🛡️ Jeanne d’Arc, héroïne de la guerre de Cent Ans expliquée simplement

🎯 Pourquoi Jeanne d’Arc est-elle une figure emblématique en histoire de France ?

Jeanne d’Arc est sans doute l’une des figures les plus célèbres de l’histoire de la France, au cœur de la guerre de Cent Ans au début du XVe siècle, et son destin tragique fascine encore aujourd’hui collégiens, lycéens et adultes passionnés d’histoire.

Son parcours fulgurant, entre visions religieuses, combats militaires pour le dauphin Charles VII et procès pour hérésie à Rouen, permet de comprendre concrètement comment une jeune paysanne est devenue un symbole national, mais aussi un enjeu politique et religieux majeur.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de la guerre de Cent Ans dans lequel s’inscrit le destin de Jeanne d’Arc.

🧭 Le contexte de la guerre de Cent Ans quand apparaît Jeanne d’Arc

Quand Jeanne d’Arc naît vers 1412, la guerre de Cent Ans dure déjà depuis plusieurs décennies et oppose les royaumes de France et d’Angleterre pour la couronne française, ce qui plonge le pays dans une crise profonde.

Depuis le milieu du XIVe siècle, les défaites militaires, les épidémies comme la Peste noire et les révoltes paysannes ont fragilisé le royaume, au point que beaucoup doutent désormais de sa capacité à résister durablement à la puissance anglaise et à ses alliés.

⚔️ Une guerre longue entre France et Angleterre

La guerre de Cent Ans commence en 1337 lorsque le roi d’Angleterre Édouard III revendique la couronne de France en raison de liens familiaux avec la dynastie des Capétiens, ce qui conteste le principe de succession appliqué par les nobles français.

Au fil des décennies, le conflit se découpe en plusieurs phases où les victoires passent alternativement d’un camp à l’autre, mais les batailles majeures comme Crécy en 1346 ou Poitiers en 1356 montrent souvent la supériorité tactique des archers anglais sur la chevalerie française.

Au début du XVe siècle, la situation s’aggrave avec la terrible défaite d’Azincourt en 1415, où de nombreux nobles français sont tués ou capturés, ce qui affaiblit encore davantage le royaume et entame la confiance des élites comme du peuple.

Pour replacer cette guerre dans le cadre plus large de la société médiévale, tu peux consulter le cours sur la vie au Moyen Âge, qui aide à comprendre le quotidien des populations prises dans la tourmente des conflits.

🏰 Un royaume de France affaibli et divisé

Au moment où Jeanne d’Arc grandit, le roi de France Charles VI, surnommé « le Fou », souffre de crises de démence, ce qui entraîne une lutte de pouvoir entre deux grands camps de nobles, les Armagnacs et les Bourguignons, chacun cherchant à contrôler le gouvernement.

Cette guerre civile complique encore la situation, car les Bourguignons finissent par s’allier au roi d’Angleterre, permettant à celui-ci de contrôler progressivement de vastes territoires du nord de la France, y compris la ville de Paris.

Le dauphin Charles, futur Charles VII, se replie vers le sud et l’est du royaume, notamment dans la région de la Loire, et son autorité est contestée par le traité de Troyes signé en 1420, qui prévoit que la couronne de France reviendra au roi d’Angleterre après la mort de Charles VI.

Dans ce contexte de divisions et de défaites, la royauté française apparaît affaiblie, et la figure d’une envoyée de Dieu prête à sauver le royaume, comme Jeanne d’Arc, devient particulièrement crédible pour une partie de la population en quête d’espoir.

⛪ Mentalités religieuses et attentes d’un « sauveur »

Au début du XVe siècle, la société reste profondément marquée par la religion chrétienne, et beaucoup de fidèles interprètent les défaites militaires, les famines ou les épidémies comme des signes d’un châtiment divin qui frapperait la France pour ses péchés.

Dans ce cadre mental, les récits de prophéties et de visions sont pris très au sérieux, et l’idée qu’une jeune fille inspirée par Dieu puisse venir secourir le royaume n’a rien d’absurde pour une grande partie des contemporains de Jeanne d’Arc.

Les lieux de pèlerinage, les processions et les prières publiques pour la victoire du roi légitime sont nombreux, et l’Église joue un rôle essentiel pour encadrer ces croyances, comme le montrent de nombreux documents conservés et étudiés par la Bibliothèque nationale de France.

Si tu veux situer Jeanne d’Arc parmi d’autres grandes figures qui ont marqué la construction de l’État français, tu pourras ensuite rapprocher ce chapitre du dossier sur les grandes figures de l’histoire de France, où elle côtoie par exemple Louis XIV, Napoléon Bonaparte ou encore Charles de Gaulle.

🏡 La jeunesse de Jeanne d’Arc à Domrémy et son milieu

Jeanne d’Arc naît vers 1412 dans le petit village de Domrémy, situé en Lorraine, une région alors aux marges du royaume de France et marquée par les passages de troupes et l’insécurité.

Ses parents, Jacques d’Arc et Isabelle Romée, sont des paysans relativement aisés, ce qui lui permet de grandir dans un foyer stable, même si la guerre reste proche et que les rumeurs de pillages ou de défaites circulent régulièrement.

🌾 Une enfance paysanne dans un village de frontière

Enfant, Jeanne d’Arc participe aux tâches quotidiennes du foyer, comme la garde des troupeaux ou les travaux des champs, ce qui correspond au rôle habituel d’une fille de paysans au début du XVe siècle.

Le village de Domrémy se situe dans une zone disputée entre différentes autorités seigneuriales, ce qui renforce le sentiment d’insécurité et explique pourquoi les habitants sont particulièrement sensibles aux nouvelles politiques et militaires.

Pour mieux comprendre ce cadre rural et les conditions de vie d’une jeune paysanne comme Jeanne, il est utile de rapprocher ce chapitre du cours sur la vie quotidienne au Moyen Âge, qui détaille le travail, les croyances et la sociabilité villageoise.

🙏 Une piété intense dans une société très religieuse

Dès l’adolescence, les contemporains de Jeanne d’Arc soulignent sa grande piété, car elle fréquente assidûment l’église paroissiale, se confesse régulièrement et participe aux processions, ce qui n’est pas exceptionnel mais montre une forte implication religieuse.

La société de l’époque valorise beaucoup les pratiques religieuses, et les jeunes, qu’ils soient garçons ou filles, grandissent dans un univers où les saints, les reliques et les fêtes liturgiques rythment l’année et donnent un sens aux épreuves du quotidien.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que Jeanne interprète certains événements intérieurs comme des signes venus de Dieu, d’autant que les prêches insistent sur le devoir de défendre le royaume chrétien contre ses ennemis.

Les témoignages recueillis plus tard lors du procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, au milieu du XVe siècle, montrent que ses voisins la considèrent déjà comme une jeune fille sérieuse, pieuse et honnête, ce qui rend crédible pour eux son futur rôle d’envoyée divine.

👂 Des « voix » et une vocation exceptionnelle

Vers l’âge de 13 ans, Jeanne d’Arc affirme entendre des « voix » qu’elle identifie à des saints, comme sainte Catherine et sainte Marguerite, qui l’inviteraient à se montrer plus vertueuse et à se préparer à une mission particulière.

Au départ, ces expériences restent intérieures et ne se traduisent pas immédiatement par une action politique ou militaire, mais elles renforcent sa conviction qu’elle a un rôle à jouer dans le salut du royaume de France.

Peu à peu, ces « voix » lui demanderaient, selon ses propres déclarations, d’aller trouver le dauphin Charles, de délivrer la ville d’Orléans assiégée par les Anglais, puis de conduire le prince à Reims pour y recevoir le sacre royal.

Pour ses contemporains, ces récits s’inscrivent dans une longue tradition de visions et de prophéties, étudiée aujourd’hui dans de nombreuses ressources historiques disponibles par exemple via la plateforme du Ministère de la Culture, même si l’interprétation exacte de ces « voix » reste débattue par les historiens.

👧 Être une jeune fille au XVe siècle : normes et transgressions

Au début du XVe siècle, une jeune fille comme Jeanne d’Arc est normalement destinée au mariage ou, plus rarement, à la vie religieuse, et sa place publique est limitée, car la société valorise surtout l’autorité masculine dans la famille comme dans la politique.

Le fait qu’elle se sente appelée à rencontrer des princes, à commander des soldats et à conduire une armée choque donc une partie de son entourage, car cela bouscule les rôles de genre traditionnels et les hiérarchies sociales.

Cependant, son image de « pucelle », c’est-à-dire de jeune fille vierge consacrée à Dieu, lui permet de contourner partiellement ces limites, puisqu’elle se présente comme totalement dévouée au service du royaume et de la foi chrétienne.

Cette articulation entre transgression des rôles habituels et fidélité aux valeurs religieuses explique en partie pourquoi Jeanne d’Arc est parfois rapprochée d’autres grandes figures engagées, comme Louise Michel ou Jean Jaurès, étudiées dans le même cluster des grandes figures de l’histoire de France, même si leurs combats appartiennent à des époques et des contextes très différents.

🤴 La mission de Jeanne d’Arc et la rencontre avec Charles VII

Selon ses propres récits, confirmés plus tard lors des interrogatoires, Jeanne d’Arc est progressivement convaincue que Dieu lui confie une mission précise : soutenir le dauphin Charles, chasser les Anglais de France et permettre son sacre à Reims, ce qui marquerait symboliquement la légitimité du souverain.

Pour une jeune paysanne de Domrémy, cette mission paraît humainement impossible, cependant la force de sa conviction, la situation désespérée du royaume et le besoin d’espoir des populations rendent son projet suffisamment crédible pour que certains se décident à l’écouter.

🚶 De Domrémy à Vaucouleurs : convaincre les autorités locales

Avant d’approcher le dauphin, Jeanne d’Arc doit d’abord convaincre des seigneurs locaux, car elle ne peut pas se présenter seule à la cour, et c’est pourquoi elle se rend à Vaucouleurs en pour rencontrer le capitaine Robert de Baudricourt.

Dans un premier temps, ce dernier se montre sceptique face à cette adolescente qui prétend recevoir des ordres de Dieu et lui demande de rentrer chez elle, ce qui illustre bien le fossé entre les attentes sociales pour une jeune fille et la mission qu’elle affirme avoir reçue.

Cependant, la situation militaire s’aggrave, le siège d’Orléans se prolonge et la rumeur des prédictions de Jeanne commence à circuler, si bien que Baudricourt finit par accepter de la faire escorter jusqu’au dauphin, ce qui montre l’effet puissant des croyances collectives dans un contexte de guerre.

Cette étape rappelle que, dans l’histoire de France, d’autres figures ont su profiter de moments de crise pour s’imposer sur la scène politique, à l’image de Charles de Gaulle en 1940, que tu pourras retrouver dans l’article consacré à son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale.

🏰 L’arrivée à la cour et l’épreuve de la reconnaissance

En février 1429, Jeanne d’Arc arrive à la cour du dauphin Charles, repliée à Chinon, et la scène de la rencontre est devenue célèbre, car la tradition raconte que le prince se serait dissimulé parmi ses courtisans pour tester la jeune fille.

Malgré ce stratagème, Jeanne l’aurait reconnu immédiatement, ce qui impressionne les témoins et renforce l’idée qu’elle bénéficie d’une aide divine, même si les historiens restent prudents sur les détails exacts de l’épisode, transmis par des récits postérieurs.

Le dauphin ne peut cependant pas se contenter de cette seule démonstration symbolique, car accepter le soutien de Jeanne d’Arc représente un pari politique risqué, susceptible de provoquer des critiques de la part des nobles et des conseillers les plus prudents.

🧪 Enquêtes, examens religieux et décision politique

Avant de laisser Jeanne d’Arc participer aux opérations militaires, la cour ordonne donc des enquêtes sur sa moralité et sa foi, en particulier à Poitiers, où des théologiens et des juristes examinent son cas afin de vérifier qu’elle ne relève pas de la sorcellerie ou de l’hérésie.

Ces spécialistes interrogent la jeune fille, analysent ses paroles et s’assurent qu’elle respecte les principaux dogmes de l’Église, ce qui montre à quel point la religion et la politique sont étroitement liées dans la France du XVe siècle.

À l’issue de ces examens, les conseillers ne déclarent pas officiellement que Jeanne est envoyée de Dieu, mais ils estiment qu’il n’y a pas de raison de l’empêcher d’agir, ce qui permet au dauphin Charles de l’autoriser à rejoindre le front avec un statut de cheffe de guerre symbolique.

Pour bien comprendre le rôle des institutions ecclésiastiques dans ce type de décision, tu peux explorer les dossiers pédagogiques proposés par Eduscol sur le Moyen Âge et la monarchie française, qui montrent comment l’Église encadre les pouvoirs politiques dans la longue durée.

⚔️ Une image construite de « pucelle » et de chef de guerre

Une fois acceptée, Jeanne d’Arc reçoit une armure, un étendard et une petite troupe, ce qui transforme totalement son statut social, puisqu’elle passe de simple paysanne à figure publique au cœur des décisions militaires du royaume de France.

Son surnom de « Pucelle d’Orléans » insiste sur sa virginité et sa pureté, des qualités jugées essentielles pour garantir la légitimité de sa mission, et ce vocabulaire contribue à la construction d’une image forte, facilement reprise par les chroniqueurs.

En même temps, cette mise en scène permet au pouvoir royal de garder le contrôle, car l’autorité de Jeanne d’Arc reste officiellement dépendante de celle du dauphin Charles, même si son influence réelle sur le moral des troupes et sur la population devient très importante.

Cette façon de mettre en avant un personnage charismatique pour incarner un moment politique clé sera plus tard utilisée pour d’autres figures, comme Napoléon Bonaparte, que tu pourras étudier dans l’article spécifique sur son parcours et la construction de son mythe, ce qui permet de comparer différents usages de l’héroïsation en histoire.

⚔️ Les campagnes militaires et la levée du siège d’Orléans

Au début de l’année 1429, la ville d’Orléans est assiégée par les troupes anglaises et leurs alliés depuis plusieurs mois, et sa chute ouvrirait la route du sud du royaume, ce qui mettrait le camp du dauphin en grande difficulté et donnerait un avantage décisif aux ennemis de la France.

Dans ce contexte, l’arrivée de Jeanne d’Arc auprès de l’armée royale représente un tournant, car elle ne se contente pas d’apporter un renfort militaire, elle redonne surtout espoir aux soldats et aux habitants, qui voient en elle un signe que Dieu n’a pas abandonné le royaume.

🛡️ Une armée réorganisée autour d’un symbole religieux

Avant de partir vers Orléans, les conseillers du dauphin veillent à ce que la présence de Jeanne d’Arc soit encadrée, et elle reçoit une armure, un cheval, ainsi qu’un étendard représentant le Christ et les lis de France, ce qui souligne le lien entre sa mission et la monarchie sacrée.

Son rôle n’est pas celui d’un général au sens moderne du terme, car les décisions tactiques restent souvent entre les mains des capitaines professionnels, mais sa détermination, ses discours et sa foi visible renforcent le moral des troupes et encouragent l’offensive plutôt que l’attentisme.

En outre, la présence d’une figure religieuse aux côtés des combattants permet de présenter la défense du royaume comme une cause juste et sacrée, ce qui motive aussi les populations civiles à soutenir l’effort de guerre, par exemple en fournissant des vivres, des informations ou des renforts.

Pour mettre en perspective ce rôle de chef de guerre charismatique au service de la monarchie, tu pourras comparer plus tard l’action de Jeanne d’Arc avec celle d’autres souverains comme Louis XIV, étudié dans l’article consacré à la monarchie absolue à l’époque moderne, même si les contextes restent très différents.

🏙️ La levée du siège d’Orléans : un succès décisif

Lorsque Jeanne d’Arc arrive aux abords d’Orléans au printemps 1429, la ville est encerclée par plusieurs bastilles et fortins anglais qui coupent les voies de communication, cependant les défenseurs tiennent encore bon derrière leurs remparts et attendent un secours décisif.

Jeanne insiste pour entrer elle-même dans la cité, ce qui impressionne les habitants qui voient une jeune femme en armure traverser les lignes ennemies et rejoindre la garnison, renforçant ainsi l’idée que la ville peut encore être sauvée malgré la situation critique.

Dans les jours qui suivent, les capitaines français, encouragés par les appels insistants de Jeanne d’Arc à passer à l’attaque, lancent une série d’assauts contre les positions anglaises, en commençant par les bastilles les plus vulnérables situées près de la Loire, ce qui fragilise progressivement l’encerclement.

La prise de plusieurs ouvrages fortifiés, puis le repli des troupes anglaises, permettent finalement de lever le siège au début du mois de mai 1429, et ce succès spectaculaire change l’équilibre psychologique de la guerre en montrant que la victoire est à nouveau possible pour le camp du dauphin.

🚩 Une victoire militaire, un immense impact symbolique

La levée du siège d’Orléans n’est pas seulement un événement militaire important, c’est aussi un moment symbolique, car beaucoup y voient la confirmation que la mission de Jeanne d’Arc est bien soutenue par Dieu et que le royaume de France peut être sauvé.

Les chroniques rapportent l’enthousiasme des habitants, les fêtes organisées dans la ville et la diffusion rapide de la nouvelle dans d’autres régions, ce qui renforce l’autorité morale du dauphin Charles et discrédite les prétentions du roi d’Angleterre à la couronne française.

Pour l’armée française, cette victoire prouve que l’offensive peut l’emporter sur la défensive prudente, et elle encourage la poursuite de la campagne le long de la Loire, avec de nouvelles opérations contre les places fortes encore tenues par les Anglais.

Dans ton cours, cette étape peut être rapprochée d’autres grands moments de retournement militaire, comme ceux étudiés plus tard pour les conflits contemporains dans le thème sur la révolution numérique et ses impacts sur le monde, même si la nature des combats et des technologies n’a évidemment rien à voir.

👑 Vers le sacre de Reims : donner un roi au royaume

Après le succès d’Orléans, Jeanne d’Arc insiste pour que l’on ne se contente pas de cette victoire locale, et elle encourage le dauphin à entreprendre une campagne vers le nord-est afin de rejoindre la ville de Reims, où les rois de France sont traditionnellement sacrés.

Cette proposition est audacieuse, car de nombreuses villes hésitent encore à se rallier et les routes restent dangereuses, cependant le prestige nouveau du dauphin et la crainte d’apparaître comme des traîtres poussent peu à peu plusieurs cités à ouvrir leurs portes.

La progression de l’armée vers Reims se fait donc autant par la diplomatie que par la force, et la présence de Jeanne d’Arc, affichant son étendard aux côtés des troupes, contribue à convaincre de nombreux habitants que le temps est venu de reconnaître officiellement Charles VII.

Lorsque le sacre a finalement lieu à Reims en juillet 1429, en présence de Jeanne, l’événement marque une étape décisive pour la légitimité du roi, car il réaffirme la continuité de la monarchie capétienne, thème que tu retrouveras aussi dans l’étude d’autres souverains présentés dans le cluster des grandes figures de l’histoire de France.

⚖️ Le procès de Jeanne d’Arc, sa condamnation et son exécution

Après le sacre de Reims en 1429, la situation militaire reste pourtant fragile, et les succès de Jeanne d’Arc ne suffisent pas à mettre définitivement fin à la guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre.

Les mois qui suivent voient des hésitations stratégiques, des offensives manquées et un certain recul de l’influence de Jeanne à la cour de Charles VII, ce qui montre que la politique reste dominée par les grands nobles et les conseillers traditionnels.

🎯 De la popularité à la capture : un retournement brutal

Au printemps 1430, Jeanne d’Arc participe encore à des opérations militaires, notamment autour de la ville de Compiègne, qu’elle tente d’aider à défendre contre les troupes bourguignonnes alliées aux Anglais.

Lors d’une sortie hors des remparts, elle est encerclée puis capturée, ce qui provoque un choc dans le camp royal, car sa personne est devenue un symbole de victoire et de protection pour de nombreux soldats et habitants des villes fidèles à Charles VII.

Les Bourguignons ne la rendent pas au roi de France, mais décident, après négociations, de la vendre aux Anglais, pratique courante à l’époque pour les prisonniers importants, ce qui montre que Jeanne est désormais considérée comme un enjeu politique majeur.

Ce basculement rapide, entre gloire et captivité, rappelle que de nombreuses grandes figures étudiées dans les grandes figures de l’histoire de France connaissent aussi des phases de succès et de chute brutale, liées aux rapports de force de leur temps.

📜 Un procès religieux au service d’un objectif politique

Une fois livrée aux Anglais, Jeanne d’Arc est emprisonnée à Rouen, grande ville contrôlée par eux, et un procès est organisé sous la direction de l’évêque Pierre Cauchon, proche du camp anglo-bourguignon.

Officiellement, le procès porte sur des questions religieuses comme l’hérésie, la sorcellerie ou la nature de ses « voix », cependant l’objectif réel est aussi de discréditer le camp de Charles VII en présentant Jeanne comme une fausse inspirée de Dieu.

Les juges, majoritairement favorables aux Anglais, cherchent à obtenir soit une confession complète, soit des contradictions dans les déclarations de Jeanne, en multipliant les interrogatoires, les questions pièges et les pressions psychologiques.

Pour les élèves, il est important de comprendre que ce procès n’est pas seulement une affaire spirituelle, il s’inscrit aussi dans une stratégie de propagande destinée à prouver que les victoires de Jeanne d’Arc ne viennent pas de Dieu mais d’une forme de tromperie.

🧠 Les principaux chefs d’accusation contre Jeanne d’Arc

Parmi les accusations, les juges reprochent à Jeanne d’Arc de prétendre recevoir des messages directs de Dieu par l’intermédiaire de ses « voix », ce qui, selon eux, pourrait contredire l’autorité de l’Église qui se considère comme seule interprète légitime de la volonté divine.

Ils critiquent aussi le fait qu’elle porte l’habit d’homme, c’est-à-dire une armure et des vêtements masculins, ce qui choque les normes de genre du XVe siècle et est présenté comme une transgression grave des règles sociales et religieuses.

Enfin, les juges cherchent à lui faire admettre qu’elle s’est trompée ou qu’elle a menti sur sa mission, car cela permettrait d’affirmer que ses actions militaires ne sont pas un signe de soutien divin au roi de France, mais une manipulation humaine condamnable.

Face à ces accusations, Jeanne répond avec beaucoup de calme et d’intelligence, en rappelant qu’elle se soumet à Dieu avant tout, ce qui impressionne certains témoins et explique pourquoi son procès reste aujourd’hui une source majeure pour connaître sa personnalité.

🔥 Condamnation pour hérésie et exécution à Rouen

Après des semaines d’interrogatoires, les juges rédigent une liste d’articles qui résument ce qu’ils considèrent comme des erreurs de Jeanne d’Arc, et ils lui demandent de les abjurer, c’est-à-dire de les renier publiquement afin d’éviter une condamnation trop lourde.

Dans un premier temps, sous la pression, Jeanne signe un document où elle accepte de renoncer à certaines pratiques, notamment au port de l’habit d’homme, mais la situation change vite lorsqu’elle reprend ensuite ses vêtements masculins en prison, ce qui est interprété comme une rechute.

Considérée alors comme « relapse », c’est-à-dire retombée dans l’erreur après avoir abjuré, Jeanne d’Arc est condamnée pour hérésie et remise au bras séculier, ce qui signifie en pratique qu’elle doit être exécutée par les autorités civiles de Rouen.

Le 30 mai 1431, elle est brûlée vive sur la place du Vieux-Marché à Rouen, et ses cendres sont dispersées dans la Seine, car ses juges veulent empêcher la formation d’un culte autour de ses reliques, même si, paradoxalement, ce supplice renforce encore sa future renommée.

⚖️ Un procès contesté et réhabilité après la mort de Jeanne

La mort de Jeanne d’Arc ne met pas fin au débat sur sa personne, au contraire, avec le temps, de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer la manière dont le procès a été mené et pour défendre sa mémoire auprès du roi Charles VII.

Quelques décennies plus tard, un procès de réhabilitation est ouvert à la demande de sa famille et avec l’accord du pouvoir royal, ce qui permet d’interroger de nombreux témoins ayant connu Jeanne à Domrémy, à la cour ou pendant la campagne d’Orléans.

En 1456, ce nouveau procès conclut que la condamnation de Jeanne d’Arc était injuste et rappelle qu’elle a agi en bonne chrétienne, ce qui annule officiellement la sentence d’hérésie prononcée à Rouen en 1431.

Cette réhabilitation juridique prépare la transformation progressive de Jeanne en héroïne nationale, que tu retrouveras plus précisément dans le chapitre suivant consacré à la mémoire de Jeanne d’Arc et à ses usages politiques jusqu’à l’époque contemporaine.

📜 La mémoire de Jeanne d’Arc, des réhabilitations aux débats actuels

Après sa réhabilitation officielle en 1456, la mémoire de Jeanne d’Arc ne disparaît pas, mais elle reste longtemps surtout présente dans certains milieux religieux et locaux, notamment autour de Domrémy, d’Orléans et de Reims, où l’on garde le souvenir de ses victoires et de son sacrifice.

Pendant plusieurs siècles, elle n’est pas encore la grande héroïne nationale que nous connaissons aujourd’hui, et son histoire circule surtout dans des récits pieux, des prédications et quelques chroniques, tandis que d’autres figures comme les rois François Ier ou Louis XIV dominent davantage le récit traditionnel de l’histoire de France.

🌟 De l’héroïne pieuse à la sainte de l’Église

À partir du XIXe siècle, le contexte change, car la France connaît de fortes tensions politiques et religieuses entre monarchistes, républicains et partisans d’une société plus laïque, et chacun cherche des figures du passé pour défendre sa vision du pays.

Dans ce climat, Jeanne d’Arc attire l’attention de nombreux écrivains, artistes et hommes d’Église, qui voient en elle un symbole puissant : femme du peuple, profondément chrétienne, fidèle au roi légitime et prête à mourir pour son idéal, elle permet de lier religion, nation et courage.

L’Église catholique joue un rôle central dans cette redécouverte en soutenant les démarches qui aboutissent à la béatification de Jeanne en 1909, puis à sa canonisation comme sainte en 1920, ce qui fait d’elle une figure officiellement reconnue par la hiérarchie religieuse au niveau mondial.

Cette canonisation renforce la dimension spirituelle de son image, mais elle n’efface pas son importance politique, car son engagement pour le royaume et pour le roi continue de nourrir le récit national, ce que tu peux comparer avec d’autres figures étudiées dans le cluster des grandes figures de l’histoire de France.

🏛️ Jeanne d’Arc et la construction du roman national

Au moment où la Troisième République se met en place, à la fin du XIXe siècle, les gouvernements républicains cherchent à construire un véritable « roman national » pour unifier la population, en particulier grâce à l’école, les manuels d’histoire et les commémorations.

Dans ce cadre, Jeanne d’Arc est de plus en plus utilisée comme exemple de patriotisme, car elle a défendu la France contre un envahisseur étranger, et cette dimension permet de mettre en avant l’amour de la patrie au-delà des débats entre royalisme et république.

Des fêtes johanniques sont organisées, des statues sont érigées dans de nombreuses villes, et les manuels scolaires présentent souvent Jeanne comme une héroïne modèle, ce qui contribue à en faire une référence commune pour des générations d’élèves, tout comme d’autres personnages étudiés en classe comme Napoléon Bonaparte ou Charles de Gaulle.

En 1920, la même année que sa canonisation, le Parlement institue d’ailleurs une fête nationale en l’honneur de Jeanne d’Arc, signe que la République laïque est prête à intégrer cette figure religieuse dans sa propre mémoire officielle, ce qui montre la complexité de son héritage.

🕊️ Une figure récupérée par des camps politiques opposés

À partir du XXe siècle, la mémoire de Jeanne d’Arc devient un véritable enjeu politique, car différents courants cherchent à se l’approprier en mettant en avant certains aspects de son histoire plutôt que d’autres.

Des mouvements nationalistes voient en elle la défense de l’« identité française » contre l’étranger, tandis que d’autres groupes insistent au contraire sur sa dimension de jeune femme du peuple, capable de remettre en cause l’ordre établi au nom de sa conscience et de ses convictions.

Cette concurrence mémorielle explique pourquoi, encore aujourd’hui, les débats autour de Jeanne peuvent être vifs, certains refusant de la laisser être monopolisée par un camp politique, d’autres souhaitant au contraire en faire un symbole exclusif de leurs idées.

Pour toi, élève ou étudiant, il est important de garder un regard critique sur ces usages contemporains, en revenant toujours aux faits historiques étudiés dans ce cours et en les confrontant à d’autres dossiers du site, par exemple ceux sur les grandes réformes sociales en France, où l’on voit aussi comment l’histoire sert à nourrir des arguments politiques.

🎓 Jeanne d’Arc aujourd’hui : entre histoire, mémoire et culture populaire

De nos jours, Jeanne d’Arc reste omniprésente dans la culture, que ce soit dans les livres, les bandes dessinées, les films, les jeux vidéo ou les reconstitutions historiques, ce qui montre que son histoire continue de parler au grand public bien au-delà des salles de classe.

Les historiens travaillent sur de nouvelles sources, réinterprètent les témoignages du procès et discutent de questions comme la construction de son image, la place des femmes en politique ou la manière dont la religion influence les décisions collectives, ce qui montre que l’histoire n’est jamais figée.

En parallèle, des commémorations continuent d’avoir lieu à Orléans, à Domrémy ou à Rouen, où l’on rappelle les étapes majeures de son parcours, tandis que des débats publics surgissent régulièrement dès que son nom est utilisé dans un discours politique ou médiatique.

Pour réviser efficacement, tu peux rapprocher ce chapitre de ceux consacrés à d’autres personnages comme Louise Michel ou Jean Jaurès, et réfléchir à ce qui rapproche ou oppose ces figures dans la manière dont la société française les utilise pour parler de ses valeurs et de son histoire.

🧠 À retenir sur Jeanne d’Arc

  • Jeanne d’Arc, née vers 1412 à Domrémy, est une jeune paysanne très pieuse qui affirme recevoir des « voix » de saints lui demandant de sauver la France en pleine guerre de Cent Ans.
  • Dans un royaume affaibli par les défaites, les luttes entre Armagnacs et Bourguignons et le traité de Troyes de 1420, elle réussit à convaincre le dauphin Charles à Chinon puis obtient un rôle central dans la défense du royaume en se présentant comme « la Pucelle » envoyée par Dieu.
  • À la tête d’une petite armée, Jeanne d’Arc participe à la levée du siège d’Orléans en 1429, puis accompagne le dauphin au sacre de Charles VII à Reims, ce qui renforce fortement la légitimité du roi dans le contexte de la guerre de Cent Ans.
  • Capturée à Compiègne, vendue aux Anglais, jugée à Rouen par un tribunal ecclésiastique favorable au camp anglo-bourguignon, elle est condamnée pour hérésie et brûlée vive le 30 mai 1431, avant d’être réhabilitée en 1456 puis canonisée en 1920, devenant une figure majeure de l’histoire de France.
  • Du XIXe siècle à aujourd’hui, la mémoire de Jeanne d’Arc est largement utilisée dans le « roman national » français, célébrée à la fois comme sainte, héroïne patriotique et symbole populaire, ce qui explique les nombreux débats autour de son image dans la vie politique et culturelle actuelle.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur Jeanne d’Arc

🧩 Pourquoi Jeanne d’Arc est-elle si importante pour l’histoire de France ?

Jeanne d’Arc est importante parce qu’elle intervient à un moment critique de la guerre de Cent Ans, redonne espoir au camp français, contribue directement à la levée du siège d’Orléans et au sacre de Charles VII à Reims, ce qui renforce la légitimité du roi et change le cours du conflit.

🧩 Jeanne d’Arc a-t-elle vraiment commandé les armées comme un général ?

Dans les sources, Jeanne d’Arc apparaît moins comme un général au sens moderne que comme une cheffe de guerre charismatique qui pousse à l’offensive, se trouve au cœur des combats, porte l’étendard, donne du courage aux soldats et influence les décisions, tandis que les capitaines professionnels gardent la maîtrise technique des opérations.

🧩 Pourquoi Jeanne d’Arc a-t-elle été condamnée pour hérésie ?

Elle est condamnée pour hérésie à Rouen en 1431 parce que ses juges, proches des Anglais, lui reprochent ses « voix », son port d’habits masculins et sa certitude d’agir sur ordre de Dieu, et ce procès religieux sert aussi d’arme politique pour discréditer les victoires qu’elle a remportées au service de Charles VII.

🧩 Comment Jeanne d’Arc est-elle devenue sainte ?

Après le procès de réhabilitation de 1456 qui annule sa condamnation, sa réputation grandit peu à peu, puis l’Église catholique la béatifie en 1909 et la canonise en 1920, ce qui fait de Jeanne d’Arc une sainte officielle présentée comme modèle de courage, de foi et de fidélité à la France.

🧩 Pourquoi Jeanne d’Arc fait-elle encore débat aujourd’hui ?

Aujourd’hui, Jeanne d’Arc fait débat parce que différents courants politiques et religieux essaient de se l’approprier comme symbole, certains insistant sur le patriotisme, d’autres sur la dimension populaire ou féminine de son engagement, et il faut donc toujours revenir aux faits historiques pour comprendre comment sa mémoire est utilisée dans l’espace public.

🧩 Quiz – Jeanne d’Arc, héroïne de la guerre de Cent Ans

1. Dans quel contexte historique s’inscrit l’action de Jeanne d’Arc ?



2. Dans quelle région se trouve le village natal de Jeanne d’Arc, Domrémy ?



3. Vers quelle année situe-t-on traditionnellement la naissance de Jeanne d’Arc ?



4. Comment Jeanne d’Arc explique-t-elle sa mission auprès du dauphin Charles ?



5. Quel est l’objectif principal que les « voix » assignent à Jeanne d’Arc ?



6. Quel capitaine local Jeanne doit-elle convaincre à Vaucouleurs avant d’aller voir le dauphin ?



7. Où se déroule la première rencontre entre Jeanne d’Arc et le dauphin Charles ?



8. Pourquoi Jeanne d’Arc est-elle d’abord soumise à des enquêtes religieuses à Poitiers ?



9. Quel rôle joue principalement Jeanne d’Arc lors des combats autour d’Orléans ?



10. Quelle ville assiégée la victoire de 1429 permet-elle de sauver et qui vaudra à Jeanne le surnom de « Pucelle » ?



11. Pourquoi le sacre de Charles VII à Reims, en présence de Jeanne d’Arc, est-il si important ?



12. Où Jeanne d’Arc est-elle capturée en 1430 ?



13. À qui les Bourguignons livrent-ils Jeanne d’Arc après sa capture ?



14. Dans quelle ville se déroule le procès d’hérésie de Jeanne d’Arc ?



15. Quel est l’un des reproches majeurs faits à Jeanne d’Arc par ses juges ?



16. Quelle est la date de l’exécution de Jeanne d’Arc sur la place du Vieux-Marché ?



17. Que décide le procès de réhabilitation de 1456 concernant Jeanne d’Arc ?



18. En quelle année Jeanne d’Arc est-elle canonisée sainte par l’Église catholique ?



19. Quelle institution utilise fortement la figure de Jeanne d’Arc pour construire le « roman national » à la fin du XIXe siècle ?



20. Parmi ces propositions, laquelle décrit le mieux la place de Jeanne d’Arc aujourd’hui ?



Pin It on Pinterest