🏭 CECA et fondements économiques : la naissance de l’Europe communautaire

🎯 Pourquoi la CECA et les fondements économiques sont-ils le socle de l’UE ?

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est un champ de ruines matériel et moral où la nécessité de reconstruire se heurte à la peur d’un nouveau conflit. C’est dans ce contexte dramatique que l’idée révolutionnaire de la **CECA et fondements économiques** communs émerge pour sceller une paix durable entre les ennemis d’hier. Le 9 mai 1950, la déclaration Schuman propose de placer la production de charbon et d’acier sous une autorité commune, créant ainsi la première organisation supranationale du continent. Cette initiative audacieuse marque le véritable point de départ de la construction européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui.

👉 Poursuivons avec le sommaire pour bien visualiser les étapes de cette construction inédite.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Entrons maintenant dans le vif du sujet avec le contexte historique qui a rendu cette union nécessaire.

🏚️ L’Europe de l’après-guerre : entre ruines et peur du déclin

📌 Un continent dévasté à la recherche de stabilité

En 1945, l’Europe sort exsangue de six années de conflit mondial qui ont détruit ses infrastructures, ses villes et son tissu industriel. Le bilan humain est catastrophique, mais le bilan économique l’est tout autant : les usines sont bombardées, les réseaux de transport sont coupés et les pénuries alimentaires sont le quotidien des populations. Dans ce climat de désolation, la reconstruction nationale est la priorité absolue de chaque gouvernement, mais elle se heurte à un manque criant de matières premières et de devises fortes. La **CECA et fondements économiques** de l’Europe ne sont pas encore une réalité, mais une nécessité qui commence à germer dans l’esprit de certains visionnaires.

La France, en particulier, se trouve dans une situation paradoxale où elle doit se reconstruire tout en surveillant anxieusement son voisin allemand. La question allemande est au cœur de toutes les préoccupations diplomatiques : comment permettre à l’Allemagne de se relever économiquement sans lui donner les moyens de redevenir une puissance militaire agressive ? Cette équation semble impossible à résoudre avec les méthodes traditionnelles des traités de paix punitifs. En effet, l’échec du traité de Versailles de 1919 est encore dans toutes les mémoires, prouvant que l’humiliation du vaincu ne mène qu’à la rancœur et à la guerre future.

Par ailleurs, le contexte géopolitique mondial change radicalement avec la montée des tensions entre les États-Unis et l’Union soviétique. Le début de la Guerre froide divise l’Europe en deux blocs antagonistes, et l’Europe de l’Ouest comprend qu’elle doit s’unir pour ne pas être submergée par l’influence soviétique ou devenir un simple vassal des Américains. La pression américaine est d’ailleurs forte : via le plan Marshall lancé en 1947, Washington conditionne son aide financière à une coopération accrue entre les États européens. C’est un puissant levier qui force les vieilles nations rivales à s’asseoir à la même table pour répartir les crédits.

Cependant, les premières tentatives d’organisation, comme l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) ou le Conseil de l’Europe créé en 1949, restent des structures de coopération intergouvernementale classiques. Elles n’ont pas de pouvoir contraignant et les décisions se prennent à l’unanimité, ce qui paralyse souvent l’action. Il devient évident pour des hommes comme **Jean Monnet** qu’il faut changer de méthode et oser un transfert de souveraineté pour créer une solidarité de fait.

📌 L’obsession de la sécurité et la question de la Ruhr

Au cœur de la problématique européenne de l’après-guerre se trouve la région de la Ruhr, véritable poumon industriel de l’Allemagne. Riche en charbon et en acier, cette zone a été l’arsenal des deux guerres mondiales, fournissant les armes et les munitions du Reich. Pour la France, le contrôle de la Ruhr est une question de sécurité nationale vitale. Après 1945, la France tente d’abord une politique de démembrement de l’Allemagne et d’internationalisation de la Ruhr, mais cette stratégie se heurte à l’opposition des Anglo-Saxons qui veulent une Allemagne de l’Ouest forte face au bloc de l’Est.

La tension monte en 1948-1949 lorsque les Alliés occidentaux autorisent la création de la République Fédérale d’Allemagne (RFA). La France craint de voir resurgir une puissance industrielle allemande autonome qui pourrait, à terme, menacer à nouveau ses frontières. C’est ici que la notion de **CECA et fondements économiques** prend tout son sens stratégique : si l’on ne peut pas empêcher l’Allemagne de produire de l’acier, il faut faire en sorte que cette production serve l’intérêt commun plutôt que la guerre.

Lier les économies française et allemande devient alors la seule solution viable pour garantir la paix. Il ne s’agit plus de brider l’Allemagne, mais de l’ancrer solidement à l’Ouest dans un partenariat d’égal à égal. Cette idée, bien que rationnelle, est politiquement explosive. Les opinions publiques sont encore traumatisées par les crimes nazis et l’Occupation. Proposer une alliance avec l’Allemagne seulement cinq ans après la fin des hostilités demande un courage politique immense.

Néanmoins, l’impasse diplomatique est totale au début de l’année 1950. Le gouvernement français est pressé par les Américains et les Britanniques d’accepter le relèvement industriel de la RFA. Sans une initiative française audacieuse, l’Allemagne recouvrera sa pleine souveraineté sans contrainte, et la France aura perdu la bataille diplomatique. C’est dans ce moment de blocage que le génie de Jean Monnet va intervenir pour proposer une rupture radicale avec le passé.

💡 Le plan Schuman : une révolution diplomatique et économique

📌 La méthode Monnet : les petits pas vers la fédération

**Jean Monnet**, alors Commissaire général au Plan en France, est un homme pragmatique qui a passé sa vie à organiser la coopération internationale, notamment pour le ravitaillement allié durant les deux guerres. Il est convaincu que les grandes constructions politiques fédérales sont vouées à l’échec si elles ne reposent pas sur des réalisations concrètes et immédiates. Sa philosophie, souvent résumée par l’expression « la méthode des petits pas », consiste à créer des solidarités de fait dans des domaines limités mais décisifs.

Monnet rédige au printemps 1950 une note de réflexion où il expose que l’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble. Il propose de s’attaquer à un secteur clé, limité mais hautement symbolique : le charbon et l’acier. En mettant en commun ces deux ressources sous une Haute Autorité indépendante des gouvernements, on rend toute guerre entre la France et l’Allemagne « non seulement impensable, mais matériellement impossible ». C’est le cœur conceptuel de la **CECA et fondements économiques** européens.

Cette approche est révolutionnaire car elle propose pour la première fois le concept de **supranationalité**. Contrairement aux alliances classiques où chaque État garde son droit de veto, la Haute Autorité aura le pouvoir de prendre des décisions qui s’imposeront aux États membres. C’est un abandon partiel de souveraineté nationale au profit d’une souveraineté européenne. Monnet sait que les politiques auront du mal à accepter cela, c’est pourquoi il prépare son projet dans le plus grand secret avec une petite équipe de collaborateurs dévoués.

Pour porter ce projet, Monnet a besoin d’un homme politique de premier plan capable de l’assumer publiquement. Il se tourne vers **Robert Schuman**, ministre français des Affaires étrangères. Schuman, originaire de Lorraine, né allemand avant de devenir français, homme de frontière et de foi catholique, est immédiatement séduit par la dimension morale et pacificatrice du projet. Il accepte de prendre la responsabilité politique de cette proposition audacieuse.

📌 La déclaration du 9 mai 1950 : l’acte de naissance

Le **9 mai 1950**, dans le Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay à Paris, Robert Schuman convoque une conférence de presse à la hâte. Peu de journalistes sont présents, car personne ne s’attend à une annonce majeure. Pourtant, le texte qu’il lit va changer le cours de l’histoire. Cette déclaration, connue aujourd’hui sous le nom de « Déclaration Schuman », pose les bases de la construction européenne. Elle commence par cette phrase célèbre : « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. »

Schuman propose officiellement de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. L’objectif affiché est double : assurer la modernisation de la production et la fourniture de charbon et d’acier à des conditions identiques, mais surtout, jeter les bases d’une fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.

La réaction du chancelier allemand **Konrad Adenauer** est immédiate et enthousiaste. Informé quelques heures avant l’annonce officielle, il voit dans ce plan une opportunité inespérée pour l’Allemagne de sortir de son isolement diplomatique et de réintégrer le concert des nations sur un pied d’égalité. L’Italie, dirigée par Alcide De Gasperi, ainsi que les trois pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), acceptent rapidement de rejoindre les négociations. Le Royaume-Uni, en revanche, refuse de participer, méfiant envers le principe supranational qui porterait atteinte à sa souveraineté insulaire et impériale.

Cette déclaration est un coup de maître diplomatique. Elle reprend l’initiative à un moment où la France était acculée. Elle transforme le problème de la Ruhr en une solution européenne. Elle ancre définitivement la réconciliation franco-allemande comme moteur de l’Europe. Pour comprendre l’impact de ce moment, tu peux consulter la page officielle de l’Union européenne sur la déclaration Schuman, qui détaille ce tournant historique.

📜 Le traité de Paris : architecture de la première communauté

📌 Des négociations complexes mais fructueuses

Les négociations pour transformer la déclaration politique en un traité juridique s’ouvrent à Paris en juin 1950. Elles sont menées par Jean Monnet lui-même. Si l’accord de principe est acquis, les détails techniques et institutionnels sont âprement discutés. Les pays du Benelux, notamment, craignent la domination du couple franco-allemand et insistent pour obtenir des garanties sur la représentation des petits États au sein des institutions. Les industriels, de leur côté, sont souvent hostiles à ce qu’ils perçoivent comme une forme de dirigisme étatique ou, à l’inverse, une ouverture à une concurrence qu’ils jugent déloyale.

Un point crucial des débats concerne la décartellisation de l’industrie lourde allemande. La France veut s’assurer que les grands conglomérats de la Ruhr (les Konzerne) soient démantelés pour empêcher une trop grande concentration de puissance économique. Jean Monnet doit user de toute sa diplomatie pour trouver des compromis, notamment en créant des mécanismes de transition pour protéger les économies les plus fragiles, comme les mines de charbon belges qui sont moins compétitives.

Les discussions portent aussi sur la nature exacte des pouvoirs de la Haute Autorité. Comment assurer un contrôle démocratique ? Comment représenter les intérêts des gouvernements nationaux ? C’est au cours de ces négociations que se dessine l’architecture institutionnelle originale de la **CECA et fondements économiques** de l’UE actuelle, avec un équilibre subtil entre l’organe supranational indépendant et les organes représentant les États.

Finalement, après moins d’un an de travaux, le **traité de Paris** est signé le **18 avril 1951** par six pays : la France, la République Fédérale d’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. C’est l’acte de naissance officiel de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). Ce traité est conclu pour une durée de 50 ans, ce qui souligne son caractère expérimental mais aussi la volonté de s’inscrire dans la durée.

📌 Les six membres fondateurs : le noyau dur de l’Europe

Le choix de ces six pays ne doit rien au hasard. Ils partagent une proximité géographique évidente autour du bassin rhénan, cœur industriel de l’Europe de l’Ouest. Ils partagent aussi, pour la plupart, une tradition juridique et culturelle commune, influencée par la démocratie chrétienne alors au pouvoir dans plusieurs capitales (MRP en France, CDU en Allemagne, Démocratie Chrétienne en Italie). Ils forment un bloc compact, continental, qui se distingue de la périphérie britannique ou scandinave.

Pour l’Allemagne, la signature du traité de Paris est un pas décisif vers la réhabilitation morale. En acceptant de lier son destin à celui de la France, elle donne des gages de sa bonne volonté pacifique. Pour l’Italie, encore fragile économiquement et politiquement après le fascisme, c’est un moyen de s’ancrer à l’Europe démocratique et de bénéficier de l’ouverture des marchés pour exporter sa main-d’œuvre. Pour les pays du Benelux, c’est la garantie que leurs puissants voisins ne régleront plus leurs différends sur leur dos, mais coopéreront dans un cadre juridique stable.

La ratification du traité par les parlements nationaux ne se fait pas sans heurts. En France, les communistes s’y opposent farouchement, dénonçant une Europe « vaticane » et sous influence américaine. Les gaullistes, quant à eux, critiquent l’abandon de souveraineté nationale et le caractère technocratique de la Haute Autorité. Malgré ces oppositions, le traité est ratifié, et la CECA entre officiellement en vigueur en juillet 1952. Le siège des institutions est fixé provisoirement à Luxembourg, faute d’accord pour Bruxelles ou Strasbourg.

Il est intéressant de noter que cette « Europe des Six » préfigure ce qui restera longtemps le noyau dur de l’intégration européenne. Ce groupe restera inchangé jusqu’en 1973, date du premier élargissement. Tu peux explorer davantage les dynamiques d’expansion dans l’article sur les élargissements successifs de l’Union européenne.

⚙️ Les institutions de la CECA : l’invention du supranational

📌 La Haute Autorité : un gouvernement économique indépendant

La pièce maîtresse de la CECA est sans conteste la **Haute Autorité**. Composée de neuf membres désignés par les gouvernements (mais indépendants d’eux dans l’exercice de leurs fonctions), elle est un véritable exécutif collégial. Son premier président est logiquement Jean Monnet. La Haute Autorité dispose de pouvoirs considérables : elle peut fixer les prix, orienter les investissements, imposer des prélèvements sur la production (le premier impôt européen) et sanctionner les entreprises qui ne respectent pas les règles de la concurrence.

Ce pouvoir de décision direct, sans passer par la validation des États pour chaque acte, est l’essence même de la supranationalité. La Haute Autorité incarne l’intérêt général communautaire, distinct de la somme des intérêts nationaux. Elle finance ses activités par ses propres ressources, ce qui lui garantit une autonomie financière unique par rapport aux organisations internationales classiques dépendantes des contributions des États.

Pour assister la Haute Autorité, un **Comité consultatif** est créé, réunissant des représentants des producteurs, des travailleurs et des consommateurs/négociants. C’est une innovation sociale importante, car elle associe les syndicats et la société civile à la prise de décision économique. La **CECA et fondements économiques** ne sont donc pas uniquement une affaire de technocrates, mais tentent d’intégrer les forces vives de l’économie réelle.

Cependant, pour rassurer les petits États inquiets de la toute-puissance de cet organe technocratique, un **Conseil spécial de ministres** est ajouté à l’architecture. Composé de représentants des gouvernements nationaux, il a pour mission d’harmoniser l’action de la Haute Autorité avec la politique économique générale des États membres. Pour certaines décisions majeures, l’avis conforme du Conseil est requis, ce qui réintroduit une part de contrôle intergouvernemental.

📌 Le contrôle démocratique et juridique

Pour éviter que la Haute Autorité n’agisse de manière arbitraire, le traité de Paris met en place deux institutions de contrôle qui sont les ancêtres directs de nos institutions actuelles. D’une part, l’**Assemblée commune** (ancêtre du Parlement européen) est chargée d’un contrôle politique. Composée de 78 députés délégués par les parlements nationaux, elle a le pouvoir de censurer la Haute Autorité par un vote à la majorité des deux tiers, ce qui l’obligerait à démissionner. Bien que ses pouvoirs soient limités au début, son existence même pose le principe d’une légitimité démocratique de l’Europe.

D’autre part, la **Cour de justice** veille au respect du droit dans l’interprétation et l’application du traité. Elle juge les conflits entre les États membres, les institutions de la CECA et les entreprises. Elle joue un rôle fondamental en posant les bases d’un ordre juridique communautaire supérieur aux droits nationaux. Ses arrêts garantissent que les règles de concurrence et de non-discrimination sont appliquées de manière uniforme dans les six pays.

Cette architecture institutionnelle (Exécutif indépendant, Conseil des États, Assemblée parlementaire, Cour de justice) est le modèle, la « matrice », qui sera reprise et adaptée pour la CEE en 1957 puis pour l’Union européenne. Elle constitue l’un des héritages les plus durables de la CECA. C’est une construction hybride, unique au monde, mélangeant fédéralisme et coopération interétatique.

Pour approfondir la structure des textes qui régissent ces institutions, n’hésite pas à lire l’article sur les traités fondateurs de l’Europe, qui explique comment ce modèle a évolué.

⛏️ Charbon et acier : les nerfs de la guerre devenus ciment de la paix

📌 Une importance économique vitale dans les années 1950

Il est difficile aujourd’hui, à l’ère du numérique et des énergies renouvelables, de mesurer à quel point le charbon et l’acier étaient cruciaux dans les années 1950. Le charbon est alors la principale source d’énergie : il fait tourner les usines, chauffe les habitations, alimente les centrales électriques et propulse les locomotives. Sans charbon, l’économie s’arrête. L’acier, quant à lui, est le matériau de base de la reconstruction : il est indispensable pour les bâtiments, les ponts, les machines-outils, les automobiles et les navires.

La maîtrise de ces deux ressources est donc synonyme de puissance industrielle et militaire. En mutualisant ces secteurs, les pays européens mettent en commun les clés de leur puissance. La création du **marché commun du charbon et de l’acier** implique la suppression des droits de douane et des restrictions quantitatives (quotas) sur ces produits entre les six pays. Cela signifie que le charbon allemand peut être vendu librement en France, et que l’acier français peut être vendu librement en Italie, sans taxes aux frontières.

L’ouverture du marché commun se fait par étapes : le 10 février 1953 pour le charbon, le minerai de fer et la ferraille, et le 1er mai 1953 pour l’acier. C’est un succès immédiat : les échanges intracommunautaires de ces produits explosent. La CECA permet une meilleure allocation des ressources, une baisse des coûts de production et une modernisation des outils industriels grâce aux prêts accordés par la Haute Autorité.

Cette intégration sectorielle crée une interdépendance irréversible. Une industrie française dépendante du coke de la Ruhr ne peut plus soutenir une guerre contre l’Allemagne, et vice-versa. La logique économique vient verrouiller la logique politique de paix. De plus, la Haute Autorité veille à interdire les aides d’État discriminatoires et les pratiques de cartel, instaurant une culture de la concurrence loyale inconnue jusqu’alors en Europe.

📌 La dimension sociale de la CECA

Souvent oubliée, la dimension sociale de la CECA est pourtant une composante essentielle des **fondements économiques** européens. Jean Monnet et les négociateurs savaient que la restructuration des industries lourdes entraînerait inévitablement des fermetures de mines non rentables et des suppressions d’emplois. Pour éviter que le poids de l’ajustement ne pèse uniquement sur les ouvriers, le traité prévoit des mécanismes de solidarité financière novateurs.

La CECA finance la construction de logements sociaux pour les mineurs et les sidérurgistes (les fameuses « cités CECA »). Elle met en place des aides à la reconversion pour les travailleurs licenciés, finançant leur formation professionnelle ou leur déménagement vers des régions où l’emploi est plus dynamique. C’est la naissance de la politique sociale européenne et du principe selon lequel l’Europe doit accompagner socialement les mutations économiques qu’elle provoque.

Cette politique a permis d’atténuer les chocs sociaux, notamment lors de la crise charbonnière qui débutera à la fin des années 1950 avec la concurrence du pétrole. Même si elle n’a pas tout résolu, la CECA a introduit l’idée que le progrès économique et le progrès social doivent aller de pair. Pour comprendre les défis actuels liés à la souveraineté économique, tu peux consulter l’article sur l’union politique et la souveraineté.

Si tu souhaites voir comment l’État français présente cet héritage, le site Vie-publique.fr offre une synthèse claire des apports juridiques et historiques de ce traité.

🚀 L’héritage de la CECA : tremplin vers le marché commun

📌 De l’échec de la CED à la relance de Messine

L’élan donné par la CECA a failli être brisé net en 1954. Fort du succès du charbon et de l’acier, les promoteurs de l’Europe ont voulu aller trop vite en proposant une Communauté Européenne de Défense (CED), impliquant une armée européenne commune. Ce projet, qui touchait au cœur de la souveraineté nationale (l’armée), a été rejeté par le Parlement français en août 1954. Cet échec a prouvé que l’Europe politique et militaire était encore prématurée et qu’il fallait revenir à l’intégration économique.

Cependant, la réussite technique et économique de la CECA a servi de bouée de sauvetage. Les six pays membres, convaincus que la méthode communautaire était la bonne malgré l’échec de la CED, se réunissent à Messine (Italie) en juin 1955 pour relancer la construction européenne. Ils décident d’étendre le modèle du marché commun, testé sur le charbon et l’acier, à l’ensemble de l’économie. C’est cette « relance de Messine » qui aboutira à la signature des traités de Rome en 1957, créant la CEE (Communauté Économique Européenne) et Euratom.

La CEE reprendra l’architecture institutionnelle de la CECA, mais avec un dosage plus intergouvernemental (la Commission aura moins de pouvoirs directs que la Haute Autorité de la CECA au départ). Néanmoins, sans l’expérience pilote de la **CECA et ses fondements économiques**, le marché commun global n’aurait jamais pu voir le jour aussi rapidement. La CECA a servi de laboratoire grandeur nature pour l’harmonisation douanière, le droit de la concurrence et le fonctionnement des institutions multilingues.

📌 La fin de la CECA et sa pérennité

Conclu pour 50 ans, le traité de Paris a expiré le **23 juillet 2002**. À cette date, la CECA a cessé d’exister en tant qu’organisation distincte. Ses actifs financiers et ses compétences ont été transférés à la Communauté européenne (devenue Union européenne). Le secteur du charbon et de l’acier est désormais régi par les règles générales du marché unique. Cette fin programmée, loin d’être un échec, est le signe d’une mission accomplie. La CECA a réussi à pacifier l’Europe et à lancer une dynamique d’intégration qui a largement dépassé son cadre sectoriel initial.

Aujourd’hui, alors que l’Europe fait face à de nouvelles crises (Brexit, tensions géopolitiques), le rappel des origines est salutaire. La CECA nous enseigne que c’est souvent par l’économie et les projets concrets que l’on surmonte les blocages politiques. Elle nous rappelle aussi l’audace des Pères fondateurs qui ont su transformer une situation désespérée en un projet d’avenir. Pour une analyse des difficultés plus récentes, l’article sur le Brexit et ses conséquences offre un contrepoint intéressant à cette dynamique d’union.

Enfin, l’histoire de la CECA montre que la construction européenne est un processus continu, fait d’avancées et de reculs, mais toujours guidé par la nécessité de s’unir pour peser dans le monde. Les crises actuelles de l’UE, détaillées dans l’article sur les crises de l’Union européenne, trouvent souvent un écho dans les débats fondateurs des années 1950 sur la souveraineté et la solidarité.

🧠 À retenir sur CECA et fondements économiques

  • Le **9 mai 1950**, la déclaration Schuman (inspirée par **Jean Monnet**) propose de mettre en commun le charbon et l’acier franco-allemands.
  • Le traité de Paris est signé le **18 avril 1951** par 6 pays (France, RFA, Italie, Benelux), créant la première organisation **supranationale**.
  • La CECA vise à rendre la guerre « matériellement impossible » en liant les industries lourdes et à relancer l’économie européenne.
  • Elle a servi de modèle institutionnel (Haute Autorité, Assemblée, Cour de justice) pour la future CEE créée par le traité de Rome en 1957.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur la CECA

🧩 Pourquoi avoir choisi le charbon et l’acier ?

Ce sont les deux industries clés de l’après-guerre. L’acier est indispensable pour fabriquer des armes (chars, canons) mais aussi pour reconstruire les villes et les ponts. Le charbon est la principale source d’énergie. Les contrôler en commun empêche le réarmement secret d’un pays et garantit la reconstruction de tous.

🧩 Quelle est la différence entre la CECA et la CEE ?

La CECA (1951) ne concernait que deux secteurs précis : le charbon et l’acier. La CEE (1957) a étendu ce principe de marché commun à tous les produits et services de l’économie. La CECA était un « test » sectoriel qui a permis la création de la CEE généraliste.

🧩 La CECA existe-t-elle encore aujourd’hui ?

Non. Le traité de Paris avait été signé pour une durée de 50 ans. Il a donc expiré le 23 juillet 2002. Depuis cette date, les secteurs du charbon et de l’acier sont gérés directement par l’Union européenne, comme n’importe quel autre secteur industriel.

🧩 Quiz – La CECA et les débuts de l’Europe

1. Qui est considéré comme l’inspirateur (« l’architecte ») du plan Schuman ?


2. À quelle date la déclaration Schuman a-t-elle été prononcée ?


3. Combien de pays ont signé le traité de Paris en 1951 ?


4. Quel pays ne faisait PAS partie des membres fondateurs ?


5. Que signifie l’acronyme CECA ?


6. Quel était l’objectif principal de la CECA concernant l’Allemagne ?


7. Quelle institution dirigeait la CECA avec un pouvoir supranational ?


8. Quelle région industrielle était au cœur des tensions franco-allemandes ?


9. Quand le traité de Paris a-t-il expiré ?


10. Quel concept politique nouveau la CECA a-t-elle introduit ?


11. Qui était le chancelier allemand favorable au plan Schuman ?


12. Quelle ville a accueilli le siège provisoire de la Haute Autorité ?


13. Quel pays faisait partie du Benelux avec la Belgique et le Luxembourg ?


14. Quel événement a failli stopper la construction européenne en 1954 ?


15. Quelle phrase célèbre résume la méthode Monnet ?


16. Comment s’appelle l’assemblée qui contrôlait la Haute Autorité ?


17. Quelle était la durée prévue du traité de Paris ?


18. Quel parti politique français s’est opposé à la CECA en 1951 ?


19. Qu’ont permis de financer les fonds sociaux de la CECA ?


20. Les traités de Rome (1957) ont créé la CEE et… ?



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