-Day. © U.S. National Archives
L’Est en feu : l’Armée rouge écrase la Wehrmacht
À l’Est, l’Armée rouge lance en juin 1944 l’opération Bagration, une offensive massive contre les troupes allemandes en Biélorussie. En quelques semaines, toute une armée allemande est anéantie. Les Soviétiques progressent à une vitesse impressionnante. Ils reprennent les territoires perdus et avancent vers la Pologne, la Hongrie, la Roumanie.
En janvier 1945, ils franchissent la Vistule et foncent vers l’Allemagne. La libération du camp d’Auschwitz révèle au monde l’horreur des crimes nazis. C’est un choc mondial. La Shoah, jusque-là occultée, apparaît dans toute son horreur.
L’Allemagne bombardée, l’Allemagne encerclée
À partir de 1944, les villes allemandes sont la cible de bombardements massifs. Hambourg, Cologne, Nuremberg, Berlin : des dizaines de milliers de civils périssent. L’objectif est double : frapper l’industrie et briser le moral. En février 1945, la ville de Dresde est presque entièrement détruite en quelques heures. C’est l’un des bombardements les plus controversés de la guerre.
Simultanément, les troupes alliées progressent vers le cœur du Reich. À l’ouest, les forces américaines franchissent le Rhin en mars 1945. À l’est, les Soviétiques sont aux portes de Berlin. L’étau se resserre.
La bataille de Berlin : la dernière offensive
En avril 1945, les Soviétiques lancent l’assaut final : la bataille de Berlin. C’est un carnage. Les derniers fidèles du régime nazi résistent rue par rue. Des enfants sont enrôlés dans la Volkssturm. La capitale allemande est en ruines. Le 30 avril, Adolf Hitler se suicide dans son bunker. Le 8 mai 1945, l’Allemagne capitule sans condition. C’est la fin de la guerre en Europe. On parle de “Jour de la Victoire”.
Carte de la bataille de Berlin, avril 1945. Les unités soviétiques encerclent la capitale allemande. © US Holocaust Memorial Museum
La guerre continue dans le Pacifique
Mais si l’Europe fête la paix, la guerre se poursuit en Asie. Le Japon refuse de capituler malgré la reconquête américaine. Les batailles sont féroces : Iwo Jima, Okinawa, marquées par des milliers de morts. Les kamikazes, pilotes suicides japonais, attaquent les navires américains. Un débarquement au Japon semble inévitable… et terriblement coûteux.
Hiroshima et Nagasaki : l’ère nucléaire s’ouvre
Pour éviter des pertes massives, les États-Unis décident d’utiliser une arme nouvelle, terrifiante, testée en juillet 1945 dans le désert du Nouveau-Mexique : la bombe atomique. Le 6 août 1945, Hiroshima est anéantie. Trois jours plus tard, Nagasaki subit le même sort. Plus de 200 000 morts en quelques instants. Le Japon capitule le 2 septembre 1945. La Seconde Guerre mondiale est terminée.
Explosion atomique au-dessus d’Hiroshima, 6 août 1945. L’un des événements les plus marquants de la fin de la Seconde Guerre mondiale. © U.S. National Archives
Une paix amère et un monde à reconstruire
Le conflit le plus violent de l’histoire prend fin. Mais le monde en sort bouleversé, traumatisé, transformé. L’Allemagne et le Japon sont en ruines. Des dizaines de millions de morts. Des villes rayées de la carte. Une nouvelle ère commence, dominée par deux superpuissances : les États-Unis et l’URSS. Une nouvelle guerre, froide cette fois, se profile à l’horizon…
Le bilan d’un conflit hors norme
La Seconde Guerre mondiale fut un tremblement de terre historique. Par son ampleur, ses violences, ses innovations, ses victimes et ses conséquences, elle a redessiné le monde. Au lendemain de la capitulation du Japon, les nations se réveillent dans un paysage dévasté. Le bilan de la guerre dépasse l’imaginable, tant sur le plan humain que matériel, moral et géopolitique. Comprendre ces conséquences, c’est comprendre pourquoi notre monde moderne est ce qu’il est.
Un bilan humain colossal
Le nombre total de morts est difficile à fixer précisément, mais les historiens s’accordent sur une fourchette de 60 à 80 millions de morts, soit environ 3 % de la population mondiale de l’époque. Parmi eux, la majorité sont des civils. Jamais dans l’histoire humaine un conflit n’avait provoqué une telle hécatombe.
Parmi les plus meurtris :
- L’Union soviétique : environ 25 millions de morts, dont 13 à 15 millions de civils.
- La Chine : 15 à 20 millions de morts, en grande partie civils, à cause de l’occupation japonaise.
- L’Allemagne : environ 7 millions de morts.
- La Pologne : 5,8 millions de morts, dont 90 % de civils.
- Le Japon : 3 millions de morts.
- La France : environ 600 000 morts, dont de nombreux civils.
À ces pertes s’ajoutent des dizaines de millions de blessés, d’orphelins, de réfugiés, de déportés. Des villes rasées, des familles éclatées. Une génération entière a été marquée à jamais par cette guerre totale.
Le génocide des Juifs et des Tsiganes : la Shoah et le Porajmos
La Seconde Guerre mondiale est aussi celle du crime absolu : l’extermination systématique des Juifs d’Europe par le régime nazi. On estime que six millions de Juifs ont été assassinés entre 1941 et 1945, dans les ghettos, par les Einsatzgruppen, dans les camps d’extermination comme Auschwitz, Treblinka, Sobibor.
Ce génocide, que les nazis ont nommé la “solution finale”, s’est déroulé en plusieurs étapes : exclusion sociale (lois de Nuremberg), enfermement (ghettos), déportation (wagons à bestiaux), extermination (chambres à gaz, fours crématoires). C’est la première fois que l’humanité découvre une industrie de la mort, méthodique, bureaucratique, mécanisée.
Mais les Juifs ne furent pas les seuls visés : les Tsiganes (Roms, Sinti), les handicapés mentaux, les homosexuels, les résistants, les communistes furent eux aussi persécutés, internés, exécutés. Le Porajmos (« dévoration »), nom tsigane donné au génocide des Roms, a fait entre 200 000 et 500 000 victimes.
Des villes anéanties
La guerre a causé la destruction massive de villes entières. Varsovie, Stalingrad, Dresde, Berlin, Le Havre, Hiroshima, Nagasaki, Manille… Des quartiers entiers ont été rasés, parfois en quelques heures. Les bombardements stratégiques, menés par les Alliés comme par l’Axe, ont montré une brutalité inédite.
L’Europe et l’Asie sont à genoux. Des infrastructures détruites, des voies ferrées coupées, des usines en ruines, des millions de personnes sans logement. La reconstruction prendra des années. Et dans certains cas, des décennies.
Un bouleversement géopolitique majeur
Le monde d’après-guerre ne ressemble plus à celui de 1939. Les grands empires coloniaux sont affaiblis. La France et le Royaume-Uni sortent vainqueurs mais considérablement affaiblis. L’Allemagne et le Japon sont occupés et démilitarisés. Les grandes puissances coloniales n’ont plus les moyens de tenir leurs empires. Le mouvement de décolonisation est lancé.
Deux nouvelles superpuissances émergent :
- Les États-Unis, victorieux, riches, dotés de l’arme nucléaire, deviennent les leaders du « monde libre ».
- L’Union soviétique, forte de ses victoires militaires et de son influence en Europe de l’Est, incarne le camp communiste.
Très vite, une nouvelle confrontation se profile : c’est le début de la Guerre froide.
Naissance de l’ONU et espoirs de paix
Face à l’horreur de la guerre, les nations tentent de poser les bases d’un ordre nouveau. En 1945, à San Francisco, naît l’Organisation des Nations Unies (ONU). Elle remplace la Société des Nations, disparue dans l’indifférence générale. Objectif : garantir la paix, protéger les droits humains, faciliter la coopération internationale.
En 1948, l’ONU adopte la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est une avancée majeure : les droits de l’homme deviennent une norme internationale.
Les procès de Nuremberg : la justice face à l’horreur
Pour la première fois dans l’histoire, des dirigeants politiques et militaires sont jugés pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes contre la paix. Les procès de Nuremberg (1945–1946) sont un tournant : ils établissent le principe de responsabilité individuelle, même en temps de guerre.
24 hauts responsables nazis y sont jugés. Plusieurs sont condamnés à mort. Ces procès marquent le début du droit international pénal. Ils inspireront, des décennies plus tard, les tribunaux pour le Rwanda, l’ex-Yougoslavie, ou encore la Cour pénale internationale (CPI).
📌 À retenir
- Environ 70 millions de morts, dont une majorité de civils.
- 6 millions de Juifs exterminés, des centaines de milliers de Tsiganes tués.
- Destruction massive des villes et des infrastructures.
- Division du monde en deux blocs : États-Unis (capitaliste) / URSS (communiste).
- Création de l’ONU en 1945 pour préserver la paix mondiale.
- Procès de Nuremberg : émergence du droit international pénal.
Une mémoire vivante, essentielle et disputée
La Seconde Guerre mondiale n’est pas seulement une séquence historique terminée en 1945. Elle continue de vivre, de hanter, d’inspirer, de diviser. Dans les manuels, les films, les musées, les commémorations, elle est partout. Car ce conflit pose des questions qui nous concernent encore aujourd’hui : la montée des extrêmes, le racisme, les migrations, le rôle des États, la paix mondiale.
Mais cette mémoire est plurielle. Elle varie selon les pays, les générations, les contextes politiques. La mémoire américaine du conflit n’est pas celle de la Russie, ni celle de la France, ni celle du Japon. Parfois, ces mémoires s’affrontent. D’où l’importance d’une transmission rigoureuse, humaniste et critique.
Des témoins devenus porteurs de mémoire
Pendant des décennies, les survivants ont raconté. Les déportés, les résistants, les anciens combattants ont porté la mémoire de l’intérieur. Des voix comme celles de Simone Veil, rescapée d’Auschwitz, ou de Ceija Stojka, rom autrichienne ayant survécu à Bergen-Belsen, ont incarné cette parole directe, bouleversante et éducative.
Mais ces témoins disparaissent peu à peu. Alors comment transmettre sans eux ? Comment garder vivante cette mémoire sans la fossiliser ?
Éducation, musées et culture : les nouveaux relais
Depuis les années 1990, de nombreux pays ont renforcé l’enseignement de la Shoah, de la Résistance, et des crimes de guerre. Les musées (Mémorial de la Shoah à Paris, Yad Vashem en Israël, US Holocaust Museum à Washington), les centres d’archives, les documentaires, les séries, les romans historiques participent à cette éducation de masse.
Des initiatives numériques se multiplient : cartes interactives, vidéos de témoignages, visites virtuelles de camps. La culture joue aussi un rôle essentiel : films comme La Liste de Schindler, Le Pianiste, Jojo Rabbit, bandes dessinées, chansons, font passer des émotions et des messages puissants, parfois mieux qu’un cours magistral.
Les grandes dates de la mémoire
Les commémorations sont devenues des rendez-vous symboliques :
- 27 janvier : Journée internationale de la mémoire des victimes de la Shoah (libération d’Auschwitz).
- 8 mai : Victoire en Europe – capitulation du Reich.
- 6 et 9 août : Hiroshima et Nagasaki – mémoire des bombardements nucléaires.
- 16 juillet (France) : mémoire de la rafle du Vél’ d’Hiv’.
Ces dates sont autant de rappels, de rituels, de prises de conscience. Elles ne doivent pas devenir des habitudes vides, mais rester des moments de réflexion citoyenne.
Des débats contemporains sur le devoir de mémoire
Mais la mémoire n’est pas neutre. Elle peut être instrumentalisée. En Russie, en Chine, aux États-Unis, la Seconde Guerre mondiale est parfois utilisée pour nourrir le nationalisme. En France, les débats sur la collaboration, sur le rôle de Vichy, sur la responsabilité de l’État dans les déportations ont longtemps été tabous.
La reconnaissance officielle du rôle de l’État français dans la rafle du Vel’ d’Hiv’ par Jacques Chirac en 1995 fut un tournant. Depuis, le devoir de mémoire est inscrit dans les discours politiques, dans les programmes scolaires. Mais il reste un défi permanent.
Pourquoi transmettre cette histoire aujourd’hui ?
Parce que les discours de haine ressurgissent. Parce que les théories complotistes prolifèrent. Parce que le racisme et l’antisémitisme ne sont jamais totalement éradiqués. Parce que les démocraties, elles aussi, sont fragiles. Transmettre l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, ce n’est pas faire du passé un musée. C’est outiller les esprits pour comprendre le présent et construire un avenir différent.
Comme le disait Primo Levi, rescapé d’Auschwitz : « Cela s’est passé, cela peut se reproduire. »
📌 Ce qu’il faut garder en tête
- La mémoire de la guerre est multiple, parfois conflictuelle, mais toujours essentielle.
- Le témoignage direct laisse place à la transmission collective.
- Les commémorations sont des jalons pour entretenir la conscience historique.
- L’éducation, les musées, les films et les outils numériques sont devenus clés.
- Préserver la mémoire, c’est protéger la démocratie.