La Première Guerre mondiale expliquée aux élèves
Introduction
1914 : le monde bascule. En quelques semaines, l’Europe toute entière est embrasée par un conflit qu’aucun dirigeant ne semble avoir vraiment anticipé. C’est le début de ce que l’on appelle la Première Guerre mondiale. Mais pourquoi cette guerre a-t-elle éclaté ? Qui sont les responsables ? Et surtout, comment expliquer qu’elle ait été si longue, si violente, si marquante ?
Dans cet article, on va plonger ensemble dans les causes, les étapes et les conséquences de ce conflit. On parlera des tranchées, de la bataille de Verdun, du quotidien des poilus, et de tout ce qu’il faut vraiment retenir. Tu verras : cette guerre n’est pas juste une suite de dates, c’est un tournant majeur de notre histoire.
I. Pourquoi la guerre éclate-t-elle en 1914 ?
La Une du « Petit Journal » du 12 juillet 1914 illustrant l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand et de sa femme, à Sarajevo. © Crédit photo : BNF – Gallica
1. Un climat tendu en Europe
Depuis la fin du XIXe siècle, les pays européens se livrent à une course à la puissance. Deux grands blocs militaires se forment : la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) et la Triple-Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie). Ces alliances ne sont pas que défensives : elles attisent les tensions.
2. Nationalisme et colonisation
Les peuples européens sont fiers de leurs nations. Le nationalisme pousse chacun à vouloir s’imposer. À cela s’ajoutent les rivalités coloniales : la France et l’Allemagne se disputent l’Afrique, notamment lors de la crise de Fachoda ou celle d’Agadir. Bref, le climat est explosif.
3. Sarajevo : l’étincelle
Le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo par un nationaliste serbe. L’Autriche-Hongrie, soutenue par l’Allemagne, déclare la guerre à la Serbie. Par effet domino, toutes les puissances entrent en guerre durant l’été. L’engrenage est lancé.
II. Une guerre qui s’enlise : des mouvements aux tranchées
1. 1914 : la guerre de mouvement
Lorsque la guerre commence, les chefs militaires pensent à un conflit rapide. Les Allemands déclenchent leur plan Schlieffen : traverser la Belgique pour attaquer la France par le nord. Mais la résistance belge, puis la bataille de la Marne en septembre 1914, stoppent leur avancée. L’armée française, sous le commandement de Joffre, contre-attaque. C’est un tournant.
À l’Est, la Russie mobilise rapidement ses troupes, forçant l’Allemagne à diviser ses forces. Le conflit devient donc double : sur le front Ouest et sur le front Est.
2. La guerre de position : les tranchées
À la fin de 1914, les armées s’enterrent. Des lignes de tranchées s’étendent de la mer du Nord à la Suisse. La guerre de mouvement laisse place à une guerre d’usure. Le quotidien devient infernal : les soldats vivent dans la boue, le froid, infestés de poux et entourés de rats. Les attaques ne permettent que de gagner quelques mètres.
Les conditions de vie sont terribles. Ce sont les fameuses tranchées. Les soldats français, surnommés les poilus, doivent survivre à l’attente, aux bombardements, aux assauts meurtriers, et à la peur constante.
3. L’enlisement
Les fronts se figent. Malgré les innovations (aviation, mitrailleuses, gaz), les armées ne parviennent pas à percer. Des millions d’hommes sont bloqués dans une guerre statique. L’espoir d’une victoire rapide disparaît. Chaque camp s’enfonce dans une spirale de violence et de sacrifice.
III. Verdun, la Somme et l’enfer du front
Bain News Service — Cette image est disponible sur la Prints and Photographs division de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis sous le numéro d’identification ggbain.26253
1. Verdun : symbole de la résistance
En février 1916, les Allemands lancent une grande offensive sur Verdun, une ville stratégique du nord-est de la France. L’objectif est d’« épuiser l’armée française ». Le général Pétain organise la défense. Pendant dix mois, les combats font rage. Des centaines de milliers de soldats meurent ou sont blessés. L’expression « ils ne passeront pas » devient un cri de ralliement.
Verdun devient le symbole du courage français… mais aussi de l’horreur. Les bombardements sont incessants. Le paysage est lunaire. Aucun soldat n’en sort indemne, même ceux qui survivent.
2. La Somme : l’échec sanglant
En juillet 1916, pour soulager Verdun, les Alliés lancent une offensive dans la vallée de la Somme. Le premier jour de la bataille est le plus meurtrier de l’histoire britannique : près de 60 000 soldats sont tués ou blessés.
Malgré des mois de combats, les gains territoriaux sont minimes. La guerre des tranchées s’impose comme un mur infranchissable. Des millions de vies sont broyées dans cette guerre d’attrition.
3. Le quotidien des poilus
Les poilus vivent dans la peur, le froid, l’humidité. Ils mangent mal, dorment peu, affrontent les obus et les assauts à la baïonnette. Beaucoup souffrent du shell shock (choc post-traumatique). Loin du front, les familles vivent aussi dans l’inquiétude permanente. Cette guerre transforme profondément les sociétés.
IV. 1917 : le tournant du conflit
1. La lassitude des soldats
En 1917, les mutineries se multiplient dans les rangs français. Les soldats refusent de monter à l’assaut pour une guerre qu’ils jugent absurde. Le général Pétain, nommé commandant en chef, apaise la situation en améliorant les conditions de vie et en suspendant les offensives inutiles.
2. La révolution russe
En Russie, la population se révolte contre le tsar. En octobre, les bolcheviks prennent le pouvoir. Le nouveau régime communiste, dirigé par Lénine, signe la paix avec l’Allemagne (traité de Brest-Litovsk en mars 1918). Cela libère des troupes allemandes pour le front Ouest.
3. L’entrée en guerre des États-Unis
En avril 1917, les États-Unis entrent en guerre aux côtés de la France et du Royaume-Uni. Les raisons : les attaques allemandes contre les navires civils (comme le Lusitania), et le télégramme Zimmermann proposant une alliance entre l’Allemagne et le Mexique.
L’arrivée des troupes américaines redonne espoir aux Alliés. Elle marque un véritable tournant stratégique.
V. 1918 : la fin du conflit et le traité de Versailles
1. Les dernières offensives
En mars 1918, l’Allemagne lance une grande offensive avant que les troupes américaines n’arrivent en masse. Mais cette tentative échoue. À partir de l’été, les Alliés contre-attaquent, soutenus par des soldats frais venus des États-Unis. La supériorité matérielle et humaine alliée devient écrasante.
L’Allemagne s’effondre de l’intérieur. Le peuple manifeste, l’empereur abdique. La guerre est perdue.
2. L’armistice du 11 novembre
Le 11 novembre 1918, à 11 heures, l’armistice est signé dans un wagon à Rethondes. Les armes se taisent enfin. La guerre a duré plus de 4 ans. L’Europe est en ruines. Des millions de familles sont endeuillées.
3. Le traité de Versailles (1919)
Le traité de Versailles est signé le 28 juin 1919. Il impose des conditions très dures à l’Allemagne : perte de territoires (Alsace-Lorraine, colonies), réduction de l’armée, paiement de lourdes réparations, et reconnaissance de sa responsabilité dans le conflit.
Ce traité, très contesté, sème les graines d’un profond ressentiment en Allemagne. Il contribuera à la montée du nazisme dans les années 1930.
VI. Conséquences et mémoires de la guerre
1. Un bilan humain et matériel effroyable
La guerre a fait environ 18,6 millions de morts, dont 9,7 millions de militaires. Des millions d’autres sont mutilés, traumatisés, ou disparus. Les villes et les campagnes du nord-est de la France sont dévastées. L’économie européenne est affaiblie.
Les anciens combattants, les poilus, deviennent des figures centrales de la mémoire collective. Monuments aux morts, cérémonies du 11 novembre : la société honore ceux qui ont combattu.
2. Une nouvelle carte de l’Europe
Les grands empires s’effondrent : l’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman, l’Empire russe et l’Empire allemand. De nouveaux États naissent : Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Pologne… Mais ces frontières sont souvent fragiles, posant les bases de nouveaux conflits.
3. Une paix fragile
Malgré la victoire des Alliés, l’Europe sort affaiblie. Les tensions restent fortes. La Société des Nations est créée pour garantir la paix, mais elle n’a pas les moyens d’agir efficacement.
La Première Guerre mondiale devait être « la der des ders ». Elle ne l’a pas été. Moins de 20 ans plus tard, un nouveau conflit mondial éclatera.
À retenir :
- 18 millions de morts. Une Europe ruinée.
- Le traité de Versailles humilie l’Allemagne.
- Les bases du second conflit mondial sont posées.
👉 À lire aussi :
🔗 Pour aller plus loin :
-
Vie publique – Dossier pédagogique : La Première Guerre mondiale
👉 https://www.vie-publique.fr/fiches/23929-la-premiere-guerre-mondiale -
Éduscol – Histoire – Ressources officielles pour les enseignants sur 14–18
👉 https://eduscol.education.fr/982/la-premiere-guerre-mondiale -
Gallica BnF – Archives, journaux, affiches de 1914–1918
👉 https://gallica.bnf.fr/html/und/guerre-14-18/premiere-guerre-mondiale