🎯 Pourquoi l’histoire coloniale en Afrique est-elle centrale ?
L’étude des empires coloniaux en Afrique est fondamentale pour comprendre la géopolitique actuelle, les frontières du continent et les liens complexes qui unissent l’Europe et l’Afrique. En l’espace de quelques décennies, à la fin du XIXe siècle, les puissances européennes se sont lancées dans une véritable « course au clocher » pour se partager un continent immense, bouleversant à jamais les sociétés locales. Ce chapitre t’invite à plonger au cœur de cette mécanique de conquête, d’exploitation et de résistance qui a marqué l’histoire mondiale.
🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :
- 🧭 La « course aux colonies » et la conférence de Berlin
- ⚔️ Les guerres de conquête et la pacification violente
- ⚙️ L’administration coloniale : assimilation ou administration indirecte ?
- 💰 L’exploitation économique et la mise en valeur forcée
- 🌍 Les sociétés africaines face au choc colonial
- 🛡️ Résistances, nationalismes et contestations
- 🧠 À retenir
- ❓ FAQ
- 🧩 Quiz
👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème.
🧭 La « course aux colonies » et la conférence de Berlin
📌 Pourquoi l’Afrique suscite-t-elle tant de convoitises au XIXe siècle ?
Pour bien saisir la formation des empires coloniaux en Afrique, il faut d’abord se replacer dans le contexte de l’Europe industrielle de la seconde moitié du XIXe siècle. Jusqu’aux années 1870, la présence européenne en Afrique était limitée à quelques comptoirs côtiers et à des zones restreintes comme l’Algérie (conquise par la France dès 1830) ou la colonie du Cap au sud. Cependant, plusieurs facteurs vont précipiter une ruée sans précédent vers l’intérieur des terres, transformant le continent en un terrain de jeu pour les rivalités européennes.
Le premier moteur est évidemment économique : l’Europe est en pleine Révolution industrielle et cherche désespérément des matières premières bon marché (caoutchouc, minerais, oléagineux) et des débouchés commerciaux pour ses produits manufacturés. La Grande Dépression économique (1873-1896) accentue ce besoin de marchés protégés, poussant les hommes politiques comme Jules Ferry en France à théoriser la colonisation comme une nécessité vitale pour l’industrie nationale. L’Afrique apparaît alors comme un réservoir de richesses inexploitées qu’il faut absolument contrôler avant les voisins.
Le second moteur est politique et stratégique : posséder des colonies devient une question de prestige national. Pour la France, humiliée par la défaite de 1870 face à la Prusse, l’expansion coloniale est un moyen de retrouver son rang de grande puissance mondiale. Pour le Royaume-Uni, il s’agit de sécuriser la route des Indes (via le canal de Suez et le Cap) et de maintenir sa suprématie navale. L’Allemagne, unifiée tardivement, réclame elle aussi sa « place au soleil ». Enfin, la curiosité scientifique et l’élan missionnaire servent de justification morale : les explorateurs comme Savorgnan de Brazza ou Stanley cartographient le bassin du Congo, ouvrant la voie aux armées et aux marchands.
📌 La Conférence de Berlin (1884-1885) : le partage sur papier
Face à la multiplication des frictions entre les puissances européennes, notamment autour du bassin du Congo convoité par la France, le Portugal et le roi des Belges Léopold II, le chancelier allemand Otto von Bismarck décide d’organiser une conférence internationale. La Conférence de Berlin, qui se tient de novembre 1884 à février 1885, ne découpe pas l’Afrique frontalière par frontalière comme on le croit souvent, mais elle fixe les « règles du jeu » pour éviter la guerre entre Européens.
Cette conférence établit le principe de l’occupation effective : pour qu’une puissance puisse revendiquer un territoire, elle ne doit pas se contenter de planter un drapeau sur la côte, mais elle doit y exercer une autorité réelle, c’est-à-dire y installer une administration ou des troupes. Cela accélère considérablement la conquête : c’est le début du « Scramble for Africa » (la ruée vers l’Afrique). Les Européens signent des traités souvent inégaux avec les chefs locaux ou utilisent la force pour matérialiser leur présence sur le terrain. Tu peux consulter les documents d’époque sur ce partage via les archives de Gallica (BnF).
À l’issue de ce processus, au début du XXe siècle, l’Afrique est presque entièrement sous domination européenne, à l’exception notable de l’Éthiopie (qui a repoussé les Italiens à Adoua en 1896) et du Libéria. La France contrôle une immense partie de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, le Royaume-Uni domine un axe quasi-continu du Cap au Caire, tandis que la Belgique (via Léopold II), l’Allemagne, le Portugal et l’Italie se partagent le reste. Ce découpage arbitraire, tracé à la règle sur des cartes imparfaites, divise des peuples et en rassemble d’autres artificiellement, créant des tensions durables.
⚔️ Les guerres de conquête et la pacification violente
📌 La supériorité militaire et la diplomatie de la canonnière
La constitution des empires coloniaux en Afrique ne s’est pas faite pacifiquement, loin de là. Si certains territoires sont passés sous contrôle européen par la signature de traités de protectorat (souvent mal compris ou traduits de manière trompeuse par les explorateurs), la grande majorité des annexions a nécessité l’usage de la force armée. Les Européens bénéficient d’une supériorité technologique écrasante grâce à l’armement industriel : fusils à répétition, artillerie moderne et surtout la mitrailleuse Maxim, capable de faucher des rangs entiers de guerriers équipés d’armes traditionnelles.
Les conquêtes se déroulent souvent sous forme de « colonnes » militaires qui pénètrent l’intérieur des terres, brûlant les villages récalcitrants et soumettant les populations par la terreur. C’est ce que l’on appelle pudiquement la « pacification ». En Afrique de l’Ouest, l’armée française affronte de puissants royaumes organisés. La lutte contre l’almamy Samori Touré, chef de l’empire Wassoulou, dure près de vingt ans (1882-1898). Samori utilise une stratégie de terre brûlée et de guérilla, mais finit par être capturé et exilé au Gabon. Pour mieux comprendre ces dynamiques militaires, tu peux regarder les ressources de Lumni.
Du côté britannique, les guerres sont tout aussi brutales. La guerre des Zoulous (1879) en Afrique australe est marquée par la célèbre défaite britannique d’Isandhlwana, avant que la puissance de feu anglaise ne finisse par détruire le royaume zoulou. Au Soudan, les Britanniques écrasent la révolte mahdiste à la bataille d’Omdurman en 1898, où la cavalerie soudanaise est anéantie par les mitrailleuses, faisant plus de 10 000 morts côté africain contre moins de 50 côté britannique. Ces chiffres illustrent la disproportion des moyens employés pour asseoir la domination impériale.
📌 Violences extrêmes et premiers crimes de masse
La conquête et les premières années d’occupation sont marquées par des violences qui confinent parfois au génocide. L’exemple le plus tragique est celui du Sud-Ouest africain allemand (actuelle Namibie). En 1904, le peuple Herero se soulève contre les colons allemands qui accaparent leurs terres et leur bétail. La répression ordonnée par le général von Trotha est impitoyable : il donne l’ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl), poussant les Hereros dans le désert du Kalahari où ils meurent de soif et de faim, ou les internant dans des camps de concentration, comme celui de Shark Island.
Ces événements, longtemps oubliés, sont aujourd’hui reconnus comme le premier génocide du XXe siècle, préfigurant les horreurs des conflits mondiaux. Environ 80 % du peuple Herero a été décimé. Dans l’État indépendant du Congo, propriété personnelle du roi Léopold II de Belgique, la collecte du caoutchouc rouge donne lieu à un système de terreur absolue : mains coupées pour justifier l’utilisation des cartouches, prises d’otages des femmes pour forcer les hommes à récolter le caoutchouc, villages incendiés. Le scandale international soulevé par ces atrocités forcera la Belgique à reprendre la colonie à son compte en 1908.
Il est essentiel de retenir que la « paix coloniale » vantée par les métropoles a été imposée par le fer et le feu. La conquête a désorganisé les structures politiques locales, tué des chefs traditionnels et traumatisé des populations entières. Si tu as déjà lu notre article sur les empires coloniaux en Asie, tu noteras des similitudes dans la violence de la conquête, bien que le contexte africain se distingue par la rapidité foudroyante du partage territorial.
⚙️ L’administration coloniale : assimilation ou administration indirecte ?
📌 Le modèle français : administration directe et idéal d’assimilation
Une fois la conquête militaire achevée, il faut administrer ces immenses territoires. Les puissances coloniales déploient des stratégies différentes. La France, fidèle à sa tradition jacobine et centralisatrice héritée de la Révolution, privilégie théoriquement l’administration directe et l’assimilation. L’objectif affiché est de diffuser la langue, la culture et les valeurs françaises pour transformer, à très long terme, les colonisés en citoyens français. Dans la pratique, cette assimilation reste un mythe pour la majorité des Africains.
L’Empire français en Afrique est organisé en grandes fédérations pour rationaliser la gestion : l’AOF (Afrique Occidentale Française) créée en 1895 avec Dakar pour capitale, et l’AEF (Afrique Équatoriale Française) créée en 1910 avec Brazzaville pour capitale. Au sommet, un Gouverneur général représente la France ; à la base, le « commandant de cercle » détient tous les pouvoirs (police, justice, impôt) sur un territoire donné. Les chefs traditionnels sont souvent destitués ou transformés en simples auxiliaires de l’administration, chargés de collecter l’impôt ou de recruter la main-d’œuvre.
Un outil juridique terrible symbolise cette domination : le Code de l’Indigénat. Mis en place d’abord en Algérie, il est étendu aux autres colonies. Il crée un régime juridique à deux vitesses : les citoyens français (les colons et une infime minorité d’Africains) ont des droits, tandis que les « sujets » indigènes sont soumis à un régime répressif arbitraire. Ils peuvent être punis sans procès pour des infractions mineures (retard dans l’impôt, manque de respect, refus de corvée). Ce système maintient une ségrégation de fait, contredisant les idéaux républicains affichés.
📌 Le modèle britannique : l’Indirect Rule (administration indirecte)
Le Royaume-Uni adopte une approche pragmatique, théorisée par Lord Lugard, gouverneur du Nigeria : l’Indirect Rule (administration indirecte). Considérant que les coûts d’une administration directe seraient trop élevés et que les structures sociales africaines sont trop différentes pour être assimilées, les Britanniques préfèrent s’appuyer sur les autorités traditionnelles existantes (rois, émirs, chefs de tribu) pour gouverner.
Dans ce système, le chef local conserve son titre, sa cour et une partie de ses prérogatives judiciaires et fiscales, mais il doit obéir aux directives du résident britannique. L’avantage pour le colonisateur est double : cela coûte moins cher en personnel européen et cela donne une apparence de légitimité au pouvoir colonial, limitant (théoriquement) les révoltes. Cependant, ce système a aussi figé les identités ethniques, les Britanniques ayant tendance à renforcer, voire à inventer, des structures tribales rigides pour faciliter leur contrôle (« divide and rule »).
Il ne faut toutefois pas caricaturer cette opposition : sur le terrain, la France a dû parfois composer avec des chefs puissants (comme au Maroc), et le Royaume-Uni a parfois administré directement certaines zones (comme les colonies de peuplement au Kenya ou en Rhodésie). Mais cette différence de philosophie politique aura des conséquences importantes au moment des décolonisations, un sujet que tu pourras approfondir dans l’article sur la fin des empires coloniaux.
💰 L’exploitation économique et la mise en valeur forcée
📌 L’économie de traite et le pillage des ressources
La raison d’être des empires coloniaux en Afrique est avant tout économique. Le système mis en place est celui de l’économie de traite. Il repose sur un principe simple et inique : la colonie doit fournir des matières premières brutes (agricoles ou minières) à bas prix à la métropole, et acheter en retour les produits manufacturés européens. Toute industrie de transformation locale est interdite ou découragée pour ne pas concurrencer les usines de la métropole. C’est le « pacte colonial » dans sa version la plus stricte.
Les territoires africains sont spécialisés dans des monocultures d’exportation au détriment des cultures vivrières nécessaires à l’alimentation des populations locales. Par exemple, le Sénégal devient le pays de l’arachide, la Côte d’Ivoire et le Gold Coast (Ghana) ceux du cacao, le Congo celui du caoutchouc, l’Ouganda celui du coton. Cette spécialisation rend les économies africaines extrêmement vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux : si le prix du cacao s’effondre, c’est la famine ou la misère pour les producteurs locaux, un héritage qui pèse encore lourdement aujourd’hui.
Dans les zones riches en minerais (Katanga au Congo belge, Afrique du Sud, Rhodésie), de grandes compagnies concessionnaires obtiennent des droits exclusifs d’exploitation sur des territoires immenses. Elles se comportent comme des États dans l’État, disposant de leur propre police privée et imposant leurs lois. L’infrastructure construite à cette époque (chemins de fer, ports) n’est pas pensée pour relier les régions africaines entre elles, mais uniquement pour drainer les richesses de l’intérieur vers les ports d’exportation (lignes en « pénétrantes »).
📌 Le travail forcé et l’impôt : les moteurs de l’exploitation
Comment forcer les populations africaines à travailler pour ce système alors qu’elles vivaient souvent d’une économie de subsistance ? Les colonisateurs utilisent deux leviers principaux : l’impôt et la contrainte physique. L’impôt de capitation (par tête) doit être payé en monnaie européenne. Pour obtenir cet argent, le paysan africain n’a d’autre choix que de cultiver des produits d’exportation (comme le coton ou le café) ou d’aller vendre sa force de travail dans les mines ou les plantations européennes, souvent très éloignées de chez lui.
Le travail forcé est également institutionnalisé, malgré son interdiction théorique par les conventions internationales (que les puissances coloniales contournent habilement). En France, il prend la forme de la « prestation » ou de la « corvée » : chaque adulte valide doit donner gratuitement un certain nombre de jours de travail par an pour l’entretien des routes ou des bâtiments administratifs. La construction de la ligne de chemin de fer Congo-Océan (1921-1934) en AEF est un exemple tristement célèbre : elle a coûté la vie à près de 20 000 travailleurs africains, morts d’épuisement et de maladie, pour relier Brazzaville à Pointe-Noire.
Tu retrouveras une analyse plus détaillée de ces mécanismes agricoles dans notre article satellite dédié aux sociétés coloniales et économies de plantation. Ce système économique prédateur a durablement déstructuré les sociétés rurales africaines, provoquant exodes et famines.
🌍 Les sociétés africaines face au choc colonial
📌 Bouleversements démographiques et sociaux
L’irruption des empires coloniaux en Afrique provoque un choc démographique et social majeur. Dans un premier temps, la population africaine stagne, voire recule dans certaines régions, à cause des guerres de conquête, des nouvelles maladies introduites par les échanges mondiaux et de la dureté du travail forcé. Cependant, à partir de l’entre-deux-guerres, la mise en place de campagnes de vaccination et de dispensaires (lutte contre la maladie du sommeil, la fièvre jaune) commence à faire baisser la mortalité, enclenchant une transition démographique.
La ville coloniale devient le lieu où se marquent le plus visiblement les inégalités. Les villes sont souvent ségréguées de fait, voire de droit. Il y a la « ville blanche », le quartier européen, moderne, électrifié, avec ses larges avenues et ses maisons en dur, et la « ville indigène » ou médina, surpeuplée, insalubre, où s’entassent les populations venues chercher du travail. C’est dans ces villes que naît un nouveau prolétariat africain et que se brassent les ethnies, créant de nouvelles identités urbaines et culturelles.
📌 La mission civilisatrice : école et acculturation
Le discours colonial se légitime par la « mission civilisatrice » : apporter les lumières de la raison, la médecine et l’instruction aux peuples jugés « en retard ». Les missionnaires chrétiens (catholiques et protestants) jouent un rôle central dans ce dispositif, scolarisant et évangélisant les populations, souvent en concurrence avec l’islam qui continue de progresser. L’école coloniale a un double visage : elle diffuse un savoir rudimentaire pour former des auxiliaires (interprètes, commis, infirmiers) utiles à la colonie, mais elle diffuse aussi, paradoxalement, les valeurs de liberté et d’égalité qui se retourneront contre le colonisateur.
On enseigne aux petits Africains que « leurs ancêtres les Gaulois » étaient blonds, une aberration qui symbolise la tentative d’acculturation et la négation des cultures locales. Pourtant, c’est de ces écoles que sortira l’élite des « évolués » (terme de l’époque) : Léopold Sédar Senghor, Félix Houphouët-Boigny ou Jomo Kenyatta. Ces hommes, maîtrisant la langue et la culture du colonisateur, seront les plus à même de dénoncer les contradictions du système colonial. L’exposition coloniale de 1931 à Paris, avec ses « zoos humains », marque l’apogée de cette vision raciste et hiérarchisée du monde, que nous abordons dans l’article sur les mémoires des empires coloniaux.
🛡️ Résistances, nationalismes et contestations
📌 Des résistances armées aux résistances culturelles
Il est faux de croire que les Africains ont accepté la domination passivement. Nous avons vu les résistances armées lors de la conquête, mais la résistance a pris d’autres formes tout au long de la période coloniale. Il y a d’abord les résistances populaires et paysannes : refus de payer l’impôt, fuite en brousse pour échapper au recrutement forcé, sabotages discrets. Ces actes de « résistance au quotidien » ont rendu l’exploitation coloniale plus difficile et plus coûteuse pour les métropoles.
Des mouvements religieux ont aussi servi de vecteur à la contestation. Le kimbanguisme au Congo belge ou le mouridisme au Sénégal ont permis de reconstituer des structures sociales autonomes, échappant en partie au contrôle de l’administration blanche. Ces mouvements affirmaient la dignité de l’homme noir face au mépris colonial. De même, des révoltes éclatent régulièrement jusque dans l’entre-deux-guerres, comme la guerre du Rif au Maroc (1921-1926) menée par Abdelkrim, qui a nécessité l’intervention conjointe des armées françaises et espagnoles pour être écrasée.
📌 La naissance des nationalismes modernes
Après la Première Guerre mondiale, où des centaines de milliers de soldats africains (les Tirailleurs sénégalais) ont combattu dans les tranchées européennes, une prise de conscience s’opère. Ayant versé leur sang pour la métropole, les Africains réclament plus de droits. La déception est grande car les réformes sont minimes. C’est dans ce contexte que naissent les premiers mouvements nationalistes modernes et les syndicats, souvent liés aux partis de gauche européens (PCF, SFIO) ou aux mouvements panafricains venus des États-Unis (W.E.B. Du Bois, Marcus Garvey).
Dans les années 1920 et 1930, des journaux comme La Voix du Nègre ou L’Étudiant noir commencent à diffuser des idées d’indépendance ou d’égalité réelle. Des figures comme Messali Hadj en Algérie ou Habib Bourguiba en Tunisie posent les jalons de la lutte politique. La Seconde Guerre mondiale sera le véritable catalyseur qui précipitera la chute de ce système, mais les racines de la décolonisation plongent bien dans les contradictions et les violences de la période des empires coloniaux en Afrique que nous venons de parcourir.
Pour faire le lien avec la période suivante, je t’invite à consulter l’article sur les décolonisations (1945-1975), qui explique comment ces mouvements ont finalement abouti à l’indépendance des États africains.
🧠 À retenir sur les empires coloniaux en Afrique
- La « course aux colonies » s’accélère après la Conférence de Berlin (1884-1885) qui fixe les règles du partage.
- La conquête est violente et repose sur la supériorité militaire européenne (guerres zouloues, Samori Touré, génocide Herero).
- Deux modèles d’administration dominent : l’assimilation (théorique) pour la France et l’Indirect Rule pour le Royaume-Uni.
- L’économie est basée sur le pillage des ressources (mines, plantations) et le travail forcé (Code de l’Indigénat).
- Les résistances n’ont jamais cessé, passant de la lutte armée à la revendication politique et culturelle (négritude, nationalismes).
❓ FAQ : Questions fréquentes sur la colonisation en Afrique
🧩 Quelle est la différence entre une colonie et un protectorat ?
Dans une colonie, l’administration est directe : la métropole gère tout et le territoire est annexé (ex : Côte d’Ivoire). Dans un protectorat, on maintient le gouvernement local et le souverain (Bey, Sultan), mais ils sont sous le contrôle diplomatique et militaire de la puissance coloniale (ex : Tunisie, Maroc).
🧩 Quels pays africains n’ont jamais été colonisés ?
Seuls deux pays ont officiellement échappé à la colonisation directe : l’Éthiopie (qui a repoussé l’Italie militairement en 1896, bien qu’occupée brièvement de 1936 à 1941) et le Libéria, fondé par des esclaves américains affranchis et protégé par les États-Unis.
🧩 Qu’est-ce que le « Code de l’Indigénat » ?
C’est un ensemble de règles répressives appliquées dans l’empire français. Il permettait aux administrateurs de punir les « sujets » africains sans procès pour des fautes diverses (refus de travail, manque de respect). C’était un symbole de l’inégalité juridique du système colonial.
