🧭 Rôle des syndicats en Mai 68

🎯 Pourquoi le rôle des syndicats en Mai 68 est-il décisif ?

Le rôle des syndicats en Mai 68 structure le passage d’une contestation étudiante à une grève générale sans précédent. Leur organisation, leurs mots d’ordre et leurs négociations transforment la crise politique en moment social fondateur. Pourtant, leur stratégie fait débat : soutenir l’élan, l’encadrer… ou le freiner ? Comprendre cette dynamique éclaire la manière dont s’articulent militants, entreprises et État.

Dans ce parcours, on croise les occupations d’usines, la montée en puissance des confédérations (CGT, CFDT, FO), et les difficiles Accords de Grenelle. On mesurera aussi ce que Mai 68 change réellement dans la durée : cultures militantes, droits sociaux, et formes d’action collectives.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le contexte syndical avant l’explosion de Mai 68 et la manière dont les appareils se positionnent face à la contestation étudiante.

Pour situer l’ensemble du mouvement, tu peux relire la mise en contexte sociale et politique, croiser avec les relations entre étudiants et ouvriers, et comparer avec la gestion de crise par De Gaulle. Tu pourras ensuite mesurer les conséquences sociales et explorer les représentations culturelles du mouvement.

Pour une vue d’ensemble institutionnelle, consulte aussi ce dossier de référence sur Vie-publique.

📜 Contexte syndical avant Mai 68

À la veille du mouvement, le rôle des syndicats en Mai 68 s’inscrit dans un paysage contrasté. La CGT domine encore le monde ouvrier, forte de son ancrage historique au sein du Parti communiste français. Elle se concentre sur l’amélioration des conditions de travail et la défense du pouvoir d’achat. La CFDT, issue de la CFTC, se rapproche des idées autogestionnaires et attire une nouvelle génération de militants. FO, plus modérée, reste attachée à l’indépendance syndicale vis-à-vis des partis politiques.

Malgré cette diversité, la syndicalisation connaît un léger recul. Les luttes sectorielles persistent – grèves dans l’automobile, dans le bâtiment – mais la coordination nationale demeure difficile. Ce contexte explique en partie la surprise provoquée par l’ampleur de la grève de mai-juin 1968.

Les syndicats redoutent la radicalisation de certains mouvements étudiants, notamment autour du rapprochement étudiants-ouvriers. Pourtant, la question du salaire, des conditions de travail et de la modernisation industrielle reste au centre des préoccupations ouvrières.

⚠️ Premiers signaux de tensions

Dès 1967, plusieurs grèves importantes – notamment à Rhodiacéta et à Peugeot-Sochaux – témoignent d’une effervescence sociale. Ces conflits préfigurent les occupations d’usines de 1968 et montrent la capacité des travailleurs à s’auto-organiser, parfois en dehors des structures syndicales traditionnelles. La CGT cherche à encadrer ces mouvements tout en évitant une confrontation frontale avec le gouvernement gaulliste.

Pour approfondir les aspects économiques, voir notre article contexte social et politique, qui détaille la croissance des Trente Glorieuses et ses inégalités persistantes.

Une analyse synthétique de la syndicalisation française des années 1960 est disponible sur le site de Persée, avec des études de sociologie du travail qui éclairent les rapports entre syndicats et ouvriers.

🔥 De l’étincelle étudiante à la grève générale

En mai 1968, les premières manifestations étudiantes, initiées à la faculté de Nanterre contre l’autoritarisme universitaire, déclenchent une vague inattendue. Le rôle des syndicats en Mai 68 s’affirme lorsque la contestation se déplace vers le monde ouvrier. Le 13 mai, une grève générale de 24 heures, appuyée par la CGT, la CFDT et FO, marque un tournant décisif. Cette journée rassemble une foule immense (plusieurs centaines de milliers de manifestants) dans la rue, scellant l’alliance entre étudiants et salariés.

Les syndicats organisent d’impressionnants cortèges à Paris et dans les grandes villes. Ils y portent des revendications précises : hausse des salaires, amélioration des conditions de travail, réduction du temps de travail, et reconnaissance accrue des droits syndicaux dans l’entreprise. Leur implication transforme une crise universitaire en crise sociale nationale.

📢 De la grève d’avertissement à la grève reconductible

Alors que l’appel initial se limite à une grève d’avertissement, l’enthousiasme ouvrier surprend les directions syndicales. Les occupations d’usines se multiplient : Renault-Billancourt, Sud-Aviation à Nantes, mines, services publics. Les comités de grève locaux prennent une autonomie croissante, forçant les confédérations à suivre un mouvement qu’elles n’avaient pas planifié.

Cette dynamique révèle la tension entre la base militante et les dirigeants nationaux. La CGT, proche du Parti communiste, souhaite éviter toute dérive révolutionnaire. La CFDT, plus ouverte aux idées autogestionnaires, se montre plus réceptive aux revendications politiques des étudiants. FO, plus modérée, insiste sur les garanties économiques immédiates.

Pour comprendre comment le gouvernement réagit à cette mobilisation, tu peux lire l’article sur De Gaulle et la crise, qui explique les stratégies de négociation et de reprise en main du pouvoir.

Le site de l’Archives nationales propose des documents originaux (tracts, photos) permettant de visualiser l’ampleur de cette mobilisation ouvrière.

🤝 Accords de Grenelle : contenus et limites

À la fin mai 1968, le rôle des syndicats en Mai 68 se concentre sur la négociation. Le gouvernement convoque les grandes centrales au ministère du Travail (rue de Grenelle) pour trouver une issue. Les discussions, menées entre le 25 et le 27 mai, aboutissent à des propositions substantielles : augmentation du SMIG de 35 %, revalorisation des salaires d’environ 10 %, reconnaissance de la section syndicale d’entreprise et engagement sur les libertés syndicales.

Malgré ces avancées, la base ouvrière reste méfiante. De nombreuses assemblées générales rejettent les accords, estimant que les hausses de salaire ne compensent pas l’inflation et que les revendications sur l’autogestion et la démocratisation du travail sont ignorées. Cette contestation illustre la distance entre les directions syndicales et une partie des grévistes.

⏳ Négociation sous pression

Le rapport de force est complexe. La CGT veut éviter un affrontement violent mais doit aussi prouver sa capacité à obtenir des gains concrets. La CFDT, plus proche des étudiants, soutient des réformes structurelles mais se résigne à un compromis. Le gouvernement, inquiet de la paralysie économique, cherche à rétablir l’ordre rapidement, d’où des concessions salariales inédites.

Pour replacer ces négociations dans le cadre plus large de la société française de l’époque, relis notre contexte social et politique, qui montre comment croissance et inégalités nourrissent les tensions.

Si tu veux mesurer les effets sociaux à long terme, consulte également les conséquences sociales de Mai 68 pour voir comment ces accords inspireront les futures luttes syndicales.

Pour insérer cet événement de manière naturelle et logique, le meilleur emplacement se situe immédiatement après le paragraphe « Négociation sous pression » et avant « Une victoire mitigée ».

En effet, le départ de De Gaulle est une réaction directe à l’échec des négociations de Grenelle et au sentiment que le pouvoir vacille.

Voici le bloc de texte à insérer, incluant la date précise, le contexte psychologique et la rencontre avec Massu, enrichi par une mention visuelle et votre format de note historique.

✈️ Le coup de théâtre de Baden-Baden

Face au rejet des accords de Grenelle par la base et à la demande de la gauche d’un gouvernement provisoire, le sommet de l’État semble vaciller. C’est dans ce climat insurrectionnel que survient un événement mystérieux : le 29 mai 1968, le général de Gaulle disparaît sans prévenir son Premier ministre.

Il se rend en hélicoptère à Baden-Baden, en Allemagne de l’Ouest, au quartier général des Forces françaises en Allemagne. Il y rencontre le général Massu, connu pour sa fermeté. Déprimé et envisageant de se retirer, De Gaulle cherche à s’assurer de la fidélité de l’armée en cas de basculement révolutionnaire. Rassuré par le soutien indéfectible de Massu qui l’incite à ne pas abandonner, il rentre à Paris le lendemain, requinqué, pour dissoudre l’Assemblée nationale et reprendre la main politiquement.

⚖️ Une victoire mitigée

Bien que les accords marquent une avancée historique, beaucoup d’ouvriers considèrent que le potentiel révolutionnaire du mouvement a été bridé. Pour certains, les syndicats ont préféré un compromis économique à une transformation profonde des rapports de production. Cette critique sera vive dans les années suivantes, nourrissant l’émergence de courants autogestionnaires et d’extrême gauche.

🏭 Dans les usines : occupations et comités

Alors que les négociations de Grenelle se déroulent, la grève continue sur le terrain. Le rôle des syndicats en Mai 68 se manifeste à travers l’occupation de milliers d’usines. Les travailleurs, souvent soutenus par leurs délégués syndicaux, mettent en place des comités de grève qui organisent la vie quotidienne : cantines, sécurité, communication avec la population.

Alors qu’à Renault-Billancourt, la CGT concentre ses revendications sur les salaires et l’instauration d’un « gouvernement populaire », d’autres bastions comme Sud-Aviation (Nantes) portent, sous l’influence de la CFDT, des idéaux d’autogestion et de démocratie directe. Débordant parfois les cadres syndicaux, certains comités réclament un véritable pouvoir décisionnel pour les ouvriers. Bien que ces expériences aient été éphémères, elles ont durablement imprégné la mémoire collective.

🔄 Relations entre syndicats et comités

Les syndicats, notamment la CGT, assurent la logistique et la discipline, mais cherchent à éviter toute dérive insurrectionnelle. La CFDT se montre plus ouverte à l’autogestion, encourageant parfois des débats sur la réforme de l’entreprise. FO reste prudente, privilégiant la négociation au conflit prolongé.

Cette dynamique révèle une double tension : d’une part entre les comités de base et les confédérations, d’autre part entre la volonté de changement radical et le besoin de solutions concrètes. Les assemblées générales, souvent quotidiennes, deviennent des lieux d’expression démocratique inédite pour des milliers d’ouvriers.

Pour comprendre comment étudiants et ouvriers coopèrent sur certains sites, consulte notre article sur les liens étudiants-ouvriers, qui éclaire les alliances ponctuelles et les limites de cette convergence.

Ces occupations, bien qu’éphémères, influencent durablement la mémoire des luttes. Elles inspireront de futurs mouvements sociaux, des coordinations d’enseignants aux grèves de 1995, où la référence à l’auto-organisation ressurgira avec force.

⚖️ Divergences, critiques et recompositions

Au terme de la crise, le rôle des syndicats en Mai 68 est salué pour les acquis salariaux, mais critiqué pour son manque d’audace politique. La CGT, en particulier, est accusée par certains étudiants et ouvriers de freiner l’élan révolutionnaire. Les militants autogestionnaires reprochent aux grandes centrales de s’être contentées de concessions économiques, délaissant la transformation en profondeur des rapports de production.

La CFDT, qui s’est montrée plus ouverte à la contestation, en sort renforcée sur le plan idéologique, même si sa base reste modeste. FO confirme son image de syndicat pragmatique, attaché au compromis. Ces positions divergentes annoncent les recompositions syndicales de la décennie suivante, marquées par de nouvelles stratégies et une réflexion sur la démocratie interne.

📅 Héritages immédiats

À court terme, les accords de Grenelle débouchent sur une hausse du pouvoir d’achat et la reconnaissance des sections syndicales dans l’entreprise. Cela ouvre la voie à une participation accrue des représentants des salariés aux négociations collectives. Pour une analyse plus large de ces effets, vois notre article conséquences sociales de Mai 68.

La syndicalisation progresse au début des années 1970 (effet des nouveaux droits) avant de reculer avec la crise économique à la fin de la décennie. Les nouvelles générations se tournent parfois vers des formes d’action plus informelles, inspirées de l’autogestion expérimentée dans les usines occupées.

🎭 Un héritage culturel et politique

Sur le plan culturel, Mai 68 nourrit un imaginaire d’émancipation toujours mobilisé dans les luttes sociales contemporaines. Les slogans, les affiches et la créativité des comités de grève inspirent encore aujourd’hui. Pour explorer cet aspect, lis les représentations culturelles de Mai 68, qui montrent comment ces images marquent la mémoire collective.

En définitive, les syndicats sortent de Mai 68 à la fois renforcés dans leur rôle de négociateurs et bousculés par la base. Cette tension entre institutionnalisation et radicalité façonnera durablement le paysage syndical français.

🌱 Ce qu’il en reste : héritages syndicaux

Au-delà de l’échec politique immédiat de la gauche, le rôle des syndicats en Mai 68 laisse une empreinte indélébile sur le droit du travail et les pratiques militantes. Le mouvement a agi comme un accélérateur de l’histoire sociale, forçant la porte des entreprises qui étaient jusqu’alors des « forteresses patronales ».

L’héritage majeur est d’abord juridique : la loi du 27 décembre 1968 légalise la section syndicale d’entreprise. Concrètement, cela signifie que les syndicats peuvent désormais distribuer des tracts, collecter des cotisations et se réunir à l’intérieur des murs de l’usine, et non plus à la sauvette devant les grilles. C’est la fin du pouvoir absolu du patronat sur les lieux de travail.

🦋 L’émergence d’un « syndicalisme de transformation »

Mai 68 a également fracturé le paysage syndical. La CFDT, sortie renforcée idéologiquement de la crise, porte durant la décennie 1970 les thèmes de l’autogestion et de l’écologie. Cette « deuxième gauche » syndicale inspirera des luttes emblématiques, comme celle des ouvriers de l’usine Lip à Besançon (1973), qui tenteront de produire et vendre des montres sans patron, sous le slogan : « C’est possible : on fabrique, on vend, on se paie ».

À l’inverse, la CGT et FO restent fidèles à une ligne plus classique de défense des salaires et de l’emploi, se méfiant de ces nouvelles formes d’action jugées aventureuses. Ces divergences stratégiques, nées sur les barricades de mai, structurent encore les relations intersyndicales d’aujourd’hui.

Pour voir comment ces nouveaux droits ont modifié le paysage social sur le long terme, tu peux consulter notre analyse des conséquences sociales de Mai 68. De même, l’esprit de liberté a largement débordé le cadre de l’usine pour influencer la culture et les arts.


🕵️ Le saviez-vous ? L’histoire évolue !
Pendant longtemps, le voyage de De Gaulle à Baden-Baden a été interprété comme une « fuite » panique d’un vieil homme dépassé (la thèse du « désarroi »). Aujourd’hui, certains historiens nuancent cette vision et y voient aussi une « manœuvre tactique » visant à dramatiser l’absence du chef pour mieux mettre en scène son retour triomphal du 30 mai. L’interprétation de cet événement reste un sujet de débat historiographique.

⚡ Actualité de la recherche

La recherche historique récente tend à nuancer le récit d’une victoire purement salariale des syndicats (Accords de Grenelle). Les sociologues du travail soulignent aujourd’hui que le rejet de la reprise du travail par la « base », fin mai, révélait une crise de la représentativité syndicale. Au-delà des 35% de hausse du SMIG, les grévistes aspiraient à une reconnaissance de leur dignité et à une remise en cause des hiérarchies d’usine, préfigurant les débats sur l’autogestion de la décennie suivante.

🧠 À retenir

  • Le rôle des syndicats en Mai 68 transforme une révolte étudiante en grève générale de plus de 7 millions de travailleurs.
  • Les centrales (CGT, CFDT, FO) coordonnent la mobilisation tout en cherchant un compromis pour éviter la rupture révolutionnaire.
  • Les Accords de Grenelle apportent des hausses de salaires historiques (SMIG +35 %, salaires +10 %) et renforcent les droits syndicaux.
  • Les occupations d’usines et comités de grève marquent une expérience unique d’autogestion et d’expression démocratique.
  • Après 1968, la syndicalisation décline mais l’héritage culturel et les modes d’action inspirent encore les mouvements sociaux contemporains.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur le rôle des syndicats en Mai 68

🤔 Pourquoi les syndicats ont-ils d’abord hésité à soutenir les étudiants ?

Ils redoutaient une radicalisation politique et voulaient préserver un rapport de force favorable autour des revendications salariales.

🚫 Les accords de Grenelle ont-ils été acceptés par tous les grévistes ?

Non. De nombreuses assemblées générales les ont d’abord rejetés, jugeant les concessions insuffisantes face aux attentes de changement.

⚔️ La CFDT et la CGT avaient-elles la même stratégie ?

La CGT privilégiait la négociation économique, tandis que la CFDT était plus ouverte aux idées d’autogestion et de réforme en profondeur.

💶 Quelle a été la conséquence immédiate pour les salariés ?

Des augmentations de salaire significatives, la reconnaissance des sections syndicales d’entreprise et une meilleure représentation du personnel.

🎨 Quel héritage culturel le mouvement a-t-il laissé ?

Un imaginaire de liberté et de créativité, des slogans et affiches qui continuent d’inspirer les luttes sociales actuelles.

🧩 Quiz – Rôle des syndicats en Mai 68

1. Quelle centrale syndicale était la plus proche du Parti communiste ?


2. Quel pourcentage d’augmentation du SMIG est obtenu aux accords de Grenelle ?


3. Quelle date marque la grande grève nationale de 24 heures ?


4. Quel syndicat se montre le plus ouvert aux idées d’autogestion ?


5. Où se tiennent les négociations avec le gouvernement ?


6. Quel syndicat, refusant les liens politiques, prône la plus grande prudence pendant le mouvement ?


7. Combien de travailleurs participent au pic de la grève ?


8. Quel site industriel devient un symbole des occupations ?


9. Quel était l’un des principaux mots d’ordre ouvriers ?


10. Quelle revendication syndicale obtient une reconnaissance nouvelle ?


11. Quel mouvement étudiant déclenche les premières protestations ?


12. Quelle année précède les grèves annonciatrices, comme à Rhodiacéta ?


13. Quelle confédération se veut indépendante des partis ?


14. Quel pourcentage d’augmentation moyenne des salaires fut obtenu ?


15. Quelle institution convoque les négociations de Grenelle ?


16. Quel mot-clé résume l’expérience des comités d’usine ?


17. Quel leader politique se rend brièvement en Allemagne pendant la crise ?


18. Quel secteur public connaît aussi d’importantes grèves ?


19. Quel effet culturel majeur Mai 68 a-t-il laissé ?


20. Quel article du blog complète le mieux la compréhension de la crise ?


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