🎯 Pourquoi la presse pendant Mai 68 marque-t-elle une rupture historique ?
L’étude de la presse pendant Mai 68 est fondamentale pour comprendre comment un mouvement social étudiant, puis ouvrier, a réussi à ébranler le pouvoir gaulliste grâce à une utilisation inédite des médias. Dans une France où la télévision est encore sous le contrôle strict de l’État, la parole se libère soudainement par le biais des radios périphériques, des affiches murales et d’une presse écrite en pleine effervescence. Ce moment clé de notre histoire contemporaine marque la fin du monopole de l’information officielle et préfigure les grandes mutations du paysage médiatique des décennies suivantes.
🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :
- 📺 Le paysage médiatique verrouillé de 1968
- 📰 L’explosion de la presse écrite et des tracts
- 📻 La « révolution du transistor » : le direct
- 🎨 La guerre des images et la grève de l’ORTF
- 📢 La bataille de l’opinion et la censure
- 🚀 L’héritage médiatique de Mai 68
- 🧠 À retenir
- ❓ FAQ
- 🧩 Quiz
👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème et les tensions initiales.
📺 Le paysage médiatique verrouillé de 1968
📌 Un monopole d’État sous haute surveillance
Pour bien saisir l’impact de la presse pendant Mai 68, il faut d’abord visualiser la France du Général de Gaulle, où l’information audiovisuelle est cadenassée par le pouvoir politique. L’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française), créé en 1964, détient le monopole absolu sur les ondes de télévision et de radio publiques. Le ministère de l’Information, situé rue de Grenelle, envoie chaque matin ses directives pour orienter le contenu des journaux télévisés. Cette mainmise est telle que les journalistes de l’ORTF se sentent souvent comme des fonctionnaires porte-parole du gouvernement plutôt que comme des reporters indépendants. Ce contrôle strict crée un décalage grandissant entre la réalité vécue par la jeunesse et l’image renvoyée par la « lucarne magique ».
La télévision, qui équipe désormais plus de 60 % des foyers français, est le média dominant pour l’information de masse, mais elle est perçue par les étudiants et les intellectuels comme un outil de propagande. Le journal télévisé de 20 heures est une grand-messe où la parole officielle est rarement contredite. En revanche, la presse écrite bénéficie d’une liberté plus grande, héritée de la Libération, même si elle reste économiquement fragile et politiquement polarisée. Pour approfondir ce lien complexe entre le pouvoir exécutif et les écrans, tu peux consulter notre dossier sur De Gaulle et la télévision.
📌 Les premiers signes de la fracture médiatique
Avant même que les barricades ne se dressent dans le Quartier latin, des signes avant-coureurs montraient que le contrôle de l’État sur l’information devenait insupportable pour une partie de la société. En mars 1968, l’éditorialiste Pierre Viansson-Ponté publie dans le journal Le Monde un article prophétique intitulé « La France s’ennuie », soulignant le décalage entre la stabilité apparente du régime et les aspirations de la jeunesse. Ce texte, largement diffusé, témoigne du rôle de la presse écrite comme baromètre social, capable de détecter les tensions souterraines que la télévision ignore délibérément.
De plus, l’émergence d’une culture jeune, nourrie par la musique anglo-saxonne et les mouvements contestataires internationaux (guerre du Vietnam, printemps de Prague), ne trouve pas d’écho dans les médias officiels. Les jeunes se tournent alors vers d’autres sources d’information, notamment les radios périphériques, qui, bien que surveillées, émettent depuis l’étranger (Luxembourg, Sarre, Monaco) et échappent partiellement à la censure directe. C’est dans ce contexte de frustration et de soif de vérité que la crise de mai va éclater, transformant les médias en acteurs directs du conflit.
📰 L’explosion de la presse écrite et des tracts
📌 La presse quotidienne : miroir des divisions
Dès le début des événements, la presse quotidienne nationale joue un rôle crucial dans la narration de la crise, mais chaque titre propose une lecture radicalement différente des événements. Le Figaro, journal conservateur, condamne fermement les violences étudiantes et soutient la légitimité du gouvernement, qualifiant souvent les manifestants de « casseurs » ou d’agitateurs irresponsables. À l’opposé, l’attitude de la presse communiste, notamment L’Humanité, est d’abord ambivalente : le Parti communiste français (PCF) se méfie de ces étudiants « petits-bourgeois » et « gauchistes » qui échappent à son contrôle, avant de rallier le mouvement lorsque la grève ouvrière se généralise.
Au centre du jeu, Le Monde s’impose comme le journal de référence pour comprendre la complexité de la situation. Ses journalistes, présents sur le terrain, offrent des analyses détaillées et donnent la parole aux intellectuels favorables au mouvement. Les tirages de la presse quotidienne s’envolent : les Français se ruent sur les kiosques pour tenter de comprendre ce qui se passe, les journaux étant souvent plus réactifs et plus libres que la télévision. Cependant, la distribution est parfois perturbée par les grèves des transports et des imprimeries, obligeant les rédactions à des tours de force logistiques pour paraître. Pour mieux saisir l’histoire longue des rapports entre politique et médias, n’hésite pas à lire notre article sur l’histoire politique et les médias.
📌 La presse alternative et les journaux muraux
La véritable explosion médiatique de Mai 68 réside dans la naissance d’une presse parallèle, militante et totalement débridée. On assiste à une multiplication phénoménale de journaux éphémères, comme L’Enragé ou Action, qui tirent à des dizaines de milliers d’exemplaires et se vendent à la criée dans les rues. Ces publications, souvent satiriques et virulentes, n’hésitent pas à caricaturer le Général de Gaulle et à appeler à l’insurrection. Elles comblent le vide laissé par les médias traditionnels et permettent aux différents groupuscules (trotskistes, maoïstes, anarchistes) de diffuser leurs idées.
Parallèlement, un phénomène unique se développe : le « journal mural ». À la Sorbonne occupée et au théâtre de l’Odéon, les murs se couvrent d’affiches, de textes manuscrits, de poèmes et de slogans. C’est une forme de média immédiat et participatif, ancêtre analogique de nos réseaux sociaux actuels. Chacun peut écrire, répondre, contester. Les tracts, imprimés jour et nuit sur des ronéotypes de fortune, inondent Paris. On estime que plusieurs millions de tracts ont été distribués en quelques semaines, créant un réseau d’information horizontal qui échappe totalement au contrôle de l’État et de la police. Tu peux faire un parallèle intéressant avec l’époque moderne en lisant notre analyse sur les réseaux sociaux et l’opinion.
📌 Les intellectuels et la plume engagée
La presse écrite de Mai 68 est aussi le théâtre d’un engagement intellectuel intense. De grandes figures littéraires et philosophiques comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou Maurice Blanchot prennent la plume pour soutenir les étudiants. Sartre réalise notamment une interview célèbre de Daniel Cohn-Bendit dans Le Nouvel Observateur, donnant ainsi une légitimité politique et intellectuelle au leader étudiant que le gouvernement tentait de criminaliser. Ces tribunes ne sont pas de simples commentaires ; elles sont des actes politiques qui incitent à la mobilisation.
Des revues plus confidentielles deviennent soudain des lectures de masse. La soif de théorie, de compréhension du monde et de nouveaux modèles sociaux pousse les manifestants à lire avidement. Cette effervescence intellectuelle se traduit par une liberté de ton absolue, brisant les tabous moraux et politiques de la vieille France. C’est dans ce creuset de la presse alternative que se formeront les futures équipes rédactionnelles de journaux qui naîtront après 68, comme Libération.
📻 La « révolution du transistor » : le direct
📌 Les radios périphériques : la voix de l’événement
Si la télévision a raté le rendez-vous de Mai 68, la radio en a été le cœur battant. On parle souvent de « révolution du transistor » pour désigner ce moment. Les radios périphériques, principalement Europe n°1 (aujourd’hui Europe 1) et RTL (Radio Téléembourg), ont joué un rôle décisif. Grâce à des équipements plus légers et mobiles (les voitures-radio et les premiers émetteurs portables), les journalistes peuvent descendre au cœur des manifestations et transmettre en direct, ce qui est une nouveauté absolue pour l’époque.
Les Français découvrent, stupéfaits, le bruit des grenades lacrymogènes et les cris des manifestants en temps réel dans leur salon ou leur cuisine. Ces radios ne dépendent pas directement de l’État français (bien que l’État possède des parts financières via la Sofirad), ce qui leur offre une marge de manœuvre éditoriale bien plus grande que l’ORTF. Elles deviennent la source d’information principale pour des millions d’auditeurs qui n’ont plus confiance en la télévision officielle. C’est une préfiguration de l’info en continu. Pour voir comment ce désir de liberté audio a perduré, découvre l’histoire des radios libres.
📌 Le guidage des manifestations par les ondes
Le rôle des radios va bien au-delà du simple reportage : elles deviennent actrices de l’événement. Lors de la « nuit des barricades » du 10 au 11 mai 1968, les manifestants écoutent la radio sur leurs transistors portables pour savoir où se positionnent les CRS (Compagnies Républicaines de Sécurité). Les journalistes, parfois involontairement, renseignent les étudiants sur les mouvements de la police. On assiste à une boucle de rétroaction inédite : la rue écoute la radio qui parle de la rue.
Le préfet de police, Maurice Grimaud, s’en plaindra amèrement, accusant les radios périphériques d’organiser l’émeute. Le gouvernement tentera même de brouiller les fréquences ou de couper les liaisons des voitures-radio, mais sans succès total. Des journalistes célèbres, comme ceux d’Europe 1, inventent un nouveau style de journalisme, immersif et empathique, parfois accusé de sympathie envers les émeutiers. Cette interaction directe entre média et action collective est une première dans l’histoire des mouvements sociaux en France.
📌 La riposte du pouvoir : pression sur les ondes
Face à cette liberté de ton jugée intolérable, le pouvoir gaulliste tente de reprendre la main. Les pressions sur les directions des radios périphériques se multiplient. Des menaces de révocation de licence ou de coupures budgétaires sont brandies. Cependant, l’audience est telle que les radios ne peuvent se permettre de censurer totalement l’événement sans perdre toute crédibilité. C’est un jeu d’équilibriste permanent entre le devoir d’informer, la pression de la rue qui exige la vérité, et les menaces de l’Élysée.
Ce moment cristallise la tension entre le pouvoir politique et le journalisme de terrain. Il révèle aussi l’impuissance de l’État face à la technologie moderne (le transistor portable) qui permet à l’information de circuler plus vite que les ordres officiels. C’est une leçon que les gouvernements successifs retiendront : la maîtrise du direct est un enjeu de souveraineté politique.
🎨 La guerre des images et la grève de l’ORTF
📌 L’Atelier Populaire des Beaux-Arts : l’image comme arme
Pendant que la presse écrite et la radio relatent les faits, une autre forme de média visuel émerge : l’affiche militante. L’École des Beaux-Arts est occupée dès le 14 mai et se transforme en Atelier Populaire. Les étudiants et artistes y produisent jour et nuit des milliers d’affiches en sérigraphie, une technique rapide et peu coûteuse. Ces affiches ne sont pas signées par des auteurs individuels, elles sont l’expression collective du mouvement.
Des slogans iconiques comme « La chienlit, c’est lui » (avec l’ombre de De Gaulle), « La police vous parle tous les soirs à 20h » (critique de l’ORTF), ou « CRS SS » marquent les esprits. Ces images, au graphisme épuré et percutant, sont collées sur tous les murs de Paris. Elles constituent une « contre-propagande » visuelle extrêmement efficace, contournant les circuits traditionnels de diffusion. Elles servent à unifier les revendications et à donner une identité visuelle forte à la révolution de mai. Ces œuvres sont aujourd’hui considérées comme des pièces majeures de l’histoire de l’art politique.
📌 La grande grève de l’ORTF : écrans noirs
L’événement médiatique le plus retentissant de la période reste la grève générale de l’ORTF. À partir du 17 mai, les techniciens, puis les journalistes, entrent en grève, non seulement pour des revendications salariales, mais surtout pour exiger l’indépendance éditoriale et la fin de la censure. Ils réclament un statut garantissant l’autonomie de l’information vis-à-vis du pouvoir politique. Pendant plusieurs semaines, les écrans de télévision français restent noirs ou ne diffusent que des programmes minimaux (le « service minimum »).
Cette grève prive le général de Gaulle de son outil de communication favori au moment où il en a le plus besoin. Le gouvernement est contraint d’organiser des conférences de presse sans la puissance de feu habituelle de la télévision d’État. C’est un moment de vérité où les journalistes de l’intérieur du système se rebellent contre leur propre rôle de courroie de transmission. La répression sera sévère : après les élections de juin, une grande épuration aura lieu à l’ORTF, avec le licenciement de dizaines de journalistes grévistes, dont des vedettes de l’écran.
📌 Le photojournalisme : immortaliser l’histoire
Enfin, la presse pendant Mai 68, c’est aussi le triomphe du photojournalisme. Des photographes comme Gilles Caron, Bruno Barbey ou Marc Riboud capturent des images qui deviendront légendaires : Daniel Cohn-Bendit narguant un CRS, la « Marianne de 68 » (la jeune femme au drapeau), ou les pavés volants du Quartier latin. Ces photos sont publiées dans les grands magazines internationaux (Paris Match, Life, Stern) et façonnent la perception mondiale des événements.
L’image fixe possède une force que la télévision censurée ne peut offrir. Elle montre la violence de la répression policière, mais aussi la joie et l’utopie des cortèges. Les magazines hebdomadaires jouent un rôle clé en diffusant ces reportages photos sur double page, offrant un contre-récit visuel à la version gouvernementale qui tente de minimiser l’ampleur de la contestation. Tu peux explorer davantage le lien entre élections et image télévisuelle dans notre article sur la télévision et les élections.
📢 La bataille de l’opinion et la censure
📌 Les stratégies de contournement de la censure
Face à un pouvoir qui tente de verrouiller l’information, les acteurs de Mai 68 déploient une ingéniosité remarquable. La censure ne s’exerce pas seulement à l’ORTF, mais aussi par la saisie de journaux. Le gouvernement interdit certains numéros de la presse d’extrême gauche, mais cela a souvent un « effet Streisand » avant l’heure : l’interdiction accroît la curiosité et la demande. Les militants organisent des circuits de distribution clandestins, cachant les journaux dans des voitures banalisées pour passer les barrages de police.
De plus, l’information circule par le téléphone arabe, les assemblées générales (AG) dans les facultés et les usines occupées. La parole orale redevient un média de masse. Les meetings politiques sont des lieux d’information où l’on vient écouter ce que la presse ne dit pas. Cette méfiance envers les médias officiels crée une culture critique durable chez une partie de la population, qui apprend à décrypter les discours dominants et à chercher l’information à la source.
📌 Le retournement de l’opinion publique
La bataille médiatique de Mai 68 se joue aussi sur le terrain de l’opinion publique. Au début, la sympathie pour les étudiants est réelle, relayée par les radios qui diffusent les témoignages de brutalités policières. Cependant, au fil des semaines, la lassitude s’installe. La pénurie d’essence, les poubelles non ramassées et la peur du désordre, amplifiées par certains journaux de droite comme France-Soir ou Le Figaro, font basculer une partie de la classe moyenne vers le désir d’ordre.
Le gouvernement utilise habilement cette fatigue. Lors de son allocution radiodiffusée du 30 mai (car la TV est en grève ou peu fiable), De Gaulle joue sur la dramatisation, évoquant le risque de « dictature totalitaire ». Ce discours, purement audio, a un impact psychologique massif, déclenchant la grande manifestation de soutien sur les Champs-Élysées. C’est la preuve que même sans image, la maîtrise du verbe et du canal radio reste une arme politique redoutable. Pour une mise en perspective moderne sur la manipulation de l’info, regarde notre sujet sur Internet et les fake news.
📌 Le rôle ambivalent de l’AFP
L’Agence France-Presse (AFP), organisme au statut particulier (autonome mais lié à l’État), se trouve aussi au cœur de la tempête. Ses dépêches sont la matière première de tous les journaux et radios. Pendant Mai 68, les journalistes de l’AFP luttent pour maintenir une neutralité factuelle, refusant d’être la voix du gouvernement. Leurs informations minute par minute sont vitales pour les rédactions du monde entier.
Cependant, des pressions s’exercent pour retarder ou adoucir certaines nouvelles concernant les violences policières. La crédibilité de l’agence est en jeu. Finalement, l’AFP réussira globalement à maintenir son statut de source fiable, contrairement à l’ORTF qui sortira discréditée de la crise. Cela montre que l’indépendance journalistique est un combat constant en période de crise politique majeure.
🚀 L’héritage médiatique de Mai 68
📌 La naissance d’une nouvelle presse : Libération et Charlie
L’après-Mai 68 voit une transformation radicale du paysage de la presse française. L’expérience de la parole libre ne peut être refermée. De nombreux journalistes et intellectuels, frustrés par les carcans traditionnels, lancent de nouveaux titres. Le plus emblématique est sans doute Libération, fondé en 1973 sous l’égide de Jean-Paul Sartre, qui se veut l’héritier direct de l’esprit de Mai : donner la parole au peuple, sans publicité, avec une gestion collective. C’est l’enfant direct de la « presse d’action » de 68.
Dans le domaine de la satire, l’esprit de L’Enragé perdure avec la naissance de Hara-Kiri Hebdo, qui deviendra Charlie Hebdo après avoir été interdit pour une couverture irrévérencieuse sur la mort du Général de Gaulle (« Bal tragique à Colombey : 1 mort »). Cette presse irrévérencieuse, qui mélange enquête, caricature et critique sociale, est un pur produit de la libération des mœurs et de la parole initiée en mai.
📌 Vers la fin du monopole de l’ORTF
Si le pouvoir gaulliste reprend le contrôle de l’ORTF juste après les événements (licenciements massifs, reprise en main de l’information), le ver est dans le fruit. La crédibilité du monopole est atteinte. La société française, modernisée, ne supporte plus une télévision aux ordres. Les années 1970 seront marquées par une lente marche vers l’éclatement de l’ORTF (en 1974 sous Giscard d’Estaing, création de TF1, Antenne 2, FR3) et une relative libéralisation, même si le poids politique reste fort.
Les radios périphériques, fortifiées par leur succès de mai 68, continuent de gagner des parts de marché et imposent un style plus direct, forçant les radios publiques à se moderniser. C’est le début d’une longue évolution qui mènera, en 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, à la fin du monopole d’État et à la légalisation des radios libres, réalisant enfin l’une des promesses non tenues de 1968.
📌 Une leçon pour l’histoire des médias
En conclusion, la presse pendant Mai 68 nous enseigne que les crises politiques sont toujours des accélérateurs de mutation médiatique. Quand les institutions se figent, la société invente ses propres canaux de communication (affiches, radios, journaux sauvages). Mai 68 a prouvé qu’on ne peut pas gouverner une société moderne en contrôlant l’information de manière verticale. C’est une leçon toujours actuelle à l’heure des réseaux sociaux, où chaque citoyen est potentiellement un média. Pour aller plus loin sur ces dynamiques, tu peux consulter des ressources éducatives sur Lumni ou sur le site de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) qui regorgent d’archives de cette période fascinante.
🧠 À retenir sur la presse pendant Mai 68
- La radio (Europe 1, RTL) joue un rôle central grâce au direct : c’est la « révolution du transistor » qui informe manifestants et policiers.
- L’ORTF (télévision d’État) est paralysée par une grève historique des journalistes et techniciens dénonçant la censure gouvernementale.
- La presse écrite explose avec des titres éphémères (L’Enragé) et des journaux muraux, contournant le discours officiel.
- Les affiches de l’Atelier Populaire (Beaux-Arts) créent une identité visuelle forte (« La chienlit », « CRS SS »).
- Cet événement marque le début de la fin du monopole d’État sur l’info et prépare la naissance de journaux comme Libération.
❓ FAQ : Questions fréquentes sur la presse et Mai 68
🧩 Quel a été le rôle précis des radios périphériques ?
Les radios périphériques (Europe 1, RTL) émettaient depuis l’étranger et échappaient à la censure directe. Elles ont couvert les manifestations en direct grâce aux voitures-radio, permettant aux étudiants de suivre les mouvements de la police, ce qui a valu à ces radios d’être accusées de complicité par le pouvoir.
🧩 Pourquoi l’ORTF s’est-elle mise en grève ?
Les employés de l’ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) se sont mis en grève non seulement pour des salaires, mais surtout pour exiger l’indépendance éditoriale face au ministère de l’Information qui dictait le contenu des journaux télévisés. Cette grève a duré plusieurs semaines.
🧩 Qu’est-ce que l’Atelier Populaire ?
C’est l’organisation mise en place par les étudiants et artistes occupant l’École des Beaux-Arts de Paris. Ils y produisaient chaque jour des milliers d’affiches sérigraphiées avec des slogans percutants pour soutenir le mouvement et contrer la propagande gouvernementale.
🧩 Comment le gouvernement a-t-il réagi face aux médias ?
Le gouvernement a tenté de censurer, de brouiller les fréquences radios et de menacer les directions des médias. Après la crise, en juin et juillet 1968, une répression sévère a eu lieu à l’ORTF avec le licenciement de nombreux journalistes grévistes.
