🧭 Charles de Gaulle : chef d’État, institutions et « grandeur » (1958–1969)

🎯 Pourquoi Charles de Gaulle est-il emblématique ?

Figure majeure du XXe siècle, Charles de Gaulle incarne à la fois la Résistance, la refondation institutionnelle et une certaine idée de la France. D’abord, son retour au pouvoir en 1958 débouche sur une Constitution rénovée qui rééquilibre l’exécutif. Ensuite, il façonne une pratique présidentielle originale, analysée dans notre page sur la place du président. Enfin, de Mai 68 à son départ en 1969, son héritage nourrit encore les débats que nous éclairons dans l’article « Mai 68 et réformes ».

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre : le contexte et la trajectoire qui mènent de Gaulle au pouvoir en 1958.

📜 Contexte et trajectoire (1940–1958)

🗣️ Appel, Résistance et légitimité (1940–1944)

En juin 1940, alors que la France s’effondre, Charles de Gaulle lance depuis Londres son appel à poursuivre le combat. Très vite, il construit une légitimité fondée sur la continuité de l’État et l’indépendance nationale. De plus, il fédère la Résistance intérieure et extérieure, ce qui lui permet de peser à la Libération. Pour situer l’ampleur de l’effort militaire et politique, revois notre synthèse sur la Seconde Guerre mondiale.

🏛️ Gouvernement provisoire et projet d’État fort (1944–1946)

À Paris libéré, de Gaulle dirige le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Il rétablit la légalité républicaine, engage des nationalisations et fonde la Sécurité sociale. Cependant, il refuse la logique d’assemblée unique et la prépondérance des partis. Ainsi, il démissionne en 1946, dénonçant un « régime des partis » qui paralyse l’action publique. Pour comprendre ce qu’il contestait, vois notre article sur les réformes institutionnelles.

⛰️ La « traversée du désert » et l’idée de la Ve République (1946–1957)

Écarté des responsabilités, de Gaulle n’abandonne pas le terrain des idées. À Bayeux (1946), puis à Épinal, il esquisse une architecture institutionnelle qui inspirera la future Ve République : un exécutif stable, un président arbitre au-dessus des partis, et des contre-pouvoirs équilibrés. Par conséquent, sa critique de l’instabilité ministérielle de la IVe République gagne progressivement en audience, surtout lorsqu’éclate la crise algérienne.

🌍 Crise algérienne et rappel (1958)

En 1958, l’impasse politique et militaire en Algérie provoque une crise majeure. À Alger, le Comité de salut public réclame de Gaulle. Celui-ci se déclare « prêt à assumer les pouvoirs de la République », mais exige un cadre légal. Ainsi, le Parlement l’investit et lui confie l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Tu peux retrouver l’architecture détaillée de ce texte dans notre page dédiée à la Constitution de 1958.

🧭 Une certaine idée de la France

Du 18 Juin à 1958, un fil conducteur se dessine : l’indépendance nationale, la primauté de l’État, et une magistrature présidentielle forte mais encadrée. Par ailleurs, la souveraineté populaire doit s’exprimer par le référendum, instrument central du gaullisme. Cette cohérence idéologique explique la pratique du pouvoir qu’il mettra en œuvre entre 1958 et 1969, que nous analysons aussi dans « la place du président » et, pour la séquence finale, dans « Mai 68 et réformes ».

🔗 Pour aller plus loin (repères de sources)

Pour les textes fondateurs (discours de Bayeux, 1946), consulte la sélection proposée par la Fondation Charles de Gaulle. Tu y trouveras des repères utiles pour saisir la logique des institutions à venir.

🏛️ Retour au pouvoir et Constitution de 1958

🚨 La crise de 1958 : impasse algérienne et blocage institutionnel

Au printemps 1958, la IVe République est paralysée par l’instabilité ministérielle et la guerre d’Algérie. À Alger, des comités civils et militaires réclament l’arrivée de Charles de Gaulle. Dans ce contexte, il affirme être prêt à « assumer les pouvoirs de la République », mais uniquement dans la légalité. Le Parlement l’investit le 1er juin 1958 et l’autorise à préparer une nouvelle Constitution. Pour replacer cette étape dans le cadre général, vois notre synthèse Histoire de la Ve République.

🧩 La rédaction : Debré, le Conseil d’État et le Comité consultatif

Sous l’impulsion de de Gaulle, Michel Debré pilote la rédaction avec le concours du Conseil d’État et d’un Comité consultatif constitutionnel. L’objectif est clair : bâtir un exécutif stable, un président arbitre doté d’outils d’autorité, et un gouvernement responsable devant l’Assemblée. Cette architecture répond aux critiques formulées depuis Bayeux. Pour une lecture structurée des principes et des articles-clés, consulte notre page dédiée à la Constitution de 1958.

🗳️ Le référendum du 28 septembre 1958

Le projet est soumis au peuple par référendum (article 11) et adopté largement le 28 septembre 1958. La Ve République naît officiellement le 4 octobre, date de promulgation du texte. Ensuite, un calendrier institutionnel s’enchaîne : législatives de novembre 1958, puis élection du président de la République par un large collège (janvier 1959). Pour les documents officiels et les chiffres, tu peux consulter le site du service public Vie-publique.

⚖️ Les équilibres nouveaux : un exécutif renforcé

La Constitution rééquilibre les pouvoirs : le président arbitre nomme le Premier ministre, peut dissoudre l’Assemblée nationale et recourir au référendum. Le gouvernement dispose du pouvoir réglementaire et d’instruments d’engagement de responsabilité. En contrepartie, il reste responsable devant les députés. Ce design vise la stabilité et la continuité de l’État. Pour les effets concrets sur le rôle présidentiel, parcours notre analyse de la place du président.

🛡️ Les « clauses de crise » : articles 16 et 11 en perspective

Le texte prévoit des outils exceptionnels. D’une part, l’article 16 confère des pouvoirs étendus au président lorsque les institutions, l’indépendance de la Nation ou l’intégrité du territoire sont gravement menacées. D’autre part, l’article 11 permet d’organiser des référendums législatifs. Plus tard, ces leviers seront centraux dans la pratique gaullienne, notamment pour l’élection présidentielle au suffrage universel direct décidée en 1962, que nous aborderons au chapitre suivant.

🔄 Du texte à la pratique : 1959 inaugure un style présidentiel

Élu en 1959 par le collège électoral, Charles de Gaulle met en scène un président « au-dessus des partis », parlant directement à la Nation et usant du référendum comme validation populaire. Ce choix marquera la durée, comme l’illustre l’évolution de la fonction dans notre page « Présidents marquants ». En outre, cette pratique éclaire les réformes ultérieures, étudiées dans « Réformes institutionnelles ».

📚 Pour vérifier les textes

Pour le texte consolidé et les décisions majeures, vois le Conseil constitutionnel. Cette ressource t’aide à relier dispositions et usages, un bon réflexe pour l’oral comme pour l’écrit.

⚖️ Gouverner sous la Ve République

🧭 Le « couple exécutif » : Président arbitre, Premier ministre chef d’orchestre

De 1959 à 1969, Charles de Gaulle installe une pratique où le Président fixe le cap et arbitre, tandis que le Premier ministre conduit la politique de la Nation. Michel Debré, puis Georges Pompidou, traduisent ce cap en réformes concrètes. Ainsi, l’exécutif parle d’une seule voix, ce qui tranche avec l’instabilité de la IVe République (voir réformes institutionnelles). Pour les pouvoirs formels, revois la Constitution de 1958.

🗳️ Le référendum comme lien direct avec le peuple

De Gaulle conçoit le référendum comme une validation populaire des grandes orientations. En 1961–1962, il l’utilise dans le cadre algérien ; en 1962, il recourt à l’article 11 pour instaurer l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Par conséquent, la fonction présidentielle gagne une légitimité nouvelle, éclairant la « place du président » au cœur des institutions. En 1969, l’échec d’un référendum entraîne sa démission : la consultation engage aussi la responsabilité politique du chef de l’État.

🏛️ Rapport au Parlement : censure, dissolution et majorité

En octobre 1962, l’Assemblée censure le gouvernement Pompidou. De Gaulle riposte en dissolvant la Chambre, puis gagne les législatives. Ce moment fondateur montre que l’équilibre voulu par 1958 fonctionne : le gouvernement reste responsable devant les députés, mais le Président peut renvoyer la décision au corps électoral. Ensuite, la majorité gaulliste (UNR puis UDR) se structure et soutient l’action exécutive, comme on le voit dans Présidents marquants.

🛡️ Pouvoirs exceptionnels et gestion des crises

Face au putsch d’avril 1961, de Gaulle active l’article 16 pour garantir la continuité de l’État. Cet usage, limité dans le temps, illustre sa doctrine : l’exception n’a de sens que pour sauver le cadre légal. De plus, l’autorité présidentielle se manifeste par des messages à la Nation, des conférences de presse ritualisées et une communication maîtrisée, au service d’une « politique de grandeur ».

📺 Présidence d’incarnation : parole rare, mise en scène de l’État

Le style gaullien combine sobriété et solennité : adresses télévisées, formules marquantes, voyages en province. Ainsi, la présidence devient une magistrature d’influence qui cadre l’action gouvernementale. En 1965, la première élection présidentielle au suffrage universel direct (de Gaulle réélu au second tour) confirme cette incarnation. Pour le contexte global, vois notre page Histoire de la Ve République.

⚙️ Outils gouvernementaux et programmation

Côté Matignon, le gaullisme s’appuie sur la planification, des ordonnances et un calendrier de réformes cadencé. L’objectif est la stabilité, mais aussi l’efficacité : décider vite, exécuter clairement, évaluer ensuite. Par ailleurs, l’articulation entre Élysée et Matignon se veut discrète : débats en conseil restreint, arbitrages présidentiels, puis mise en musique ministérielle. Cette mécanique sera éprouvée pendant Mai 68 et les réformes, lorsque la rue, l’université et l’usine testent la résilience du système.

🔎 Bilan institutionnel de la pratique gaullienne

Entre 1959 et 1969, la Ve République trouve ses marques : stabilité ministérielle, exécutif fort, référendum comme levier démocratique, dissolution comme sortie de crise, et élection présidentielle centrale. Toutefois, cette verticalité suscite des critiques (personnalisation du pouvoir, faible rôle des partis), débats que nous mettons en perspective dans la place du président. Ces tensions réapparaîtront lors de la séquence de 1968.

🌍 Politique étrangère et décolonisation

🧭 Doctrine : indépendance nationale et « grandeur »

Pour Charles de Gaulle, la France doit parler d’égal à égal avec les grandes puissances. Ainsi, il construit une politique d’indépendance fondée sur la souveraineté, l’autonomie stratégique et la capacité nucléaire. Cette ligne n’est pas isolationniste : elle vise au contraire à rendre la voix française audible dans les crises internationales, comme nous le replaçons dans l’histoire de la Ve République.

🇪🇺 L’Europe selon de Gaulle : coopération des États et crises fondatrices

Favorable à une « Europe des États », de Gaulle soutient le Marché commun mais refuse toute supranationalité trop intégrée. Par conséquent, la crise de la chaise vide (1965–1966) aboutit au compromis de Luxembourg, qui réaffirme l’unanimité quand des « intérêts très importants » sont en jeu. En outre, il oppose deux vétos à l’entrée du Royaume-Uni (1963 et 1967), redoutant une Europe trop atlantiste. À l’inverse, il scelle la réconciliation franco-allemande avec le Traité de l’Élysée (1963), socle durable que nous retrouvons dans « Présidents marquants ».

🕊️ Décolonisation : Algérie et Afrique

Revenu au pouvoir en 1958, de Gaulle affronte la guerre d’Algérie dans un contexte explosif. Après avoir posé le droit à l’autodétermination, il conduit les négociations qui mènent aux accords d’Évian et à l’indépendance algérienne en 1962. Parallèlement, la plupart des territoires d’Afrique subsaharienne accèdent à l’indépendance en 1960, dans une logique de transition organisée depuis la Communauté française. Cette séquence redéfinit en profondeur la place de la France dans le monde, thème que tu peux croiser avec notre page « Réformes institutionnelles ».

🛡️ Défense : dissuasion et positionnement atlantique

La « force de frappe » (dissuasion nucléaire) est un pilier de l’autonomie stratégique voulue par Charles de Gaulle. En 1966, la France quitte le commandement intégré de l’OTAN tout en restant alliée, récupère ses bases et réorganise son dispositif national. Dès lors, l’armée et l’industrie de défense sont alignées sur l’objectif d’indépendance, ce qui conditionne durablement la posture stratégique de la Ve République (voir la place du président).

🌏 Ouvertures mondiales : Chine, Vietnam, Québec, Moyen-Orient

Pour marquer l’autonomie française, de Gaulle reconnaît la Chine populaire en 1964, avant la plupart des alliés occidentaux. En 1966, à Phnom Penh, il appelle à une solution politique au conflit vietnamien. En 1967, son « Vive le Québec libre ! » souligne un soutien au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais irrite Ottawa. La même année, après la guerre des Six-Jours, il lance une politique arabe plus équilibrée et décrète un embargo sur les armes à destination d’Israël ; sa formule sur un « peuple d’élite, sûr de lui et dominateur » déclenche un vif débat en France et à l’étranger.

🔎 Bilan : cohérence et controverses

La politique étrangère de Charles de Gaulle présente une forte cohérence : souveraineté, dissuasion, Europe intergouvernementale, voix singulière dans le monde. Cependant, plusieurs choix restent discutés (vétos britanniques, propos de 1967, sortie du commandement intégré). En définitive, la « grandeur » gaullienne a redéfini des cadres qui structurent encore la diplomatie française, comme tu le verras dans nos chapitres sur Mai 68 et les réformes et sur l’histoire de la Ve République.

📚 Repères pour vérifier

Pour des fiches claires sur 1966 et l’OTAN ou la reconnaissance de la Chine (1964), consulte Vie-publique, et pour les discours et archives, la Fondation Charles de Gaulle.

⚙️ Modernisation économique et sociale

📈 Planification et cap gaullien

Sous Charles de Gaulle, la France s’appuie sur la planification pour soutenir la croissance des « Trente Glorieuses ». Le Commissariat au Plan fixe des objectifs sectoriels : productivité, exportations, infrastructures. Ainsi, l’État coordonne banques publiques, grandes entreprises et ministères, tout en laissant de l’espace à l’initiative privée. Cette méthode vise l’efficacité et la souveraineté, deux marqueurs que l’on retrouve dans sa pratique des institutions (voir la place du président).

🏭 Politique industrielle : champions nationaux et technologies

Le gaullisme économique mise sur des filières stratégiques : aéronautique (Caravelle, puis lancement du programme Concorde), espace (création du CNES en 1961), nucléaire civil (déploiement par EDF et le CEA), électronique et informatique (Plan Calcul, 1966). Par conséquent, l’État oriente le crédit, protège l’investissement et soutient l’exportation. De plus, la diplomatie économique accompagne ces paris technologiques, en cohérence avec l’autonomie stratégique décrite au chapitre Politique étrangère.

🛣️ Aménagement du territoire : connecter et équilibrer

Pour réduire les déséquilibres entre Paris et la province, l’État développe autoroutes, ports, zones industrielles et métropoles d’équilibre. La création de la DATAR (1963) structure l’action publique : attirer l’investissement, moderniser les régions et coordonner les grands chantiers. Ainsi, la modernisation n’est pas seulement sectorielle ; elle est spatiale, afin de diffuser la croissance. Cette logique d’arbitrage centre–périphérie éclaire aussi des réformes étudiées dans Réformes institutionnelles.

🚜 Agriculture : productivisme et Europe

Dans les campagnes, remembrement, mécanisation et coopératives transforment le travail. L’entrée dans la Politique agricole commune (1962) garantit prix et débouchés, accélérant la modernisation mais aussi l’exode rural. Par ailleurs, l’agroalimentaire s’industrialise et exporte davantage. Cette mutation, soutenue par le crédit agricole et la formation, illustre la capacité de l’État à négocier des cadres européens compatibles avec son projet national.

🎓 Éducation et société : massification et tensions

L’ordonnance Berthoin (1959) porte la scolarité obligatoire à 16 ans, tandis que la réforme Fouchet (1963) réorganise le secondaire (CES) et prépare l’essor du lycée. Les effectifs universitaires explosent ; amphithéâtres et cités U peinent à suivre. Dans le même temps, la télévision publique réformée en ORTF (1964) devient un vecteur majeur d’information et de culture, portée par l’action d’André Malraux (Maisons de la Culture). Cependant, la massification crée de nouveaux besoins de représentation et de participation, dont l’onde de choc culminera en Mai 68 et réformes.

💶 Finances publiques, monnaie et pouvoir d’achat

À partir de 1958–1959, le plan Rueff–Pinay stabilise les comptes, restaure la confiance et soutient la convertibilité. Le nouveau franc clarifie l’affichage monétaire ; le SMIG sert de repère salarial et fait l’objet de revalorisations. De plus, l’État arbitre entre désinflation et investissement pour préserver la compétitivité. Cette stratégie finance les grands programmes, tout en maintenant le cap d’indépendance cher à Charles de Gaulle.

🏥 Protection sociale et participation

Les ordonnances de 1967 réorganisent la Sécurité sociale en trois branches (maladie, famille, vieillesse). En parallèle, de Gaulle promeut l’idée de participation des salariés aux fruits de l’expansion : intéressement et épargne d’entreprise esquissent un « troisième voie » entre capital et travail. Néanmoins, ces dispositifs peinent à répondre à des aspirations plus larges à l’autonomie, à la parole et aux droits, qui s’exprimeront avec force en 1968.

🔎 Bilan : moderniser pour rester souverain

La modernisation gaullienne combine planification, grands programmes et aménagement. Elle élève la productivité, internationalise l’économie et équipe le territoire. Toutefois, la massification scolaire, l’urbanisation rapide et les transformations du travail créent des frictions sociales. En définitive, l’ambition d’autonomie et d’efficacité qui définit Charles de Gaulle se heurte à de nouvelles attentes démocratiques, qu’éclaire la séquence Mai 68.

🔥 Mai 68, référendums et départ

🎓 Des campus aux usines : étincelle et embrasement

Au printemps 1968, des mobilisations étudiantes contre l’encadrement universitaire et pour plus d’autonomie s’étendent rapidement. Bientôt, les grèves gagnent les usines : plusieurs millions de salariés cessent le travail. Cette crise sociale et générationnelle révèle les limites d’un pays modernisé mais traversé par des attentes nouvelles en matière de libertés, de participation et de conditions de vie (voir « Mai 68 et réformes »).

🤝 Accords de Grenelle et reprise en main

Les Accords de Grenelle (27 mai 1968) actent des hausses salariales et des avancées sociales, mais ne suffisent pas d’emblée à rétablir le calme. Le 30 mai, Charles de Gaulle annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et appelle aux urnes. La démonstration de force gaulliste dans la rue et le retour à l’ordre marquent un tournant : en juin, les gaullistes remportent une large majorité, confirmant la résilience des institutions issues de la Constitution de 1958.

🗳️ 1969 : réforme, référendum… et départ

Fidèle à sa conception du lien direct avec le peuple, de Gaulle soumet en avril 1969 un projet de régionalisation et de réforme du Sénat par référendum. Il conditionne son maintien à l’Élysée à la victoire du « oui ». Or, le « non » l’emporte ; aussitôt, il démissionne. Cette sortie illustre sa pratique : le référendum comme arbitrage populaire ultime (voir la place du président).

🔁 Héritage immédiat : continuités et inflexions

L’élection qui suit porte Georges Pompidou à la présidence (1969). La Ve République se poursuit, tout en infléchissant la méthode. Néanmoins, l’architecture institutionnelle, la centralité de l’élection présidentielle et la logique d’autonomie stratégique demeurent. Pour replacer ce passage de témoin dans la longue durée, revois notre synthèse « Présidents marquants » et notre panorama Histoire de la Ve République.

🧩 Sens politique de 1968 dans le gaullisme

1968 révèle une tension clé du gaullisme : un État modernisateur et efficace face à des aspirations accrues à la participation et à la parole. En conséquence, la victoire législative de juin ne dissipe pas le besoin d’adapter la représentation, l’entreprise et l’université. La séquence 1968–1969 clôt le « moment de Gaulle » au pouvoir, sans clore le débat sur l’équilibre entre autorité et participation dans la Ve République.

🧠 À retenir

  • 1958 : retour de Charles de Gaulle et Constitution de 1958 → exécutif stabilisé, président arbitre, référendum et possibilité de dissolution.
  • 1962 : référendum (art. 11) → élection présidentielle au suffrage universel direct ; l’incarnation présidentielle devient centrale (place du président).
  • Algérie : autodétermination puis accords d’Évian (1962). Décolonisation accélérée en Afrique dans le cadre de la Communauté française.
  • Politique étrangère : Europe des États (vétos britanniques, 1963 & 1967), Traité de l’Élysée (1963), reconnaissance de la Chine (1964), sortie du commandement intégré de l’OTAN (1966), « Vive le Québec libre ! » (1967).
  • Modernisation : planification, grands programmes (nucléaire, aéronautique, espace avec le CNES), Plan Calcul, aménagement du territoire (DATAR), réformes scolaires (Berthoin, Fouchet), ORTF.
  • Gouvernance : couple exécutif Président–Premier ministre (Debré, Pompidou), usage des référendums, article 16 en 1961 pour la continuité de l’État.
  • Mai 68 : crise sociale et générationnelle ; Accords de Grenelle, dissolution, victoire législative gaulliste mais question du dialogue social relancée (Mai 68 et réformes).
  • 1969 : référendum sur la régionalisation et le Sénat perdu → démission immédiate. La Ve République poursuit sa route, structurellement marquée par l’héritage gaullien.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur Charles de Gaulle (Ve République)

Pourquoi De Gaulle utilise-t-il l’article 11 en 1962 pour l’élection présidentielle ?

Il privilégie l’article 11 (référendum législatif) pour instaurer l’élection du président au suffrage universel direct, estimant que la question concerne l’organisation des pouvoirs publics et doit être tranchée par le peuple. Ce choix contourne l’article 89 (révision constitutionnelle classique) et nourrit une controverse juridique, mais il est validé politiquement par l’approbation populaire. Revois la Constitution de 1958 et la place du président.

La France a-t-elle « quitté l’OTAN » en 1966 ?

Non. La France quitte le commandement intégré en 1966 mais reste membre de l’Alliance. Elle recouvre la pleine maîtrise de ses bases et de sa planification, en cohérence avec l’autonomie stratégique défendue par De Gaulle. Cette ligne est expliquée dans notre partie Politique étrangère.

Quelle est la vision européenne de De Gaulle ?

Il défend une Europe des États (coopération intergouvernementale) et refuse une supranationalité trop forte. D’où la crise de la chaise vide (1965–1966) et les vétos à l’entrée du Royaume-Uni (1963, 1967). À l’inverse, il scelle la réconciliation franco-allemande avec le Traité de l’Élysée (1963). Voir aussi Présidents marquants.

Mai 68 a-t-il durablement affaibli De Gaulle ?

La crise révèle les limites d’un modèle très vertical face à des attentes nouvelles (participation, autonomie, conditions d’études et de travail). Politiquement, De Gaulle reprend la main (dissolution, victoire de juin 1968), mais la légitimité référendaire s’use. Pour le contexte, voir Mai 68 et réformes.

Pourquoi démissionne-t-il en 1969 ?

Il conditionne son maintien à l’Élysée au « oui » au référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Le « non » l’emporte : fidèle à sa conception du lien direct au peuple, il démissionne immédiatement. Relis la logique institutionnelle exposée dans Réformes institutionnelles.

🧩 Quiz — Charles de Gaulle (1958–1969)

1. Comment la Constitution de 1958 est-elle adoptée ?


2. Quelle réforme majeure est décidée en 1962 ?


3. Que prévoit l’article 16 de la Constitution ?


4. En 1966, que décide la France vis-à-vis de l’OTAN ?


5. Les accords d’Évian sont signés en…


6. Le Traité de l’Élysée (1963) est conclu entre la France et…


7. La « crise de la chaise vide » aboutit au…


8. Le référendum d’avril 1969 porte sur…


9. Qui est le premier Premier ministre de De Gaulle en 1959 ?


10. Le « nouveau franc » entre en vigueur en…


11. Quel organisme spatial est créé en 1961 ?


12. Quel instrument De Gaulle privilégie-t-il pour légitimer ses grandes orientations ?


13. « Vive le Québec libre ! » est prononcé en…


14. En 1959, De Gaulle pose le principe de…


15. L’élection présidentielle de 1965 se conclut par…


16. Quel organisme d’aménagement du territoire naît en 1963 ?


17. Quel texte de 1946 exprime la vision institutionnelle de De Gaulle ?


18. Que décide l’Assemblée en octobre 1962 ?


19. De Gaulle oppose deux vétos à l’entrée de quel pays dans la CEE ?


20. L’article 11 de la Constitution permet…


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