🌍 Élargissements successifs et transformation de l’Europe

🎯 Pourquoi les élargissements successifs sont-ils au cœur du projet européen ?

L’histoire de la construction européenne ne se résume pas à une simple addition de pays sur une carte, mais bien à une dynamique complexe d’élargissements successifs qui ont redessiné le continent. Depuis le noyau fondateur des six pays signataires jusqu’à l’Union européenne à vingt-sept membres que nous connaissons aujourd’hui, chaque vague d’adhésion a répondu à des impératifs géopolitiques, économiques et démocratiques précis. En outre, comprendre ce processus est indispensable pour saisir les tensions actuelles entre l’approfondissement des institutions et l’extension géographique de l’Union, un sujet brûlant pour tes révisions d’histoire et de géographie. D’ailleurs, cette évolution pose la question fondamentale des frontières de l’Europe et de son identité politique face aux crises contemporaines.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème et la logique des pères fondateurs.

🏗️ La genèse : l’Europe des Six et la logique initiale

📌 Le noyau dur des Six : une union pour la paix

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est un champ de ruines, traumatisée par les conflits nationalistes qui ont déchiré le continent à deux reprises en trente ans. C’est dans ce contexte dramatique que l’idée d’une unification émerge, non pas comme une utopie lointaine, mais comme une nécessité absolue pour garantir une paix durable. Ainsi, les élargissements successifs que nous étudions aujourd’hui trouvent leur origine dans une initiative restreinte mais audacieuse : la mise en commun des ressources stratégiques. Le 9 mai 1950, la déclaration de Robert Schuman propose de placer la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, ouverte aux autres pays d’Europe. Cette proposition, qui semble technique, est en réalité éminemment politique car elle rend la guerre entre la France et l’Allemagne « non seulement impensable, mais matériellement impossible ».

Concrètement, six pays répondent à l’appel et forment ce que l’on appellera la « Petite Europe » ou l’Europe des Six : la France, la République fédérale d’Allemagne (RFA), l’Italie, et les trois pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Ces nations partagent alors une proximité géographique, des régimes démocratiques rétablis et, surtout, une volonté commune de reconstruction économique face à la menace soviétique qui se précise à l’Est. En signant le traité de Paris en 1951, ils créent la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), posant la première pierre de l’édifice. Par conséquent, la logique initiale n’est pas d’intégrer tout le continent immédiatement, mais de créer une solidarité de fait entre des partenaires choisis.

Plus tard, cette coopération s’approfondit avec les traités de Rome du 25 mars 1957, qui instituent la Communauté économique européenne (CEE). L’objectif est de créer un marché commun où les marchandises, les services et les personnes circulent librement. À ce stade, l’Europe est un club relativement fermé, homogène sur le plan économique, centré sur l’axe rhénan et industriel. Les mécanismes institutionnels sont conçus pour six membres, avec un équilibre subtil entre les grands pays (France, RFA, Italie) et les plus petits (Benelux). Cependant, le succès économique fulgurant des Trente Glorieuses au sein de la CEE va rapidement attirer les convoitises des voisins, enclanchant la dynamique des futurs élargissements.

📌 Le Royaume-Uni : « Je t’aime, moi non plus »

Il est fascinant de noter que le Royaume-Uni, grande puissance européenne, a d’abord refusé de participer à cette construction communautaire. En effet, Londres privilégiait ses liens avec le Commonwealth et les États-Unis, se méfiant de tout projet supranational qui pourrait entamer sa souveraineté parlementaire. Les Britanniques ont même tenté de créer une structure concurrente en 1960, l’Association européenne de libre-échange (AELE), regroupant des pays comme la Suède, la Suisse ou le Portugal, axée uniquement sur le commerce sans intégration politique. Toutefois, face à la croissance économique rapide des Six et au déclin relatif de son propre commerce, le Royaume-Uni finit par changer de stratégie et dépose sa première demande d’adhésion en 1961.

Cependant, l’entrée des Britanniques se heurte à un obstacle de taille : le général Charles de Gaulle. Le président français voit dans le Royaume-Uni le « cheval de Troie » des États-Unis en Europe et craint que l’adhésion britannique ne dénature le projet européen, le transformant en une simple zone de libre-échange atlantiste. De Gaulle oppose donc son veto à deux reprises, en 1963 et en 1967, bloquant net le processus d’élargissement. Cette période montre bien que l’élargissement n’est pas un processus automatique, mais un choix politique majeur qui nécessite l’unanimité des membres. Il faudra attendre le départ de De Gaulle en 1969 et l’arrivée de Georges Pompidou pour que la France lève son veto, ouvrant la voie à la première vague d’adhésion.

🧭 L’ouverture vers le Nord et les îles britanniques (1973)

📌 1973 : L’Europe passe de 6 à 9 membres

Le premier élargissement effectif a lieu le 1er janvier 1973. Trois pays rejoignent alors la CEE : le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark. La Norvège avait également négocié son adhésion et signé le traité, mais le peuple norvégien a rejeté l’entrée dans la Communauté par référendum en 1972, préférant protéger ses ressources halieutiques et son modèle social spécifique. Cet événement est capital car il rappelle que l’adhésion est un processus démocratique qui doit être validé par les peuples ou leurs représentants. Avec l’arrivée de ces trois nouveaux membres, la CEE s’ouvre vers le monde atlantique et l’Europe du Nord, modifiant son centre de gravité géopolitique.

Sur le plan économique, cet élargissement est un succès mitigé à court terme car il coïncide avec le premier choc pétrolier de 1973, qui met fin aux Trente Glorieuses. L’entrée du Royaume-Uni apporte certes une puissance financière et diplomatique majeure, mais elle introduit aussi une culture politique plus libérale et plus sceptique vis-à-vis de l’intégration politique fédérale. Les Britanniques, fidèles à leur pragmatisme, voient avant tout dans la CEE un « grand marché ». Dès 1974, Londres demande une renégociation des conditions d’adhésion, notamment sur sa contribution au budget européen, ce qui aboutira quelques années plus tard au célèbre « I want my money back » de Margaret Thatcher. Ainsi, ce premier des élargissements successifs porte en germe des tensions structurelles qui perdureront jusqu’au Brexit.

Pour l’Irlande, en revanche, l’adhésion est une véritable bénédiction. Pays alors très agricole et pauvre par rapport à la moyenne européenne, l’Irlande bénéficie massivement des aides de la Politique Agricole Commune (PAC) et des fonds structurels européens. L’adhésion lui permet également de s’émanciper économiquement de la tutelle de son voisin britannique. Le cas irlandais deviendra un modèle de réussite de l’intégration européenne, prouvant que l’Union peut être un formidable accélérateur de développement pour les petites nations. De même, le Danemark apporte son modèle social avancé et sa tradition démocratique, renforçant le caractère septentrional de la Communauté.

📌 Les premiers défis institutionnels

Le passage de 6 à 9 membres oblige la Communauté à adapter ses institutions, même si les structures fondamentales restent les mêmes. La Commission européenne s’agrandit pour accueillir des commissaires des nouveaux pays, et le Parlement européen (qui n’est pas encore élu au suffrage universel direct à cette époque) reçoit de nouveaux délégués. Cependant, la prise de décision devient plus complexe. Avec neuf pays autour de la table, les intérêts nationaux divergent plus souvent, et la règle de l’unanimité, alors prédominante pour les décisions importantes, menace de paralyser l’Europe. C’est à cette période que l’on commence à réfléchir à la création du Conseil européen (réunion des chefs d’État et de gouvernement), officialisé en 1974, pour donner des impulsions politiques au plus haut niveau et débloquer les dossiers sensibles.

Ce premier élargissement pose aussi la question de la langue et de la culture administrative. Si le français était la langue dominante de la diplomatie dans l’Europe des Six, l’arrivée du Royaume-Uni marque le début d’une montée progressive de l’anglais comme langue de travail, même si le français reste très influent pendant encore deux décennies. En outre, l’Europe doit désormais gérer des zones de pêche beaucoup plus vastes (Atlantique Nord, Mer du Nord), ce qui conduira à la mise en place d’une Politique Commune de la Pêche. On voit donc que chaque élargissement ne se contente pas d’ajouter des membres, mais étend aussi les compétences et les responsabilités de l’Union.

☀️ L’ancrage démocratique du Sud (années 1980)

📌 1981 : La Grèce, berceau de la démocratie retrouvée

Après l’ouverture au Nord, la CEE se tourne vers le Sud de l’Europe pour des raisons essentiellement politiques. Dans les années 1970, trois pays d’Europe du Sud sortent de longues périodes de dictature : la Grèce (chute du régime des Colonels en 1974), le Portugal (Révolution des Œillets en 1974) et l’Espagne (mort de Franco en 1975). Pour ces jeunes démocraties fragiles, l’adhésion à l’Europe est perçue comme une garantie de stabilité politique et un rempart contre le retour de l’autoritarisme. La CEE, de son côté, considère qu’elle a le devoir moral d’accueillir ces nations pour consolider l’espace démocratique européen.

La Grèce est la première à rejoindre la Communauté le 1er janvier 1981, devenant le 10e État membre. L’adhésion est fortement soutenue par la France, le président Valéry Giscard d’Estaing déclarant qu’on ne peut pas « laisser Platon à la porte de l’Europe ». Pourtant, sur le plan économique, la Grèce est très en retard par rapport au noyau dur européen, avec une inflation élevée et une administration peu efficace. La Commission européenne avait d’ailleurs émis un avis réservé, craignant que l’économie grecque ne soit pas prête à affronter la concurrence du marché commun. La décision politique l’a emporté sur les critères techniques, créant un précédent. L’intégration de la Grèce complexifie aussi la diplomatie européenne en raison des tensions persistantes avec la Turquie voisine.

📌 1986 : La péninsule ibérique rejoint le club

Cinq ans plus tard, le 1er janvier 1986, c’est au tour de l’Espagne et du Portugal de devenir membres, portant l’Union à 12 pays (l’Europe des Douze). Ces négociations ont été particulièrement longues et difficiles, notamment en raison des craintes des agriculteurs français (du Midi) et italiens. En effet, l’Espagne est une grande puissance agricole capable d’inonder le marché européen de fruits, légumes et vins à bas prix, ce qui inquiète les producteurs déjà installés. Il a fallu mettre en place des périodes de transition longues (parfois jusqu’à dix ans) pour certains produits afin d’intégrer progressivement l’agriculture ibérique sans déstabiliser le marché.

L’arrivée de l’Espagne et du Portugal modifie profondément la nature de la CEE. L’Europe devient plus méditerranéenne et s’ouvre davantage vers l’Amérique latine et l’Afrique lusophone. Économiquement, cela accentue les disparités régionales : le niveau de vie au Sud est bien inférieur à celui du Nord. Pour compenser ce déséquilibre et aider les nouveaux entrants à rattraper leur retard (rattrapage économique), l’Europe met en place une politique de cohésion ambitieuse. Les Fonds structurels (comme le FEDER) sont massivement augmentés sous l’impulsion de Jacques Delors pour financer des infrastructures (routes, ponts, assainissement) dans ces régions. C’est le prix de la solidarité pour réussir cet élargissement.

Enfin, l’entrée de ces deux pays marque un succès politique retentissant. L’Europe prouve sa capacité (soft power) à stabiliser des démocraties et à moderniser des économies. L’Espagne, par exemple, connaît un « miracle économique » dans les années qui suivent son adhésion, se modernisant à une vitesse spectaculaire. C’est aussi en 1986 que l’acte unique européen est signé, relançant l’intégration pour préparer le grand marché de 1993, preuve que l’élargissement n’a pas empêché l’approfondissement à ce stade.

❄️ L’intégration des pays « neutres » (1995)

📌 La fin de la Guerre froide change la donne

La chute du Mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1991 bouleversent totalement la géopolitique européenne. Jusqu’alors, plusieurs pays riches et développés d’Europe de l’Ouest étaient restés à l’écart de la CEE en raison de leur statut de neutralité imposé ou choisi durant la Guerre froide. L’Autriche (neutralité constitutionnelle), la Finlande (proche de l’URSS) et la Suède (tradition de non-alignement) ne pouvaient pas rejoindre un bloc qui semblait trop ancré à l’Ouest. Avec la disparition du rideau de fer, cet obstacle géopolitique tombe. Ces pays craignent désormais de se retrouver isolés face au grand marché unique qui se met en place avec le traité de Maastricht (1992).

Le 1er janvier 1995, l’Autriche, la Suède et la Finlande rejoignent donc l’Union européenne (nouvelle dénomination depuis 1993), portant le nombre de membres à 15. La Norvège, une fois de plus, refuse l’adhésion par référendum en 1994, une décision toujours motivée par la souveraineté et la gestion des ressources naturelles (pétrole, pêche). Cet élargissement est souvent qualifié d’élargissement « aisé » ou « riche ». Contrairement aux vagues du Sud, ces trois pays sont prospères, disposent d’économies très compétitives, de standards sociaux élevés et de fortes traditions démocratiques. Ils deviennent immédiatement des contributeurs nets au budget européen, ce qui soulage les finances de l’Union.

📌 Un virage vers l’écologie et la transparence

L’intégration de ces pays nordiques et alpins a un impact qualitatif important sur les politiques européennes. La Suède et la Finlande, ainsi que l’Autriche, sont très en avance sur les questions de protection de l’environnement et de développement durable. Leur arrivée va pousser l’Union européenne à adopter des normes écologiques plus strictes et à devenir un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique. De plus, ces pays apportent une culture de la transparence administrative (l’accès aux documents publics) et de la lutte contre la corruption, influençant positivement les pratiques institutionnelles de Bruxelles.

Sur le plan géopolitique, l’adhésion de la Finlande est symbolique : l’Union européenne partage désormais une longue frontière terrestre directe avec la Russie (plus de 1300 km). Cela oblige l’UE à développer une véritable politique étrangère vers l’Est et le Grand Nord. C’est aussi à ce moment que l’espace Schengen (libre circulation sans contrôle aux frontières) commence à se mettre en œuvre, facilitant la mobilité au sein de cette Europe des Quinze. Avec 15 membres, l’Union atteint une taille critique et une puissance économique comparable à celle des États-Unis, mais elle doit déjà se préparer au défi immense qui se profile : l’intégration des anciens pays communistes de l’Est.

🚀 Le « Big Bang » de 2004 et l’ouverture à l’Est

📌 2004 : Retrouvailles historiques et défi immense

L’élargissement de 2004 est sans aucun doute le plus ambitieux et le plus symbolique de l’histoire de la construction européenne. Il ne s’agit plus seulement d’ajouter quelques pays, mais de réunifier le continent coupé en deux pendant cinquante ans par le Rideau de fer. Après la chute des régimes communistes, les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) manifestent très vite leur volonté de rejoindre l’UE pour ancrer leur transition démocratique et se protéger de l’influence russe. Pour l’Union, c’est un devoir historique, mais aussi un défi économique colossal, car ces pays sont beaucoup plus pauvres que la moyenne communautaire et doivent tout reconstruire : leur système juridique, leur économie de marché et leur administration.

Pour gérer ce processus, l’UE définit en 1993 les critères de Copenhague, que tout candidat doit respecter pour adhérer. Tu dois absolument retenir ces trois conditions : 1. Critère politique : avoir des institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et la protection des minorités. 2. Critère économique : avoir une économie de marché viable capable de faire face à la concurrence de l’Union. 3. Critère de l’acquis communautaire : accepter et transposer dans le droit national l’ensemble des lois et règlements de l’UE.

Le 1er mai 2004, dix nouveaux pays entrent simultanément dans l’UE : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, les trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), ainsi que deux îles méditerranéennes, Chypre et Malte. C’est le « Big Bang » : l’Union passe de 15 à 25 membres. La population de l’UE augmente de 20 %, mais son PIB n’augmente que de 5 %, illustrant le fossé économique. C’est un moment de fête et d’émotion, symbolisant la fin définitive des divisions de Yalta.

📌 2007 : La complétion de l’élargissement à l’Est

La Roumanie et la Bulgarie faisaient partie du même processus de négociation que les dix pays de 2004, mais leur préparation a été jugée un peu plus lente, notamment en matière de réforme de la justice et de lutte contre la corruption. Elles rejoignent donc l’Union avec un léger décalage, le 1er janvier 2007, portant le nombre de membres à 27. Avec cette vague, l’UE atteint la mer Noire, une zone stratégique pour l’énergie et la sécurité. Cependant, cet élargissement rapide suscite des inquiétudes à l’Ouest, notamment la peur du « plombier polonais » (la crainte que les travailleurs de l’Est ne viennent faire baisser les salaires à l’Ouest), même si les études ont montré que l’impact global a été positif pour la croissance européenne.

L’intégration des PECO a nécessité des transferts financiers massifs via les fonds de cohésion pour moderniser ces pays. En échange, les entreprises de l’Ouest ont bénéficié de nouveaux marchés de consommation et de lieux d’investissement attractifs. Cependant, sur le plan politique, l’Europe à 27 devient beaucoup plus hétérogène. Les pays de l’Est, ayant subi le joug soviétique, sont souvent très atlantistes (pro-américains pour leur défense via l’OTAN) et plus attachés à leur souveraineté nationale fraîchement retrouvée, ce qui crée parfois des frictions avec le noyau fondateur franco-allemand qui pousse vers plus d’intégration fédérale. Tu peux explorer ces tensions dans l’article sur les crises de l’Union européenne.

🛑 Limites, Balkans et le choc du Brexit

📌 La Croatie (2013) et la porte ouverte aux Balkans

Le dernier pays en date à avoir rejoint l’Union européenne est la Croatie, le 1er juillet 2013, devenant le 28e État membre. C’est la suite logique de la pacification de l’ex-Yougoslavie. L’UE utilise la perspective de l’adhésion comme un levier pour inciter les pays des Balkans occidentaux (Serbie, Monténégro, Albanie, Macédoine du Nord, Bosnie-Herzégovine, Kosovo) à mener des réformes et à résoudre leurs conflits frontaliers ou ethniques. Ces pays sont aujourd’hui officiellement « candidats » ou « candidats potentiels ». Cependant, le processus est devenu beaucoup plus lent et exigeant qu’en 2004. On parle de « fatigue de l’élargissement » : les opinions publiques à l’Ouest sont devenues plus réticentes à accueillir de nouveaux membres tant que l’UE n’a pas résolu ses propres problèmes de fonctionnement.

Le cas de la Turquie est particulier. Candidate depuis très longtemps (accord d’association en 1963, statut de candidat en 1999), les négociations sont au point mort depuis plusieurs années. Les reculs démocratiques dans le pays, la question de Chypre et la taille démographique immense de la Turquie (qui changerait les équilibres de pouvoir au Parlement européen) rendent une adhésion hautement improbable à court ou moyen terme, même si le partenariat économique et stratégique reste essentiel.

📌 Brexit : quand l’Europe rétrécit pour la première fois

L’histoire des élargissements successifs a connu un coup d’arrêt brutal et inédit avec le Brexit. Lors du référendum du 23 juin 2016, les Britanniques votent à 51,9 % pour quitter l’Union européenne. Après de longues négociations, le Royaume-Uni quitte officiellement l’UE le 31 janvier 2020. Pour la première fois de son histoire, la construction européenne ne s’étend pas, mais se contracte, repassant de 28 à 27 membres. Cet événement, que tu peux approfondir dans l’article Brexit et conséquences, a été un choc salutaire qui a ressoudé les 27 autres membres, mais il a aussi prouvé que la construction européenne n’est pas irréversible.

Aujourd’hui, la guerre en Ukraine (depuis 2022) a relancé la dynamique d’élargissement de manière spectaculaire. L’Ukraine et la Moldavie ont obtenu le statut de candidat en un temps record, non plus seulement pour des raisons économiques, mais pour des raisons de survie géopolitique face à la Russie. L’UE se trouve donc face à un dilemme historique : comment s’élargir vers l’Est (Ukraine, Balkans) pour garantir la sécurité du continent, sans paralyser ses institutions qui peinent déjà à fonctionner à 27 ? C’est tout l’enjeu du débat actuel sur la réforme des institutions et la souveraineté européenne, que tu retrouveras dans la section Union politique et souveraineté.

Pour plus d’informations institutionnelles sur les pays membres, tu peux consulter le site officiel de l’Union européenne sur les profils des pays membres.

🧠 À retenir sur les élargissements successifs

  • L’Europe a commencé à 6 en 1957 (Traité de Rome) avec une logique de paix et de réconciliation franco-allemande.
  • Les élargissements se font par vagues successives : 1973 (Nord/Ouest), 1981/1986 (Sud/Méditerranée), 1995 (Neutres), 2004/2007 (Est/PECO), 2013 (Croatie).
  • Le « Big Bang » de 2004 (10 nouveaux pays) est l’étape majeure qui réunifie le continent après la Guerre froide.
  • Pour adhérer, un pays doit respecter les critères de Copenhague (1993) : démocratie, économie de marché, reprise de l’acquis communautaire.
  • Le Brexit (2020) est le premier cas de sortie d’un État membre, ramenant l’UE à 27 pays et posant la question de la réversibilité du projet.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur les élargissements

🧩 Pourquoi l’UE veut-elle s’élargir ?

L’objectif principal est d’étendre la zone de paix, de démocratie et de stabilité sur le continent. Économiquement, cela agrandit le marché unique, offrant plus de débouchés aux entreprises et plus de choix aux consommateurs. C’est aussi un moyen de peser davantage sur la scène internationale face aux géants comme les USA ou la Chine.

🧩 Un pays peut-il se faire exclure de l’UE ?

Juridiquement, il n’existe pas de mécanisme pour exclure de force un pays membre. L’article 7 du traité de Lisbonne permet seulement de suspendre certains droits (comme le droit de vote au Conseil) d’un pays qui violerait gravement les valeurs de l’UE, mais c’est une procédure très difficile à mettre en œuvre. En revanche, un pays peut décider de partir volontairement (article 50), comme le Royaume-Uni.

🧩 Quels sont les prochains pays qui pourraient entrer ?

Les candidats officiels actuels se trouvent principalement dans les Balkans occidentaux (Serbie, Monténégro, Albanie, Macédoine du Nord, Bosnie-Herzégovine) ainsi qu’à l’Est avec l’Ukraine et la Moldavie. La Turquie est aussi candidate mais le processus est gelé. L’adhésion prendra encore de nombreuses années car ces pays doivent faire d’énormes réformes.

🧩 Quiz – Les étapes de l’élargissement européen

1. Combien de pays ont fondé la construction européenne (CECA/CEE) ?



2. Quel pays a bloqué deux fois l’adhésion du Royaume-Uni dans les années 60 ?



3. En quelle année a eu lieu le premier élargissement (Royaume-Uni, Irlande, Danemark) ?



4. Quel pays du Sud rejoint la CEE en 1981 après la fin de sa dictature ?



5. Quels pays entrent dans la CEE en 1986 ?



6. Quel événement historique majeur a permis l’élargissement vers les pays « neutres » en 1995 ?



7. Comment appelle-t-on les conditions fixées en 1993 pour entrer dans l’UE ?



8. Combien de pays ont rejoint l’UE lors du « Big Bang » de 2004 ?



9. Quel pays n’a jamais fait partie de l’UE bien qu’ayant négocié son adhésion ?



10. Quels pays ont rejoint l’UE en 2007 ?



11. Quel est le dernier pays à être entré dans l’UE (en 2013) ?



12. Quel pays a quitté l’UE le 31 janvier 2020 ?



13. Quel traité a institué la CEE en 1957 ?



14. Quelle région est actuellement la principale cible des futurs élargissements ?



15. Que signifie l’expression « acquis communautaire » ?



16. Pourquoi l’élargissement de 1986 a-t-il nécessité une « politique de cohésion » ?



17. Quel pays balte a rejoint l’UE en 2004 ?



18. Combien d’États membres compte l’UE aujourd’hui (après le Brexit) ?



19. Quel pays candidat a vu ses négociations gelées en raison de reculs démocratiques ?



20. Quel pays a obtenu le statut de candidat très rapidement en 2022 ?



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