🛡️ République en danger (1870–1914) : crises et défenses de la IIIe République

🎯 Pourquoi la République en danger (1870–1914) est-elle un moment clé de l’histoire de France ?

La République en danger (1870–1914) désigne une période où la jeune IIIe République, née dans la défaite de 1870 face à la Prusse, est sans cesse menacée par les guerres, les révoltes, les complots et les scandales politiques, ce qui en fait un chapitre essentiel pour comprendre la vie politique française. Dès le début, la République doit survivre à la chute du Second Empire, au siège de Paris, puis à la sanglante Commune de Paris, ce qui nourrit la peur du désordre social chez les élites. En outre, tout au long de ces décennies, elle affronte des crises majeures comme la crise du 16 mai 1877, le boulangisme ou encore l’affaire Dreyfus, qui divisent profondément l’opinion publique. Ainsi, cette période montre comment un régime démocratique peut être à la fois très fragile et capable de résister aux attaques venues de la droite monarchiste, de l’armée, de l’extrême droite nationaliste mais aussi de la gauche révolutionnaire. Enfin, étudier cette séquence permet de mieux saisir comment se construit peu à peu une culture républicaine commune, autour de l’école laïque, de la liberté de la presse et de la séparation des Églises et de l’État, qui marque encore la politique française actuelle.

Pour bien maîtriser ce thème, il est utile de faire des allers-retours avec d’autres grandes figures françaises comme Napoléon Bonaparte, Louis XIV ou Charles de Gaulle, qui incarnent d’autres modèles de pouvoir que tu peux découvrir dans l’article sur Napoléon Bonaparte ou dans celui consacré à Charles de Gaulle. En effet, comparer ces dirigeants à la République permet de mieux voir la différence entre un régime fondé sur un chef charismatique et un régime fondé sur des institutions, des lois et des élections régulières. De plus, cette période 1870–1914 prépare le rôle de grandes personnalités républicaines comme Jean Jaurès, que tu retrouveras dans l’article dédié à Jean Jaurès, où l’on voit comment le socialisme français se construit dans le cadre républicain. Enfin, cette analyse te sera très utile pour les sujets de brevet ou de bac qui portent sur la vie politique française, la laïcité ou la montée des nationalismes avant 1914.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour poser le contexte de la défaite de 1870, de la Commune de Paris et comprendre pourquoi la République en danger (1870–1914) commence dans un climat de guerre, de peur sociale et d’incertitude politique.

🧭 Naissance tumultueuse de la IIIe République (1870–1871)

📌 L’effondrement du Second Empire et la défaite de 1870

À l’origine de la République en danger (1870–1914), il y a d’abord la chute brutale du Second Empire dirigé par Napoléon III, renversé après la défaite militaire face à la Prusse lors de la bataille de Sedan en septembre 1870. Cette défaite humiliante, qui prolonge la tradition des grandes guerres européennes étudiées avec Napoléon Bonaparte, ouvre une crise majeure de régime que tu peux comparer avec d’autres basculements politiques en lisant l’article sur Napoléon Bonaparte. En outre, la capitale Paris est assiégée, la population souffre de la faim, et le pays est occupé en partie par les troupes de Prusse dirigées par le chancelier Otto von Bismarck, ce qui crée un sentiment d’humiliation nationale très fort.

Dans ce contexte de guerre, la République n’apparaît pas d’abord comme un choix réfléchi mais comme une solution d’urgence. Le 4 septembre 1870, à Paris, la foule envahit l’Assemblée et des responsables politiques comme Léon Gambetta proclament la République à l’Hôtel de Ville, alors que beaucoup de notables restent attachés à l’idée d’un retour à la monarchie. Ainsi, la nouvelle IIIe République naît dans la défaite, au milieu d’un pays occupé, ruiné et divisé sur la forme du régime. Dès ses premiers jours, elle est donc fragile, contestée, et doit se battre pour exister, ce qui explique qu’on parle dès cette époque de République en danger (1870–1914).

🏛️ La proclamation de la République et ses premières difficultés

Après la proclamation du 4 septembre 1870, un Gouvernement de Défense nationale s’installe à Paris mais il reste prisonnier de l’image d’un pays vaincu et encerclé. Le pouvoir doit négocier un armistice avec la Prusse, signé en janvier 1871, qui impose à la France la cession de l’Alsace-Lorraine et le paiement d’une énorme indemnité de guerre, ce qui renforce la colère de l’opinion publique. De plus, les élections de février 1871 envoient à l’Assemblée une majorité de députés monarchistes, souvent ruraux et conservateurs, qui souhaitent restaurer un roi plutôt que consolider la République. Cette contradiction entre un régime proclamé républicain à Paris et une majorité parlementaire monarchiste crée une instabilité politique permanente.

Par conséquent, la jeune IIIe République doit se construire dans un climat explosif où s’opposent plusieurs France : une France urbaine, populaire et républicaine, très présente à Paris, et une France rurale, plus conservatrice et souvent attachée à la monarchie. Cette tension débouche très vite sur une véritable guerre civile avec la Commune de Paris au printemps 1871, que tu retrouveras au chapitre suivant et qui illustre jusqu’où peut aller la peur du désordre social chez les élites républicaines. Pour comprendre comment, plus tard, la République cherchera à apaiser ces tensions en menant des réformes sociales, tu pourras faire le lien avec l’article sur les grandes réformes sociales en France, qui montre comment les gouvernements républicains essaient progressivement de répondre aux attentes des classes populaires.

🔥 La Commune de Paris : guerre civile et peur sociale

📌 Une insurrection populaire au cœur de la capitale

Au printemps 1871, la peur de la guerre civile devient réalité et fait entrer la République en danger (1870–1914) dans une nouvelle phase, lorsque les habitants de Paris se soulèvent contre le gouvernement installé à Versailles. La capitale, affamée par le siège de 1870–1871, se sent trahie par les négociations avec la Prusse, d’autant que le gouvernement accepte la perte de l’Alsace-Lorraine, ce qui renforce la colère patriotique et sociale. De plus, la Garde nationale, milice citoyenne très politisée, refuse de livrer ses canons au pouvoir central, ce qui déclenche l’insurrection du 18 mars 1871 et la fuite du gouvernement vers Versailles. Ainsi, une nouvelle autorité se met en place, la Commune de Paris, qui se veut à la fois démocratique, sociale et patriote, et qui attire des militantes et militants radicaux comme la future grande figure anarchiste Louise Michel, que tu retrouveras en détail dans l’article consacré à Louise Michel.

La Commune de Paris veut réinventer la démocratie en donnant davantage de pouvoirs aux élus locaux et aux travailleurs, ce qui inquiète profondément les élites politiques et sociales de la France rurale. En outre, le programme communaliste prévoit des mesures sociales comme la remise des loyers, le soutien aux ouvriers ou encore des réformes dans l’école, ce qui fait peur à ceux qui redoutent une révolution socialiste. Cette peur d’un pouvoir populaire incontrôlé marquera durablement les dirigeants de la IIIe République, qui associeront longtemps tout mouvement social radical à un risque d’« anarchie » ou de chaos. Par conséquent, la mémoire de la Commune alimentera une représentation permanente d’une République en danger (1870–1914), menacée aussi bien par la gauche révolutionnaire que par la droite monarchiste, ce qui explique la nervosité répressive de nombreux gouvernements républicains par la suite.

🩸 La « Semaine sanglante » et un traumatisme durable

Pour reprendre le contrôle de Paris, le gouvernement installé à Versailles dirigé par Adolphe Thiers prépare une reconquête militaire, qui débouche sur la terrible « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Les troupes versaillaises entrent dans la ville, rue par rue, et affrontent les communards derrière des barricades, dans un combat acharné qui transforme la capitale en champ de ruines. De plus, la répression est féroce : des milliers de communards sont fusillés, d’autres sont emprisonnés ou déportés en Nouvelle-Calédonie, comme Louise Michel, ce qui illustre la violence avec laquelle la République peut frapper ses propres citoyens lorsqu’elle se sent menacée. Ainsi, la victoire du gouvernement sur la Commune ne signifie pas une réconciliation nationale, mais un traumatisme profond qui divise la mémoire française entre « vainqueurs de l’ordre » et « martyrs rouges ».

Cette guerre civile courte mais extrêmement violente laisse une trace durable dans la vie politique de la IIIe République, car elle renforce chez les gouvernants la peur d’un soulèvement populaire et d’une révolution sociale. En conséquence, toute montée des grèves ouvrières, toute agitation syndicale ou tout mouvement social sera souvent regardé à travers le prisme de la Commune de Paris, ce qui contribue à maintenir l’idée d’une République en danger (1870–1914) sur son flanc gauche. Cependant, la mémoire de la Commune nourrit aussi les luttes pour la justice sociale et la démocratie, que l’on retrouvera plus tard chez des figures comme Jean Jaurès, étudié dans l’article sur Jean Jaurès, ce qui montre que la violence de 1871 n’a pas étouffé les aspirations à une République plus sociale et plus égalitaire.

📜 Les lois constitutionnelles de 1875 : une République encore fragile

⚙️ Un compromis arraché entre monarchistes et républicains

Après la répression de la Commune de Paris, la France reste dirigée par une Assemblée majoritairement monarchiste, et pourtant c’est bien dans ce contexte que se joue une étape décisive de la République en danger (1870–1914). Entre 1873 et 1875, les députés hésitent entre restaurer un roi et installer définitivement une République, ce qui crée une incertitude institutionnelle permanente. De plus, les divisions internes des monarchistes, partagés entre légitimistes et orléanistes, bloquent le retour d’un souverain et obligent à chercher une solution de compromis. Ainsi, après des votes très serrés, les lois constitutionnelles de 1875 sont adoptées à une voix près, ce qui montre à quel point la naissance officielle de la IIIe République tient à peu de chose.

Ces lois constitutionnelles de 1875 ne forment pas une constitution unique, mais un ensemble de textes qui organisent les pouvoirs publics, avec un président de la République, un Sénat et une Chambre des députés. Toutefois, ce compromis reste fragile, car beaucoup de monarchistes votent ces lois en pensant qu’elles pourront servir de cadre provisoire en attendant un éventuel roi. En outre, les républicains acceptent la création d’un Sénat conservateur élu en partie par les notables ruraux, précisément pour rassurer ces milieux hostiles aux changements trop rapides. Par conséquent, les institutions de la IIIe République naissent d’un équilibre instable, où la République existe légalement mais reste menacée politiquement, ce qui alimente l’idée d’une République en danger (1870–1914) dès son point de départ.

🏛️ Un régime parlementaire encore contesté

Les lois de 1875 mettent en place un régime largement parlementaire dans lequel le président de la République, élu par les deux chambres réunies, dispose certes de pouvoirs importants sur le papier, mais dépend étroitement de la majorité des députés. D’une part, le gouvernement doit avoir la confiance de la Chambre des députés, ce qui donne un rôle central aux élections législatives et au jeu des partis, déjà très vif dans la France de la fin du XIXe siècle. D’autre part, le président conserve le droit de dissoudre la Chambre, ce qui ouvre la possibilité d’un bras de fer entre exécutif et législatif, comme tu le verras avec la crise du 16 mai 1877 dans le chapitre suivant.

Cependant, une partie importante de l’opinion, notamment dans les campagnes, reste méfiante à l’égard de cette République parlementaire qu’elle associe trop souvent au désordre de 1870–1871 et à la Commune de Paris. De plus, les élites sociales et religieuses, liées à l’ancienne monarchie et à l’Église catholique, redoutent que ce régime n’ouvre la voie à des réformes laïques et sociales profondes, comme celles qui seront plus tard portées par les lois scolaires de Jules Ferry, étudiées dans l’article sur l’école gratuite de Ferry. Ainsi, même après les lois de 1875, la IIIe République reste un régime contesté, coincé entre le souvenir des violences révolutionnaires et la résistance des forces conservatrices, ce qui confirme que la République en danger (1870–1914) n’est pas une formule exagérée mais bien une réalité politique quotidienne.

⚖️ La crise du 16 mai 1877 : qui dirige vraiment la République ?

📌 Un bras de fer entre le président et la Chambre

Quelques années après les lois de 1875, la République en danger (1870–1914) affronte une nouvelle épreuve avec la crise du 16 mai 1877, qui oppose le président de la République Mac-Mahon, catholique et conservateur, à une Chambre des députés devenue majoritairement républicaine. Le président, soutenu par les milieux monarchistes et cléricaux, refuse la politique anticongréganiste et laïque défendue par les républicains, ce qui révèle deux visions opposées de la France : une France d’ordre, fortement liée à l’Église catholique, et une France républicaine attachée aux libertés publiques. Le 16 mai 1877, Mac-Mahon renvoie le chef du gouvernement républicain Jules Simon et nomme à sa place un ministère conservateur, espérant reprendre la main sur la politique nationale.

Pour renforcer son autorité, le président de la République utilise un de ses pouvoirs clés : le droit de dissolution de la Chambre des députés, qu’il exerce en juin 1877 afin de provoquer de nouvelles élections. Cependant, ce pari est risqué, car les républicains profitent de cette campagne pour mobiliser l’opinion dans tout le pays contre ce qu’ils présentent comme une tentative de « coup de force » présidentiel. Ainsi, la crise du 16 mai 1877 pose une question centrale pour la IIIe République : le pouvoir doit-il être dominé par un chef de l’État fort, proche du modèle monarchique étudié dans l’article sur Louis XIV et la monarchie absolue, ou bien par des assemblées élues qui représentent la souveraineté nationale ?

🗳️ La victoire électorale des républicains et la mise au pas du président

Les élections législatives d’octobre 1877 tournent finalement à l’avantage des républicains, malgré la pression de l’administration et des notables conservateurs. La célèbre formule de Léon Gambetta, qui appelle Mac-Mahon à « se soumettre ou se démettre », résume l’enjeu : soit le président accepte le verdict des urnes, soit il doit quitter le pouvoir. De plus, cette victoire confirme que les campagnes, longtemps considérées comme un bastion monarchiste, se rallient progressivement à la République, même si ce ralliement reste parfois plus prudent que enthousiaste. Par conséquent, le chef de l’État est obligé de nommer un gouvernement dirigé par des républicains, ce qui marque une étape décisive dans la stabilisation du régime.

À partir de là, le rôle du président de la République devient plus effacé et la pratique politique consacre la domination des Chambres sur l’exécutif, ce qui renforce le caractère parlementaire de la IIIe République. En effet, après la démission de Mac-Mahon en 1879, ses successeurs se montrent beaucoup plus prudents et renoncent de fait à utiliser le droit de dissolution, de peur d’entrer en conflit avec les députés. Ainsi, la crise du 16 mai 1877 se termine par une victoire des républicains qui limite durablement les risques d’un retour à un pouvoir personnel, même si la République en danger (1870–1914) reste menacée par d’autres crises, comme le boulangisme ou l’affaire Dreyfus, que tu découvriras dans les chapitres suivants.

🏛️ La République opportuniste : consolider le régime par les réformes

📌 Les républicains modérés prennent le pouvoir

À partir de 1879, la situation change progressivement et la République en danger (1870–1914) semble enfin trouver des défenseurs solides avec l’arrivée au pouvoir des républicains dits « opportunistes », comme Jules Ferry, Léon Gambetta ou Jules Grévy. Ce courant, majoritaire au Parlement, cherche moins la révolution que la stabilisation, en profitant des occasions politiques favorables pour avancer pas à pas, d’où le terme « opportuniste ». De plus, en transférant la présidence de la République à un républicain avec l’élection de Jules Grévy en 1879, le régime rompt définitivement avec les réflexes monarchistes et installe des symboles forts : retour du gouvernement à Paris, adoption de la Marseillaise comme hymne national, choix du 14 juillet comme fête nationale. Ainsi, la République ne se contente plus de survivre, elle occupe l’espace public et cherche à gagner les cœurs.

Ces dirigeants opportunistes veulent montrer que la République peut être un régime d’ordre, capable de gouverner sans chaos ni guerre civile, contrairement à l’image laissée par la Commune de Paris. En outre, ils cherchent à rallier progressivement la bourgeoisie et une partie des classes populaires en prouvant que ce régime garantit à la fois la propriété, la croissance économique et certaines libertés nouvelles. Cette stratégie d’enracinement progressif rappelle, d’une autre manière, la façon dont des figures fortes comme Charles de Gaulle ont plus tard cherché à stabiliser la vie politique, comme tu peux le voir dans l’article sur Charles de Gaulle. Cependant, malgré ces succès, les oppositions restent vives, et la République en danger (1870–1914) continue de devoir prouver sa légitimité face aux monarchistes, aux cléricaux et aux révolutionnaires.

📚 Réformes scolaires et libertés publiques pour ancrer la République

Pour consolider le régime, les opportunistes misent sur deux grands leviers : l’école et les libertés publiques. D’une part, les lois scolaires de Jules Ferry dans les années 1880 rendent l’école gratuite, laïque et obligatoire, afin de former de futurs citoyens attachés aux valeurs républicaines plutôt qu’à la monarchie ou à l’Église ; tu peux approfondir cette question dans l’article dédié à l’école gratuite de Ferry. D’autre part, les républicains renforcent la liberté de la presse, la liberté de réunion et autorisent progressivement l’organisation des syndicats, ce qui donne une voix plus forte aux ouvriers et aux mouvements sociaux, même si ces derniers restent surveillés avec méfiance après le traumatisme de la Commune de Paris.

Par conséquent, la République opportuniste se sert des réformes pour rendre le régime plus acceptable et plus présent dans la vie quotidienne : les enfants apprennent l’histoire nationale, les symboles comme le drapeau tricolore ou le buste de Marianne, et l’on cherche à créer une culture commune. En même temps, cette politique prépare le terrain aux grandes avancées sociales et politiques du XXe siècle, comme les congés payés de 1936 que tu peux découvrir dans l’article sur les congés payés de 1936, ou encore la construction progressive de la Sécurité sociale présentée dans l’article sur la Sécurité sociale en France. Toutefois, malgré cet enracinement, les années 1880 et 1890 restent marquées par de fortes tensions, comme le montre la montée d’un général populaire, Boulanger, qui incarne une nouvelle menace pour la République en danger (1870–1914).

⚔️ Le général Boulanger et la tentation d’un pouvoir autoritaire

📌 Un général populaire qui séduit les mécontents

Dans les années 1880, alors que la République opportuniste semble consolidée, la République en danger (1870–1914) affronte une nouvelle menace avec la montée du général Boulanger, officier charismatique et nationaliste. Son image de « général Revanche » séduit une partie des Français humiliés par la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine, qui rêvent d’un chef énergique capable de restaurer la grandeur du pays. En outre, Boulanger rassemble derrière lui des courants très différents, allant des monarchistes aux républicains radicaux, en passant par des milieux ouvriers déçus, ce qui crée un mélange explosif de colères. Ainsi, il incarne une forme de populisme avant l’heure, qui s’appuie sur le rejet des partis traditionnels, sur le culte d’un homme providentiel et sur une méfiance profonde envers le Parlement.

Le succès du boulangisme se manifeste particulièrement lors des élections partielles où le général est élu dans plusieurs circonscriptions, parfois avec des scores impressionnants, grâce à des campagnes simples et efficaces centrées sur sa personnalité. De plus, ses partisans utilisent déjà des techniques modernes de propagande politique, avec affiches, slogans et meetings de masse, afin de donner le sentiment d’un mouvement irrésistible. Pour beaucoup de républicains, le danger est clair : si Boulanger prenait le pouvoir, il pourrait renverser les institutions et instaurer un régime autoritaire, à l’image d’autres figures fortes de l’histoire française comme Napoléon Bonaparte, étudié dans l’article sur Napoléon Bonaparte. Par conséquent, la question n’est plus seulement de savoir si la République est acceptée, mais si elle peut résister à une offensive personnelle et populiste.

🧪 Un test crucial pour les institutions républicaines

Face au boulangisme, les dirigeants républicains se divisent sur la stratégie à adopter, ce qui renforce l’impression d’une République en danger (1870–1914). Certains souhaitent faire arrêter le général pour complot contre la sûreté de l’État, au risque d’en faire un martyr, tandis que d’autres préfèrent l’affronter sur le terrain électoral et juridique. Finalement, la République choisit d’utiliser le droit, en engageant des poursuites contre Boulanger devant le Sénat siégeant en Haute Cour de justice, tout en menant une bataille politique pour rappeler l’importance du suffrage universel et des lois plutôt que du culte du chef. Ainsi, le régime se défend en mobilisant ses propres principes : séparation des pouvoirs, respect des procédures, débats parlementaires.

Le tournant se produit lorsque le général, pourtant encouragé par ses partisans à marcher sur le Palais Bourbon et à renverser la Chambre, hésite et finit par fuir à l’étranger en 1889, ce qui brise brutalement la dynamique du mouvement boulangiste. Cette fuite montre les limites d’un chef qui a suscité beaucoup d’attentes mais n’a pas osé franchir le pas du coup d’État, à la différence d’autres figures autoritaires de l’histoire. En outre, la victoire de la République sur Boulanger renforce la confiance des républicains dans leurs institutions, prouvant qu’un régime parlementaire peut résister à la tentation d’un homme fort. Cependant, cette crise laisse une leçon durable : une démocratie peut toujours être fragilisée par la combinaison du ressentiment social, du nationalisme et du culte du chef, autant d’éléments que l’on retrouvera plus tard dans d’autres périodes de l’histoire française et européenne.

🧨 Scandales politiques et crise de confiance (Panama et autres affaires)

📌 Le scandale de Panama : corruption et opinion choquée

Dans les années 1890, la République en danger (1870–1914) traverse une crise morale profonde avec le scandale de Panama, qui éclabousse une partie du personnel politique républicain. À l’origine, il s’agit d’un projet ambitieux de canal interocéanique au Panama, porté par l’ingénieur Ferdinand de Lesseps, déjà célèbre pour le canal de Suez, et soutenu par de nombreux investisseurs français. Cependant, la société chargée des travaux accumule les retards, les difficultés techniques et les pertes financières, ce qui la pousse à multiplier les émissions d’actions auprès du public, souvent de petits épargnants confiants dans la parole de l’État. Lorsque l’entreprise fait faillite en 1889, des centaines de milliers de souscripteurs se retrouvent ruinés, ce qui provoque une immense colère.

Rapidement, la presse révèle que des hommes politiques influents ont touché des pots-de-vin pour favoriser les lois autorisant ces émissions d’actions, ou pour étouffer l’affaire, ce qui donne l’image d’une République gangrenée par la corruption. De plus, plusieurs parlementaires sont mis en cause, certains sont poursuivis, d’autres se suicident, ce qui renforce l’idée que les « élites » républicaines se servent avant de servir le pays. Ainsi, pour une partie de l’opinion, la faillite du Panama ne représente pas seulement un échec économique, mais une trahison des principes de probité et de vertu souvent associés au régime républicain. Par conséquent, ce scandale nourrit la méfiance envers les partis, alimente le discours des antiparlementaires et fragilise encore plus la confiance dans la IIIe République, déjà secouée par le boulangisme et bientôt par l’affaire Dreyfus.

🧩 Une République accusée d’être « pourrie » par les affaires

Le scandale de Panama n’est pas un cas isolé : il s’inscrit dans une série d’« affaires » qui donnent à l’époque l’impression d’une République minée par les réseaux, les lobbies et les arrangements secrets. D’une part, les adversaires du régime, notamment les royalistes et les nationalistes, exploitent ces révélations pour accuser le Parlement d’être un « repaire de corrompus » coupés du peuple, ce qui renforce le camp des ennemis de la République. D’autre part, certains républicains eux-mêmes reconnaissent que le cumul des mandats, l’absence de contrôle strict des financements et le poids des grands milieux d’affaires favorisent les dérives. Ainsi, la crise de confiance ne touche pas seulement les parlementaires impliqués, mais l’ensemble des institutions.

Dans ce climat, la République en danger (1870–1914) doit affronter un double défi : défendre ses principes démocratiques tout en montrant qu’elle est capable de se réformer et de sanctionner les abus. En outre, ces scandales jouent un rôle important dans la montée des mouvements antiparlementaires, souvent proches de la future extrême droite, qui mélangent critique de la corruption, nationalisme agressif et parfois antisémitisme. On retrouve cette atmosphère lourde dans les années qui précèdent l’affaire Dreyfus, où une partie de la presse, comme certains milieux politiques, se prépare déjà à désigner des « coupables » commodes pour expliquer les faiblesses du pays. Par conséquent, les affaires des années 1890 préparent le terrain à une nouvelle crise majeure, dans laquelle l’innocence ou la culpabilité d’un officier, le capitaine Alfred Dreyfus, va diviser la France entière.

⚖️ L’affaire Dreyfus : une République coupée en deux

📌 La condamnation d’un officier juif accusé de trahison

À la fin des années 1890, la République en danger (1870–1914) entre dans une de ses crises les plus graves avec l’affaire Dreyfus, qui mêle erreur judiciaire, antisémitisme et affrontement politique. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier d’artillerie juif originaire de Mulhouse, est accusé d’avoir livré des documents militaires à l’Allemagne, toujours considérée comme l’ennemie principale depuis la défaite de 1870. Le procès se déroule à huis clos devant un conseil de guerre, sur la base de preuves fragiles et de documents secrets que la défense ne peut pas consulter, ce qui viole les principes élémentaires de la justice. De plus, dans un contexte de forte montée du nationalisme et de préjugés antisémites, beaucoup d’officiers et de journalistes sont convaincus d’avance que cet officier juif ne peut être qu’un traître, ce qui pèse lourdement sur la décision.

Condamné à la déportation à perpétuité en 1894, Alfred Dreyfus est envoyé sur l’île du Diable en Guyane, où il vit dans des conditions extrêmement dures, tandis que l’armée se félicite d’avoir « sauvé » la patrie. Cependant, dès les premières années, certains officiers, comme le commandant Picquart, découvrent des éléments montrant que le véritable coupable serait un autre officier, le commandant Esterhazy. En outre, au fur et à mesure que ces doutes se répandent, des intellectuels et des journalistes commencent à dénoncer une possible erreur judiciaire, notamment Émile Zola avec son célèbre article « J’accuse… ! », publié en 1898. Ainsi, l’affaire Dreyfus cesse d’être un simple dossier militaire pour devenir un immense débat public sur la vérité, la justice et l’honneur de la IIIe République, débat que tu peux replacer dans le parcours plus large des combats pour la démocratie que mène par exemple Jean Jaurès, présenté dans l’article sur Jean Jaurès.

🧭 Une fracture profonde entre « dreyfusards » et « antidreyfusards »

Très vite, l’affaire Dreyfus divise la France en deux camps irréconciliables, ce qui illustre de manière spectaculaire l’expression de République en danger (1870–1914). D’un côté, les dreyfusards, qui rassemblent des républicains, des socialistes, des intellectuels et des citoyens soucieux de vérité, défendent l’idée que la justice doit primer sur la raison d’État, même si cela embarrasse l’armée. De l’autre, les antidreyfusards, souvent proches des milieux nationalistes, catholiques et monarchistes, considèrent la remise en cause du verdict comme une attaque contre l’armée et contre la nation elle-même. En outre, la presse joue un rôle central en attisant les passions, en publiant des caricatures, des articles haineux ou des enquêtes courageuses, selon le camp qu’elle soutient.

Cette fracture dépasse largement le cas individuel de Dreyfus et pose une question plus large : quel type de République la France veut-elle être ? Une République qui protège les corps établis, comme l’armée et l’Église, au risque de sacrifier un innocent, ou une République qui accepte de reconnaître ses fautes pour rester fidèle à ses principes ? Finalement, après plusieurs révisions de procès, la cassation de la première condamnation et un nouveau verdict injuste, Dreyfus est gracié en 1899, puis officiellement réhabilité en 1906 et réintégré dans l’armée. Entre-temps, la crise a profondément transformé la vie politique, en affaiblissant les milieux nationalistes et cléricaux et en renforçant les républicains attachés à la laïcité et à l’État de droit. Pour compléter ce chapitre, tu peux consulter le dossier pédagogique de Mémorial de la Shoah, qui replace l’affaire Dreyfus dans l’histoire plus large de l’antisémitisme en France et en Europe.

🚨 Nationalisme, antisémitisme et extrême droite

📌 Un nationalisme agressif nourri par la défaite de 1870

Dans les dernières décennies du XIXe siècle, la République en danger (1870–1914) doit affronter une montée continue du nationalisme, nourri par le traumatisme de la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine. Pour de nombreux Français, l’Allemagne reste l’ennemi irréconciliable et l’idée de « revanche » devient un slogan puissant, souvent utilisé par des ligues patriotiques et par une partie de la presse. En outre, certains journaux entretiennent un climat d’excitation permanente en dénonçant les « traîtres » à l’intérieur du pays, qu’ils accusent de fragiliser l’armée, l’économie ou l’unité nationale. Ainsi, le nationalisme n’est pas seulement l’amour de la patrie, il se transforme parfois en idéologie agressive qui désigne des ennemis intérieurs et extérieurs à combattre.

Ce nationalisme radical se méfie du parlementarisme, jugé trop bavard et trop faible, et rêve souvent d’un pouvoir exécutif fort capable de défendre l’honneur national sans hésiter, comme l’ont fait autrefois des figures telles que Napoléon Bonaparte. De plus, il s’oppose volontiers aux courants républicains modérés, aux socialistes et aux militants de la paix, comme Jean Jaurès, que tu peux retrouver dans l’article sur Jean Jaurès. Par conséquent, la vie politique française se polarise de plus en plus entre, d’un côté, des républicains attachés à la démocratie parlementaire et, de l’autre, des mouvements nationalistes qui voient la République comme un régime faible, incapable de préparer sérieusement le pays à une éventuelle guerre.

⚠️ L’antisémitisme politique et les débuts de l’extrême droite

Dans ce climat de tension, l’antisémitisme occupe une place de plus en plus visible et dangereuse, en particulier au moment de l’affaire Dreyfus. Des journaux et des ligues nationalistes accusent régulièrement les Juifs d’être responsables des défaites, des crises économiques ou des scandales politiques, comme le Panama, en mélangeant rumeurs, caricatures et théories complotistes. En outre, certains intellectuels et écrivains développent un véritable discours d’antisémitisme politique, qui prétend que les Juifs formeraient un « anti-France » menaçant la nation de l’intérieur. Ainsi, l’hostilité envers les Juifs ne se limite plus à des préjugés religieux anciens, elle devient une arme idéologique moderne utilisée contre la République et ses valeurs d’égalité.

Autour de ces thèmes se constituent les premières grandes ligues nationalistes et antisémites, qui annoncent ce que l’on appellera plus tard l’extrême droite française. Ces mouvements rejettent la IIIe République, qu’ils accusent d’être dominée par des politiciens corrompus, des Juifs et des francs-maçons, et réclament un pouvoir autoritaire, fortement lié à l’Église catholique et à l’armée. Par conséquent, la République en danger (1870–1914) se trouve menacée non seulement par les monarchistes classiques, mais aussi par ce nouveau courant extrémiste, dont les thèmes – culte du chef, nationalisme fermé, désignation de boucs émissaires – réapparaîtront tragiquement au XXe siècle. Cette atmosphère explique en partie pourquoi les républicains tiennent tant à renforcer la laïcité et l’État de droit, comme tu le verras dans le chapitre consacré à la loi de 1905.

🛠️ Mouvement ouvrier, syndicats et contestation sociale

📌 La montée des grèves et des revendications ouvrières

Au même moment où le nationalisme progresse, la République en danger (1870–1914) doit aussi composer avec la montée du mouvement ouvrier, qui réclame de meilleures conditions de travail et plus de justice sociale. Depuis la première révolution industrielle, les ouvriers des grandes villes comme Paris, Lyon ou Lille subissent de longues journées, des salaires faibles et une sécurité quasi inexistante dans les usines. De plus, les crises économiques entraînent régulièrement chômage et misère, ce qui nourrit la colère contre les patrons mais aussi parfois contre l’État, jugé trop favorable aux possédants. Ainsi, les grèves deviennent plus fréquentes, mieux organisées et plus visibles dans l’espace public, au point de faire peur aux élites qui gardent en mémoire le spectre de la Commune de Paris.

Pour comprendre pleinement cette évolution, il est utile de la replacer dans le long parcours du monde du travail, que tu peux approfondir dans l’article sur le travail ouvrier et le syndicalisme. En effet, les grèves de la fin du XIXe siècle s’inscrivent dans une histoire plus large, où les ouvriers apprennent peu à peu à se coordonner, à négocier et à utiliser la presse pour défendre leurs revendications. Par ailleurs, certains militants se tournent vers des idéologies comme le socialisme ou l’anarchisme, qui proposent des transformations profondes de la société, ce qui inquiète les gouvernements républicains soucieux d’ordre. Par conséquent, la République se retrouve dans une position délicate : elle veut protéger les libertés publiques tout en évitant que les conflits sociaux ne dégénèrent en révolution.

🤝 Naissance des syndicats et structuration du socialisme

Face à la répétition des conflits, les ouvriers s’organisent progressivement en syndicats pour défendre collectivement leurs intérêts, ce qui transforme en profondeur la vie politique de la IIIe République. La légalisation du droit de grève et des syndicats, dans les années 1880, marque une étape importante : l’État reconnaît que les travailleurs ont le droit de se regrouper pour négocier avec le patronat. En outre, des organisations comme la CGT commencent à structurer le mouvement ouvrier autour de revendications claires, comme la réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires ou la protection en cas d’accident du travail. Ainsi, le conflit social ne se limite plus à des explosions de colère ponctuelles, il devient un rapport de forces durable, avec ses porte-parole et ses stratégies.

Parallèlement, les idées socialistes se diffusent, portées par des personnalités comme Jean Jaurès, que tu retrouveras dans l’article sur Jean Jaurès, où l’on voit comment il défend à la fois la République et la justice sociale. De plus, la création de partis socialistes unifiés à la fin de la période renforce la présence de ces idées au Parlement, même si elles restent minoritaires. Ces luttes ouvrières préparent les grandes conquêtes sociales du XXe siècle, comme les congés payés de 1936 étudiés dans l’article sur les congés payés de 1936, ou encore la mise en place progressive de l’État-providence détaillée dans l’article sur l’État-providence en France. Cependant, à la veille de 1914, beaucoup de dirigeants républicains voient encore ces mobilisations comme un risque potentiel, ce qui maintient l’idée d’une République en danger (1870–1914) sur son flanc social autant que sur son flanc politique.

⛪ Laïcité en débat : de la lutte scolaire à la loi de 1905

📌 L’école comme champ de bataille entre République et Église

Au tournant du XXe siècle, la question religieuse devient l’un des enjeux centraux de la République en danger (1870–1914), notamment autour de l’école. Depuis les lois de Jules Ferry dans les années 1880, l’enseignement primaire est gratuit, laïque et obligatoire, ce qui réduit fortement l’influence de l’Église catholique sur les jeunes générations, comme tu peux le revoir dans l’article sur l’école gratuite de Ferry. De plus, les programmes scolaires mettent en avant les grands héros républicains, les symboles nationaux et l’idée de patrie, ce qui heurte les milieux catholiques attachés à un enseignement contrôlé par les congrégations religieuses. Ainsi, les écoles deviennent un champ de bataille idéologique où se joue la question : qui doit former les futurs citoyens, l’État ou l’Église ?

Dans ce contexte, les gouvernements républicains multiplient les mesures pour limiter le rôle politique et social des congrégations enseignantes, en particulier les jésuites et d’autres ordres religieux, accusés de nourrir l’hostilité à la République. En outre, des lois sur les associations religieuses imposent des autorisations d’État et conduisent à la fermeture de nombreux établissements jugés trop hostiles au régime. Les catholiques les plus conservateurs dénoncent une persécution et accusent la République de vouloir arracher la France à ses « racines chrétiennes », tandis que les républicains radicaux estiment au contraire que l’Église catholique reste un danger pour les libertés. Par conséquent, la question scolaire n’est pas seulement un débat technique, elle cristallise l’affrontement entre deux visions du pays, ce qui alimente l’image d’une République en danger (1870–1914) sur le terrain religieux autant que sur le terrain politique.

⚖️ La loi de 1905 : séparer l’État et les Églises pour pacifier la République

Après des années de tensions, la décision est prise de clarifier définitivement les rapports entre l’État et les cultes, ce qui aboutit à la célèbre loi de séparation des Églises et de l’État votée en 1905. Cette loi affirme que la République française ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, tout en garantissant la liberté de conscience et la liberté de pratiquer une religion dans le respect de l’ordre public. De plus, les biens des anciennes fabriques et congrégations sont transférés à des associations cultuelles encadrées par la loi, ce qui provoque des conflits parfois violents lors de l’« inventaire » des églises dans certaines villes et campagnes. Ainsi, la laïcité devient un principe juridique fort qui sépare clairement le domaine politique et le domaine religieux, afin d’éviter que l’Église catholique ne puisse à nouveau peser directement sur les choix du Parlement ou du gouvernement.

Pour les républicains, cette loi de 1905 est présentée comme un moyen de sortir durablement de la guerre des deux France, l’une « laïque » et l’autre « catholique », et donc de renforcer une République en danger (1870–1914) depuis sa naissance. En outre, ils insistent sur le fait que la laïcité ne signifie pas la haine des religions, mais l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs croyances, ce que montre encore aujourd’hui le dossier de vie-publique sur la laïcité. Cependant, une partie des catholiques refuse cette interprétation et voit dans la loi une victoire de l’« anticléricalisme », ce qui maintient une certaine méfiance vis-à-vis de la République dans certains milieux. Malgré ces résistances, la laïcité devient l’un des piliers de l’identité républicaine, aux côtés du suffrage universel et des libertés publiques, et prépare la France à affronter les grandes épreuves du XXe siècle en s’appuyant sur un État plus neutre et plus unifié.

📚 L’école républicaine : fabriquer des citoyens attachés à la République

📌 L’instruction civique et le « roman national »

Au cœur de la République en danger (1870–1914), l’école républicaine devient un outil central pour stabiliser le régime en formant des générations de citoyens attachés aux valeurs de la IIIe République. Dans les classes de toute la France, les instituteurs et institutrices, parfois surnommés les « hussards noirs de la République », enseignent la lecture, l’écriture, le calcul, mais aussi l’instruction civique, qui présente les institutions républicaines comme le meilleur garant de la liberté et de l’égalité. De plus, les manuels d’histoire racontent un « roman national » où se succèdent les grandes figures comme Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon Bonaparte ou les héros de la Révolution, montrant une France qui progresse vers plus de droits, même si cette vision reste très orientée. Ainsi, l’école tisse un lien direct entre l’amour de la patrie, la fierté nationale et l’adhésion à la République.

Concrètement, les élèves apprennent à respecter le drapeau tricolore, à chanter la Marseillaise et à célébrer le 14 juillet, ce qui installe des rituels républicains dans la vie quotidienne des villages et des quartiers. En outre, la présence du buste de Marianne dans les salles de classe ou les mairies rappelle que la France n’est plus le royaume d’un monarque mais la République de tous les citoyens. Pour mieux comprendre le rôle des grandes figures dans ce récit, tu peux explorer le cluster dédié aux figures majeures de l’histoire de France, où se croisent des personnages comme Jeanne d’Arc, Louis XIV ou Charles de Gaulle. Par conséquent, l’école ne transmet pas seulement des connaissances, elle construit une mémoire collective qui associe intimement la nation et la IIIe République.

🧭 Une école qui unifie… mais qui peut aussi exclure

L’école républicaine a pour ambition d’unifier la population autour d’une langue commune et de valeurs partagées, ce qui répond à une inquiétude constante de la République en danger (1870–1914). Dans les régions où l’on parle encore largement le breton, l’occitan ou d’autres langues régionales, les maîtres encouragent fortement l’usage du français, parfois en punissant les élèves qui utilisent leur langue maternelle, au nom de l’unité nationale. De plus, les programmes mettent surtout en avant une vision patriotique et masculine de l’histoire, où les femmes apparaissent rarement en dehors de quelques figures symboliques comme Jeanne d’Arc, alors que d’autres militantes comme Louise Michel ou les premières féministes restent longtemps marginalisées. Ainsi, si l’école crée une culture commune, elle diffuse aussi des normes qui peuvent invisibiliser certaines catégories de la population.

Malgré ces limites, l’extension progressive de la scolarisation et de l’alphabétisation renforce les bases sociales de la République, en donnant à un nombre croissant de citoyens la capacité de lire les journaux, de comprendre les débats politiques et de participer aux élections. En outre, les jeunes formés dans ces écoles deviendront les instituteurs, les employés, les ouvriers qualifiés ou les fonctionnaires qui feront vivre les institutions républicaines au début du XXe siècle. Tu peux d’ailleurs relier ce rôle de l’école aux grandes évolutions sociales étudiées dans l’article sur les grandes réformes sociales en France, où l’éducation, la protection sociale et les droits des travailleurs avancent progressivement ensemble. Cependant, même si l’école contribue à solidifier le régime, la France reste insérée dans un contexte international tendu qui, à la veille de 1914, va raviver les peurs et tester une fois de plus la solidité de la IIIe République.

🌍 Une République sous pression internationale jusqu’en 1914

⚔️ Rivalités impériales et alliances militaires

À partir des années 1890, la République en danger (1870–1914) ne se joue plus seulement à l’intérieur des frontières, elle se joue aussi dans un contexte international de plus en plus tendu. Depuis la défaite de 1870, la France cherche à sortir de son isolement diplomatique face à l’Empire allemand dirigé par Guillaume II, qui reste l’ennemi principal. Pour se protéger, elle se rapproche d’abord de la Russie, ce qui débouche sur l’alliance franco-russe à la fin du XIXe siècle, puis de la Grande-Bretagne avec l’Entente cordiale en 1904. Ainsi, la France entre peu à peu dans le système de la Triple Entente, face à la Triple Alliance formée par l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, ce qui structure durablement les relations internationales européennes.

Ces alliances n’annulent pas les inquiétudes, au contraire elles transforment les crises locales en risques de conflit général. En outre, la France participe pleinement à la course aux empires coloniaux, en particulier en Afrique et en Asie, ce qui l’oppose parfois à la Grande-Bretagne ou à l’Allemagne. Les dirigeants républicains mettent en avant l’idée de « mission civilisatrice » pour justifier ces conquêtes, mais ils savent aussi que l’armée et l’opinion publique attendent une revanche sur la défaite de 1870. Par conséquent, la République en danger (1870–1914) s’inscrit dans un jeu d’alliances et de rivalités où chaque crise peut faire basculer l’Europe vers la guerre, ce qui oblige les gouvernements à renforcer à la fois l’armée et la cohésion intérieure.

🌋 Crises diplomatiques, course aux armements et marche vers la guerre

Au début du XXe siècle, plusieurs crises internationales montrent à quel point la situation est explosive et accentuent le sentiment d’être dans une République en danger (1870–1914). Les crises marocaines de 1905 et 1911, où l’Allemagne conteste l’influence française au Maroc, provoquent des tensions extrêmes entre les deux pays et font craindre une guerre ouverte. De plus, la course aux armements s’accélère : la France modernise son artillerie, développe son réseau de chemins de fer stratégiques et instaure le service militaire obligatoire prolongé, afin de pouvoir mobiliser rapidement des millions d’hommes. Ainsi, la préparation de la guerre devient un élément central de la politique, même si de nombreux responsables, comme Jean Jaurès, défendent encore l’idée que la paix doit rester l’objectif principal.

Dans ce climat tendu, chaque crise interne renforce l’inquiétude : les nationalistes accusent les républicains d’être trop faibles, tandis que les socialistes dénoncent le militarisme et les dangers de la guerre. En outre, l’assassinat de Jean Jaurès à Paris en juillet 1914, quelques jours avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, symbolise tragiquement l’échec des dernières tentatives pour éviter le conflit. Lorsque la guerre éclate à l’été 1914, la France entre dans une épreuve gigantesque qui mettra à l’épreuve tout ce que la IIIe République a construit depuis 1870 : ses institutions, son école, sa laïcité, sa vie politique et sa cohésion sociale. À l’issue de ce long parcours, tu peux désormais mieux comprendre comment un régime né dans la défaite et la guerre civile a réussi à survivre à des décennies de crises pour affronter, uni mais marqué par ses fractures, le choc de la guerre mondiale.

🧠 À retenir sur la République en danger (1870–1914)

  • La IIIe République naît dans la défaite de 1870 et la guerre civile avec la Commune de Paris, ce qui en fait dès l’origine une République en danger, menacée à la fois par les monarchistes, l’armée et la peur du socialisme.
  • Les lois constitutionnelles de 1875, la crise du 16 mai 1877 et la victoire électorale des républicains installent un régime parlementaire durable, mais celui-ci reste fragile face aux tentations d’homme providentiel comme le général Boulanger et aux scandales politiques (Panama).
  • L’affaire Dreyfus révèle une France coupée en deux entre dreyfusards et antidreyfusards, sur fond de nationalisme et d’antisémitisme, tandis que se développent le mouvement ouvrier, les syndicats et les idées socialistes portées par des figures comme Jean Jaurès.
  • Grâce à l’école républicaine, à la laïcité affirmée par la loi de 1905 et au renforcement progressif des libertés publiques, la IIIe République parvient malgré tout à s’enraciner et à affronter un contexte international tendu, jusqu’à l’épreuve décisive de la Première Guerre mondiale en 1914, souvent au programme du brevet et du baccalauréat.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur la République en danger (1870–1914)

🧩 Pourquoi parle-t-on de « République en danger (1870–1914) » ?

On parle de République en danger (1870–1914) parce que la IIIe République, née de la défaite de 1870 et de la Commune de Paris, est menacée presque en permanence par plusieurs forces : les monarchistes qui veulent restaurer un roi, une partie de l’armée hostile au régime, les nationalistes qui le jugent faible, mais aussi les tensions sociales liées à la montée du mouvement ouvrier. Tu peux comparer cette fragilité avec d’autres moments de crise politique en France, par exemple en lisant l’article sur la première révolution industrielle, où l’on voit déjà comment les transformations économiques bousculent les régimes en place.

🧩 Quelles sont les principales crises qui menacent la IIIe République entre 1870 et 1914 ?

Entre 1870 et 1914, la IIIe République affronte une série de crises qui nourrissent l’expression de République en danger (1870–1914) : la Commune de Paris et sa répression violente en 1871, la crise du 16 mai 1877 entre le président Mac-Mahon et la Chambre, le boulangisme avec la tentation d’un homme providentiel, les scandales politiques comme le Panama et surtout l’affaire Dreyfus, qui coupe la France en deux. À cela s’ajoutent la montée du nationalisme, l’antisémitisme politique et la pression du mouvement ouvrier. Pour replacer ces crises dans l’histoire plus large des luttes sociales, tu peux consulter l’article sur le travail ouvrier et le syndicalisme, qui éclaire le contexte des grèves et des revendications.

🧩 Quel rôle joue l’affaire Dreyfus dans l’histoire de la République en danger (1870–1914) ?

L’affaire Dreyfus est l’un des moments les plus graves de la République en danger (1870–1914), car elle met en cause à la fois l’armée, la justice, la presse et les valeurs républicaines. La condamnation injuste du capitaine Alfred Dreyfus, sur fond d’antisémitisme et de nationalisme, divise le pays entre dreyfusards et antidreyfusards. Cependant, la mobilisation d’intellectuels, de républicains et de socialistes, comme Jean Jaurès, finit par imposer la révision du procès et la réhabilitation de Dreyfus, ce qui renforce à terme l’État de droit. Pour mieux comprendre la place de Jaurès dans ces combats, tu peux lire l’article consacré à Jean Jaurès, qui montre comment il articule défense de la République et justice sociale.

🧩 Comment la République utilise-t-elle l’école et la laïcité pour se renforcer ?

Pour sortir durablement de la situation de République en danger (1870–1914), les républicains misent sur deux grands leviers : l’école et la laïcité. Les lois de Jules Ferry rendent l’école gratuite, laïque et obligatoire, ce que tu peux approfondir dans l’article sur l’école gratuite de Ferry, tandis que la loi de 1905 sépare les Églises et l’État. L’objectif est de former des citoyens capables de réfléchir par eux-mêmes, attachés à la République plus qu’à un roi ou à un clergé, et de pacifier la société en garantissant la liberté de conscience pour tous. Cette stratégie s’inscrit dans un ensemble plus large de réformes sociales que tu retrouveras dans l’article sur les grandes réformes sociales en France, où l’on voit comment l’éducation, les droits des travailleurs et la protection sociale participent à l’enracinement républicain.

🧩 Comment réviser efficacement ce chapitre pour le brevet ou le bac ?

Pour bien réviser le thème de la République en danger (1870–1914) pour le brevet ou le baccalauréat, commence par construire une frise chronologique simple avec les grandes dates : 1870–1871 (défaite et Commune), 1875 (lois constitutionnelles), 1877 (crise du 16 mai), années 1880 (réformes scolaires), 1889 (échec du boulangisme), 1894–1906 (affaire Dreyfus), 1905 (séparation des Églises et de l’État) et 1914 (entrée en guerre). Ensuite, entraîne-toi à expliquer en quelques lignes pourquoi chaque crise met la République en difficulté, puis comment le régime parvient à la surmonter. Tu peux compléter ton travail avec des ressources pédagogiques en ligne comme les dossiers d’histoire sur Lumni, qui proposent vidéos, cartes et quiz pour consolider tes connaissances.

🧩 Quiz – République en danger (1870–1914)

1. En quelle année la défaite de Sedan provoque-t-elle la chute du Second Empire et ouvre-t-elle la voie à la IIIe République ?



2. Quel événement de 1871 illustre la guerre civile au cœur de Paris et marque durablement les républicains ?



3. Que mettent en place les lois constitutionnelles votées en 1875 ?



4. Quel président de la République est au centre de la crise du 16 mai 1877 ?



5. Quel camp sort renforcé des élections d’octobre 1877, mettant fin à la crise du 16 mai ?



6. Comment qualifie-t-on la politique prudente et progressive menée par Ferry, Gambetta ou Grévy dans les années 1880 ?



7. Quel est l’un des grands objectifs des lois scolaires de Jules Ferry ?



8. De quel scandale de la fin du XIXe siècle s’agit-il quand des hommes politiques sont accusés d’avoir touché des pots-de-vin liés à la construction d’un canal interocéanique ?



9. Quel officier juif est au centre de l’affaire qui divise la France entre 1894 et 1906 ?



10. Comment appelle-t-on les partisans de la révision du procès Dreyfus et de la défense de la vérité judiciaire ?



11. Quelle loi consacre la séparation des Églises et de l’État en France ?



12. Quel principe républicain est particulièrement renforcé par la loi de 1905 ?



13. Comment surnomme-t-on les instituteurs de la IIIe République chargés de diffuser les valeurs républicaines ?



14. Quelle alliance diplomatique rapproche la France et la Grande-Bretagne au début du XXe siècle ?



15. Quel dirigeant socialiste, défenseur de la paix et de la République, est assassiné à Paris en juillet 1914 ?



16. Quel mouvement politique autour d’un général charismatique incarne la tentation d’un pouvoir autoritaire à la fin des années 1880 ?



17. Comment appelle-t-on la semaine de mai 1871 durant laquelle les troupes versaillaises écrasent la Commune de Paris ?



18. Quel type de régime décrit le mieux la IIIe République après la crise du 16 mai 1877 ?



19. Parmi ces forces, laquelle ne fait PAS partie des soutiens naturels de la IIIe République entre 1870 et 1914 ?



20. Quel ensemble de facteurs contribue à l’idée de « République en danger » à la veille de 1914 ?



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