📜 Traités fondateurs de l’Europe : l’architecture juridique de l’Union

🎯 Pourquoi les traités sont-ils la clé de voûte de l’histoire européenne ?

L’Union européenne est une construction unique au monde qui ne repose pas sur la force militaire, mais sur le droit et des accords écrits. Les traités fondateurs de l’Europe constituent, en quelque sorte, la Constitution progressive d’un continent qui a choisi la paix après des siècles de guerres fratricides. Pour un élève ou un citoyen, comprendre ces textes n’est pas seulement un exercice juridique, c’est plonger au cœur de la mécanique politique qui régit notre quotidien, de la monnaie unique à la libre circulation.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème et comment tout a commencé en 1957.

🧭 Le Traité de Rome (1957) : la véritable naissance économique de l’Europe

📌 De la CECA à la CEE : élargir la coopération

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’idée européenne germe d’abord autour de la production industrielle lourde. C’est la création de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) en 1951, impulsée par Robert Schuman et Jean Monnet. Cependant, les pères fondateurs savent que limiter l’intégration au charbon et à l’acier ne suffira pas à créer une solidarité de fait irréversible. Après l’échec de la Communauté Européenne de Défense (CED) en 1954, il devient urgent de relancer la construction européenne par le prisme économique généralisé, ce qui mènera aux négociations de Val Duchesse.

Le 25 mars 1957, les six pays fondateurs (France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) se réunissent au Capitole, à Rome, pour signer deux textes majeurs. Le premier institue la Communauté Économique Européenne (CEE), et le second la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). Ce moment est charnière car il marque le passage d’une intégration sectorielle (le charbon) à une intégration globale de l’économie. L’objectif affiché est clair : établir une « union sans cesse plus étroite » entre les peuples européens, une formule devenue célèbre et qui figure encore dans les textes actuels.

Concrètement, le traité de Rome dépasse la simple suppression des droits de douane. Il prévoit la mise en place d’une Politique Agricole Commune (PAC), qui deviendra le premier poste budgétaire de la communauté, et pose les bases de la politique des transports. C’est une révolution diplomatique : pour la première fois, des États souverains acceptent de transférer une partie de leur pouvoir décisionnel économique à des institutions supranationales permanentes. Ce n’est plus une simple alliance classique, mais une communauté de destin régie par le droit.

📌 Les institutions créées par le traité de Rome

Pour faire fonctionner cette nouvelle CEE, le traité de Rome met en place un triangle institutionnel qui perdure aujourd’hui, bien que ses pouvoirs aient évolué. Tout d’abord, la Commission européenne (alors appelée Commission de la CEE) est créée pour représenter l’intérêt général de la communauté. Elle a le monopole de l’initiative législative, c’est-à-dire qu’elle seule peut proposer des textes de loi européens. C’est l’organe exécutif, gardien des traités, chargé de surveiller l’application des règles par les États membres.

Face à elle, le Conseil des ministres représente les États membres. C’est l’organe décisionnel principal à l’époque. Les ministres de chaque pays s’y réunissent pour voter les propositions de la Commission. À l’origine, la règle de l’unanimité prévaut pour les décisions importantes, ce qui garantit à chaque État un droit de veto de facto, protégeant ainsi leur souveraineté nationale jalousement gardée, notamment par la France du général de Gaulle quelques années plus tard.

Enfin, une Assemblée parlementaire (l’ancêtre du Parlement européen) est instituée. Toutefois, en 1957, elle n’est composée que de députés nationaux délégués et ne possède qu’un pouvoir consultatif. Elle ne vote pas encore les lois. À ses côtés, la Cour de Justice veille au respect du droit communautaire. Cette architecture institutionnelle est fondamentale car elle crée un système de « freins et contrepoids » inédit dans l’histoire des relations internationales.

📌 L’objectif du Marché Commun

Le cœur du projet de 1957 est l’établissement d’un « Marché Commun ». L’idée est de permettre la libre circulation des marchandises, mais aussi, à terme, des personnes, des services et des capitaux. C’est une ambition immense pour l’époque, où les frontières sont encore hérissées de douaniers et de taxes. Le traité fixe un calendrier précis pour le démantèlement progressif des droits de douane entre les Six, processus qui sera achevé avec 18 mois d’avance, le 1er juillet 1968.

En parallèle de l’abolition des frontières internes pour les marchandises, le traité instaure un Tarif Douanier Commun (TDC) vis-à-vis du reste du monde. Cela signifie que les Six forment un bloc commercial unique : un produit américain ou japonais entrant à Rotterdam ou à Marseille paie la même taxe. Cette union douanière est le socle de la puissance commerciale européenne future. Elle oblige les États à négocier d’une seule voix dans les enceintes commerciales internationales.

Néanmoins, la libre circulation des personnes et des capitaux reste, dans les années 1960 et 1970, encore très théorique. Les chocs pétroliers et la crise économique (« stagflation ») vont freiner cet élan initial. L’Europe entre alors dans une période de stagnation relative, souvent qualifiée d' »eurosclérose », où les égoïsmes nationaux reprennent le dessus, empêchant l’achèvement véritable du marché intérieur prévu par les traités fondateurs de l’Europe.

⚙️ L’Acte unique européen (1986) : la relance par le marché

📌 Jacques Delors et l’objectif 1992

Au milieu des années 1980, la construction européenne est en panne. Les barrières douanières ont disparu, mais des « barrières non tarifaires » (normes techniques, contrôles sanitaires, bureaucratie) bloquent toujours les échanges. C’est l’arrivée de Jacques Delors à la présidence de la Commission européenne en 1985 qui va changer la donne. Visionnaire et pragmatique, il comprend qu’il faut fixer un objectif clair et daté pour relancer la machine : ce sera l’achèvement du marché intérieur pour 1992.

Pour atteindre cet objectif, il faut modifier le traité de Rome. C’est l’objet de l’Acte unique européen, signé à Luxembourg en février 1986. Ce texte est fondamental car il est la première grande révision des traités. Il ne se contente pas de déclarations d’intention ; il pose les outils juridiques nécessaires pour passer d’un « Marché Commun » (zone de libre-échange + union douanière) à un « Marché Unique » (espace sans frontières intérieures).

L’Acte unique porte bien son nom car il réunit dans un seul texte les dispositions réformant les institutions communautaires et celles renforçant la coopération politique européenne (embryon de politique étrangère). Il symbolise la volonté de lier le progrès économique (le marché) au progrès politique (les institutions), une méthode chère à Delors qui pense que l’un ne va pas sans l’autre.

📌 La fin de l’unanimité systématique

La grande révolution de l’Acte unique réside dans la modification des règles de vote au Conseil. Jusqu’ici, l’unanimité paralysait souvent les décisions, chaque pays pouvant bloquer une directive pour protéger une industrie nationale mineure. L’Acte unique introduit le vote à la majorité qualifiée pour la plupart des décisions liées au marché intérieur. Cela signifie qu’un État ne peut plus bloquer seul une décision soutenue par la majorité de ses partenaires.

Ce changement technique est en réalité politique : les États acceptent d’être mis en minorité pour l’intérêt supérieur du marché unique. C’est une perte de souveraineté consentie pour gagner en efficacité. Sans ce basculement vers la majorité qualifiée, les centaines de directives nécessaires pour harmoniser les normes (du voltage des prises électriques à la composition du chocolat) n’auraient jamais pu être adoptées avant l’échéance de 1993.

Par ailleurs, l’Acte unique renforce le rôle du Parlement européen. Il introduit la procédure de « coopération », qui donne aux députés européens un droit de regard plus important sur les textes législatifs. C’est le début de la montée en puissance du Parlement, seule institution élue au suffrage universel direct depuis 1979, comblant petit à petit le « déficit démocratique » de la CEE.

📌 La cohésion économique et sociale

Jacques Delors et les négociateurs savent que le grand marché va profiter surtout aux régions les plus compétitives (la « banane bleue » européenne, de Londres à Milan). Pour éviter que les régions périphériques ou en retard de développement ne soient écrasées par la concurrence, l’Acte unique inscrit la « cohésion économique et sociale » dans le traité. Cela marque la naissance des grands fonds structurels européens (comme le FEDER rénové).

L’idée est simple : la solidarité financière doit accompagner l’ouverture des marchés. Les pays du Sud, qui viennent d’adhérer (Grèce en 1981, Espagne et Portugal en 1986), bénéficient massivement de ces aides pour moderniser leurs infrastructures. C’est un « deal » historique : l’ouverture des marchés pour le Nord industriel contre des aides au développement pour le Sud. Cette logique de compromis est typique de la méthode communautaire.

Enfin, l’Acte unique mentionne pour la première fois la nécessité d’une convergence des politiques économiques et monétaires. Si le texte ne crée pas encore l’euro, il en prépare le terrain intellectuel et politique. En facilitant la libre circulation des capitaux, il rend l’instabilité des taux de change insupportable, poussant logiquement vers l’étape suivante : la monnaie unique.

📜 Le Traité de Maastricht (1992) : le grand saut politique

📌 La naissance de l’Union européenne

Si Rome est l’acte de naissance, Maastricht est l’acte de majorité. Signé le 7 février 1992 dans un contexte géopolitique bouleversé par la chute du Mur de Berlin et la fin de l’URSS, ce traité transforme la CEE en Union européenne (UE). Le changement de nom n’est pas cosmétique : il signifie que le projet dépasse désormais la simple sphère économique pour devenir une entité politique à part entière.

Le traité de Maastricht structure l’Europe autour de trois « piliers ». Le premier pilier est communautaire (le marché, la PAC, géré par la Commission). Le deuxième pilier concerne la Politique Étrangère et de Sécurité Commune (PESC), gérée de manière intergouvernementale (par les États). Le troisième pilier touche à la Justice et aux Affaires Intérieures (JAI), pour coopérer sur la police et la justice. Cette architecture complexe permet d’intégrer de nouveaux domaines régaliens sans froisser les souverainetés nationales.

C’est également ce traité qui institue la citoyenneté européenne. Désormais, tout ressortissant d’un État membre est aussi citoyen de l’Union. Cela confère des droits concrets : le droit de circuler et de résider librement dans tout l’UE, mais aussi le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et européennes dans son pays de résidence. C’est une avancée symbolique majeure vers une identité politique commune.

📌 La route vers l’Euro

Le volet le plus célèbre de Maastricht est la décision irrévocable de créer une monnaie unique : l’euro. Le traité fixe un calendrier précis en trois étapes et, surtout, définit les fameux « critères de convergence » que les États doivent respecter pour adopter la monnaie. Ces critères (déficit public inférieur à 3% du PIB, dette publique inférieure à 60%, inflation maîtrisée) vont structurer les politiques économiques nationales pendant toute la décennie 1990.

L’objectif est de créer une zone de stabilité monétaire capable de rivaliser avec le dollar. Pour gérer cette monnaie, le traité prévoit la création d’une Banque Centrale Européenne (BCE), indépendante du pouvoir politique, dont la mission principale est la lutte contre l’inflation. Ce modèle, très inspiré de l’Allemagne, est la condition de l’acceptation du Deutsche Mark par les Allemands au profit de l’euro.

L’adoption de l’euro est perçue comme le parachèvement du marché unique : avec une seule monnaie, plus de risque de change, plus de frais de conversion, et une transparence totale des prix. C’est l’intégration économique la plus poussée jamais réalisée entre États souverains. Pour en savoir plus sur les débats de souveraineté liés à la monnaie, tu peux consulter notre article sur l’union politique et la souveraineté.

📌 Le renforcement démocratique

Maastricht accroît considérablement les pouvoirs du Parlement européen en créant la procédure de codécision. Sur de nombreux sujets, le Parlement devient l’égal du Conseil : une loi ne peut passer que si les deux institutions sont d’accord. C’est une étape décisive vers la démocratisation de l’Union, transformant le Parlement en véritable co-législateur.

Le traité crée aussi le Comité des Régions, pour donner une voix aux collectivités locales, et institutionnalise le principe de subsidiarité. Ce principe stipule que l’UE ne doit agir que si l’action est plus efficace au niveau européen qu’au niveau national ou local. C’est une réponse aux critiques sur le centralisme bruxellois et une garantie théorique pour les États.

Pourtant, la ratification de Maastricht sera douloureuse. Au Danemark, le peuple vote « non » lors d’un premier référendum. En France, le « oui » l’emporte de justesse (51%) en septembre 1992, révélant une fracture, « la fracture sociale », entre les élites favorables à l’Europe et une partie du peuple inquiète des conséquences sociales de l’intégration. Ce moment marque la fin du « consensus permissif » où les peuples laissaient faire la construction européenne sans trop s’y intéresser.

🎨 Amsterdam (1997) et Nice (2001) : les réformes inachevées

📌 Le traité d’Amsterdam : le social et Schengen

Après l’entrée en vigueur de Maastricht, il apparaît vite que les institutions doivent être adaptées pour préparer les futurs élargissements à l’Est. Le traité d’Amsterdam, signé en 1997, tente de répondre à ce défi, mais avec un succès mitigé. Son apport principal est l’intégration de l’espace Schengen (libre circulation sans contrôle aux frontières) dans le cadre juridique de l’UE. La libre circulation devient une politique communautaire, sauf pour le Royaume-Uni et l’Irlande qui obtiennent des dérogations.

Amsterdam met aussi l’accent sur le volet social et l’emploi, en réponse aux critiques d’une Europe trop libérale. Un chapitre sur l’emploi est ajouté, et le principe d’égalité hommes-femmes est renforcé. Le traité crée également le poste de « Haut Représentant pour la PESC » (Mr. PESC) pour tenter de donner un visage et une voix à la diplomatie européenne, souvent inaudible lors des crises comme celle de la Yougoslavie.

Cependant, sur le plan institutionnel pur (taille de la Commission, pondération des voix au Conseil), Amsterdam échoue à trancher. Les États membres, soucieux de préserver leur influence avant l’arrivée de dix nouveaux pays, repoussent les réformes difficiles à plus tard. On parle alors du « reliquat d’Amsterdam », ces questions non résolues qui vont empoisonner la vie politique européenne pendant des années.

📌 Le traité de Nice : un compromis technique et laborieux

Face à l’imminence du grand élargissement de 2004, un nouveau sommet est organisé pour solder les comptes d’Amsterdam. Le traité de Nice, signé en février 2001, est souvent considéré comme le plus mal ficelé de l’histoire européenne. Les négociations furent des marchandages de « tapis » interminables, chaque pays luttant pour garder son nombre de députés ou ses voix au Conseil.

Nice parvient tout de même à modifier le système de vote pour qu’il ne soit pas bloqué à 25 ou 27 membres. Il étend le vote à la majorité qualifiée à de nouveaux domaines. Il prépare aussi la réduction future de la taille de la Commission européenne. Mais le système de « double majorité » et les pondérations de voix adoptées sont si complexes qu’ils rendent la prise de décision ardue. Le traité manque de souffle et de vision.

Malgré ses défauts, Nice permet juridiquement l’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale. En marge du traité, est proclamée la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Bien qu’elle n’ait pas encore de valeur contraignante en 2001 (elle l’aura avec Lisbonne), elle réunit en un seul texte tous les droits civils, politiques, économiques et sociaux des citoyens européens, marquant une étape vers une communauté de valeurs.

🌍 Le Traité de Lisbonne (2007) : sortir de l’impasse

📌 L’échec de la Constitution européenne

Après la déception de Nice, les dirigeants européens lancent une démarche inédite : la rédaction d’une « Constitution pour l’Europe ». Une Convention, présidée par Valéry Giscard d’Estaing, travaille en toute transparence pour simplifier les traités et donner une vocation politique forte à l’Union. Le texte final est ambitieux, incluant les symboles de l’UE (drapeau, hymne) et le terme de « Ministre des Affaires étrangères ».

Cependant, ce projet se fracasse sur le suffrage universel. En 2005, les électeurs français (par près de 55%) et néerlandais rejettent le traité constitutionnel par référendum. C’est un séisme politique. L’Union entre dans une « période de réflexion » qui est en réalité une crise de paralysie. Les crises de l’UE sont nombreuses, mais celle-ci touche à sa légitimité même. Il faut trouver une solution pour adapter les institutions sans repasser par des référendums périlleux.

La solution viendra du traité de Lisbonne, signé en décembre 2007 et entré en vigueur en 2009. Ce traité est un « copier-coller » juridique de la Constitution défunte, mais débarrassé de tout ce qui faisait « État » (le mot constitution, le drapeau, l’hymne). C’est un traité « simplifié » sur la forme, mais qui conserve les avancées institutionnelles nécessaires au fonctionnement d’une Europe à 27.

📌 Les innovations institutionnelles majeures

Lisbonne bouleverse la gouvernance de l’Europe. Il crée un poste de Président du Conseil européen stable, élu pour deux ans et demi (comme Herman Van Rompuy ou Donald Tusk), mettant fin à la présidence tournante semestrielle qui affaiblissait la visibilité externe de l’UE. Il renforce aussi le rôle du Haut Représentant pour les affaires étrangères, qui devient vice-président de la Commission, disposant enfin d’un véritable service diplomatique (le SEAE).

Le Parlement européen sort grand vainqueur de Lisbonne. Il devient co-législateur de plein droit sur la quasi-totalité des sujets, y compris le budget et l’agriculture. De plus, le traité stipule que le Président de la Commission européenne doit être élu par le Parlement, en tenant compte du résultat des élections européennes. Cela politise la Commission et renforce le lien avec les électeurs.

Enfin, Lisbonne rend la Charte des droits fondamentaux juridiquement contraignante : elle a désormais la même valeur que les traités. Cela signifie qu’un citoyen peut s’en prévaloir devant la justice si une loi européenne viole ses droits fondamentaux. C’est une avancée majeure pour l’État de droit au sein de l’Union.

📌 Une Union plus flexible ?

Le traité de Lisbonne introduit également une clause inédite et lourde de conséquences : l’article 50. Pour la première fois, les traités fondateurs de l’Europe prévoient explicitement la possibilité pour un État membre de se retirer volontairement de l’Union. C’est cet article qui sera activé par le Royaume-Uni après le vote du Brexit en 2016, prouvant que la construction européenne n’est pas un processus irréversible.

Lisbonne facilite aussi les « coopérations renforcées ». Si un groupe d’États veut avancer plus vite sur un sujet (comme le brevet européen ou la taxe sur les transactions financières) sans attendre les autres, ils peuvent le faire, à condition d’être au moins neuf. C’est la reconnaissance officielle d’une Europe à plusieurs vitesses, nécessaire dans une Union hétérogène où les intérêts nationaux divergent souvent.

Sur le plan du vote, le système de la double majorité (55% des États représentant 65% de la population) entre en vigueur en 2014. Ce système est plus démocratique et plus efficace que celui de Nice, car il reflète mieux le poids démographique réel des pays tout en empêchant les gros pays de dominer seuls les petits.

🤝 Perspectives : vers de nouveaux traités ou une autre méthode ?

📌 Les limites des traités actuels

Depuis 2009, l’Union fonctionne sous le régime de Lisbonne. Cependant, la décennie 2010-2020 a été marquée par des crises violentes (dette grecque, crise migratoire, pandémie, guerre en Ukraine) qui ont testé la résilience de ce cadre juridique. Pour répondre à la crise de l’euro, les États ont dû bricoler des traités intergouvernementaux en dehors du cadre de l’UE, comme le TSCG (Pacte budgétaire) en 2012, car modifier le traité de Lisbonne à l’unanimité semblait impossible.

Le problème majeur reste la règle de l’unanimité qui prévaut encore dans des domaines clés comme la fiscalité ou la politique étrangère. Elle permet à un seul État (comme la Hongrie ou la Pologne parfois) de bloquer des sanctions ou des décisions fiscales importantes. De nombreuses voix, dont celle du Président français Emmanuel Macron ou de la Commission, appellent à passer à la majorité qualifiée sur ces sujets, mais cela nécessite… une révision des traités, ce que beaucoup redoutent.

Pour aller plus loin, tu peux consulter le site officiel de l’Union européenne qui détaille l’histoire et les textes officiels, ou encore les ressources pédagogiques de Lumni pour visualiser ces évolutions.

📌 La Conférence sur l’avenir de l’Europe

La Conférence sur l’avenir de l’Europe (2021-2022) a donné la parole aux citoyens, qui ont formulé des recommandations audacieuses : fin de l’unanimité, plus de compétences en santé ou en défense, renforcement du Parlement. Ces propositions impliquent théoriquement une réouverture des traités fondateurs de l’Europe. Le Parlement européen a d’ailleurs voté en 2022 une résolution demandant le lancement d’une Convention pour réviser les traités.

Cependant, plusieurs États membres sont réticents. Ils craignent d’ouvrir la « boîte de Pandore » avec des référendums nationaux incertains qui pourraient mener à de nouveaux blocages ou à une montée de l’euroscepticisme. Le dilemme est constant : faut-il approfondir l’intégration pour être efficace, au risque de brusquer les peuples, ou faut-il conserver le statu quo institutionnel au risque de l’impuissance ?

L’histoire nous montre que l’Europe avance souvent par crises. Peut-être que la nécessité d’intégrer l’Ukraine et les Balkans dans les années à venir, ce qui porterait l’Union à 30 ou 35 membres, sera le déclencheur obligatoire d’une nouvelle réforme institutionnelle majeure, rendant Lisbonne caduc à son tour.

🧠 À retenir sur les traités fondateurs de l’Europe

  • Le Traité de Rome (1957) fonde la CEE et le marché commun, avec la Commission et le Conseil.
  • L’Acte unique (1986), porté par Jacques Delors, lance le marché unique et introduit le vote à la majorité qualifiée.
  • Le Traité de Maastricht (1992) crée l’Union européenne, la citoyenneté et programme l’euro.
  • Le Traité de Lisbonne (2007), remplaçant la Constitution avortée, réforme les institutions pour une Europe à 27 et rend contraignante la Charte des droits fondamentaux.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur les traités européens

🧩 Quelle est la différence entre le Conseil de l’Europe et le Conseil européen ?

Ce sont deux choses très différentes ! Le Conseil de l’Europe est une organisation internationale (46 pays) qui gère les droits de l’homme (Cour de Strasbourg). Le Conseil européen est l’institution de l’UE qui réunit les chefs d’État ou de gouvernement des 27 membres pour fixer les grandes orientations politiques.

🧩 Pourquoi dit-on que le traité de Lisbonne est un « traité simplifié » ?

C’est un terme politique pour le faire accepter après l’échec de la Constitution. En réalité, il est très complexe et illisible pour le grand public. Il est « simplifié » car il ne remplace pas les anciens traités mais les modifie (amendements), et il a abandonné les symboles quasi-étatiques (drapeau, hymne) du texte de 2005.

🧩 Un pays peut-il être exclu de l’UE s’il ne respecte pas les traités ?

Non, il n’existe pas de procédure d’exclusion dans les traités. En revanche, l’article 7 du traité de l’UE permet de suspendre les droits de vote d’un État membre s’il viole gravement et de manière persistante les valeurs de l’Union (État de droit, démocratie). C’est une « arme nucléaire » juridique difficile à activer.

🧩 Quiz – Maîtrises-tu l’histoire des traités européens ?

1. En quelle année a été signé le traité de Rome ?



2. Quelle communauté a précédé la CEE ?



3. Quel président de la Commission a impulsé l’Acte unique ?



4. Quel traité a créé l’Union européenne et la citoyenneté européenne ?



5. Quel est l’objectif principal de l’Acte unique de 1986 ?



6. Quel pays a rejeté le traité constitutionnel par référendum en 2005 ?



7. Quel traité a remplacé la Constitution européenne échouée ?



8. Quel article du traité de Lisbonne permet de quitter l’UE ?



9. Quel domaine relevait du « deuxième pilier » de Maastricht ?



10. Depuis Lisbonne, qui élit le Président de la Commission ?



11. Quelle institution représente les États membres ?



12. Quel traité a intégré l’espace Schengen dans le droit de l’UE ?



13. Combien de pays ont signé le traité de Rome en 1957 ?



14. Quelle règle de vote a été généralisée par l’Acte unique ?



15. Quel traité est souvent jugé comme un échec ou un texte « mal ficelé » ?



16. Quelle valeur maximale de déficit public Maastricht impose-t-il ?



17. Quelle charte est devenue contraignante avec le traité de Lisbonne ?



18. Qui a présidé la Convention sur l’avenir de l’Europe (Constitution) ?



19. Quel poste a été créé de façon permanente par le traité de Lisbonne ?



20. Quel principe dit que l’UE n’agit que si c’est plus efficace qu’au niveau national ?



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