📜 Déclaration universelle 1948 : le tournant des droits humains

🎯 Pourquoi la Déclaration universelle de 1948 est-elle emblématique en histoire ?

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que le monde découvre avec effroi l’ampleur des crimes nazis et la réalité de la Shoah, une volonté commune émerge : ne plus jamais permettre de telles atrocités. C’est dans ce contexte de reconstruction morale et politique que la Déclaration universelle 1948 voit le jour, portée par la toute jeune Organisation des Nations Unies. Ce texte, bien que non contraignant à l’origine, représente une révolution juridique et philosophique majeure en affirmant pour la première fois que les droits humains sont inhérents à tous, sans exception ni frontière.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème.

Compassion et reconstruction : Le contexte de 1945

📌 Un monde en ruines et le traumatisme des camps

Pour comprendre la genèse de la Déclaration universelle 1948, il faut impérativement se replonger dans l’atmosphère lourde et douloureuse de l’année 1945. L’Europe et une grande partie de l’Asie sont dévastées par six années d’un conflit total qui a fait plus de 60 millions de morts, dont une majorité de civils. La découverte progressive des camps de concentration et d’extermination nazis provoque une onde de choc planétaire qui remet en cause l’idée même de civilisation.

Le procès de Nuremberg, qui s’ouvre en novembre 1945, introduit une notion juridique nouvelle et fondamentale : le crime contre l’humanité. Pour la première fois, des dirigeants sont jugés non pas seulement pour des crimes de guerre classiques, mais pour des actes commis contre des populations civiles en raison de leur appartenance religieuse, ethnique ou politique. Cette prise de conscience brutale souligne l’insuffisance des protections juridiques existantes au niveau international.

Les dirigeants des puissances alliées comprennent alors que la paix ne pourra pas être maintenue uniquement par des traités militaires ou des redécoupages de frontières. Il devient impératif de construire un rempart moral et juridique qui place l’être humain au centre des préoccupations internationales, au-dessus même de la souveraineté absolue des États qui avait permis les dérives totalitaires.

📌 L’échec de la SDN et la création de l’ONU

Avant la Seconde Guerre mondiale, la Société des Nations (SDN) avait tenté de réguler les relations internationales, mais elle avait échoué à empêcher la guerre, en partie parce qu’elle se concentrait sur les droits des États et des minorités nationales, sans véritablement protéger les droits individuels. La création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) lors de la conférence de San Francisco en juin 1945 marque une rupture nette avec cette approche passée.

La Charte des Nations Unies, texte fondateur de l’organisation, mentionne dès son préambule la volonté de « proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine ». C’est une affirmation forte, mais qui reste à ce stade très générale et vague. Les diplomates présents à San Francisco savent qu’il faudra aller plus loin et définir précisément ce que sont ces droits.

Cependant, le consensus est loin d’être acquis. Les tensions géopolitiques qui vont bientôt mener à la Guerre froide se font déjà sentir. Les États-Unis et le Royaume-Uni privilégient les libertés politiques, tandis que l’URSS insiste sur les droits économiques et sociaux. C’est dans ce climat ambivalent, mêlant espoir immense et méfiance naissante, que s’engage le processus de rédaction.

📌 La nécessité d’une « Charte internationale »

Dès la première session de l’Assemblée générale de l’ONU à Londres en 1946, la question des droits de l’homme est mise sur la table. Il apparaît clairement qu’une simple mention dans la Charte de l’ONU ne suffira pas à protéger les populations contre les abus de leurs propres gouvernements. L’idée d’une « Charte internationale des droits de l’homme » (International Bill of Rights) commence à germer.

Cette future charte doit répondre à une question complexe : comment définir des valeurs universelles dans un monde divisé par des cultures, des religions et des systèmes politiques très différents ? Le défi est de taille, car il s’agit de trouver un langage commun entre les démocraties libérales occidentales, les pays communistes, les nations latino-américaines et les pays asiatiques ou du Moyen-Orient, dont beaucoup sont encore sous domination coloniale.

Pour mener à bien cette tâche titanesque, le Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) décide de créer une instance spécialisée : la Commission des droits de l’homme. C’est cette commission qui va recevoir le mandat historique de rédiger le texte qui deviendra la Déclaration universelle.

⚙️ Les architectes de la Déclaration : Roosevelt, Cassin et les autres

📌 Eleanor Roosevelt : La force motrice

La présidence de la Commission des droits de l’homme est confiée à une figure exceptionnelle : Eleanor Roosevelt, veuve du président américain Franklin D. Roosevelt décédé en 1945. Activiste engagée de longue date pour la justice sociale et les droits civiques, elle jouit d’une autorité morale incontestable sur la scène internationale. Son rôle va être déterminant pour maintenir le dialogue entre des blocs antagonistes.

Eleanor Roosevelt n’est pas une juriste, mais elle possède un sens politique aigu et une diplomatie infatigable. Elle parvient à surmonter les obstacles, les obstructions procédurales et les tensions idéologiques, notamment avec les représentants soviétiques. Elle insiste pour que le texte soit rédigé dans un langage clair, accessible à tous les citoyens du monde, et non pas dans un jargon juridique incompréhensible.

Elle est souvent surnommée la « Première dame du monde » pour son engagement. Sans sa persévérance et sa capacité à trouver des compromis, il est probable que la Déclaration universelle 1948 n’aurait jamais vu le jour ou serait restée lettre morte. Elle considérait ce texte comme sa plus grande réalisation.

Tu peux d’ailleurs faire un lien intéressant avec l’évolution des droits des femmes, car Eleanor Roosevelt a veillé à ce que le langage utilisé soit le plus inclusif possible pour l’époque, bien que le terme « homme » (dans le sens d’humain) soit resté dominant.

📌 René Cassin et le Comité de rédaction

Si Eleanor Roosevelt est l’âme politique du projet, le juriste français René Cassin en est l’un des principaux architectes intellectuels. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale et membre de la France libre auprès du général de Gaulle, Cassin apporte sa rigueur juridique et sa vision humaniste. Il est souvent crédité de la structure logique du texte, qu’il conçoit comme un portique de temple grec, reposant sur des fondations solides (la dignité) et s’élevant vers des droits de plus en plus complexes.

À leurs côtés, le comité de rédaction est composé de personnalités brillantes représentant la diversité du monde. Le Canadien John Humphrey, directeur de la division des droits de l’homme de l’ONU, rédige le tout premier brouillon exhaustif (400 pages !) qui servira de base de travail. Le Libanais Charles Malik, philosophe chrétien, et le Chinois Peng Chun Chang, philosophe confucéen, jouent un rôle crucial pour assurer l’universalité des concepts.

Peng Chun Chang, en particulier, insiste pour que la Déclaration ne soit pas uniquement le reflet de la pensée occidentale. Il propose de retirer les références directes à Dieu ou à la nature divine de l’homme pour permettre aux populations athées ou de traditions religieuses non monothéistes d’adhérer au texte. Ce travail de synthèse interculturelle est l’une des grandes réussites de la commission.

📌 Les tensions de la Guerre froide naissante

La rédaction de la Déclaration se déroule entre 1947 et 1948, exactement au moment où les relations entre les États-Unis et l’URSS se dégradent brutalement. Le « Rideau de fer » commence à tomber sur l’Europe. Ces tensions géopolitiques infiltrent chaque débat de la Commission des droits de l’homme. L’URSS et ses alliés accusent les Occidentaux de privilégier les droits individuels (liberté d’expression, propriété) au détriment des droits réels (travail, santé, logement).

Inversement, les pays occidentaux craignent que l’insistance soviétique sur les droits économiques et sociaux ne serve de prétexte pour justifier l’omnipotence de l’État et l’écrasement des libertés individuelles. Les débats sont houleux, parfois violents verbalement. Chaque mot est pesé, chaque virgule négociée. Le défi est de trouver un équilibre qui satisfasse les deux blocs sans vider le texte de sa substance.

Malgré ces oppositions, la volonté d’aboutir reste plus forte. Les rédacteurs parviennent à intégrer les deux catégories de droits dans un même document, affirmant ainsi leur indivisibilité : on ne peut pas être libre si on meurt de faim, et on ne vit pas dignement si on est nourri mais bâillonné. Cette synthèse est une caractéristique unique de la Déclaration universelle 1948.

📜 Anatomie du texte : Libertés fondamentales et droits sociaux

📌 Le concept clé de dignité humaine

Le texte final s’ouvre sur un Préambule puissant qui pose les bases philosophiques : « La reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ». Le mot clé ici est dignité. C’est la réponse directe à la déshumanisation pratiquée par les nazis.

L’article premier est sans doute le plus célèbre : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Cette phrase fait écho à la Déclaration de 1789, mais elle la dépasse en universalisant le propos (« êtres humains » au lieu de « hommes ») et en ajoutant la notion de dignité. Elle affirme que les droits ne sont pas un cadeau de l’État, mais une propriété naturelle de chaque individu dès sa naissance.

Cette approche implique que les droits humains sont universels (valables partout), inaliénables (on ne peut pas les perdre) et indivisibles. Le texte ne fait aucune distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre situation, posant ainsi un principe de non-discrimination absolue, très novateur pour une époque où la ségrégation raciale est encore légale aux États-Unis (voir l’article sur les droits civiques aux USA) et où les empires coloniaux dominent l’Afrique et l’Asie.

📌 Les droits civils et politiques (Articles 3 à 21)

La première grande partie de la Déclaration (articles 3 à 21) reprend l’héritage des révolutions libérales du XVIIIe et XIXe siècle. Elle protège l’intégrité physique et les libertés fondamentales de l’individu face à l’État. On y trouve le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté (Art. 3), ainsi que l’interdiction absolue de l’esclavage (Art. 4) et de la torture (Art. 5). Ces interdictions sont formulées sans aucune exception possible, marquant une avancée majeure du droit international.

Cette section garantit également les droits juridiques : droit à un procès équitable, présomption d’innocence, interdiction des arrestations arbitraires. C’est une réaction directe aux pratiques des polices politiques (Gestapo, NKVD) qui arrêtaient et déportaient sans jugement. La liberté de circulation, le droit d’asile et le droit à une nationalité sont aussi affirmés, répondant au drame des millions de réfugiés et d’apatrides de l’après-guerre (thème lié aux droits humains et migrations).

Enfin, les libertés intellectuelles et politiques sont consacrées : liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d’opinion et d’expression, liberté de réunion et d’association. L’article 21 pose le principe de la démocratie : « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics », qui doit s’exprimer par des élections honnêtes et périodiques.

📌 Les droits économiques, sociaux et culturels (Articles 22 à 27)

La seconde partie du texte (articles 22 à 27) constitue l’apport majeur du XXe siècle et de la pensée socialiste et social-démocrate. Elle introduit l’idée que la liberté formelle ne suffit pas si les conditions matérielles d’existence ne sont pas assurées. L’article 22 introduit le concept de « sécurité sociale » et le droit à la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à la dignité.

On y trouve le droit au travail, au libre choix de son travail, à une rémunération équitable et à la protection contre le chômage (Art. 23). Le droit de fonder des syndicats est explicitement reconnu. Le droit au repos et aux loisirs, y compris la limitation raisonnable de la durée du travail et les congés payés périodiques (Art. 24), reflète les luttes ouvrières des décennies précédentes.

L’article 25 affirme le droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien-être (alimentation, habillement, logement, soins médicaux). L’article 26 rend l’éducation obligatoire et gratuite, au moins pour l’enseignement élémentaire. Enfin, l’article 27 protège le droit de prendre part à la vie culturelle de la communauté. Ces articles marquent une vision globale de l’être humain, qui a besoin à la fois de liberté et de sécurité matérielle.

🎨 Le 10 décembre 1948 : Une adoption historique à Paris

📌 Le Palais de Chaillot, théâtre de l’histoire

L’Assemblée générale des Nations Unies se réunit à l’automne 1948 à Paris, au Palais de Chaillot, face à la Tour Eiffel. Le choix de Paris n’est pas anodin : c’est la ville des Lumières, le berceau de la Déclaration de 1789, mais aussi une capitale qui panse encore ses plaies de l’Occupation. L’ambiance est solennelle. Les délégués de 58 nations sont présents pour voter sur le texte final de la Déclaration universelle 1948.

Les jours précédant le vote sont consacrés à l’examen minutieux du projet. Plus de 1 200 votes ont lieu sur les différents amendements et paragraphes ! C’est un marathon diplomatique épuisant. Jusqu’à la dernière minute, des tentatives sont faites pour affaiblir ou modifier certains articles, notamment de la part des pays soviétiques qui tentent de subordonner les droits de l’homme à la souveraineté nationale.

Le soir du 10 décembre 1948, l’heure du vote final arrive. Eleanor Roosevelt, qui a présidé les débats avec une patience légendaire, reçoit une ovation debout de la part des délégués, un fait rare dans l’enceinte de l’ONU, reconnaissant son travail acharné pour aboutir à un consensus.

📌 48 « pour », 0 « contre », 8 abstentions

Le résultat du vote est historique : la Déclaration est adoptée par 48 voix pour, 0 contre et 8 abstentions. Le fait qu’aucun État n’ait osé voter « contre » est une victoire symbolique majeure. Cela signifie que même les régimes les plus réticents n’ont pas voulu assumer publiquement le rejet des droits de l’homme devant l’opinion mondiale. Cependant, les abstentions sont lourdes de sens et dessinent la carte géopolitique de l’époque.

Le bloc soviétique (URSS, Biélorussie, Ukraine, Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie) s’abstient. L’URSS justifie sa position en arguant que la Déclaration ne va pas assez loin dans les droits sociaux et qu’elle viole la souveraineté des États en s’immisçant dans leurs affaires intérieures. C’est le début de la rhétorique de la Guerre froide sur les droits humains.

L’Arabie saoudite s’abstient pour des raisons religieuses et culturelles, contestant notamment l’article 16 sur le mariage (égalité des époux) et l’article 18 sur la liberté de changer de religion, qu’elle juge contraires à la loi islamique. Enfin, l’Afrique du Sud s’abstient également. Le pays est en train de mettre en place le système de l’Apartheid, institutionnalisant la ségrégation raciale. Il ne peut évidemment pas souscrire à l’article 1 proclamant l’égalité de tous les êtres humains.

📌 La naissance d’une référence morale

Malgré ces abstentions, l’adoption de la Déclaration est saluée dans le monde entier. Le président de l’Assemblée générale, l’Australien Herbert Evatt, déclare : « C’est la première fois qu’une communauté organisée de nations fait une déclaration des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». La date du 10 décembre devient la Journée internationale des droits de l’homme, célébrée chaque année depuis.

La Déclaration est immédiatement traduite dans des centaines de langues (elle détient le record du document le plus traduit au monde selon le Guinness Book). Elle devient un outil d’éducation et de revendication. Dans les colonies, les mouvements indépendantistes s’en emparent pour dénoncer l’hypocrisie des métropoles européennes qui ont signé le texte mais continuent de refuser ces droits à leurs sujets coloniaux.

Ce moment marque un point de bascule. Avant 1948, la manière dont un État traitait ses propres citoyens était considérée comme une affaire strictement interne. Après 1948, cela devient une préoccupation légitime de la communauté internationale. La souveraineté nationale n’est plus un bouclier absolu contre la critique morale.

🌍 De l’idéal à la réalité : Portée juridique et géopolitique

📌 Déclaration vs Traité : La question de la force obligatoire

Il est crucial de comprendre une distinction juridique fondamentale : la Déclaration universelle de 1948 est une… déclaration. Ce n’est pas un traité, ni une convention. En droit international, une déclaration adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU a une haute valeur morale et politique, mais elle n’a pas de force juridique contraignante immédiate (contrairement à une loi nationale ou un traité ratifié). Les États ne sont pas légalement obligés de l’appliquer sous peine de sanctions.

C’était un choix délibéré et nécessaire pour obtenir le vote des États. Beaucoup n’auraient jamais accepté de signer un texte contraignant à ce moment-là. Cependant, avec le temps, la plupart des juristes considèrent que les principes de la DUDH (Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) sont devenus du « droit international coutumier ». Cela signifie qu’à force d’être citée, invoquée et reconnue par les États, elle a acquis une force quasi-obligatoire.

Pour combler ce manque de force juridique, l’ONU a travaillé par la suite à la rédaction de traités contraignants basés sur la Déclaration. Mais la Guerre froide a ralenti ce processus. Il a fallu attendre 1966 pour que soient adoptés deux « Pactes » distincts : le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Cette séparation reflétait la division du monde en deux blocs.

Pour en savoir plus sur les textes fondateurs, tu peux consulter le site de l’ONU qui détaille le texte intégral et son histoire.

📌 L’influence sur les constitutions nationales

Si la Déclaration n’était pas un traité, son influence concrète a été immense sur le droit interne des pays. De nombreuses nouvelles nations, issues de la décolonisation dans les années 1950 et 1960, ont intégré des pans entiers de la Déclaration universelle 1948 dans leurs propres constitutions. Elle a servi de modèle pour définir les droits fondamentaux dans les jeunes démocraties.

En Europe, elle a inspiré la Convention européenne des droits de l’homme (1950), qui a créé la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Cette cour a le pouvoir de condamner les États, ce qui constitue une réalisation concrète de l’idéal de 1948. De même, la Convention américaine relative aux droits de l’homme et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples se réfèrent explicitement à la DUDH.

En France, le Conseil constitutionnel et les juridictions administratives se réfèrent davantage à la Déclaration de 1789 et au Préambule de 1946, mais la Déclaration universelle reste une source d’inspiration pour l’interprétation des libertés. Elle sert de boussole éthique pour les législateurs et les juges du monde entier.

📌 Le rôle des ONG et la société civile

La Déclaration universelle est devenue l’arme principale des Organisations Non Gouvernementales (ONG) comme Amnesty International (fondée en 1961) ou Human Rights Watch. Ces organisations utilisent le texte de 1948 pour faire honte aux gouvernements (« naming and shaming ») qui violent les droits humains. En s’appuyant sur un texte universellement accepté, elles ne peuvent pas être accusées de défendre une idéologie partisane : elles demandent simplement l’application des promesses faites par les États eux-mêmes.

Les défenseurs des droits humains, qu’ils soient dissidents soviétiques, militants anti-apartheid, ou activistes pour les droits des femmes, ont utilisé la Déclaration comme un bouclier et un étendard. Le texte a donné une légitimité internationale à leurs luttes locales. C’est ce qu’on appelle l’effet « boomerang » : les engagements internationaux pris par les États finissent par leur revenir au visage grâce à la pression de la société civile.

Tu peux explorer comment les mouvements pour les droits LGBTQ+ se sont aussi appuyés, plus tardivement, sur les principes de non-discrimination et de vie privée inscrits dans la Déclaration pour faire avancer leur cause.

🤝 Héritage et nouveaux défis : Des années 1950 à nos jours

📌 L’universalité remise en question ?

Depuis son adoption, l’universalité de la Déclaration a été régulièrement contestée. Certains régimes autoritaires ou certaines mouvances culturelles affirment que les droits de l’homme tels que définis en 1948 sont une invention occidentale, inadaptée aux « valeurs asiatiques », africaines ou islamiques. C’est le débat du relativisme culturel : les droits doivent-ils s’adapter aux coutumes locales ?

La réponse des institutions internationales et de la majorité des juristes est ferme : la culture ne peut jamais justifier la torture, l’esclavage ou la discrimination. Lors de la Conférence mondiale sur les droits de l’homme à Vienne en 1993, 171 États ont réaffirmé que « tous les droits de l’homme sont universels, indissociables, interdépendants et intimement liés ». Cela a permis de clore, au moins officiellement, ce débat.

Néanmoins, la mise en application reste inégale. L’accusation de « deux poids, deux mesures » (double standard) est souvent portée contre les puissances occidentales qui défendent les droits de l’homme chez leurs ennemis mais ferment les yeux sur les violations commises par leurs alliés économiques ou stratégiques. Cette politisation des droits de l’homme reste l’un des principaux obstacles à la pleine réalisation de l’idéal de 1948.

📌 Les nouveaux droits du XXIe siècle

Le monde a considérablement changé depuis 1948. De nouveaux défis sont apparus que les rédacteurs de l’époque ne pouvaient pas prévoir. La révolution numérique pose la question de la protection de la vie privée (data, surveillance de masse) à une échelle inédite, réinterprétant l’article 12 de la Déclaration. L’accès à Internet est-il devenu un droit fondamental lié à la liberté d’expression ?

Le changement climatique et la crise environnementale ont fait émerger la notion de « droits environnementaux » ou de droit à un environnement sain. Bien que non explicite dans le texte de 1948, ce droit est de plus en plus considéré comme une condition préalable à la jouissance des autres droits (droit à la vie, à la santé). Des discussions sont en cours pour faire évoluer le droit international en ce sens.

Enfin, les questions de bioéthique (manipulations génétiques, clonage) et d’intelligence artificielle posent de nouvelles questions sur la définition même de la dignité humaine. La Déclaration de 1948, par sa souplesse et la généralité de ses principes, reste un cadre pertinent pour aborder ces questions, mais elle nécessite une interprétation dynamique et continue.

📌 Pourquoi étudier ce texte aujourd’hui ?

Pour un collégien ou un lycéen, étudier la Déclaration universelle 1948 n’est pas seulement un exercice d’histoire. C’est comprendre le socle sur lequel reposent nos démocraties. C’est réaliser que ces droits, qui nous semblent naturels (aller à l’école, dire ce qu’on pense, ne pas être arrêté sans raison), sont en réalité des conquêtes fragiles et récentes dans l’histoire de l’humanité.

Face à la montée des populismes, des intolérances et des conflits armés, le texte de 1948 reste une boussole. Il rappelle que la paix mondiale dépend du respect de la dignité de chaque individu. L’éducation aux droits de l’homme, encouragée par l’UNESCO, vise à former des citoyens vigilants, capables de défendre ces valeurs.

Pour approfondir le rôle de la France et de l’Europe dans la promotion de ces droits, tu peux consulter les ressources pédagogiques du site Vie Publique qui expliquent bien l’articulation entre droit national et international.

🧠 À retenir sur la Déclaration universelle de 1948

  • Le contexte de création est celui de l’après Seconde Guerre mondiale (1945), en réaction à la Shoah et aux horreurs nazies (« Plus jamais ça »).
  • Le texte a été adopté le 10 décembre 1948 à Paris par l’Assemblée générale de l’ONU, sous l’impulsion d’Eleanor Roosevelt et du juriste français René Cassin.
  • La Déclaration affirme pour la première fois que les droits humains sont universels, inaliénables et indivisibles, mélangeant droits civiques/politiques et droits économiques/sociaux.
  • Bien qu’elle n’ait pas de force juridique contraignante immédiate (ce n’est pas un traité), elle a inspiré de nombreuses constitutions et reste la référence morale absolue du droit international.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur la Déclaration universelle

🧩 La Déclaration de 1948 est-elle une loi obligatoire ?

Non, juridiquement, c’est une « déclaration » et non un traité. Elle n’a pas de force contraignante directe (on ne peut pas aller au tribunal juste en l’invoquant seule). Cependant, elle a inspiré des traités qui, eux, sont obligatoires, et elle est devenue une norme coutumière internationale que tous les États doivent respecter moralement.

🧩 Quelle est la différence avec la Déclaration de 1789 ?

La Déclaration de 1789 est un texte français, centré sur le « citoyen » et les droits politiques face à la monarchie. La Déclaration de 1948 est internationale (ONU), s’applique à tous les « êtres humains » sans distinction de nationalité, et inclut des droits sociaux (travail, santé, éducation) que le texte de 1789 ne mentionnait pas.

🧩 Qui a voté contre la Déclaration en 1948 ?

Personne ! Il y a eu 48 votes pour et 0 contre. C’est un succès diplomatique. En revanche, il y a eu 8 abstentions : l’URSS et ses satellites (conflit idéologique), l’Afrique du Sud (à cause de l’Apartheid) et l’Arabie saoudite (pour des raisons religieuses sur le mariage et la conversion).

🧩 Quiz – Déclaration universelle de 1948

1. En quelle année la Déclaration universelle des droits de l’homme a-t-elle été adoptée ?



2. Dans quelle ville le texte a-t-il été adopté ?



3. Quelle femme a joué un rôle clé dans la rédaction en présidant la commission ?



4. Quel juriste français a été l’un des principaux rédacteurs ?



5. Combien d’articles contient la Déclaration ?



6. Quel événement historique majeur a précipité la rédaction de ce texte ?



7. Quel pays s’est abstenu lors du vote à cause de sa politique d’Apartheid ?



8. La Déclaration a-t-elle une force juridique contraignante immédiate ?



9. Quel concept est au cœur du premier article de la Déclaration ?



10. Quel bloc géopolitique s’est abstenu lors du vote ?



11. Quel type de droits est inclus dans la Déclaration en plus des droits civiques ?



12. Quelle organisation internationale a adopté ce texte ?



13. L’article 1 affirme que les êtres humains naissent…



14. Quelle date célèbre-t-on chaque année en mémoire de cette adoption ?



15. Pourquoi l’Arabie saoudite s’est-elle abstenue ?



16. Quel philosophe chinois a contribué à universaliser le texte ?



17. La Déclaration autorise-t-elle la torture dans certains cas ?



18. Quel droit l’article 26 garantit-il ?



19. La Déclaration est considérée comme…



20. Quelle distinction majeure fait la Déclaration par rapport aux textes précédents ?



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