🏛️ Le Panthéon : temple des grands hommes et des grandes femmes

🎯 Pourquoi Le Panthéon est-il le cœur symbolique de la République ?

Situé au sommet de la montagne Sainte-Geneviève à Paris, Le Panthéon domine le quartier Latin par sa silhouette massive et son dôme reconnaissable entre mille. Ce monument, initialement conçu comme une église, est devenu au fil des siècles le sanctuaire laïque où la France honore ses citoyens les plus illustres. En y entrant, on ne pénètre pas seulement dans un chef-d’œuvre architectural, mais dans le livre ouvert de l’histoire de France, où chaque tombeau raconte une bataille pour la liberté, l’égalité ou la fraternité.

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Commençons notre exploration par les origines fascinantes de ce monument unique.

🕰️ De l’église au Temple : une histoire mouvementée

👑 Le vœu de Louis XV et l’ambition de Soufflot

L’histoire du monument commence bien avant la Révolution française, sous le règne de Louis XV, dans un contexte monarchique et religieux très marqué. En 1744, alors qu’il se trouve à Metz pour commander ses armées, le roi tombe gravement malade et frôle la mort, provoquant une immense inquiétude dans le royaume. Il fait alors le vœu solennel, s’il guérit, d’édifier une église somptueuse dédiée à Sainte Geneviève, la patronne de Paris, pour remplacer la vieille abbaye en ruine au sommet de la montagne Sainte-Geneviève.

Rétabli, Louis XV tient parole et confie le chantier à l’architecte Jacques-Germain Soufflot en 1755, avec pour mission de rivaliser avec Saint-Pierre de Rome. Le projet de Soufflot est révolutionnaire pour l’époque : il souhaite « unir la légèreté de l’architecture gothique à la magnificence de l’architecture grecque ». Cependant, les difficultés techniques et financières ralentissent considérablement les travaux. Le sol, truffé de carrières souterraines, doit être consolidé, et l’ambition du dôme pose des défis d’ingénierie colossaux qui occuperont Soufflot jusqu’à sa mort en 1780.

Lorsque le bâtiment est enfin achevé en 1790 par les élèves de Soufflot, le contexte politique a radicalement changé : la Révolution française a éclaté. L’édifice, conçu pour être un sanctuaire catholique célébrant la monarchie de droit divin, se retrouve orphelin de sa fonction religieuse première. C’est ce décalage temporel qui va permettre la première métamorphose du lieu, transformant une église royale en un temple de la Nation naissante.

⚔️ La Révolution et la naissance du « Panthéon »

En 1791, la mort de Mirabeau, l’une des figures les plus populaires des débuts de la Révolution, pose un problème inédit à l’Assemblée constituante : comment honorer un grand homme de la Nation hors des nécropoles royales comme Saint-Denis ? L’Assemblée nationale décide alors, par le décret du 4 avril 1791, de transformer l’église Sainte-Geneviève, à peine achevée, en un temple destiné à recevoir les cendres des grands hommes de l’époque de la liberté française.

Le bâtiment est rebaptisé Panthéon, en référence au Panthéon de Rome qui accueillait tous les dieux, mais ici, ce sont les « dieux » de la République et de la Pensée qui seront honorés. La croix qui surmontait le dôme est remplacée, et l’on inscrit sur le fronton la célèbre devise qui définit encore aujourd’hui la vocation du lieu : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Cette phrase marque une rupture fondamentale : la gloire ne vient plus de la naissance ou du rang, mais du mérite et du service rendu à la Nation.

C’est à cette époque que sont transférées les dépouilles de Voltaire (1791) et plus tard de Jean-Jacques Rousseau, les deux philosophes des Lumières considérés comme les pères spirituels de la Révolution. Le Panthéon devient alors un instrument pédagogique et politique majeur. Pour mieux comprendre comment la République utilise ces lieux pour forger une mémoire collective, tu peux consulter notre dossier sur les lieux, mémoires et cérémonies de la République.

🔄 La valse des régimes et des fonctions au XIXe siècle

Le XIXe siècle français est marqué par une grande instabilité politique, et le sort du Panthéon suit scrupuleusement ces soubresauts. Sous le Premier Empire, Napoléon Ier, tout en conservant la crypte pour les dignitaires de l’Empire (maréchaux, juristes, hauts fonctionnaires), rend la nef au culte catholique en 1806. Le bâtiment devient alors hybride : église en haut, nécropole laïque en bas. C’est une période où la notion de « grand homme » s’élargit aux serviteurs de l’État et aux gloires militaires.

À la Restauration des Bourbons (1814-1830), le monument redevient exclusivement l’église Sainte-Geneviève. L’inscription du fronton est effacée, et les reliques de la sainte sont remises à l’honneur. La Monarchie de Juillet (1830-1848) lui rend brièvement son statut de Panthéon laïque, le renommant « Temple de la Gloire », avant que le Second Empire ne le rende à nouveau à l’Église catholique. Cette hésitation permanente reflète la lutte intense entre les partisans d’une France cléricale et monarchiste et ceux d’une France laïque et républicaine.

Il faut attendre la Troisième République et un événement national majeur pour fixer définitivement le destin du monument. En 1885, à la mort de Victor Hugo, immense poète et icône républicaine, le gouvernement décide de lui offrir des funérailles nationales grandioses. Le Panthéon est alors définitivement « désacralisé » (au sens religieux) pour redevenir le temple de la République. Depuis cette date, le bâtiment n’a plus jamais changé de fonction, devenant le symbole de la victoire des idéaux républicains sur les traditions monarchiques.

🏛️ Architecture et symbolique républicaine

📐 Un chef-d’œuvre du néoclassicisme

L’architecture du Panthéon est une manifestation éclatante du style néoclassique, qui privilégie la rigueur, la symétrie et le retour aux modèles antiques grecs et romains. Le plan de l’édifice est une croix grecque (quatre branches de même longueur), ce qui le différencie des églises latines traditionnelles. Cette forme, bien que décidée à l’origine pour une église, sert admirablement la fonction laïque : elle centre l’attention sous le dôme, point névralgique de l’espace, plutôt que vers un autel au fond d’une nef.

La façade est dominée par un portique monumental inspiré du Panthéon de Rome, soutenu par 22 colonnes corinthiennes gigantesques. Ce péristyle impose une solennité immédiate au visiteur. En levant les yeux, on observe le fronton sculpté par David d’Angers en 1837. Cette sculpture est une véritable leçon d’histoire politique : elle représente la Patrie (figure centrale) distribuant des couronnes de laurier aux grands hommes, protégée par la Liberté et l’Histoire. On y distingue à gauche les civils (Voltaire, Rousseau, Mirabeau) et à droite les militaires (Bonaparte et ses soldats), illustrant la double nature de la gloire nationale.

Le dôme, quant à lui, est une prouesse technique composée de trois coupoles emboîtées. Il culmine à 83 mètres de hauteur et reste l’un des points les plus élevés de Paris. Son architecture aérienne contraste avec l’aspect massif des murs extérieurs, qui furent dépourvus de fenêtres basses pour renforcer le caractère funéraire et solennel du lieu lors de sa transformation en mausolée. Cette fermeture sur l’extérieur invite au recueillement et à l’introspection, coupant le visiteur des bruits de la ville.

⚖️ Le Pendule de Foucault : la science au cœur du temple

En entrant dans la nef, l’un des éléments les plus fascinants n’est pas un tombeau, mais une expérience scientifique : le Pendule de Foucault. En 1851, le physicien Léon Foucault choisit le Panthéon pour sa célèbre démonstration publique de la rotation de la Terre. Grâce à la grande hauteur sous le dôme, il suspend un fil de 67 mètres portant une sphère de laiton. Le mouvement du pendule prouve visuellement que la Terre tourne sur elle-même.

La présence de cet instrument scientifique au cœur d’un ancien édifice religieux est hautement symbolique. Elle marque le triomphe de la Raison et de la Science, valeurs cardinales de la République et des Lumières, sur le dogme religieux. Le Panthéon n’est pas seulement le lieu de la mémoire politique, c’est aussi le sanctuaire du progrès humain et de la connaissance. Cela rejoint l’idée que les « grands hommes » ne sont pas uniquement des politiques ou des militaires, mais aussi des savants qui ont fait avancer l’humanité.

Aujourd’hui, une réplique exacte du pendule oscille toujours sous la coupole, rappelant aux visiteurs que la République se fonde sur l’instruction et la vérité scientifique. C’est un complément idéal aux statues et aux fresques qui ornent les murs, racontant l’histoire de France, de Sainte Geneviève à Charlemagne, dans un mélange de syncrétisme national où l’histoire chrétienne est intégrée au récit républicain.

🕯️ La crypte : géographie de la mémoire

Si la nef est lumineuse et immense, la véritable fonction du Panthéon se trouve sous nos pieds, dans la vaste crypte qui couvre toute la surface du bâtiment. C’est là que reposent les « immortels ». L’atmosphère y est radicalement différente : plafonds bas, colonnes doriques massives, silence pesant. La crypte est organisée en galeries thématiques, bien que cette organisation ait évolué avec le temps et les entrées successives.

À l’entrée de la crypte, deux tombeaux se font face comme des gardiens du temple : Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Bien qu’ils se soient détestés de leur vivant, la République les a réunis dans la mort pour symboliser les deux facettes des Lumières : l’esprit critique et l’ironie pour l’un, la sensibilité et la théorie du contrat social pour l’autre. Leurs tombeaux sont de véritables monuments : celui de Rousseau, en bois peint, évoque une tombe rustique d’où sort une main tenant un flambeau, symbole de la vérité qui éclaire le monde.

Le reste de la crypte abrite plus de 80 personnalités. On y trouve des caveaux familiaux (comme celui des Marcellin Berthelot, où mari et femme reposent ensemble, une exception précoce), des caveaux militaires pour les dignitaires de Napoléon, et des espaces dédiés aux écrivains, aux scientifiques ou aux résistants. Cette géographie souterraine est un parcours pédagogique : en déambulant dans les couloirs, on traverse les époques et les combats. Pour une comparaison avec un autre lieu de mémoire militaire, tu peux regarder l’article sur l’Arc de Triomphe et le Soldat inconnu.

📜 Comment entre-t-on au Panthéon ?

✍️ Le pouvoir de « panthéoniser »

L’entrée au Panthéon, ou « panthéonisation », est l’acte suprême de reconnaissance nationale. Mais qui décide ? Sous la Révolution, c’était l’Assemblée qui votait les décrets. Aujourd’hui, sous la Ve République, cette prérogative relève de l’autorité exclusive du Président de la République. C’est un « fait du prince », une décision discrétionnaire qui permet au chef de l’État d’imprimer sa marque sur l’histoire et de mettre en avant certaines valeurs durant son mandat.

Cependant, le président ne décide pas seul dans sa tour d’ivoire. Il est souvent conseillé par des comités d’historiens, et répond parfois à des pétitions populaires ou familiales. La décision est éminemment politique : choisir de faire entrer un résistant, un écrivain ou un scientifique envoie un message à la société actuelle. Par exemple, la panthéonisation de Missak Manouchian en 2024 était un message fort sur l’apport des étrangers à la Résistance française.

Il n’y a pas de « place réservée » ou de quota. Le nombre d’entrants dépend de la volonté présidentielle. Certains présidents, comme François Mitterrand ou Emmanuel Macron, ont beaucoup utilisé ce droit, tandis que d’autres, comme Georges Pompidou, ne l’ont jamais exercé. Pour une analyse détaillée des critères et des choix politiques, consulte notre article spécifique sur les panthéonisations et les grands hommes.

⚰️ Le corps, le cœur ou la plaque ?

Entrer au Panthéon ne signifie pas toujours que le corps y est physiquement transféré. Si le transfert des cendres est la forme la plus aboutie de l’hommage, il se heurte parfois à des obstacles : refus de la famille (comme pour Albert Camus dont la famille a décliné l’offre), corps disparu (comme pour certains déportés), ou volonté de laisser le défunt dans sa terre natale. La République a donc inventé des degrés dans l’hommage.

Le transfert du cœur fut une pratique courante, notamment sous l’Empire ou la Restauration (comme pour Gambetta dont le cœur fut transféré en 1920). Plus récemment, on utilise la pose d’une plaque commémorative ou l’inscription du nom sur les murs. Cela permet d’honorer collectivement des groupes, comme les « Justes de France » ou les écrivains morts pour la France pendant la Grande Guerre, sans avoir à exhumer des corps. Cette flexibilité permet au Panthéon d’être un lieu de mémoire inclusif.

Pour les transferts de corps, la cérémonie est grandiose. Le cercueil remonte souvent la rue Soufflot, porté par la Garde républicaine, sous le regard de la foule, avant de pénétrer dans la nef. C’est l’une des rares liturgies totalement laïques de notre pays, capable de susciter une émotion nationale intense, comparable aux grandes commémorations nationales comme le 11 novembre.

👥 Les résidents illustres : des Lumières à nos jours

📚 Les écrivains, voix de la Nation

Les écrivains occupent une place de choix au Panthéon, car en France, la littérature et la politique sont intimement liées. Victor Hugo y est entré le premier en 1885, porté par une foule immense de deux millions de personnes. Son cercueil avait été exposé sous l’Arc de Triomphe avant de rejoindre le Panthéon, reliant ainsi les deux monuments majeurs de Paris. Hugo incarne la République combattante, l’opposition au Second Empire et la défense des misérables.

Émile Zola l’a rejoint en 1908, mais non sans heurts. L’auteur de « J’accuse » était haï par la droite nationaliste et antisémite pour son rôle dans l’affaire Dreyfus. Son transfert au Panthéon a donné lieu à des manifestations violentes et même à une tentative d’assassinat contre Alfred Dreyfus lors de la cérémonie. La présence de Zola au Panthéon scelle la victoire de la justice et de la vérité sur la raison d’État. Plus tard, Alexandre Dumas les rejoindra en 2002, réparant une injustice faite à cet auteur métis longtemps considéré comme un simple amuseur.

André Malraux, écrivain et ministre, y est entré en 1996 pour le 20e anniversaire de sa mort. Il est célèbre non seulement pour son œuvre mais aussi pour avoir prononcé l’un des discours les plus marquants de l’histoire du Panthéon lors de l’entrée de Jean Moulin. Ces écrivains ne sont pas là pour la beauté de leur style, mais pour l’engagement de leur plume au service de la liberté.

🎖️ Résistants et défenseurs des libertés

La Seconde Guerre mondiale et la Résistance fournissent un contingent important de « panthéonisés ». La figure tutélaire est Jean Moulin, dont les cendres (présumées) ont été transférées en 1964. C’est à cette occasion qu’André Malraux a prononcé sa célèbre phrase : « Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège… ». Ce moment a figé l’image de la Résistance unifiée dans la mémoire collective française.

En 2015, François Hollande a fait entrer quatre figures de la Résistance simultanément : Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay. Ce choix visait à rééquilibrer la mémoire en y incluant davantage de femmes et en soulignant la diversité des engagements (politique, associatif, ethnologique). Plus récemment, Missak Manouchian et son épouse Mélinée, accompagnés symboliquement de leurs camarades de l’Affiche rouge, sont entrés en février 2024, reconnaissant enfin le rôle crucial des étrangers et des communistes dans la libération de la France.

On trouve aussi des figures de la lutte contre l’esclavage, comme Victor Schœlcher, l’homme qui a préparé le décret d’abolition de 1848. Il repose au Panthéon avec son père, rappelant que la République française s’est construite sur l’universalité des droits humains. Leurs combats résonnent encore aujourd’hui dans les débats de société.

👩 La lente conquête des femmes au Panthéon

🚫 Une longue exclusion

Pendant très longtemps, le Panthéon a été un club exclusivement masculin. La devise « Aux grands hommes » était prise au pied de la lettre. Jusqu’en 1995, aucune femme n’y était entrée pour son propre mérite. Les seules femmes présentes l’étaient en tant qu’épouses de « grands hommes » (comme Sophie Berthelot), pour ne pas séparer les couples dans la mort. Cette absence reflétait la place des femmes dans la société française : privées de droits politiques jusqu’en 1944, elles étaient invisibilisées dans l’espace public.

Cette exclusion est devenue un sujet de polémique à la fin du XXe siècle. Comment la République pouvait-elle se dire égalitaire si elle ne reconnaissait que la moitié de ses enfants ? Les mouvements féministes ont longtemps réclamé une parité mémorielle, soulignant que de nombreuses femmes (Olympe de Gouges, Louise Michel, Solitude) méritaient cet honneur autant que leurs homologues masculins.

🔬 Marie Curie, Simone Veil, Joséphine Baker : les pionnières

Le premier tournant a lieu en 1995 avec l’entrée de Marie Curie. Bien qu’elle soit entrée avec son mari Pierre, c’est bien elle, double prix Nobel, qui était la figure centrale de cet hommage. Elle est devenue la première femme honorée pour ses propres travaux scientifiques au sein du temple républicain. Cela a ouvert une brèche.

L’entrée de Simone Veil en 2018, accompagnée de son mari Antoine, a été un moment de communion nationale immense. Rescapée de la Shoah, magistrate, ministre ayant porté la loi sur l’IVG, première présidente du Parlement européen, elle incarnait à elle seule les tragédies et les espoirs du XXe siècle. La foule présente ce jour-là témoignait de l’impact populaire de cette décision.

Enfin, l’entrée de Joséphine Baker en 2021 a marqué une nouvelle étape. Artiste, résistante, militante antiraciste, femme noire et américaine devenue française : elle symbolise une France ouverte et universelle. C’est la première femme noire à entrer au Panthéon. Aujourd’hui, bien que les femmes soient encore très minoritaires numériquement dans la crypte (7 femmes pour plus de 70 hommes), la dynamique s’est inversée, et il est devenu impensable d’imaginer une série de panthéonisations sans figures féminines. Ce sujet fait écho aux débats actuels traités dans notre article sur les polémiques contemporaines autour des statues.

🕯️ Une mémoire vivante : cérémonies et enjeux actuels

🇫🇷 La mise en scène du sacré républicain

Le Panthéon n’est pas qu’un cimetière, c’est un théâtre. Chaque entrée est une mise en scène minutieuse destinée à la télévision et au peuple. La cérémonie suit des codes précis : la remontée de la rue Soufflot, le drapeau tricolore sur le cercueil, la musique (souvent la Marseillaise ou le Chant des Partisans), et le discours du Président. Ce discours est un exercice rhétorique périlleux : il s’agit de raconter une vie tout en dessinant l’avenir de la France.

Un exemple marquant est la cérémonie d’investiture de François Mitterrand en 1981. Au lieu d’une panthéonisation, le président nouvellement élu est allé s’incliner seul, une rose à la main, sur les tombes de Victor Schœlcher, Jean Jaurès et Jean Moulin. Ce geste symbolique visait à inscrire son mandat dans une filiation historique de gauche (abolitionnisme, socialisme, résistance), utilisant le Panthéon comme caution morale de son pouvoir.

🌍 Le Panthéon au XXIe siècle

Aujourd’hui, le Panthéon cherche à rester pertinent pour les jeunes générations. Il ne doit pas être un mausolée poussiéreux. Le Centre des monuments nationaux organise des expositions d’art contemporain, des installations (comme les portraits géants de l’artiste JR sur le dôme et le sol en 2014) pour attirer un nouveau public. L’objectif est de montrer que les valeurs défendues par les « Grands Hommes » sont toujours d’actualité.

Le choix des futurs entrants reste un sujet de débat passionné. Faut-il y faire entrer Molière (pour la langue française) ? Gisèle Halimi (pour le féminisme) ? Robert Badinter ? Ces discussions prouvent que le Panthéon est bien vivant. Il agit comme un miroir de la société française : dis-moi qui tu mets au Panthéon, je te dirai quelle France tu veux construire. C’est un lieu où le passé dialogue en permanence avec le présent.

Pour approfondir la dimension locale de cette mémoire républicaine, n’hésite pas à lire notre article sur les monuments aux morts, qui sont les « petits Panthéons » de nos villages.

🧠 À retenir sur Le Panthéon

  • C’est une ancienne église (Sainte-Geneviève) devenue temple laïque à la Révolution française (1791).
  • La devise du fronton est : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante« .
  • L’entrée se décide par le Président de la République (sous la Ve République).
  • Il abrite des figures majeures comme Voltaire, Rousseau, Hugo, Zola, Moulin, Veil et Baker.
  • C’est le symbole suprême des valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité et laïcité.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur Le Panthéon

🧩 Qui fut le premier à entrer au Panthéon ?

C’est Mirabeau, en 1791. Cependant, il en fut exclu trois ans plus tard lorsqu’on découvrit ses correspondances secrètes avec le roi. Voltaire, entré en juillet 1791, est le plus ancien résistant à y reposer encore aujourd’hui.

🧩 Peut-on visiter le dôme ?

Oui, l’accès au dôme est possible (souvent d’avril à octobre) et offre l’une des plus belles vues panoramiques sur Paris. C’est l’occasion de voir la structure technique de l’édifice imaginée par Soufflot.

🧩 Est-ce que Napoléon est au Panthéon ?

Non, Napoléon Ier repose aux Invalides. Le Panthéon est dédié aux gloires civiles et aux valeurs républicaines ou philosophiques, tandis que les Invalides sont le panthéon militaire de la France.

🧩 Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes ?

C’est historique : les femmes étaient exclues de la vie publique et politique. Ce n’est qu’en 1995 avec Marie Curie que les choses ont changé. Le retard est immense, mais les dernières entrées tentent de le combler progressivement.

🧩 Quiz – Le Panthéon et la mémoire républicaine

1. Quel roi est à l’origine de la construction du bâtiment ?



2. Quel architecte a conçu le Panthéon ?



3. Quelle était la fonction initiale prévue pour le bâtiment ?



4. En quelle année le bâtiment devient-il le Panthéon pour la première fois ?



5. Quelle devise est inscrite sur le fronton ?



6. Quels philosophes se font face à l’entrée de la crypte ?



7. Qui décide de l’entrée au Panthéon sous la Ve République ?



8. Quelle expérience scientifique célèbre a eu lieu au Panthéon en 1851 ?



9. Quel écrivain y est entré en 1885 lors de funérailles grandioses ?



10. Qui est la première femme entrée pour ses propres mérites ?



11. Quelle femme célèbre est entrée au Panthéon en 2021 ?



12. Quel résistant y est honoré par un célèbre discours d’André Malraux ?



13. Où repose Napoléon Ier ?



14. Quelle est la forme architecturale du plan du Panthéon ?



15. Quel écrivain y a été transféré malgré les polémiques de l’affaire Dreyfus ?



16. Combien de femmes environ y reposent par rapport aux hommes ?



17. Quel président s’est recueilli seul avec une rose en 1981 ?



18. Quelle partie du bâtiment accueille les cercueils ?



19. Qui a sculpté le fronton actuel représentant la Patrie ?



20. Le Panthéon est situé sur quelle colline parisienne ?



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