đŸ‡ȘđŸ‡ș Conseil europĂ©en et Conseil de l’UE : le guide complet pour ne plus les confondre

🎯 Pourquoi le duo Conseil europĂ©en et Conseil de l’UE est-il le cƓur du rĂ©acteur ?

Si tu as dĂ©jĂ  ouvert un manuel d’histoire-gĂ©ographie ou suivi l’actualitĂ© politique, tu as forcĂ©ment entendu parler de « Bruxelles » et de ses dĂ©cisions parfois complexes. Pourtant, derriĂšre ce terme gĂ©nĂ©rique se cache une rĂ©alitĂ© institutionnelle prĂ©cise, souvent source de confusion pour les Ă©lĂšves comme pour les adultes. Le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’UE constituent, avec la Commission et le Parlement, les piliers fondamentaux de la construction europĂ©enne, mais ils n’ont ni les mĂȘmes membres, ni les mĂȘmes fonctions, ni la mĂȘme histoire. Comprendre qui siĂšge autour de la table — les chefs d’État pour l’un, les ministres pour l’autre — est indispensable pour saisir comment se dĂ©cide l’avenir du continent, de la gestion de la monnaie unique Ă  la rĂ©ponse aux crises internationales. Dans cet article, nous allons dĂ©cortiquer ensemble ces mĂ©canismes pour que tu puisses maĂźtriser parfaitement ce sujet clĂ© des programmes.

đŸ—‚ïž Dans cet article, tu vas dĂ©couvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour dissiper immĂ©diatement la confusion la plus frĂ©quente en histoire des institutions.

🛑 Conseil, Conseil et Conseil : comment ne plus se tromper ?

📌 Trois institutions, trois noms proches, trois rĂ©alitĂ©s distinctes

C’est sans doute le piĂšge le plus classique lors des examens ou des concours : confondre les diffĂ©rentes institutions qui portent le nom de « Conseil ». Pour bien comprendre le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’UE, il faut d’abord Ă©vacuer un intrus qui n’a rien Ă  voir avec l’Union europĂ©enne au sens strict : le Conseil de l’Europe. Ce dernier est une organisation internationale distincte, fondĂ©e en 1949, qui siĂšge Ă  Strasbourg et rĂ©unit 46 pays (bien plus que les 27 de l’UE) pour dĂ©fendre les droits de l’homme et la dĂ©mocratie. C’est lui qui abrite la cĂ©lĂšbre Cour europĂ©enne des droits de l’homme (CEDH). Il ne produit pas de lois pour l’UE. Une fois cette distinction faite, nous pouvons nous concentrer sur nos deux acteurs principaux qui appartiennent, eux, au cadre institutionnel de l’Union europĂ©enne : le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’Union europĂ©enne (aussi appelĂ© Conseil des ministres).

La confusion entre le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’UE vient souvent du fait qu’ils reprĂ©sentent tous les deux les intĂ©rĂȘts des États membres, par opposition Ă  la Commission europĂ©enne qui reprĂ©sente l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de l’Union, ou au Parlement qui reprĂ©sente les citoyens. Cependant, leur niveau hiĂ©rarchique et leur fonction diffĂšrent radicalement. Pour le dire simplement : le Conseil europĂ©en donne l’impulsion politique et fixe le cap Ă  long terme (c’est le « cerveau » stratĂ©gique), tandis que le Conseil de l’UE nĂ©gocie et vote les lois dans le dĂ©tail (c’est le « lĂ©gislateur » aux cĂŽtĂ©s du Parlement). Cette sĂ©paration des tĂąches n’a pas toujours Ă©tĂ© aussi claire et s’est construite progressivement au fil des traitĂ©s, depuis le TraitĂ© de Rome de 1957 jusqu’au TraitĂ© de Lisbonne de 2007.

Il est crucial de retenir que ces deux institutions incarnent la dimension intergouvernementale de l’Europe. Contrairement Ă  la mĂ©thode communautaire oĂč les institutions supranationales priment, ici, ce sont les gouvernements nationaux (France, Allemagne, Italie, etc.) qui gardent la main. C’est dans ces enceintes que se jouent les rapports de force diplomatiques, les alliances entre capitales et les compromis historiques. Si tu veux approfondir le rĂŽle des autres acteurs pour bien situer les Conseils, je t’invite Ă  lire l’article sur la Commission europĂ©enne : rĂŽle, pouvoirs et Ă©volutions, qui constitue l’autre sommet du triangle institutionnel.

📌 L’évolution historique : d’une rĂ©union informelle Ă  une institution officielle

Au dĂ©but de la construction europĂ©enne, dans les annĂ©es 1950, seul le Conseil des ministres (l’actuel Conseil de l’UE) existait formellement dans les traitĂ©s. Les chefs d’État et de gouvernement ne se rĂ©unissaient pas de maniĂšre rĂ©guliĂšre dans le cadre communautaire. C’est le gĂ©nĂ©ral de Gaulle qui, le premier, a poussĂ© pour une coopĂ©ration plus politique entre les dirigeants suprĂȘmes, en dehors de la technocratie bruxelloise. Cependant, il faut attendre 1974 et l’initiative du prĂ©sident français ValĂ©ry Giscard d’Estaing et du chancelier allemand Helmut Schmidt pour que naisse le « Conseil europĂ©en » sous sa forme moderne. À l’époque, c’était un « club » informel, une discussion au coin du feu pour dĂ©bloquer les grands dossiers.

Ce n’est qu’avec l’Acte unique europĂ©en en 1986, puis le TraitĂ© de Maastricht en 1992, que le Conseil europĂ©en obtient une reconnaissance juridique. Mais la vĂ©ritable consĂ©cration arrive avec le TraitĂ© de Lisbonne (entrĂ© en vigueur en 2009), qui lui donne le statut d’institution de l’UE Ă  part entiĂšre et crĂ©e le poste de prĂ©sident permanent du Conseil europĂ©en. Avant cela, la prĂ©sidence changeait tous les six mois, ce qui nuisait Ă  la continuitĂ© des grands chantiers stratĂ©giques. Aujourd’hui, l’histoire des Conseils est celle d’une montĂ©e en puissance progressive des chefs d’État face aux autres institutions.

👑 Le Conseil europĂ©en : le sommet stratĂ©gique des chefs d’État

📌 Composition et fonctionnement des « Sommets »

Le Conseil europĂ©en rĂ©unit la « crĂšme de la crĂšme » du pouvoir politique en Europe. Autour de la table, on trouve les chefs d’État ou de gouvernement des 27 États membres de l’UE (le PrĂ©sident de la RĂ©publique pour la France, le Chancelier pour l’Allemagne, les Premiers ministres pour les autres pays). À leurs cĂŽtĂ©s siĂšgent deux autres personnages clĂ©s : le prĂ©sident du Conseil europĂ©en (Ă©lu pour 2 ans et demi, renouvelable une fois) et le prĂ©sident de la Commission europĂ©enne. Le Haut reprĂ©sentant pour les affaires Ă©trangĂšres participe aussi aux rĂ©unions. C’est ce qu’on appelle communĂ©ment dans les mĂ©dias un « Sommet europĂ©en ».

Ces sommets ont lieu au moins quatre fois par an (deux fois par semestre), gĂ©nĂ©ralement Ă  Bruxelles, dans le bĂątiment Europa, une structure moderne en forme de lanterne surnommĂ©e « l’ƒuf ». Cependant, l’actualitĂ© impose souvent des rĂ©unions extraordinaires ou informelles. Par exemple, lors de la crise financiĂšre de 2008, de la crise des migrants en 2015, de la pandĂ©mie de Covid-19 en 2020 ou de la guerre en Ukraine depuis 2022, les chefs d’État se sont rĂ©unis bien plus frĂ©quemment, parfois en urgence absolue. C’est lĂ  que se dĂ©cide la « haute politique ». Le Conseil europĂ©en ne vote pas de lois (c’est le rĂŽle du Conseil de l’UE et du Parlement), mais il dĂ©finit les orientations et les prioritĂ©s politiques gĂ©nĂ©rales. Ses dĂ©cisions sont publiĂ©es sous forme de « conclusions », qui servent de feuille de route Ă  la Commission pour proposer de nouvelles lĂ©gislations.

Le rĂŽle du prĂ©sident du Conseil europĂ©en est ici fondamental. Ce poste, occupĂ© par des figures comme le Belge Herman Van Rompuy, le Polonais Donald Tusk ou le Belge Charles Michel, n’est pas un poste de commandement direct, mais de facilitation. Il n’a pas de pouvoir hiĂ©rarchique sur les chefs d’État (on ne donne pas d’ordre au prĂ©sident français ou au chancelier allemand !). Son rĂŽle est de prĂ©parer les sommets, de mener les nĂ©gociations de couloir, de trouver des compromis et de reprĂ©senter l’UE Ă  l’extĂ©rieur sur les questions de politique Ă©trangĂšre et de sĂ©curitĂ© commune (PESC), aux cĂŽtĂ©s du Haut reprĂ©sentant. Pour mieux comprendre l’impact de ces dĂ©cisions sur la scĂšne internationale, tu peux consulter le site Vie Publique, qui offre des fiches trĂšs claires sur ces mĂ©canismes.

📌 Le pouvoir de l’impulsion et du dĂ©blocage

Le Conseil europĂ©en est l’instance de l’impulsion. C’est lui qui dĂ©cide, par exemple, d’ouvrir des nĂ©gociations d’adhĂ©sion avec un nouveau pays candidat (comme l’Ukraine ou la Moldavie rĂ©cemment). C’est lui qui fixe les grands objectifs climatiques de l’Union (comme la neutralitĂ© carbone en 2050). C’est aussi lui qui tranche sur le cadre financier pluriannuel, c’est-Ă -dire le budget de l’UE pour sept ans, un sujet toujours extrĂȘmement sensible qui nĂ©cessite l’unanimitĂ©. Dans ces moments-lĂ , les sommets peuvent durer toute la nuit, donnant lieu Ă  des « marathons » diplomatiques lĂ©gendaires oĂč chaque mot des conclusions est pesĂ© au trĂ©buchet.

Il joue aussi un rĂŽle d’arbitre suprĂȘme. Si un dossier est bloquĂ© au niveau des ministres (au Conseil de l’UE) parce qu’il est trop sensible politiquement, il « remonte » Ă  la table des chefs d’État. Eux seuls ont la lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique nationale suffisante pour faire des concessions importantes ou pour imposer une ligne directrice Ă  leur administration. Cependant, cette mĂ©thode a un revers : elle a tendance Ă  affaiblir la Commission europĂ©enne, qui perd un peu de son monopole de l’initiative face Ă  des États de plus en plus directifs. C’est un dĂ©bat rĂ©current sur l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Union.

đŸ’Œ Le Conseil de l’UE : la voix des ministres et des États

📌 Une institution Ă  « gĂ©omĂ©trie variable »

Passons maintenant Ă  l’autre facette du pouvoir des États : le Conseil de l’Union europĂ©enne, souvent appelĂ© simplement « le Conseil » ou « Conseil des ministres ». Contrairement au Conseil europĂ©en qui rĂ©unit les chefs, ici, ce sont les ministres nationaux qui siĂšgent. Mais attention, il n’y a pas un seul Conseil de l’UE fixe : c’est une institution unique qui se rĂ©unit sous 10 formations diffĂ©rentes selon le sujet traitĂ©. Si l’ordre du jour concerne l’agriculture, ce sont les 27 ministres de l’Agriculture qui se rĂ©unissent. Si l’on parle de budget, ce sont les ministres des Finances (formation ECOFIN). Si l’on parle de diplomatie, ce sont les ministres des Affaires Ă©trangĂšres.

Cette gĂ©omĂ©trie variable permet une expertise technique pointue. Les formations les plus frĂ©quentes et les plus puissantes sont le Conseil « Affaires Ă©trangĂšres », prĂ©sidĂ© de façon permanente par le Haut reprĂ©sentant de l’Union pour les affaires Ă©trangĂšres et la politique de sĂ©curitĂ©, et le Conseil « Affaires gĂ©nĂ©rales », qui prĂ©pare les rĂ©unions du Conseil europĂ©en. Les autres formations (Environnement, Transports, Justice et Affaires intĂ©rieures, etc.) sont prĂ©sidĂ©es par le ministre du pays qui assure la prĂ©sidence tournante du Conseil. Cette prĂ©sidence change tous les six mois selon un ordre préétabli. Par exemple, la France a assurĂ© la prĂ©sidence au premier semestre 2022. C’est un moment clĂ© pour un pays, qui peut mettre en avant ses prioritĂ©s politiques Ă  l’agenda europĂ©en.

Pour assurer la continuitĂ© malgrĂ© ce changement tous les six mois, le systĂšme du « trio de prĂ©sidences » a Ă©tĂ© mis en place. Trois pays qui se succĂšdent (par exemple France-RĂ©publique tchĂšque-SuĂšde) travaillent ensemble sur un programme commun de 18 mois. Cela Ă©vite que chaque pays ne dĂ©fasse ce que le prĂ©cĂ©dent a commencĂ©. Le Conseil de l’UE est assistĂ© par un organe vital mais mĂ©connu : le COREPER (ComitĂ© des reprĂ©sentants permanents). Ce sont les ambassadeurs des États membres auprĂšs de l’UE. Ils prĂ©parent tout le travail en amont. En rĂ©alitĂ©, 90 % des dĂ©cisions sont dĂ©jĂ  techniquement actĂ©es par le COREPER avant mĂȘme que les ministres n’arrivent Ă  Bruxelles pour lever la main.

📌 Le lĂ©gislateur de l’Union

La mission principale du Conseil de l’UE est lĂ©gislative. Il nĂ©gocie et adopte les actes lĂ©gislatifs (rĂšglements et directives), la plupart du temps en association avec le Parlement europĂ©en. C’est aussi lui qui adopte le budget annuel de l’UE (avec le Parlement). Contrairement au Conseil europĂ©en qui fait de la grande stratĂ©gie, le Conseil de l’UE met les mains dans le cambouis juridique. Il amende les propositions de la Commission, discute chaque virgule, vĂ©rifie que le texte est acceptable pour les administrations nationales. Pour comprendre comment ces textes deviennent des lois, tu peux te rĂ©fĂ©rer Ă  l’article sur la procĂ©dure lĂ©gislative ordinaire expliquĂ©e.

⚙ La mĂ©canique du pouvoir : majoritĂ© qualifiĂ©e et unanimitĂ©

📌 La rĂšgle d’or : la majoritĂ© qualifiĂ©e

Comment le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’UE prennent-ils leurs dĂ©cisions ? C’est ici que la mĂ©canique devient fascinante et mathĂ©matique. Au sein du Conseil de l’UE, pour la grande majoritĂ© des dossiers (environ 80 % des lois, dont l’agriculture, le marchĂ© unique, l’environnement), la rĂšgle est la majoritĂ© qualifiĂ©e. Depuis le TraitĂ© de Lisbonne, on utilise le systĂšme de la « double majoritĂ© ». Pour qu’une loi soit adoptĂ©e, elle doit recueillir deux conditions simultanĂ©es : le vote favorable de 55 % des États membres (soit 15 États sur 27) ET ces États doivent reprĂ©senter au moins 65 % de la population totale de l’UE.

Ce systĂšme est redoutable d’efficacitĂ© et d’équilibre. Il empĂȘche les « gros » pays (Allemagne, France, Italie) d’imposer seuls leur loi aux petits, car il leur faut le soutien d’un nombre suffisant d’États (critĂšre des 55 %). À l’inverse, il empĂȘche une coalition de nombreux petits pays de dicter leur volontĂ© sans l’accord des gĂ©ants dĂ©mographiques (critĂšre des 65 % de la population). Il existe aussi une minoritĂ© de blocage : pour empĂȘcher une dĂ©cision, il faut au moins 4 États membres reprĂ©sentant plus de 35 % de la population. Cela pousse constamment au compromis et Ă  la recherche du consensus le plus large possible, mĂȘme si le vote thĂ©orique est possible.

📌 Le verrou de l’unanimitĂ©

Cependant, pour les sujets jugĂ©s politiquement trĂšs sensibles et touchant Ă  la souverainetĂ© nationale, la rĂšgle de l’unanimitĂ© prĂ©vaut encore. C’est le cas pour la politique Ă©trangĂšre et de sĂ©curitĂ© commune (PESC), la fiscalitĂ©, l’adhĂ©sion de nouveaux membres ou la rĂ©vision des traitĂ©s. Dans ces domaines, chaque État, mĂȘme le plus petit, dispose d’un droit de veto. Cela signifie qu’il suffit qu’un seul pays dise « non » pour bloquer toute la machine europĂ©enne. On l’a vu rĂ©cemment avec les difficultĂ©s pour imposer des sanctions ou des aides financiĂšres lors de conflits internationaux, oĂč certains États (comme la Hongrie) ont pu utiliser leur veto comme levier de nĂ©gociation.

Au niveau du Conseil europĂ©en (les chefs d’État), la rĂšgle par dĂ©faut est le consensus. On ne vote presque jamais formellement. Les dirigeants discutent jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’opposition ouverte. C’est une culture diplomatique hĂ©ritĂ©e de l’histoire : on Ă©vite d’isoler un chef d’État sur un sujet vital pour son pays. Toutefois, le TraitĂ© de Lisbonne permet dans certains cas prĂ©cis au Conseil europĂ©en de voter Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e (par exemple pour Ă©lire son propre prĂ©sident), mais cela reste l’exception. Cette exigence d’unanimitĂ© ou de consensus est souvent critiquĂ©e pour sa lenteur, alimentant les dĂ©bats sur le dĂ©ficit dĂ©mocratique et les rĂ©formes institutionnelles de l’UE.

📜 Le rĂŽle lĂ©gislatif : la codĂ©cision avec le Parlement

📌 Le ping-pong lĂ©gislatif

Il est fini le temps oĂč le Conseil des ministres dĂ©cidait seul dans son coin. Aujourd’hui, le Conseil de l’UE partage le pouvoir lĂ©gislatif sur un pied d’égalitĂ© avec le Parlement europĂ©en. C’est ce qu’on appelle la « procĂ©dure lĂ©gislative ordinaire » (anciennement codĂ©cision). ConcrĂštement, quand la Commission propose un texte, il est envoyĂ© simultanĂ©ment au Conseil (les ministres) et au Parlement (les dĂ©putĂ©s Ă©lus). Les deux institutions doivent se mettre d’accord sur un texte identique.

Cela donne lieu Ă  une « navette » : le Parlement fait une premiĂšre lecture et propose des amendements. Le Conseil examine le texte, accepte ou refuse les amendements du Parlement, et propose sa propre version. Si les dĂ©saccords persistent aprĂšs deux lectures, on convoque un ComitĂ© de conciliation. C’est une rĂ©union de la derniĂšre chance oĂč reprĂ©sentants du Conseil et du Parlement s’enferment jusqu’à trouver un compromis acceptable pour les deux. Ce systĂšme a considĂ©rablement dĂ©mocratisĂ© l’UE, car les ministres ne peuvent plus ignorer la volontĂ© des reprĂ©sentants Ă©lus directement par les citoyens. Pour voir comment ce pouvoir s’est construit, l’article sur le Parlement europĂ©en : d’une assemblĂ©e consultative Ă  un vrai pouvoir lĂ©gislatif est une lecture complĂ©mentaire indispensable.

📌 La mise en Ɠuvre des lois

Une fois la loi votĂ©e par le Conseil de l’UE et le Parlement, elle doit ĂȘtre appliquĂ©e. Dans certains cas spĂ©cifiques, le Conseil conserve un pouvoir d’exĂ©cution, notamment en matiĂšre de politique Ă©trangĂšre ou pour des mesures spĂ©cifiques anti-dumping, mĂȘme si c’est gĂ©nĂ©ralement la Commission qui surveille l’application des traitĂ©s sous le contrĂŽle de la Cour de justice. Tu peux explorer le rĂŽle de ces gardiens du droit dans l’article dĂ©diĂ© Ă  la CJUE, BCE et autres institutions : justice, monnaie et contrĂŽle.

🌍 Gestion des crises et Ă©volution historique

📌 De la « Chaise vide » aux crises modernes

L’histoire du Conseil est jalonnĂ©e de crises qui ont façonnĂ© son fonctionnement actuel. L’exemple le plus cĂ©lĂšbre est la politique de la « chaise vide » pratiquĂ©e par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en 1965-1966. Pour s’opposer Ă  une rĂ©forme qui introduisait le vote Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e (qu’il jugeait trop fĂ©dĂ©raliste) et renforçait les pouvoirs du Parlement, la France a boycottĂ© les rĂ©unions du Conseil pendant sept mois. Cette crise s’est rĂ©solue par le « Compromis de Luxembourg » (janvier 1966), un accord politique informel stipulant que si les « intĂ©rĂȘts vitaux » d’un pays sont en jeu, la discussion doit continuer jusqu’à l’unanimitĂ©, mĂȘme si le vote Ă  la majoritĂ© est thĂ©oriquement possible. Ce compromis a longtemps paralysĂ© l’intĂ©gration europĂ©enne, avant d’ĂȘtre progressivement abandonnĂ© dans la pratique pour relancer la machine dĂ©cisionnelle.

Plus rĂ©cemment, le Conseil europĂ©en a Ă©tĂ© en premiĂšre ligne face Ă  la « polycrise » europĂ©enne. Lors de la crise de la zone euro (2010-2015), c’est le Conseil europĂ©en qui, sommet aprĂšs sommet, a mis en place les mĂ©canismes de sauvetage (comme le MES) pour Ă©viter la faillite de la GrĂšce et l’éclatement de la monnaie unique. De mĂȘme, face au Brexit (2016-2020), les 27 chefs d’État ont rĂ©ussi Ă  maintenir une unitĂ© remarquable face au Royaume-Uni, dĂ©finissant des lignes directrices claires pour le nĂ©gociateur Michel Barnier. Cette capacitĂ© Ă  faire bloc dans la tempĂȘte a renforcĂ© le rĂŽle central du Conseil europĂ©en comme « capitaine du navire ».

📌 Les dĂ©fis actuels : Ă©largissement et rĂ©formes

Aujourd’hui, le duo Conseil europĂ©en / Conseil de l’UE fait face Ă  un dĂ©fi existentiel : comment fonctionner efficacement Ă  27, et bientĂŽt peut-ĂȘtre Ă  30 ou 35 membres avec les futurs Ă©largissements ? La rĂšgle de l’unanimitĂ© en politique Ă©trangĂšre et fiscale est de plus en plus contestĂ©e, car elle permet Ă  des puissances Ă©trangĂšres (comme la Russie ou la Chine) de diviser l’Europe en influençant un seul État membre. Le prĂ©sident français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont Ă©voquĂ© la possibilitĂ© de passer Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e pour ces sujets, mais cela nĂ©cessite une rĂ©forme des traitĂ©s, ce qui est toujours un processus long et risquĂ©. C’est tout l’enjeu de l’autonomie stratĂ©gique europĂ©enne : ĂȘtre capable de dĂ©cider vite et fort dans un monde instable.

Pour approfondir les aspects géopolitiques et institutionnels, tu peux consulter les ressources pédagogiques de la plateforme Lumni, qui propose des vidéos explicatives trÚs bien faites sur ces mécanismes de décision en temps de crise.

🧠 À retenir sur le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’UE

  • Ne pas confondre avec le Conseil de l’Europe (droits de l’homme, Strasbourg, hors UE).
  • Le Conseil europĂ©en rĂ©unit les chefs d’État et de gouvernement : il dĂ©finit les prioritĂ©s politiques et gĂšre les grandes crises (rĂŽle d’impulsion).
  • Le Conseil de l’UE (ou Conseil des ministres) rĂ©unit les ministres nationaux par thĂ©matique : il vote les lois et le budget (rĂŽle lĂ©gislatif) en codĂ©cision avec le Parlement.
  • La prise de dĂ©cision se fait le plus souvent Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e (55% des États, 65% de la population), sauf pour la politique Ă©trangĂšre ou la fiscalitĂ© (unanimitĂ©).

❓ FAQ : Questions frĂ©quentes sur les Conseils de l’UE

đŸ§© Quelle est la diffĂ©rence entre le PrĂ©sident du Conseil europĂ©en et la prĂ©sidence tournante ?

Le PrĂ©sident du Conseil europĂ©en (actuellement Charles Michel) est une personne Ă©lue pour 2,5 ans qui prĂ©side les sommets des chefs d’État. La prĂ©sidence tournante concerne le Conseil de l’UE (les ministres) et est assurĂ©e par un pays entier (ex: la France, l’Espagne) pour 6 mois, afin d’organiser les rĂ©unions ministĂ©rielles.

đŸ§© Le Conseil europĂ©en peut-il faire des lois ?

Non, juridiquement, le Conseil europĂ©en ne vote pas de lois (rĂšglements ou directives). Il donne des orientations politiques (des « conclusions »). C’est ensuite Ă  la Commission de rĂ©diger une proposition de loi, qui sera votĂ©e par le Conseil de l’UE et le Parlement.

đŸ§© Qu’est-ce que le COREPER ?

Le COREPER (ComitĂ© des reprĂ©sentants permanents) est l’assemblĂ©e des ambassadeurs des États membres Ă  Bruxelles. Ils prĂ©parent tout le travail des ministres du Conseil de l’UE. C’est un maillon essentiel mais peu visible de la dĂ©cision europĂ©enne.

đŸ§© Quiz – MaĂźtriser le Conseil europĂ©en et le Conseil de l’UE

1. OĂč siĂšge le Conseil de l’Europe (Ă  ne pas confondre avec l’UE) ?



2. Qui siÚge au Conseil européen ?



3. Quelle est la durĂ©e de la prĂ©sidence tournante du Conseil de l’UE ?



4. Quel traité a officialisé le Conseil européen comme institution et créé son président permanent ?



5. Quelle majorité est nécessaire pour le vote à la majorité qualifiée (rÚgle des 55/65) ?



6. Quel domaine nĂ©cessite encore l’unanimitĂ© au Conseil ?



7. Comment s’appelle le comitĂ© d’ambassadeurs qui prĂ©pare le travail des ministres ?



8. Avec quelle institution le Conseil de l’UE partage-t-il le pouvoir lĂ©gislatif ?



9. Quelle crise des années 60 a bloqué le Conseil à cause de la France ?



10. Qui a été le premier président permanent du Conseil européen ?



11. Combien y a-t-il de formations diffĂ©rentes du Conseil de l’UE ?



12. Quelle est la fonction principale du Conseil européen ?



13. Qui préside le Conseil « Affaires étrangÚres » ?



14. Quel président français a initié les sommets réguliers en 1974 ?



15. Quelle est la durée du mandat du Président du Conseil européen ?



16. Le Conseil de l’UE reprĂ©sente les intĂ©rĂȘts de qui ?



17. Comment appelle-t-on le bĂątiment oĂč se rĂ©unissent les sommets Ă  Bruxelles ?



18. Qu’est-ce que le « trio de prĂ©sidences » ?



19. En cas de blocage persistant entre le Conseil de l’UE et le Parlement, que convoque-t-on ?



20. Quelle part de la population de l’UE faut-il reprĂ©senter pour bloquer une dĂ©cision (minoritĂ© de blocage) ?



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