🎯 Pourquoi la radio et le cinéma sous Vichy sont-ils emblématiques ?
Après la défaite traumatisante de juin 1940, la France bascule dans une période sombre où la maîtrise de l’information devient une arme politique absolue pour le nouveau régime. L’étude de la radio et du cinéma sous Vichy révèle comment le maréchal Pétain et l’occupant allemand ont tenté de façonner les esprits par une propagande omniprésente et une censure implacable. Pour la première fois dans l’histoire de France, des médias de masse modernes sont utilisés de manière systématique pour imposer une idéologie d’État, la Révolution nationale, et pour justifier la Collaboration, transformant chaque foyer et chaque salle obscure en champ de bataille idéologique.
🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :
- 🧭 Le choc de 1940 et la nécessité de convaincre
- ⚙️ L’appareil de contrôle : censure et mainmise allemande
- 🎙️ La radio : la voix du Maréchal et la guerre des ondes
- 🎬 Le cinéma : entre divertissement et actualités filmées
- 📢 Les grands thèmes : Révolution nationale et ennemis de l’intérieur
- 📉 Les limites de l’endoctrinement et la Libération
- 🧠 À retenir
- ❓ FAQ
- 🧩 Quiz
👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème.
🧭 Le choc de 1940 et la nécessité de convaincre
📌 Une France à genoux et un nouveau régime
L’histoire de la radio et du cinéma sous Vichy débute par un effondrement militaire et moral sans précédent : la débâcle de mai-juin 1940. En quelques semaines, l’armée française est balayée par la Wehrmacht, jetant sur les routes des millions de civils lors de l’Exode. C’est dans ce climat de chaos que le maréchal Pétain, figure tutélaire de la Première Guerre mondiale, arrive au pouvoir. Le 10 juillet 1940, il obtient les pleins pouvoirs, signant la fin de la IIIe République et la naissance de l’État français, communément appelé régime de Vichy.
Dès les premiers jours, le nouveau pouvoir comprend qu’il ne peut pas se contenter de diriger par décret ; il doit impérativement gagner l’adhésion des Français pour légitimer ses choix douloureux, notamment l’armistice et, bientôt, la Collaboration. Contrairement à la propagande de guerre de 1914-1918 qui visait à maintenir le moral face à l’ennemi, la propagande de 1940 doit justifier la défaite et promouvoir un redressement moral interne. Le maréchal Pétain, conscient de son aura personnelle, va miser massivement sur son image rassurante de « père de la nation ».
Cependant, la tâche est complexe car la France est coupée en deux par la ligne de démarcation. En zone occupée (Nord et Ouest), les Allemands contrôlent directement les infrastructures, tandis qu’en zone libre (Sud), Vichy tente de conserver une souveraineté de façade. Cette division géographique complique la diffusion des messages et oblige le régime à utiliser des vecteurs puissants, capables de traverser les frontières administratives : les ondes radio et les écrans de cinéma.
📌 Les médias modernes comme outils de pouvoir
Dans les années 1930, la radio et le cinéma sont devenus les loisirs préférés des Français, remplaçant progressivement la domination exclusive de la presse écrite. On compte environ 5 millions de postes de radio en France en 1940, ce qui signifie qu’une très grande partie de la population a accès à l’information sonore directement à domicile. Le cinéma, quant à lui, est le lieu de sortie hebdomadaire par excellence, avec des actualités diffusées obligatoirement avant chaque film.
Pour le régime de Vichy, ces médias présentent un avantage tactique majeur par rapport aux journaux. La radio permet une communication directe, intime et émotionnelle : la voix tremblotante du Maréchal pénètre dans les salons, créant un lien quasi familial avec les auditeurs. Le cinéma, par la puissance de l’image, permet de montrer (ou de truquer) la réalité, d’imposer des visages et des symboles avec une force de persuasion inégalée. Le contrôle de la radio et du cinéma sous Vichy n’est donc pas un détail technique, c’est la clé de voûte de la survie politique du régime.
Si tu as déjà étudié la propagande sous Napoléon, tu sais que l’image du chef est centrale ; sous Vichy, cette personnalisation atteint son paroxysme grâce à la technologie. Pétain n’est plus seulement un nom sur un papier, c’est une voix que l’on écoute et un visage que l’on voit en mouvement chaque semaine aux actualités. C’est ce basculement vers une communication de masse moderne qui marque une rupture historique fondamentale.
⚙️ L’appareil de contrôle : censure et mainmise allemande
📌 La mise en place de l’administration de la propagande
Pour verrouiller l’information, le régime de Vichy met rapidement en place une administration tentaculaire. Dès l’été 1940, un Haut-commissariat à la Propagande est créé, rattaché plus tard à un Secrétariat général à l’Information. Ces structures ont pour mission de définir la « vérité officielle » et de s’assurer qu’aucune voix discordante ne vienne troubler l’ordre nouveau. Tous les directeurs de journaux, de stations de radio et de studios de cinéma reçoivent des consignes strictes, appelées les « notes d’orientation ».
Ces notes dictent non seulement ce qui doit être dit, mais aussi comment cela doit être dit. Par exemple, il est interdit de critiquer l’occupant allemand, de montrer des images de la famille royale britannique sous un jour favorable, ou d’évoquer les pénuries alimentaires de manière alarmiste. Le langage lui-même est surveillé : les mots « République », « démocratie » ou « liberté » sont bannis ou réinterprétés dans le sens de la Révolution nationale. C’est une véritable réécriture du réel qui s’opère au quotidien.
Le contrôle s’étend aussi aux personnes. Une épuration professionnelle est organisée : les journalistes, réalisateurs ou techniciens juifs, francs-maçons ou communistes sont exclus de leurs fonctions en vertu des lois d’exclusion d’octobre 1940. Le milieu de la radio et du cinéma sous Vichy perd ainsi une grande partie de ses talents, remplacés par des figures jugées plus dociles ou idéologiquement compatibles avec le maréchalisme.
📌 L’ombre omniprésente de la Propagandastaffel
Il ne faut jamais oublier que Vichy n’est pas seul maître à bord. En zone occupée, et par extension sur tout le territoire, les services de propagande allemands, la redoutable Propagandastaffel, exercent une tutelle impitoyable. Installée notamment à Paris sur les Champs-Élysées, cette organisation nazie surveille tout : elle vise les visas de censure pour les films, contrôle les programmes radio et rationne le papier pour la presse. Pour approfondir les méthodes de l’occupant, tu peux consulter notre article sur la propagande nazie et ses médias.
La stratégie allemande est perverse : elle laisse au gouvernement de Vichy une apparence d’autonomie pour que la propagande semble « française », mais elle intervient brutalement dès que ses intérêts sont menacés. De plus, les Allemands favorisent l’émergence de médias ultra-collaborationnistes à Paris, souvent beaucoup plus virulents et extrémistes que ceux de Vichy. Cela crée une concurrence médiatique entre une propagande « maréchaliste » (conservatrice, basée à Vichy) et une propagande « collaborationniste » (pro-nazie, basée à Paris), obligeant souvent Vichy à durcir son ton pour ne pas être dépassé.
Dans le domaine du cinéma, cette mainmise se traduit par la création de la Continental Films, une société de production à capitaux allemands installée en France. Dirigée par Alfred Greven, elle produit des films français de grande qualité technique pour « divertir » la population et la détourner des problèmes politiques, tout en distillant subtilement des valeurs compatibles avec l’ordre nouveau. C’est un exemple frappant de « soft power » autoritaire où le divertissement devient une arme de passivité massive.
🎙️ La radio : la voix du Maréchal et la guerre des ondes
📌 « Vichy parle aux Français » : la Radiodiffusion nationale
La radio est l’instrument privilégié du Maréchal Pétain. Dès le 17 juin 1940, c’est par la radio qu’il annonce : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ». Cette allocution fondatrice ancre la radio comme le canal officiel de l’État. La Radiodiffusion nationale, repliée en zone libre (d’abord à Toulouse, Marseille puis Vichy), devient la voix officielle du régime. Les programmes sont soigneusement calibrés pour exalter les valeurs du terroir, de la famille et de l’artisanat.
Les émissions ne sont pas que politiques ; elles sont aussi culturelles et folkloriques, visant à redonner une fierté aux Français autour de leurs traditions régionales. On y chante des hymnes à la gloire du Maréchal, comme le célèbre « Maréchal, nous voilà ! », qui devient un véritable tube radiophonique imposé dans les écoles et les cérémonies. La radio crée une temporalité rituelle : les Français se réunissent à heure fixe pour écouter les nouvelles, créant une communauté d’auditeurs soudée autour du poste.
Cependant, le ton de la radio de Vichy évolue. Au début paternaliste et moralisateur, il devient de plus en plus agressif à mesure que la guerre tourne en défaveur de l’Axe. L’arrivée de Philippe Henriot en 1944 marque un tournant. Secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande, Henriot est un orateur redoutable. Sa voix métallique et son talent rhétorique lui permettent de lancer des éditoriaux quotidiens cinglants contre les Alliés et la Résistance, qu’il qualifie de « terroristes ». Il parvient, par son charisme radiophonique, à maintenir une certaine emprise sur une partie de l’opinion jusqu’à son assassinat par la Résistance en juin 1944.
📌 Radio Paris et la propagande allemande
En face de la radio de Vichy, émettant depuis la zone occupée, se trouve Radio Paris. C’est une station entièrement contrôlée par les Allemands, même si les voix sont françaises. Elle est le symbole de la collaboration la plus zélée. Ses chroniqueurs, comme Jean Hérold-Paquis, martèlent chaque jour des slogans antisémites, antibolchéviques et anglophobes. La célèbre ritournelle « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand », chantée sur l’air de la Cucaracha par la BBC, témoigne du rejet qu’elle inspire à beaucoup de Français.
Radio Paris dispose de moyens techniques supérieurs et d’émetteurs puissants qui couvrent tout le territoire. Elle diffuse aussi de la musique de qualité, du théâtre et des jeux pour attirer l’auditoire avant de distiller son venin idéologique. C’est une stratégie de « cheval de Troie » : on appâte l’auditeur avec du divertissement populaire pour mieux lui faire ingérer le message politique nazi. L’objectif est de banaliser la présence allemande et de présenter la victoire du Reich comme inéluctable et bénéfique pour l’Europe.
Cette dualité entre la radio de Vichy et Radio Paris crée un paysage sonore complexe. Si elles diffèrent parfois sur la forme ou l’intensité, elles convergent sur l’essentiel : la haine de la démocratie, la peur du communisme et la nécessité de collaborer. Pour l’auditeur français, faire le tri dans ce déluge d’informations biaisées devient une épreuve quotidienne, d’autant plus que l’écoute des radios étrangères est sévèrement punie.
🎬 Le cinéma : entre divertissement et actualités filmées
📌 Les Actualités Mondiales : le passage obligé
Si la radio s’invite à la maison, le cinéma reste la grande sortie populaire. Mais avant de voir le grand film de la semaine, les spectateurs doivent obligatoirement assister à la projection des actualités. En zone occupée, ce sont les Actualités Mondiales, produites directement sous contrôle allemand. En zone libre, jusqu’en novembre 1942, c’est le journal de France Actualités (Pathé-Gaumont puis service de Vichy) qui est diffusé. Ces journaux filmés sont des chefs-d’œuvre de manipulation par l’image.
Le montage est dynamique, la voix off est assurée et péremptoire. On y montre les victoires de l’armée allemande, les prisonniers alliés en déroute, ou encore le Maréchal Pétain acclamé par des foules en liesse lors de ses déplacements en province. Les images sont soigneusement sélectionnées : on ne montre jamais les files d’attente devant les magasins, la misère ou la répression. Tout est fait pour donner l’impression d’un pays qui se relève dans l’ordre et la discipline. Le contraste avec la réalité vécue par les spectateurs (froid, faim, peur) est souvent saisissant, provoquant parfois des huées dans les salles obscures, vite réprimées par la police.
Ces actualités jouent aussi un rôle crucial dans la propagande antisémite. Des expositions comme « Le Juif et la France » sont filmées complaisamment pour stigmatiser la population juive et préparer l’opinion aux rafles et à la déportation. L’image sert ici à déshumaniser l’ennemi désigné et à justifier l’injustifiable. C’est une violence visuelle qui prépare la violence physique.
📌 Le « Cinéma de Vichy » : une fuite hors du réel ?
Paradoxalement, les longs-métrages de fiction produits durant cette période sont rarement des films de propagande directe. Le public rejette les films trop politisés. L’industrie cinématographique, réorganisée par le C.O.I.C. (Comité d’organisation de l’industrie cinématographique), produit environ 220 films durant l’Occupation. La majorité sont des comédies légères, des drames historiques ou des films fantastiques. On parle souvent d’un « cinéma d’évasion ». Des chefs-d’œuvre comme Les Visiteurs du soir (1942) ou L’Éternel Retour (1943) voient le jour.
Cependant, cette absence de politique apparente est trompeuse. Le régime encourage un cinéma qui prône le retour à la terre, la soumission à l’autorité patriarcale et la méfiance envers la modernité urbaine « corruptrice ». Par exemple, le film La Fille du puisatier de Marcel Pagnol, bien que commencé avant la défaite, est remanié pour inclure une scène où les personnages écoutent le discours de Pétain, intégrant ainsi la résignation nationale dans la trame narrative. De même, des films comme Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot (produit par la Continental) dressent un portrait sombre de la société française, ce qui sera interprété à la fois comme une œuvre d’art réaliste et comme une propagande allemande visant à salir l’image de la France.
Le cinéma sous Vichy est donc un espace ambigu. Il permet aux Français d’oublier la guerre pendant deux heures, mais il participe, par sa censure et ses thèmes conservateurs, à l’atmosphère étouffante de l’Occupation. Il maintient une apparence de normalité culturelle qui sert indirectement les intérêts de l’occupant, soucieux de maintenir le calme à l’arrière.
📢 Les grands thèmes : Révolution nationale et ennemis de l’intérieur
📌 Travail, Famille, Patrie : la trilogie idéologique
L’analyse de la radio et du cinéma sous Vichy permet d’identifier clairement les piliers de l’idéologie pétainiste. Le premier thème omniprésent est celui du retour à la terre. La France rurale est magnifiée, opposée à la ville industrielle jugée foyer de communisme et de décadence. Les reportages montrent des paysans heureux, des moissons abondantes et des artisans au travail. L’objectif est de faire croire que le salut de la France viendra de son sol et non de l’industrie ou du commerce international.
La famille est le deuxième pilier. La propagande célèbre la mère au foyer, les familles nombreuses et l’éducation stricte de la jeunesse. La fête des Mères est officialisée et grandement médiatisée. À la radio, des émissions donnent des conseils aux ménagères pour gérer les pénuries avec ingéniosité, transformant la privation en acte de civisme. Le sport est aussi mis à l’honneur pour former une jeunesse virile et disciplinée, prête à obéir au chef, rompant avec l’image d’une jeunesse « amollie » de l’entre-deux-guerres.
Enfin, le culte du chef est central. Pétain est présenté comme une figure quasi divine, un grand-père bienveillant qui se sacrifie pour ses enfants ingrats. Son portrait est partout, et les médias relaient le moindre de ses déplacements comme un événement historique. Cette personnalisation du pouvoir vise à créer une allégeance directe, émotionnelle, qui contourne les institutions politiques traditionnelles.
📌 Désigner les boucs émissaires
La propagande a besoin d’ennemis pour fédérer. Le régime de Vichy construit un discours de haine contre « l’Anti-France ». Les premiers visés sont les responsables de la IIIe République (hommes politiques du Front Populaire), accusés d’avoir mené le pays à la guerre et à la défaite. Le procès de Riom en 1942, censé les juger, est largement couvert par la radio, bien qu’il tourne finalement au fiasco pour Vichy.
L’antisémitisme est une composante structurelle de cette propagande. À la radio et dans les actualités, les Juifs sont présentés comme des parasites, des spéculateurs ou des comploteurs apatrides. Cette rhétorique prépare psychologiquement la population aux lois d’exclusion et aux déportations. De même, la franc-maçonnerie est attaquée via des expositions et des films, présentée comme une société secrète manipulant le pouvoir dans l’ombre.
Avec le tournant de la guerre et l’invasion de l’URSS par l’Allemagne en 1941, le thème du « bolchévisme » devient obsédant. La propagande tente de faire peur aux Français en décrivant les horreurs supposées d’une victoire soviétique. La Résistance est systématiquement qualifiée de « terrorisme » à la solde de l’étranger (Londres ou Moscou), niant toute légitimité patriotique aux combattants de l’ombre.
📉 Les limites de l’endoctrinement et la Libération
📌 La guerre des ondes : Londres contre Vichy
Malgré la puissance du dispositif de Vichy, la propagande se heurte à un obstacle majeur : la BBC. Depuis Londres, la France Libre mène une contre-offensive médiatique redoutable : c’est la « guerre des ondes ». L’émission Les Français parlent aux Français devient le rendez-vous clandestin de millions d’auditeurs. Des voix comme celle de Maurice Schumann ou de Pierre Dac utilisent l’humour, la satire et l’information factuelle pour démonter les mensonges de Vichy et de Radio Paris. Tu peux faire le lien avec notre article sur la Guerre froide et les médias, où cette bataille radiophonique se poursuivra sous d’autres formes.
Le régime tente de riposter par le « brouillage » technique des fréquences, rendant l’écoute de la BBC difficile et bruyante. Il interdit formellement l’écoute des radios étrangères, punissant les contrevenants de peines de prison. Mais rien n’y fait : la crédibilité de la radio de Vichy s’effondre face à la réalité du terrain (pénuries, réquisitions, STO). La fameuse phrase « La radio ment, la radio est allemande » s’installe dans les esprits.
La radio de Londres ne sert pas qu’à informer ; elle donne des consignes opérationnelles à la Résistance via des « messages personnels » codés. Elle devient un acteur militaire à part entière. Cette concurrence brise le monopole de l’information que Vichy tentait désespérément de maintenir, prouvant que dans une guerre moderne, la confiance du public est une ressource stratégique qui ne se décrète pas.
📌 L’échec final et l’épuration médiatique
À partir de 1943, avec les défaites allemandes à Stalingrad et en Afrique du Nord, la propagande de Vichy se déconnecte totalement du réel. Les actualités cinématographiques, qui continuent de clamer la victoire finale de l’Axe, provoquent le scepticisme voire le rire nerveux des spectateurs. Le décalage entre les images de propagande et la vie quotidienne devient insupportable. La propagande ne convainc plus que les convaincus, les collaborationnistes les plus radicaux.
À la Libération, en 1944-1945, l’heure des comptes sonne pour le monde de la radio et du cinéma sous Vichy. Les journalistes et animateurs qui ont servi la voix de l’ennemi sont arrêtés. Certains, comme Philippe Henriot (déjà exécuté) ou Jean Hérold-Paquis, sont condamnés à mort pour trahison. Une épuration professionnelle a lieu : les cartes de presse sont retirées, des écrivains et réalisateurs sont mis sur liste noire. C’est une période de refondation morale pour la presse française.
L’héritage de cette période est lourd. Elle a montré la dangerosité des médias lorsqu’ils sont asservis à un pouvoir totalitaire, mais aussi la capacité de résistance des citoyens capables de lire entre les lignes et de chercher l’information alternative. Pour comprendre les enjeux actuels autour de la désinformation, je t’invite à consulter notre dossier sur la propagande et les fake news aujourd’hui.
🧠 À retenir sur Radio et cinéma sous Vichy
- La radio devient l’outil principal du pouvoir : Pétain l’utilise pour créer un lien direct et paternaliste avec les Français (« Je tiens les promesses… »).
- La censure est totale : mise en place de l’autorisation préalable et contrôle strict par la Propagandastaffel allemande en zone occupée.
- Une guerre des ondes oppose la radio de Vichy/Radio Paris (collaborationniste) à la BBC (France Libre), écoutée clandestinement malgré le brouillage.
- Le cinéma sert de divertissement (évasion) mais les actualités obligatoires avant les films diffusent l’idéologie de la Révolution nationale et la haine de « l’Anti-France ».
❓ FAQ : Questions fréquentes sur la propagande de Vichy
🧩 Qui était la voix la plus célèbre de la collaboration ?
Il s’agit de Philippe Henriot. Surnommé le « Goebbels français », il haranguait les foules à la radio avec un talent oratoire indéniable, défendant la collaboration jusqu’au bout. Il fut abattu par la Résistance en juin 1944.
🧩 Était-il interdit d’écouter la BBC ?
Oui, formellement. Les postes de radio pouvaient être confisqués et les auditeurs risquaient la prison ou des amendes. Malgré cela, des millions de Français écoutaient « Les Français parlent aux Français » en cachette le soir.
🧩 Qu’est-ce que la Continental Films ?
C’était une société de production cinématographique française, mais financée par des capitaux allemands. Elle a produit des films de grande qualité (comme ceux de Clouzot) pour maintenir une vie culturelle normale et apaisée en France occupée.
