🏛️ Marianne symbole république : histoire et secrets d’une icône nationale

🎯 Pourquoi Marianne est-elle le visage de la France ?

Si tu entres dans une mairie ou si tu observes un timbre postal, tu croiseras inévitablement son regard déterminé : Marianne est l’incarnation même de la République française. Pourtant, cette femme au bonnet phrygien n’a pas toujours fait l’unanimité et son histoire est bien plus tumultueuse qu’on ne l’imagine, mêlant révolutions sanglantes et quête de stabilité politique. En étudiant Marianne symbole république, nous allons plonger au cœur de l’identité française pour comprendre comment une simple allégorie est devenue le visage immuable de nos valeurs démocratiques.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre comment cette figure est née du chaos révolutionnaire.

🧭 Les racines révolutionnaires : naissance d’une allégorie

📌 La nécessité de rompre avec l’image du Roi

Dès les premiers instants de la Révolution française en 1789, les révolutionnaires se trouvent face à un défi de taille : comment représenter la France sans utiliser l’image du monarque ? Jusqu’alors, le visage du roi (Louis XVI et ses ancêtres) incarnait la Nation, l’État et le pouvoir divin sur toutes les pièces de monnaie et les documents officiels. Il fallait donc inventer un nouveau langage visuel radicalement différent pour marquer la rupture avec l’Ancien Régime et visualiser la souveraineté du peuple. C’est ainsi que l’idée d’une allégorie féminine s’est imposée, s’inspirant des traditions antiques où les valeurs abstraites (la Liberté, la Vérité, la Justice) étaient souvent personnifiées par des femmes drapées à la romaine.

Cependant, cette transition ne s’est pas faite en un jour et plusieurs figures ont cohabité avant que Marianne ne s’impose définitivement. Au départ, c’est surtout la Liberté qui est représentée, souvent sous les traits d’une jeune femme dynamique brisant ses chaînes ou tenant une pique, symbolisant l’émancipation du peuple face à l’absolutisme. En effet, pour les citoyens de l’époque, il était crucial de voir concrètement que le pouvoir n’appartenait plus à un homme couronné par Dieu, mais à une idée universelle et accessible à tous. Cette personnification féminine offrait aussi une image protectrice et nourricière, contrastant avec la sévérité de l’autorité patriarcale royale.

📌 Pourquoi le prénom Marianne ?

L’origine exacte du prénom « Marianne » pour désigner la République reste l’objet de débats passionnants entre historiens, mais une explication prédomine largement. À la fin du XVIIIe siècle, Marie et Anne étaient deux prénoms extrêmement répandus dans les campagnes françaises, souvent accolés pour former « Marie-Anne ». Ce prénom était si populaire parmi le peuple, les domestiques et les paysannes, qu’il est d’abord utilisé par les contre-révolutionnaires (les aristocrates et partisans de la monarchie) comme une moquerie. Pour eux, la République était un régime de « sans-culottes », un régime vulgaire dirigé par la populace, et ils l’ont surnommée dédaigneusement « la Marianne ».

Mais comme c’est souvent le cas en histoire, les partisans de la République se sont approprié cette insulte pour en faire un étendard de fierté populaire. En revendiquant ce prénom simple et paysan, les républicains affirmaient que leur régime était bien celui du peuple, des humbles et des travailleurs, par opposition à l’élite aristocratique. On raconte aussi qu’en 1792, une chanson en occitan, « La guérison de Marianne » (la guérison de la République), a grandement contribué à populariser ce nom dans le sud de la France avant qu’il ne remonte vers Paris. Ainsi, ce qui était une raillerie de la noblesse est devenu le symbole glorieux de la souveraineté populaire.

📌 L’inspiration antique et le bonnet rouge

L’apparence physique de Marianne puise directement dans l’imaginaire de l’Antiquité gréco-romaine, une période que les révolutionnaires adoraient et prenaient pour modèle politique. Pour différencier cette figure de la Vierge Marie catholique, il fallait lui donner des attributs laïques et guerriers, inspirés des déesses comme Athéna ou la Liberté romaine. L’élément le plus distinctif qui apparaît très vite est le fameux bonnet phrygien, ce couvre-chef rouge à pointe rabattue vers l’avant. Son histoire est fascinante car elle repose en partie sur une confusion historique féconde des hommes de 1789.

Dans la Rome antique, les esclaves affranchis (libérés par leur maître) portaient un bonnet appelé le pileus pour marquer leur nouveau statut d’hommes libres. Les révolutionnaires français, voulant symboliser la libération du peuple français du « joug de l’esclavage » monarchique, ont adopté ce symbole mais l’ont confondu avec le bonnet phrygien porté par les peuples d’Asie Mineure (comme Pâris dans l’Iliade). Peu importe l’exactitude archéologique, le bonnet rouge devient dès 1790 l’emblème absolu des « Sans-Culottes » et des patriotes les plus fervents. Coiffer Marianne de ce bonnet revenait à dire au monde entier : « La France est désormais une terre d’hommes libres qui ne s’agenouilleront plus devant un maître ».

Pour approfondir ce contexte révolutionnaire, tu peux consulter les dossiers pédagogiques de Lumni sur la Révolution française, qui montrent bien l’effervescence symbolique de cette période.

⚙️ Le XIXe siècle : la bataille des symboles

📌 1848 et la Seconde République : le grand concours

Après l’épisode napoléonien et la Restauration de la monarchie, la figure de Marianne s’est faite discrète, voire clandestine, car elle était jugée séditieuse par les rois Louis XVIII et Charles X. Il faut attendre la Révolution de 1848 et la proclamation de la IIe République pour que Marianne symbole république revienne sur le devant de la scène avec force. Le gouvernement provisoire, soucieux d’installer durablement ce nouveau régime, lance alors un grand concours artistique pour définir le visage officiel de la République. C’est un moment charnière car pour la première fois, l’État demande aux artistes (peintres, sculpteurs, graveurs) de fixer les traits de cette femme jusqu’alors aux contours flous.

Ce concours révèle cependant une profonde fracture idéologique au sein même du camp républicain, une division qui va marquer tout le siècle. Faut-il représenter une République combattante, prête à verser le sang pour la liberté, ou une République apaisée, garante de l’ordre et de la prospérité ? Les artistes proposent des versions très différentes : certaines Marianne ont les cheveux au vent, le sein nu et le regard farouche, tandis que d’autres sont assises, sereines, vêtues de longues toges, tenant des symboles de justice ou d’agriculture. Finalement, aucune œuvre unique ne s’impose totalement, mais cette période ancre définitivement l’idée que la République a un visage de femme.

📌 Marianne « rouge » contre Marianne « sage »

Durant tout le XIXe siècle, deux visions de Marianne s’affrontent, correspondant aux deux tendances politiques de la gauche et du centre-droit. D’un côté, on trouve la Marianne dite « rouge » ou révolutionnaire : elle porte fièrement le bonnet phrygien, a souvent la poitrine dénudée (signe de nourricière mais aussi d’intrépidité à la manière des Amazones) et semble appeler à l’insurrection contre les tyrans. C’est celle du célèbre tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (bien que peint en 1830, il incarne cet esprit), qui effraie les bourgeois et les conservateurs car elle rappelle la Terreur et le désordre de rue.

De l’autre côté, les républicains modérés promeuvent une Marianne « sage » ou conservatrice, destinée à rassurer les campagnes et les notables. Celle-ci ne porte pas le bonnet phrygien (jugé trop agressif), mais une couronne de laurier (symbole de victoire et de paix) ou d’épis de blé (symbole de prospérité agricole) ou encore un diadème étoilé. Elle est entièrement vêtue, statique, assise sur un trône, incarnant la Loi et la Constitution plutôt que la barricade. Cette dualité montre bien que définir Marianne symbole république, c’est avant tout définir quel type de régime politique on souhaite pour la France : social et agité, ou libéral et ordonné.

📌 L’éclipse sous le Second Empire

Lorsque Louis-Napoléon Bonaparte renverse la République par son coup d’État en 1851 pour instaurer le Second Empire, Marianne devient persona non grata. Le nouvel Empereur Napoléon III sait parfaitement que cette image est puissante et dangereuse pour son pouvoir personnel. En conséquence, il ordonne le retrait des bustes et des statues de Marianne dans les lieux publics, les remplaçant par son propre aigle impérial ou son portrait buste. Porter une effigie de Marianne ou chanter des chansons à sa gloire devient un acte de résistance passible de prison ou de déportation.

Pourtant, c’est précisément cette interdiction qui va renforcer le mythe et l’attachement du peuple à cette figure. Dans la clandestinité, dans les sociétés secrètes républicaines, on s’échange des gravures, on cache de petites statuettes de Marianne au fond des placards. Elle devient la « sainte laïque » des opposants à l’Empire, celle qu’on attend et qu’on espère comme une libératrice. Cette période d’effacement force les républicains à idéaliser Marianne, préparant ainsi son retour triomphal après la chute de Napoléon III en 1870.

📜 L’enracinement républicain : Marianne s’installe partout

📌 La « statue-manie » de la IIIe République

Avec l’avènement de la IIIe République (1870-1940), le régime cherche à s’inscrire durablement dans le paysage, aussi bien mental que physique, des Français. Pour cela, les dirigeants lancent une véritable campagne de « statue-manie ». Il ne suffit plus que la République soit proclamée à Paris ; elle doit être visible dans chaque village, chaque place, chaque école de France. C’est à cette époque, à partir des années 1880, que les mairies se dotent massivement de bustes de Marianne pour présider les mariages et les conseils municipaux, remplaçant définitivement les crucifix ou les bustes impériaux.

Cette diffusion massive est aussi un moyen d’éducation civique pour une population encore majoritairement rurale et parfois méfiante envers Paris. En voyant Marianne tous les jours, les citoyens s’habituent à l’idée républicaine. Les sculpteurs industriels proposent des modèles en plâtre, en fonte ou en bronze à des prix abordables pour les petites communes. La Marianne qui s’impose alors est souvent un compromis : elle garde parfois le bonnet phrygien (la République s’assume enfin) mais adopte une posture digne et maternelle, rassurante pour tous. C’est le temps de l’apaisement : la République n’est plus une émeutière, c’est une « bonne mère » qui protège ses enfants.

📌 Le triomphe de la Place de la Nation

L’un des exemples les plus grandioses de cette consécration est l’inauguration du monument Le Triomphe de la République du sculpteur Jules Dalou, sur la place de la Nation à Paris. L’œuvre, inaugurée en 1899, est colossale et pleine de mouvement. Elle montre une Marianne debout sur un char tiré par des lions (symbole de la force populaire), accompagnée par le Génie de la Liberté, le Travail et la Justice. Ce monument n’est pas statique ; il semble avancer vers l’avenir, illustrant l’idée de Progrès chère au XIXe siècle.

Ce monument est important car il fait la synthèse entre la Marianne révolutionnaire (le bonnet phrygien, le mouvement en avant) et la Marianne institutionnelle (la grandeur, la stabilité du bronze). Lors des grandes manifestations politiques de gauche aux XIXe et XXe siècles, c’est vers cette statue que convergent souvent les cortèges, transformant le pied du monument en un lieu de pèlerinage républicain. Dalou a réussi à figer dans le bronze l’énergie vitale de la République qui a triomphé de ses ennemis monarchistes et cléricaux.

📌 Un symbole d’unité face aux crises

La IIIe République traverse de nombreuses crises : le boulangisme, le scandale de Panama, et surtout l’Affaire Dreyfus qui déchire la France. Dans ces moments de tension extrême, Marianne symbole république sert de point de ralliement pour le camp républicain qui défend la démocratie et les droits de l’homme. Elle permet de fédérer les énergies contre les menaces nationalistes ou antisémites. Les affiches électorales, les journaux satiriques et la presse utilisent son image pour appeler au « sursaut républicain ».

Plus tard, lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), Marianne endosse un nouveau rôle : celui de la guerrière patriote. On la représente sur les affiches d’emprunt national, debout face à l’ennemi prussien, ou bien soignant les blessés, incarnant la « Mère Patrie » pour laquelle les soldats se sacrifient dans les tranchées. Elle n’est plus seulement le symbole d’un régime politique, elle devient la France elle-même, fusionnant l’idée de Nation et de République en un seul corps sacré que nul ne doit profaner. Cette fusion explique pourquoi, encore aujourd’hui, s’attaquer à une statue de Marianne est ressenti comme une atteinte directe à la France entière.

Pour voir comment l’État communique sur ses propres symboles, tu peux visiter la page dédiée sur le site officiel de l’Élysée, qui présente les attributs officiels.

🎨 Décryptage : les attributs et leurs secrets

📌 Le bonnet phrygien : liberté conquise

Comme nous l’avons vu, le bonnet phrygien est l’attribut le plus célèbre et le plus controversé. Visuellement, c’est ce chapeau mou rouge dont la pointe retombe vers l’avant. Symboliquement, il crie « Liberté ! ». Il rappelle que la liberté des Français n’est pas un cadeau royal, mais une conquête, une rupture de chaînes. Dans les mairies, les bustes de Marianne portant ce bonnet sont historiquement classés à gauche de l’échiquier politique, tandis que ceux sans bonnet (avec diadème) étaient préférés par la droite conservatrice au XIXe siècle. Aujourd’hui, le bonnet fait consensus et figure même sur le logo officiel de la République française utilisé par les ministères.

📌 La poitrine : nourricière ou guerrière ?

La question de la poitrine de Marianne est souvent mal comprise. Pourquoi représenter une figure politique seins nus ? Il y a deux lectures historiques distinctes. D’une part, la référence antique : les déesses et les allégories (comme la Victoire) étaient souvent représentées avec un sein dénudé pour montrer leur nature divine et intemporelle, détachée des pudeurs terrestres. D’autre part, il y a une dimension maternelle très forte : Marianne est la mère nourricière du peuple, celle qui donne le « lait » de l’instruction, de la justice et de la protection sociale. C’est une mère généreuse qui ne cache rien à ses enfants.

Cependant, le sein nu a aussi une connotation guerrière et révolutionnaire, inspirée des Amazones de la mythologie qui combattaient torse nu pour être plus libres de leurs mouvements. Dans le tableau de Delacroix, le sein dévoilé de la Liberté au milieu des coups de feu montre son courage : elle est vulnérable (chair contre balles) mais elle avance, guidée par un idéal plus fort que la mort. Ainsi, la nudité de Marianne n’est jamais sexuelle, elle est toujours symbolique : elle incarne la vérité (la « Vérité nue ») et le don de soi total à la Nation.

📌 Les accessoires du pouvoir (Faisceau, Balance, Lion)

Marianne est rarement représentée seule ; elle est souvent entourée d’objets qui précisent le message politique. On trouve fréquemment le faisceau de licteur : c’est un assemblage de bâtons liés autour d’une hache. D’origine romaine, il symbolise que « l’union fait la force » (les bâtons sont fragiles seuls, mais incassables ensemble) et la capacité de l’État à punir et faire respecter l’ordre (la hache). C’est l’attribut de l’autorité républicaine indivisible.

On trouve aussi souvent la balance, symbole universel de la Justice et de l’Égalité devant la loi, un pilier fondamental depuis la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Parfois, Marianne pose la main sur un lion, qui représente la force du peuple souverain, calme mais puissant, prêt à rugir si on menace sa liberté. Enfin, les tables de la Loi ou la Déclaration des droits sont souvent tenues dans ses mains, rappelant que la République est un État de droit où nul n’est au-dessus des règles communes.

🌍 Des bustes officiels aux stars contemporaines

📌 Une Marianne aux mille visages

Contrairement aux États-Unis avec l’Oncle Sam ou à l’Angleterre avec John Bull, Marianne n’a pas de visage figé. C’est là toute sa force : elle peut ressembler à toutes les Françaises. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les artistes utilisaient des modèles anonymes, souvent leurs épouses ou des femmes du peuple, pour sculpter les bustes des mairies. Il n’y avait pas de « modèle officiel » imposé par l’État, laissant une grande liberté de création aux municipalités pour choisir « leur » Marianne. Cela a donné une diversité incroyable de représentations, allant de la jeune fille gracile à la matrone sévère.

📌 L’ère des stars : de Bardot à Deneuve

À partir des années 1960, une nouvelle tradition s’installe : celle de donner à Marianne les traits de femmes célèbres, incarnant la beauté, le talent et le rayonnement culturel de la France. C’est l’Association des maires de France (AMF) qui suggère souvent ces choix, bien que cela n’ait aucun caractère obligatoire officiel. La première à prêter ses traits fut Brigitte Bardot en 1968. Le choix était audacieux : Bardot était un sex-symbol mondial, une femme libre et émancipée. Cela a dépoussiéré l’image institutionnelle de Marianne.

Par la suite, d’autres personnalités ont suivi : la chanteuse Mireille Mathieu (1978), l’actrice Catherine Deneuve (1985) incarnant l’élégance froide, la mannequin Inès de la Fressange (1989), Laetitia Casta (2000) représentant une beauté plus naturelle, ou encore l’animatrice Évelyne Thomas (2003). Ces choix reflètent souvent les goûts de l’époque et la volonté de moderniser le symbole. Cependant, ils sont parfois critiqués : certains estiment que Marianne ne devrait pas être associée au « show-biz » mais rester une figure allégorique anonyme et universelle pour ne pas se démoder.

📌 Le timbre-poste : un symbole du quotidien

Un autre support essentiel où Marianne symbole république est omniprésente est le timbre-poste d’usage courant. Depuis 1944, à chaque changement de présidence de la République (ou presque), un nouveau timbre Marianne est émis. C’est un acte politique fort du Président nouvellement élu, qui choisit parmi plusieurs projets d’artistes celui qui incarnera « son » quinquennat. Par exemple, la Marianne de François Hollande était inspirée par la jeunesse et l’héroïne de bande dessinée, tandis que celle d’Emmanuel Macron, la « Marianne l’engagée », montre un profil déterminé tourné vers l’avenir.

Ces timbres sont manipulés par des millions de Français chaque jour. Ils diffusent l’image de la République dans la sphère la plus intime : la correspondance privée. C’est un rappel discret mais constant de la présence de l’État. Le style graphique du timbre (gravure classique, dessin moderne, street art comme pour la Marianne de l’artiste Yseult Digan en 2018) dit beaucoup sur l’image que la France veut renvoyer d’elle-même au monde à un instant T.

Pour découvrir l’histoire des timbres Marianne, tu peux consulter les ressources de Vie-publique.fr qui expliquent le rôle des symboles dans la vie citoyenne.

🤝 Marianne aujourd’hui : débats et modernité

📌 Marianne et la diversité : un miroir de la France ?

Aujourd’hui, l’un des enjeux majeurs autour de Marianne est sa représentativité. La France du XXIe siècle est multiculturelle et diverse, et de nombreuses voix s’élèvent pour que Marianne reflète cette réalité, au lieu de rester figée dans des traits exclusivement européens classiques. Des artistes contemporains proposent régulièrement des Marianne métissées ou issues de la diversité, pour montrer que la République appartient à tous ses citoyens, quelles que soient leurs origines. Lors de manifestations ou d’hommages nationaux, on voit parfois apparaître des « Mariannes noires » ou asiatiques, ce qui suscite à la fois adhésion et débat.

Cette question touche au cœur du modèle républicain universaliste : l’allégorie doit-elle être abstraite (sans couleur de peau définie) pour englober tout le monde, ou doit-elle être plurielle pour reconnaître chacun ? En 2015, après les attentats, une Marianne dessinée avec une larme bleue-blanc-rouge a fait le tour du monde, prouvant que ce symbole reste le refuge émotionnel des Français face à la tragédie, transcendant les clivages communautaires.

📌 Caricatures et détournements politiques

Symbole de pouvoir, Marianne est aussi la cible privilégiée des caricaturistes de presse. Depuis le XIXe siècle, elle est mise à toutes les sauces pour critiquer la politique du gouvernement. Si le gouvernement augmente les impôts, on dessinera une Marianne faisant les poches des contribuables ; si la liberté de la presse est menacée, on la dessinera bâillonnée. Ces détournements sont, paradoxalement, une preuve de la bonne santé démocratique : on a le droit de se moquer de l’allégorie nationale sans être inquiété, ce qui n’est pas le cas dans les dictatures.

Plus récemment, le mouvement des « Gilets jaunes » ou les manifestations contre les réformes des retraites ont vu fleurir des Mariannes « en colère », parfois grimées en manifestantes éborgnées ou portant un gilet jaune sur sa robe antique. Ces images fortes rappellent que Marianne n’appartient pas au gouvernement, mais au Peuple. Elle est l’arbitre muet entre l’État et les citoyens, et chacun tente de la tirer de son côté pour légitimer son combat.

📌 Marianne face à l’Europe

Enfin, la place de Marianne évolue dans le contexte de la construction européenne. Sur les pièces de monnaie (les centimes d’euro français), elle cohabite désormais avec les symboles de l’Union européenne. Certains craignaient que l’intégration européenne ne fasse disparaître les symboles nationaux, mais Marianne résiste bien. Elle s’est adaptée : elle incarne désormais la France dans l’Europe. Elle n’est plus la guerrière isolée de 1792, mais une partenaire. Elle symbolise la contribution spécifique de la France aux valeurs européennes : la laïcité, les droits de l’homme et l’universalisme.

🧠 À retenir sur Marianne symbole république

  • Marianne naît sous la Révolution française (1792) pour remplacer l’image du Roi et incarner la souveraineté du peuple.
  • Le bonnet phrygien est son attribut principal : inspiré des esclaves affranchis romains, il symbolise la liberté conquise.
  • Au XIXe siècle, deux Marianne s’opposent : la « rouge » (révolutionnaire, bonnet phrygien, poitrine nue) et la « sage » (conservatrice, sans bonnet, vêtue).
  • C’est sous la IIIe République (dès 1880) que les bustes de Marianne s’installent massivement dans toutes les mairies de France.
  • Elle n’a pas de visage officiel unique : des artistes (Bardot, Deneuve, Casta) lui prêtent leurs traits, prouvant sa modernité et sa capacité d’évolution.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur Marianne

🧩 Est-il obligatoire d’avoir une Marianne dans chaque mairie ?

Non, aucune loi n’oblige formellement une mairie à posséder un buste de Marianne. C’est une coutume républicaine très forte, suivie par la quasi-totalité des communes, mais ce n’est pas une obligation légale inscrite dans la Constitution.

🧩 Pourquoi Marianne porte-t-elle parfois une couronne végétale ?

Lorsque Marianne ne porte pas le bonnet phrygien, elle arbore souvent une couronne de blé (symbole de prospérité et d’agriculture), de chêne (force et sagesse) ou de laurier (victoire et paix). C’était la version préférée des républicains modérés au XIXe siècle.

🧩 Qui choisit le modèle de Marianne pour les timbres ?

C’est traditionnellement le Président de la République nouvellement élu qui choisit le visuel du nouveau timbre d’usage courant, parmi une sélection de projets proposés par la Poste et réalisés par des artistes contemporains.

🧩 Quiz – Marianne et les symboles de la République

1. À quelle période historique la figure de Marianne apparaît-elle pour la première fois ?



2. Que symbolise le bonnet phrygien porté par Marianne ?



3. Quelle était la couleur politique associée à la Marianne portant le bonnet phrygien au XIXe siècle ?



4. Quel régime politique a interdit les représentations de Marianne ?



5. Quelle célèbre actrice a servi de modèle à Marianne en 1968 ?



6. Quel objet symbolisant la Justice accompagne souvent Marianne ?



7. Que représente le lion parfois représenté aux pieds de Marianne ?



8. Quel célèbre sculpteur a réalisé « Le Triomphe de la République » place de la Nation ?



9. Pourquoi le prénom « Marianne » a-t-il été choisi à l’origine ?



10. Quelle plante remplace parfois le bonnet phrygien sur la tête de Marianne ?



11. Quel accessoire symbolise « l’union fait la force » ?



12. Sur quel objet courant utilise-t-on quotidiennement l’image de Marianne ?



13. Quelle République a lancé la « statue-manie » pour installer Marianne partout ?



14. Que signifiait le surnom « La Marianne » dans la bouche des aristocrates ?



15. Quelle femme célèbre a prêté ses traits à Marianne en l’an 2000 ?



16. Pourquoi Marianne a-t-elle parfois un sein nu ?



17. Dans quel lieu public trouve-t-on quasi systématiquement un buste de Marianne ?



18. Quelle figure antique a servi de modèle pour le bonnet rouge (par confusion) ?



19. Comment Marianne est-elle représentée sur le célèbre tableau de Delacroix ?



20. Marianne figure-t-elle sur le logo officiel du gouvernement français ?



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