🎯 Pourquoi la Déclaration de 1789 est-elle emblématique en histoire ?
Imagine un monde où ta naissance décide de tout ton avenir, où le simple fait d’être né roturier t’interdit l’accès aux postes de pouvoir et t’écrase sous les impôts. C’est exactement la réalité de l’Ancien Régime que la Déclaration des droits de l’homme de 1789 est venue fracasser au début de la Révolution française. Ce texte n’est pas seulement un vieux parchemin poussiéreux ; c’est l’acte de naissance de la citoyenneté moderne, marquant le passage brutal des Français du statut de « sujets » soumis au roi à celui de « citoyens » libres et égaux. Pour bien comprendre comment la France a basculé dans la modernité politique, il est indispensable de disséquer ce chef-d’œuvre juridique qui inspire encore aujourd’hui nos lois fondamentales.
🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :
- 🧭 La crise de l’Ancien Régime et l’été 1789
- ⚙️ Les racines intellectuelles : Lumières et modèle américain
- 📜 La semaine décisive : débats et adoption du texte
- 🎨 Les piliers fondamentaux : liberté et égalité
- 🌍 La nouvelle organisation politique et juridique
- 🤝 Les paradoxes : femmes, esclaves et limites
- 🧠 À retenir
- ❓ FAQ
- 🧩 Quiz
👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème.
🧭 La crise de l’Ancien Régime et le contexte explosif de l’été 1789
📌 Une monarchie absolue à bout de souffle
Pour saisir toute la portée révolutionnaire de la Déclaration des droits de l’homme de 1789, il faut d’abord se replonger dans l’atmosphère électrique de la fin du XVIIIe siècle en France. Le royaume est dirigé par Louis XVI, un monarque absolu de droit divin, ce qui signifie qu’il ne tient son pouvoir que de Dieu et n’a de comptes à rendre à personne. La société est figée dans une structure inégalitaire stricte appelée la « société d’ordres ». D’un côté, la Noblesse et le Clergé bénéficient d’immenses privilèges, notamment fiscaux et honorifiques. De l’autre, le Tiers-État, qui représente environ 98 % de la population (paysans, bourgeois, artisans), supporte l’essentiel du poids de l’impôt tout en étant exclu de la vie politique décisionnelle.
Cette organisation sociale médiévale devient insupportable pour une bourgeoisie de plus en plus riche et éduquée, qui aspire à participer aux affaires de l’État. En parallèle, le royaume traverse une crise financière catastrophique, aggravée par le coût de l’aide apportée aux insurgés américains lors de la Guerre d’Indépendance. Les caisses sont vides, et les tentatives de réformes fiscales se heurtent à l’opposition systématique des privilégiés (les Parlements). La faim tenaille également le peuple suite aux mauvaises récoltes de 1788, créant un climat social explosif où la revendication de pain se mêle rapidement à des exigences politiques de justice et d’égalité.
Face à l’impasse, Louis XVI se résout à convoquer les États généraux pour le mois de mai 1789, une assemblée qui n’avait pas été réunie depuis 1614. C’est dans ce contexte que les Français rédigent les fameux Cahiers de doléances. Ces documents sont fascinants car ils témoignent, avant même l’éclatement de la Révolution, d’une soif immense de réformes. On y réclame déjà la fin de l’arbitraire royal, une constitution écrite et la garantie des libertés individuelles. C’est le terreau sur lequel va fleurir la future Déclaration.
📌 De la révolte juridique à la Grande Peur
Les événements s’accélèrent brutalement au début de l’été 1789. Les députés du Tiers-État, déçus par l’attitude du Roi qui refuse le vote par tête (qui leur donnerait la majorité), décident de faire sécession. Le 17 juin 1789, ils se proclament Assemblée nationale, affirmant ainsi qu’ils représentent la nation entière et non plus un simple ordre. C’est un véritable coup d’État juridique : la souveraineté passe du Roi à la Nation. Quelques jours plus tard, lors du célèbre Serment du Jeu de paume le 20 juin, ils jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution à la France. La nécessité d’une déclaration des droits, en préambule à cette future constitution, commence à s’imposer dans les esprits.
Cependant, la Révolution ne reste pas confinée aux salons de Versailles. Le peuple de Paris, craignant une intervention militaire royale pour dissoudre l’Assemblée, prend les armes et s’empare de la Bastille le 14 juillet 1789. Cet événement symbolique marque l’effondrement de l’arbitraire royal. Mais l’agitation gagne les campagnes : c’est la Grande Peur de fin juillet. Des rumeurs folles circulent sur des complots aristocratiques et des brigands payés par les nobles pour affamer le peuple. Les paysans, paniqués et furieux, attaquent les châteaux et brûlent les « terriers » (les registres où sont inscrits les droits seigneuriaux).
Pour calmer cet incendie social qui menace de tout emporter, les députés de l’Assemblée nationale, dans un élan de ferveur mêlé de calcul politique, votent l’abolition des privilèges lors de la nuit du 4 août 1789. C’est la fin officielle de la féodalité. Le terrain est désormais « nettoyé » des vieilles structures inégalitaires. L’Assemblée peut enfin s’atteler à la construction d’un ordre nouveau, basé sur le droit. Pour approfondir cette dynamique globale, je t’invite à consulter notre dossier sur l’histoire générale des droits de l’homme qui replace cet événement dans une chronologie longue.
⚙️ Les racines intellectuelles : Lumières et modèle américain
📌 L’héritage des philosophes des Lumières
La Déclaration des droits de l’homme de 1789 n’est pas sortie de nulle part ; elle est le fruit d’un siècle de maturation intellectuelle. Les députés qui la rédigent sont imprégnés de la philosophie des Lumières, ce mouvement intellectuel européen du XVIIIe siècle qui place la raison, la science et le respect de l’individu au centre de tout. Trois penseurs majeurs ont particulièrement influencé le texte. D’abord, Montesquieu, qui dans De l’esprit des lois (1748), théorise la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) pour éviter la tyrannie. Cette idée se retrouvera directement dans l’article 16 de la Déclaration.
Ensuite, l’ombre de Jean-Jacques Rousseau plane sur l’Assemblée. Son concept de « contrat social » et surtout de « volonté générale » est fondamental. Pour Rousseau, la loi ne doit pas être l’expression du caprice d’un roi, mais la traduction de la volonté du peuple souverain. L’article 6 de la Déclaration reprendra presque mot pour mot cette formule. Enfin, il ne faut pas oublier Voltaire, l’infatigable combattant pour la tolérance religieuse et la liberté d’expression, ainsi que les encyclopédistes comme Diderot qui ont diffusé ces savoirs critiques contre l’obscurantisme religieux et politique.
Ces philosophes ont introduit l’idée des « droits naturels » : chaque être humain, par le simple fait d’exister, possède des droits inaliénables (liberté, propriété, sûreté) qu’aucun gouvernement ne peut lui retirer légitimement. C’est une rupture totale avec la pensée politique traditionnelle où les droits étaient des concessions accordées par le monarque. En 1789, l’objectif est de « déclarer » ces droits, c’est-à-dire de les reconnaître officiellement comme des vérités éternelles qui avaient été oubliées ou méprisées par le despotisme.
📌 L’influence décisive de la Révolution américaine
L’autre source majeure d’inspiration vient d’outre-Atlantique. La Révolution américaine a précédé la Révolution française d’une décennie et a servi de laboratoire grandeur nature pour les idées des Lumières. La Déclaration d’indépendance des États-Unis de 1776, rédigée principalement par Thomas Jefferson, proclamait déjà que « tous les hommes sont créés égaux » et dotés de droits inaliénables. De même, les Déclarations des droits des différents États américains (comme celle de Virginie en 1776) ont servi de modèles concrets aux constituants français.
Plusieurs acteurs clés de 1789 ont participé à la guerre d’indépendance américaine, le plus célèbre étant le marquis de La Fayette. Héros des deux mondes, ami de George Washington, La Fayette est l’un des premiers à proposer un projet de déclaration à l’Assemblée nationale française, le 11 juillet 1789. Il est d’ailleurs conseillé discrètement par Thomas Jefferson, alors ambassadeur des États-Unis à Paris. Tu peux explorer les liens entre ces deux mouvements révolutionnaires dans notre article dédié aux droits civiques aux USA, qui montre comment ces idéaux ont évolué différemment de part et d’autre de l’océan.
Cependant, il existe une différence fondamentale de tonalité. Les déclarations américaines sont souvent pragmatiques, ancrées dans la tradition de la Common Law anglaise et conçues pour justifier une rupture politique précise avec l’Angleterre. La Déclaration des droits de l’homme de 1789 se veut, elle, beaucoup plus abstraite et universelle. Elle ne s’adresse pas uniquement aux Français de 1789, mais à « tous les hommes et à tous les temps ». C’est cette ambition d’universalité, typiquement française, qui donnera au texte son retentissement mondial, bien au-delà des frontières de l’Europe.
📜 La semaine décisive : débats houleux et adoption du texte
📌 Un travail collectif et rapide
Contrairement à une idée reçue, la Déclaration n’est pas l’œuvre d’un seul homme. Si La Fayette, Sieyès (l’auteur du célèbre pamphlet Qu’est-ce que le Tiers-État ?), Mounier ou encore Mirabeau ont joué des rôles prépondérants en soumettant des projets, le texte final est le fruit d’un travail collectif, discuté, amendé et voté article par article par l’Assemblée nationale constituante. Les débats s’ouvrent véritablement le 20 août 1789, dans un climat d’urgence. L’Assemblée veut fixer les principes avant de rédiger la Constitution elle-même, pour que celle-ci ne puisse jamais s’écarter des droits fondamentaux.
L’Assemblée décide de créer un comité pour synthétiser les nombreux projets (on en compte près d’une trentaine !). Le texte final est un compromis entre les « Monarchiens » (plus modérés, admirateurs du modèle anglais) et les « Patriotes » (plus radicaux, partisans d’une rupture nette). Le style choisi est concis, solennel, presque biblique, destiné à être lu et retenu facilement par le peuple. Chaque mot est pesé. Par exemple, le débat sur la mention de Dieu dans le préambule fut intense. Finalement, pour satisfaire à la fois les croyants et les philosophes déistes, la Déclaration est placée « sous les auspices de l’Être Suprême », une formulation qui évite de citer le Dieu catholique et sécularise le texte tout en lui gardant une dimension sacrée.
📌 L’adoption du 26 août 1789
Les discussions durent six jours, du 20 au 26 août 1789. Les députés votent d’abord le préambule, puis les 17 articles qui composent le texte. C’est un moment de grâce parlementaire où, malgré les tensions politiques et la fatigue, une majorité se dégage pour poser les bases d’une société nouvelle. Le 26 août 1789, le texte est définitivement adopté. C’est cette date que l’histoire a retenue comme l’avènement officiel des droits de l’homme en France. Cependant, il faut noter que le Roi Louis XVI refuse dans un premier temps de sanctionner (de signer) ce texte, qu’il juge subversif et destructeur pour son autorité.
Il faudra attendre les journées révolutionnaires d’octobre 1789, où les Parisiennes marchent sur Versailles pour réclamer du pain et le retour du Roi à Paris, pour que Louis XVI, sous la pression populaire, accepte de contresigner la Déclaration. Ce texte deviendra ensuite le préambule de la première Constitution française écrite, celle de 1791. Il est intéressant de noter que les députés avaient prévu de revoir le texte plus tard pour le compléter, mais il a acquis une telle aura sacrée qu’il est resté figé dans sa forme du 26 août. Pour voir le texte original, tu peux consulter les archives numérisées de la Bibliothèque nationale de France.
🎨 Les piliers fondamentaux : liberté et égalité
📌 L’égalité : la fin des privilèges
L’article premier de la Déclaration sonne comme un coup de tonnerre : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Cette phrase simple détruit mille ans de féodalité. L’égalité affirmée ici est avant tout une égalité juridique (devant la loi) et civile. Elle signifie que les distinctions sociales ne peuvent plus être fondées sur la naissance (être fils de noble) mais uniquement sur « l’utilité commune » (le talent, le mérite, la fonction). C’est la fin des barrières héréditaires pour l’accès aux emplois publics et militaires. Désormais, un fils de paysan peut théoriquement devenir officier ou ministre, ce qui était impossible sous l’Ancien Régime.
L’article 6 renforce cette notion en précisant que la loi « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». C’est la fin de la justice à deux vitesses, où les nobles avaient leurs propres tribunaux et échappaient aux peines infamantes comme la pendaison. De même, l’article 13 instaure l’égalité fiscale : la contribution commune doit être « également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Le privilège fiscal de la noblesse et du clergé est anéanti. C’est une révolution fiscale autant que sociale.
📌 Les libertés individuelles consacrées
La liberté est l’autre grand pilier du texte. L’article 2 la classe parmi les « droits naturels et imprescriptibles » de l’homme, aux côtés de la propriété, de la sûreté et de la résistance à l’oppression. Mais comment définir la liberté ? L’article 4 donne une définition célèbre : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. » Les bornes de la liberté ne sont plus fixées par la volonté du roi ou par la religion, mais uniquement par la loi, qui protège la liberté des autres. C’est le principe fondamental du libéralisme politique.
La Déclaration protège spécifiquement plusieurs libertés concrètes. Les articles 7, 8 et 9 posent les bases de la sûreté individuelle face à la justice : nul ne peut être accusé, arrêté ou détenu arbitrairement (fin des « lettres de cachet » royales qui permettaient d’emprisonner sans procès). La présomption d’innocence est proclamée (article 9), ainsi que la non-rétroactivité des lois pénales. Enfin, les articles 10 et 11 sont révolutionnaires pour l’époque : ils garantissent la liberté d’opinion, « même religieuse », et la « libre communication des pensées et des opinions », c’est-à-dire la liberté de la presse et d’expression, considérée comme « un des droits les plus précieux de l’homme ». Pour saisir l’impact de ces libertés sur les minorités, tu peux lire notre article sur l’histoire des droits LGBTQ+, qui montre comment ces principes ont mis du temps à s’appliquer à tous.
🌍 La nouvelle organisation politique et juridique de la Nation
📌 La souveraineté nationale : le nouveau maître
Si la Déclaration donne des droits aux individus, elle réorganise aussi totalement le pouvoir politique. L’article 3 est une véritable bombe politique : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » En clair, le Roi n’est plus le propriétaire du royaume ni le représentant de Dieu sur terre. Il devient un simple mandataire de la Nation. La source du pouvoir, c’est le peuple (ou du moins l’ensemble des citoyens). C’est le transfert de légitimité le plus important de l’histoire de France.
Cette souveraineté s’exprime par la Loi. L’article 6 définit la Loi comme « l’expression de la volonté générale ». Cela signifie que la loi n’est plus un ordre tombé d’en haut, mais une règle que la communauté se donne à elle-même, soit directement, soit par ses représentants. Le texte pose ainsi les bases du système représentatif et parlementaire. Les citoyens ont désormais un « droit de regard » sur la gestion publique : l’article 14 leur donne le droit de constater la nécessité de l’impôt et d’en surveiller l’emploi, et l’article 15 proclame que « la Société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». C’est la naissance de la responsabilité politique et de la transparence administrative.
📌 La propriété : un droit « inviolable et sacré »
Il ne faut pas oublier que la Révolution de 1789 est aussi une révolution bourgeoise. Les constituants sont très attachés à la défense de la propriété privée. L’article 17, le dernier de la Déclaration, déclare la propriété comme « un droit inviolable et sacré ». Nul ne peut en être privé, sauf si la « nécessité publique » l’exige (par exemple pour construire une route), et à condition d’une « juste et préalable indemnité ». Cette insistance s’explique par la peur de l’arbitraire royal (confiscations) mais aussi par la volonté de rassurer les possédants face aux troubles paysans de la Grande Peur.
La propriété est vue comme le prolongement de la liberté de l’individu et comme la condition de son indépendance. Cependant, cette vision très « bourgeoise » de la propriété sera plus tard critiquée par les socialistes au XIXe siècle, qui y verront la source des inégalités économiques. Néanmoins, en 1789, cet article vise surtout à verrouiller les acquis contre un retour à la féodalité et à protéger les biens des nouveaux acquéreurs de « Biens nationaux » (les terres confisquées au Clergé).
🤝 Les paradoxes : femmes, esclaves et limites de l’universalisme
📌 Les femmes : les grandes oubliées
Malgré ses prétentions à l’universalité, la Déclaration des droits de l’homme de 1789 comporte des angles morts gigantesques. Le terme « Homme » est-il générique ou sexué ? Dans la pratique des révolutionnaires, il s’avère très vite qu’il s’agit du mâle. Les femmes, bien qu’ayant participé activement aux journées révolutionnaires (comme la marche sur Versailles), sont exclues de la citoyenneté active (droit de vote) et des droits politiques. Elles restent considérées comme des mineures sous l’autorité de leur père ou de leur mari.
Cette exclusion suscite des réactions. La plus célèbre est celle d’Olympe de Gouges, femme de lettres et révolutionnaire, qui rédige en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle y pastiche l’article premier : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Elle dénonce l’hypocrisie de la Révolution qui oublie la moitié de l’humanité. Son combat lui coûtera la vie, puisqu’elle sera guillotinée en 1793. Pour approfondir ce combat essentiel, je te recommande vivement notre article satellite sur les droits des femmes qui détaille cette lutte séculaire.
📌 L’esclavage et le suffrage censitaire
L’autre immense contradiction concerne l’esclavage colonial. Au moment où l’on proclame que « les hommes naissent libres », la France possède de puissantes colonies (Saint-Domingue, Guadeloupe, Martinique) où des centaines de milliers d’êtres humains sont réduits en esclavage. Les lobbies coloniaux à l’Assemblée font pression pour que la Déclaration ne s’applique pas aux colonies. L’Assemblée nationale restera ambiguë et ne votera l’abolition de l’esclavage qu’en 1794 (avant que Napoléon ne le rétablisse en 1802). Les notions de droits humains et de migrations forcées sont traitées plus en détail dans notre dossier droits humains et migrations.
Enfin, sur le plan politique intérieur, l’égalité proclamée a ses limites immédiates. La Constitution de 1791 mettra en place un suffrage censitaire : seuls les hommes payant un certain montant d’impôts (les « citoyens actifs ») auront le droit de vote. Les plus pauvres (les « citoyens passifs ») sont exclus du scrutin, bien que reconnus libres. Il faudra attendre 1848 pour que le suffrage universel masculin soit définitivement instauré en France. La Déclaration de 1789 était donc un idéal, un horizon, que la réalité politique a mis du temps à rejoindre. Tu peux comparer cet héritage avec la Déclaration universelle de 1948 pour voir le chemin parcouru vers une véritable universalité.
🧠 À retenir sur la Déclaration de 1789
- Texte adopté le 26 août 1789 par l’Assemblée nationale constituante.
- Marque la fin de l’Ancien Régime et des privilèges (société d’ordres).
- Affirme des droits naturels : liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression.
- Pose le principe de la souveraineté nationale (le pouvoir vient de la Nation, pas du Roi).
- Malgré son universalisme, elle exclut initialement les femmes et maintient l’esclavage.
- Reste aujourd’hui un texte à valeur constitutionnelle en France.
❓ FAQ : Questions fréquentes sur la Déclaration de 1789
🧩 La Déclaration de 1789 a-t-elle aboli l’esclavage ?
Non, malheureusement. Bien que l’article 1 affirme que les hommes naissent libres, les députés, sous l’influence des colons, n’ont pas appliqué ce principe aux colonies en 1789. L’abolition n’interviendra qu’en 1794 (puis sera révoquée) avant l’abolition définitive de 1848.
🧩 Qui a rédigé la Déclaration des droits de l’homme ?
C’est une œuvre collective de l’Assemblée nationale. Cependant, des figures comme La Fayette, Mirabeau, Sieyès et Mounier ont joué un rôle clé en proposant des projets. Le texte final est un compromis issu des débats du mois d’août 1789.
🧩 La Déclaration de 1789 est-elle encore valable aujourd’hui ?
Absolument. En France, elle fait partie du « bloc de constitutionnalité ». Cela signifie que le Conseil constitutionnel peut censurer une loi actuelle si elle est contraire aux principes de 1789 (comme l’égalité ou la liberté d’expression). C’est un texte juridiquement vivant.
🧩 Quelle est la différence avec la Déclaration universelle de 1948 ?
Celle de 1789 est un texte national fondateur axé sur les libertés civiles et politiques (droits-libertés). Celle de 1948 est internationale (ONU) et ajoute une dimension sociale et économique (droits créances : droit au travail, à la santé, à l’éducation) en réaction aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale.
