🧭 La Marseillaise : histoire et secrets de l’hymne national français

🎯 Pourquoi La Marseillaise est-elle bien plus qu’une simple chanson ?

Imagine-toi en 1792, dans une France en pleine ébullition révolutionnaire, menacée par les armées étrangères aux frontières. C’est dans ce contexte explosif que naît La Marseillaise, un chant de guerre destiné à galvaniser les troupes, qui deviendra pourtant le symbole universel de la liberté et l’hymne officiel de la République française. Ce n’est pas seulement une mélodie que l’on entend lors des matchs de football ou des cérémonies officielles, c’est une véritable archive vivante de notre histoire politique et sociale. Dans cet article, nous allons décortiquer ensemble ses origines surprenantes, analyser ses paroles souvent mal comprises et traverser les siècles pour voir comment ce chant a survécu à tous les régimes.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour bien comprendre le contexte de ce thème et plonger au cœur de la Révolution française.

🧭 Les origines méconnues du Chant de guerre pour l’armée du Rhin

📌 Une commande urgente dans une France en guerre

Pour comprendre la naissance de La Marseillaise, il faut impérativement remonter au mois d’avril 1792, une période charnière de la Révolution française. À cette époque, la monarchie constitutionnelle est encore en place, mais la tension est à son comble entre le roi Louis XVI et l’Assemblée législative. Le 20 avril 1792, la France déclare officiellement la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », c’est-à-dire à l’Autriche. Cette déclaration de guerre plonge les villes frontalières dans un état d’alerte maximale, et c’est particulièrement le cas de Strasbourg, ville stratégique située sur le Rhin, face à l’ennemi.

Le maire de Strasbourg, le baron Philippe-Frédéric de Dietrich, est un homme des Lumières et un patriote convaincu qui cherche à maintenir le moral de la garnison et de la population. Quelques jours après la déclaration de guerre, le 25 avril 1792, il organise une soirée à son domicile avec des officiers et des notables de la ville. Au cours de ce dîner, la conversation tourne autour du manque de chants patriotiques capables d’enthousiasmer les soldats qui s’apprêtent à partir au combat. Les chants existants, comme le « Ça ira », sont jugés trop populaires ou trop revendicatifs politiquement, et manquent de la solennité militaire requise pour une armée régulière.

C’est alors que Dietrich s’adresse à un jeune officier du génie en garnison à Strasbourg, Claude Joseph Rouget de Lisle. Ce capitaine est connu localement pour ses talents de poète et de musicien amateur. Le maire lui lance un défi, presque une commande officielle : composer un « beau chant » pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts. Rouget de Lisle, piqué au vif et inspiré par l’atmosphère électrique de la ville et les affiches patriotiques placardées sur les murs (qui proclamaient « Aux armes, citoyens ! »), accepte la mission. Il rentre chez lui, rue de la Mésange, et se met au travail dans la fièvre de la nuit.

📌 La nuit de la composition : entre mythe et réalité

La légende veut que Rouget de Lisle ait composé les paroles et la musique d’un seul trait, dans une inspiration quasi divine, durant la nuit du 25 au 26 avril 1792. Bien que les détails exacts soient parfois romancés par l’imagerie républicaine postérieure, il est avéré qu’il a travaillé très rapidement. Il ne s’agit pas encore de « La Marseillaise », mais d’un titre beaucoup plus descriptif : le « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ». L’objectif est clair : il faut un hymne de marche, un chant qui donne la cadence et insuffle du courage face aux armées professionnelles de l’Europe monarchique.

Dès le lendemain, Rouget de Lisle retourne chez le maire Dietrich pour présenter son œuvre. Accompagné au clavecin par l’épouse du maire ou par Dietrich lui-même (les sources varient), il chante pour la première fois ce qui deviendra l’hymne national. L’auditoire est immédiatement conquis par la puissance de la mélodie et la force des paroles. La musique est martiale, énergique, tandis que le texte reprend les expressions des proclamations officielles et la rhétorique guerrière de l’époque. C’est un succès immédiat dans le cercle restreint des notables strasbourgeois, qui sentent que ce chant possède une charge émotionnelle unique.

Cependant, il est important de noter que Rouget de Lisle n’était pas un révolutionnaire radical. C’était un monarchiste constitutionnel, favorable aux réformes de 1789 mais attaché à la figure du Roi. Il n’imaginait probablement pas que son chant deviendrait l’instrument de la chute de la monarchie quelques mois plus tard. L’histoire de cette création montre comment une œuvre peut échapper à son créateur pour acquérir une vie propre, portée par les événements historiques. Pour mieux saisir l’importance des symboles créés à cette époque, tu peux consulter notre dossier sur les rites républicains en France.

⚙️ De Strasbourg à Paris : pourquoi ce nom de « Marseillaise » ?

📌 La diffusion fulgurante du chant à travers la France

Comment ce chant, composé à Strasbourg par un officier jurassien, a-t-il fini par s’appeler La Marseillaise ? C’est l’un des paradoxes les plus intéressants de l’histoire de cet hymne. Après sa première interprétation chez Dietrich, le « Chant de guerre pour l’armée du Rhin » est rapidement imprimé et diffusé sous forme de feuilles volantes. Il circule dans les casernes, les clubs patriotiques et atteint rapidement le sud de la France. À cette époque, l’imprimerie et le colportage sont les principaux vecteurs de la culture politique, permettant aux idées (et aux chansons) de voyager vite.

À Marseille, l’effervescence révolutionnaire est particulièrement forte. La ville a levé un bataillon de volontaires nationaux, les fameux « Fédérés », prêts à monter à Paris pour défendre la patrie en danger et soutenir la Révolution. Un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, François Mireur, venu coordonner les départs, entonne le chant de Rouget de Lisle lors d’un banquet à Marseille en juin 1792. L’effet est foudroyant. Les volontaires marseillais l’adoptent immédiatement comme leur chant de ralliement pour leur longue marche vers la capitale.

Tout au long de leur trajet de plusieurs semaines vers Paris, les Fédérés marseillais chantent cet hymne dans chaque ville et village traversé. Ils deviennent les ambassadeurs de cette mélodie nouvelle. Pour les populations locales qui les entendent passer, ce chant puissant est indissociable de ces soldats venus du Midi. On commence donc à l’appeler le « Chant des Marseillais », puis simplement « La Marseillaise ». C’est un exemple parfait de la manière dont la culture orale façonne l’histoire : l’origine strasbourgeoise est effacée par la performance des troupes marseillaises.

📌 L’entrée à Paris et la chute de la monarchie

L’arrivée des Fédérés marseillais à Paris fin juillet 1792 est un moment électrique. Ils entrent dans la capitale en chantant à pleins poumons, électrisant les sans-culottes parisiens. Le chant devient l’hymne de la rue, le cri de ralliement des patriotes les plus radicaux qui réclament la déchéance du roi. Le point d’orgue de cette appropriation a lieu lors de la journée du 10 août 1792, une date capitale que tu dois retenir. Ce jour-là, le peuple de Paris et les Fédérés prennent d’assaut le palais des Tuileries, entraînant la chute de la monarchie et l’emprisonnement de Louis XVI.

Lors de l’assaut, La Marseillaise résonne partout, couvrant le bruit de la fusillade. Elle est désormais liée par le sang versé à l’établissement de la République. Ce n’est plus seulement un chant militaire pour l’armée des frontières, c’est le chant de la Révolution intérieure, le chant de la liberté contre la tyrannie. Cette association indélébile entre l’hymne et l’insurrection populaire du 10 août expliquera pourquoi le chant sera tant redouté par les monarques successifs au XIXe siècle. Il incarne le pouvoir du peuple en armes.

Face à ce succès populaire immense, la Convention nationale (la nouvelle assemblée de la République) finit par officialiser le statut du chant. Le 14 juillet 1795 (26 messidor an III), La Marseillaise est déclarée « chant national ». C’est la première fois qu’un État adopte officiellement un hymne, créant un précédent qui sera suivi par la plupart des nations du monde aux XIXe et XXe siècles. Ce lien entre l’hymne et la fête nationale est fondamental, comme tu peux le voir dans notre article sur le 14 juillet et ses origines.

📜 Décryptage complet : que signifient vraiment les paroles ?

📌 Le premier couplet : l’appel à l’unité et au combat

Les paroles de La Marseillaise sont souvent jugées violentes aujourd’hui, mais pour les comprendre, il faut impérativement les replacer dans le contexte de 1792 : une nation envahie, une Révolution menacée de mort. Le premier vers, « Allons enfants de la Patrie », utilise une métaphore familiale très forte. La nation n’est plus un territoire appartenant à un roi, c’est une grande famille dont les citoyens sont les enfants. Cela crée un lien de fraternité immédiat entre tous les Français, qui doivent s’unir pour défendre leur « mère » commune, la Patrie.

L’expression « Le jour de gloire est arrivé » marque une rupture temporelle. C’est la fin de l’ère de la servitude et le début d’une ère nouvelle, héroïque. La suite du couplet désigne l’ennemi : « Contre nous de la tyrannie, l’étendard sanglant est levé ». Ici, Rouget de Lisle désigne les armées des monarchies absolues (Autriche, Prusse) qui marchent sur la France pour rétablir l’Ancien Régime. L’étendard sanglant symbolise la répression militaire que ces rois comptent exercer contre les révolutionnaires.

La fin du premier couplet, « Ils viennent jusque dans vos bras, égorger vos fils, vos compagnes », joue sur le registre de la peur et de l’urgence. Il s’agit de diaboliser l’ennemi, présenté comme des barbares sans pitié, pour justifier la mobilisation totale. C’est une rhétorique de légitime défense : si nous ne nous battons pas, nos familles seront massacrées. Ce type de discours est classique dans la propagande de guerre, mais il résonnait particulièrement fort à une époque où les souvenirs des pillages militaires étaient vifs.

📌 Le refrain et la polémique du « sang impur »

Le refrain est sans doute la partie la plus connue : « Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! ». L’appel « Aux armes, citoyens » est l’essence même de la citoyenneté révolutionnaire : le citoyen n’est pas seulement un électeur, c’est aussi un soldat prêt à mourir pour la loi et la liberté. C’est la naissance du concept de soldat-citoyen, opposé aux mercenaires du roi.

La phrase « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » est aujourd’hui la source de nombreuses mauvaises interprétations. Il est crucial de préciser que dans l’esprit de 1792, cette expression n’a aucune connotation raciste. C’est une métaphore agricole et politique. Le « sang pur » était, sous l’Ancien Régime, celui des nobles (la pureté du lignage). Par opposition, les révolutionnaires revendiquent leur « sang impur » de roturiers, de peuple, qu’ils sont prêts à verser. Mais une autre lecture historique dominante suggère que le « sang impur » désigne celui des ennemis de la liberté (les armées étrangères et les contre-révolutionnaires) qui, en coulant dans les champs (les sillons), permettra paradoxalement de fertiliser la terre de France pour faire germer la liberté.

Il faut donc lire ce texte avec les lunettes de l’époque : c’est un chant de survie. Les Révolutionnaires se sentaient encerclés. Pour approfondir le vocabulaire et les concepts de cette période, n’hésite pas à consulter l’article sur la devise Liberté, Égalité, Fraternité, qui éclaire les valeurs défendues par ce chant.

📌 Les autres couplets et le « couplet des enfants »

La Marseillaise comporte en réalité 7 couplets, même si on ne chante généralement que le premier et le refrain (et parfois le 6e et 7e). Certains couplets sont moins guerriers et plus idéologiques. Le couplet « Amour sacré de la Patrie » (le 6e) introduit une dimension quasi religieuse au patriotisme. La Liberté y est personnifiée (« Liberté, Liberté chérie, combats avec tes défenseurs »). Cela montre que le combat n’est pas seulement territorial, mais philosophique.

Le 7e couplet, appelé le « couplet des enfants », a été ajouté plus tard (octobre 1792), attribué traditionnellement à l’abbé Pessonneaux ou à Louis Bois. Il est très touchant car il fait parler la jeune génération : « Nous entrerons dans la carrière [militaire], quand nos aînés n’y seront plus ». C’est une promesse de continuité et de sacrifice. Les enfants s’engagent à trouver dans la poussière les traces de leurs aînés et à suivre leur exemple, ou à mourir en les vengeant. Ce couplet souligne l’idée que la défense de la République est une mission éternelle, transmise de génération en génération.

Enfin, on oublie souvent le 5e couplet, qui s’adresse directement aux ennemis (« Français, en guerriers magnanimes… »). Il demande d’épargner les « tristes victimes s’armant à regret contre nous », c’est-à-dire les soldats enrôlés de force par les rois étrangers, tout en étant impitoyable envers les tyrans comme Bouillé (un général royaliste traître). Cela nuance l’image d’une violence aveugle : la haine vise les despotes, pas les peuples trompés.

🎨 Un destin tourmenté : interdite, restaurée, sacralisée

📌 La mise au ban sous l’Empire et la Restauration

Le destin de La Marseillaise au XIXe siècle est un véritable baromètre politique de la France. Dès l’avènement de Napoléon Bonaparte et du Premier Empire (1804), le chant tombe en disgrâce. Bien que révolutionnaire à l’origine, Napoléon le trouve trop jacobin, trop incontrôlable. Il préfère des hymnes qui célèbrent la gloire militaire sans appeler à l’insurrection, comme « Le Chant du Départ » ou « Veillons au salut de l’Empire ». La Marseillaise n’est pas formellement interdite, mais elle est écartée des cérémonies officielles : on ne veut pas réveiller le souvenir de 1793.

La situation empire avec la Restauration (1814-1830). Le retour des Bourbons (Louis XVIII, puis Charles X) marque l’interdiction totale du chant. Pour les royalistes, La Marseillaise est le chant des « buveurs de sang », celui qui a accompagné la tête du roi Louis XVI vers l’échafaud. La chanter devient un acte de sédition, passible de prison. L’hymne officieux redevient « Vive Henri IV », un air royaliste traditionnel. Pendant 15 ans, La Marseillaise devient un chant souterrain, chuchoté dans les réunions secrètes des républicains et des libéraux, ce qui ne fait que renforcer son aura mythique.

Il faut attendre la Révolution de 1830 (les Trois Glorieuses) pour qu’elle ressurgisse sur les barricades. Hector Berlioz, le grand compositeur romantique, en réalise une orchestration magistrale à cette occasion, dédiée à Rouget de Lisle (qui vivait alors dans la pauvreté à Choisy-le-Roi). Mais même sous la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe, elle reste suspecte. Le roi-citoyen l’accepte du bout des lèvres au début de son règne pour asseoir sa légitimité révolutionnaire, puis l’éloigne à nouveau dès que son pouvoir se raidit. Elle fait peur aux dirigeants car elle appelle le peuple à prendre les armes.

📌 Le retour définitif sous la IIIe République

La Révolution de 1848 voit un bref retour en grâce du chant, chanté par la foule qui proclame la IIe République. L’actrice Rachel la déclame sur scène drapée dans le drapeau tricolore, une image forte qui incarne Marianne. Mais le Second Empire de Napoléon III (1852-1870) la bannit de nouveau, lui préférant l’hymne « Partant pour la Syrie », composé par sa mère la reine Hortense. La police impériale traque ceux qui osent l’entonner dans les cabarets.

C’est véritablement la Troisième République qui va institutionnaliser La Marseillaise pour de bon. Après la défaite traumatisante de 1870 contre la Prusse et l’épisode sanglant de la Commune, le nouveau régime républicain cherche des symboles pour unifier la nation. En 1879, les républicains deviennent majoritaires et décident de faire de La Marseillaise l’hymne national officiel (confirmant le décret de 1795). Le ministre de la Guerre l’impose dans les casernes. L’objectif est de transformer ce chant subversif en un chant d’ordre et de patriotisme gouvernemental.

Dès lors, La Marseillaise est apprise à l’école, jouée par toutes les fanfares municipales le 14 juillet. Elle perd peu à peu son caractère insurrectionnel pour devenir le chant de l’État. Paradoxalement, à la fin du XIXe siècle, c’est l’extrême gauche (socialistes, anarchistes) qui commence à la rejeter, lui préférant « L’Internationale », car ils considèrent que La Marseillaise est devenue un chant bourgeois et nationaliste. L’histoire des symboles est faite de ces renversements constants.

🌍 Un symbole universel qui dépasse les frontières

📌 Un chant exporté par les Révolutions

Ce qui est fascinant avec La Marseillaise, c’est qu’elle n’appartient pas qu’à la France. Dès le XIXe siècle, elle devient le « tube » de la liberté à travers le monde. Partout où des peuples se soulèvent contre des tyrans, on l’entend, souvent traduite ou adaptée. Les révolutionnaires polonais, italiens, hongrois de 1848 la chantent. Elle sert de modèle rythmique et thématique pour de nombreux hymnes nationaux émergents. C’est l’archétype du chant de libération nationale.

Un fait marquant est son utilisation en Russie. Avant que « L’Internationale » ne s’impose, La Marseillaise (la « Rabotchaïa Marseliéza » ou Marseillaise des travailleurs) était chantée par les révolutionnaires russes de 1905 et même par les bolcheviks en 1917. Le gouvernement provisoire russe après la chute du Tsar l’a même utilisée comme hymne officieux pendant quelques mois. Lénine lui-même l’a chantée ! Cela montre la puissance universelle du message initial de 1792 : l’émancipation contre l’absolutisme.

En Chine, en Espagne (pendant la République de 1931), en Amérique Latine, elle a résonné comme un appel à la dignité humaine. Elle fait partie du patrimoine mondial de la démocratie. Même les Beatles en ont utilisé les premières mesures pour l’intro de leur chanson « All You Need Is Love » en 1967, non pas par militarisme, mais pour symboliser l’universalité du message (ou par ironie pop, les interprétations varient !). C’est un exemple de « soft power » culturel français bien avant l’heure.

📌 Les Guerres mondiales et la Résistance

Au XXe siècle, le sens de La Marseillaise évolue encore, notamment durant les deux conflits mondiaux. Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), elle est le ciment de l’Union Sacrée. Elle n’est plus le chant de la Révolution, mais celui de la défense du sol français contre l’Allemagne. Rouget de Lisle est d’ailleurs « panthéonisé » symboliquement : ses cendres sont transférées aux Invalides en 1915 lors d’une cérémonie grandiose pour galvaniser le pays.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’hymne connaît une situation schizophrène. Le régime de Vichy du maréchal Pétain ne l’interdit pas (c’est l’hymne officiel), mais tente de le vider de sa substance républicaine. On le joue souvent après « Maréchal, nous voilà ! », dans une version très lente, solennelle, presque funèbre. À l’inverse, pour la Résistance et la France Libre du Général de Gaulle, La Marseillaise redevient un chant de combat. Elle est chantée devant les pelotons d’exécution par les résistants, communistes ou gaullistes, comme un ultime acte de défiance et d’amour pour la liberté. Pour en savoir plus sur cette période et les symboles, le site Chemins de Mémoire offre des ressources passionnantes.

Après la Libération, les Constitutions de 1946 et de 1958 (Ve République actuelle) inscrivent La Marseillaise à l’article 2 comme hymne national, au même titre que le drapeau tricolore. Elle est désormais intouchable juridiquement, protégée par la loi contre les outrages.

🤝 Controverses, reprises et place dans la société actuelle

📌 Gainsbourg et les sifflets : l’hymne bousculé

Si La Marseillaise est sacrée, elle n’en reste pas moins sujette à des réinterprétations artistiques qui font parfois scandale. L’épisode le plus célèbre reste celui de Serge Gainsbourg en 1979. Il enregistre une version reggae intitulée « Aux armes et cætera », enregistrée à la Jamaïque. Le scandale est immense : des éditorialistes de droite (comme Michel Droit) l’accusent de profanation et d’antisémitisme latent. Des parachutistes viennent perturber ses concerts. Gainsbourg répondra en achetant le manuscrit original de Rouget de Lisle et en montrant que le compositeur avait lui-même écrit « Aux armes et cætera » pour abréger le refrain sur la partition. Cette version est aujourd’hui culte et a contribué à rajeunir l’hymne.

Plus récemment, les années 2000 ont vu apparaître le phénomène des sifflets dans les stades de football, notamment lors du match France-Algérie en 2001 au Stade de France. Cet événement a provoqué un séisme politique. Il a été interprété comme un échec de l’intégration et un rejet de la France par une partie de la jeunesse. En réponse, la loi a été durcie en 2003 pour faire de l’outrage à l’hymne national un délit sanctionné d’une amende et d’emprisonnement lors de manifestations organisées par les autorités publiques.

Ces polémiques montrent que La Marseillaise reste un objet vivant, un miroir des tensions de la société française. Elle n’est pas une pièce de musée poussiéreuse, mais un symbole qui réagit à l’actualité. Des artistes contemporains continuent de se l’approprier, parfois pour la critiquer, parfois pour la célébrer, prouvant sa centralité dans notre imaginaire collectif.

📌 Apprendre et comprendre La Marseillaise aujourd’hui

Aujourd’hui, l’apprentissage de La Marseillaise est obligatoire à l’école primaire (loi Fillon de 2005). L’objectif n’est pas d’imposer un nationalisme aveugle, mais de transmettre un héritage commun et d’expliquer le sens des paroles. Il est important que les jeunes citoyens comprennent que les mots « féroces soldats » ou « sang impur » sont des traces d’une histoire douloureuse et héroïque, pas des appels à la haine raciale contemporaine.

Lors des attentats de 2015 à Paris, La Marseillaise a ressurgi spontanément. Les foules l’ont chantée à la sortie du Stade de France, sur la Place de la République, et même à l’Assemblée nationale où tous les députés, gauche et droite unies, l’ont entonnée à l’unisson, chose rarissime. Dans ces moments de tragédie, elle retrouve sa fonction première de 1792 : unir le peuple face à l’adversité, affirmer les valeurs de la République (Liberté, Égalité, Fraternité) face au terrorisme.

Enfin, elle reste le moment fort des victoires sportives. Voir des champions du monde chanter l’hymne, c’est voir l’aboutissement du processus d’intégration républicaine. C’est le chant de tous les Français, quelles que soient leurs origines. Pour continuer ta révision, tu peux faire le lien avec le drapeau tricolore, l’autre grand symbole qui accompagne souvent l’hymne.

🧠 À retenir sur La Marseillaise

  • Composée par Rouget de Lisle à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792.
  • Initialement appelée « Chant de guerre pour l’armée du Rhin », elle prend le nom de « Marseillaise » grâce aux Fédérés marseillais qui la chantent en montant à Paris.
  • Elle devient l’hymne national officiel une première fois en 1795, puis définitivement sous la IIIe République en 1879.
  • Ses paroles, souvent mal comprises (notamment le « sang impur »), sont un appel à la défense de la Liberté contre la tyrannie des monarchies absolues.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur La Marseillaise

🧩 Pourquoi dit-on « sang impur » dans La Marseillaise ?

C’est une référence historique au sang des roturiers (le peuple), opposé au « sang pur » des nobles. Les révolutionnaires revendiquaient fièrement de verser leur propre sang pour la liberté. Une autre interprétation désigne le sang des ennemis de la Révolution.

🧩 Est-ce que Rouget de Lisle a écrit tout l’hymne ?

Il a écrit les 6 premiers couplets. Le 7e couplet, dit « couplet des enfants », a été ajouté plus tard en 1792 par un autre auteur (probablement l’abbé Pessonneaux), bien qu’il soit aujourd’hui indissociable de l’œuvre.

🧩 La Marseillaise est-elle le seul hymne de la France ?

Oui, c’est le seul hymne national officiel inscrit dans la Constitution de la Ve République (article 2). Cependant, d’autres chants comme le « Chant des Partisans » (hymne de la Résistance) ont une valeur historique et symbolique très forte.

🧩 Quiz – La Marseillaise et son histoire

1. En quelle année La Marseillaise a-t-elle été composée ?



2. Dans quelle ville Rouget de Lisle a-t-il composé ce chant ?



3. Quel était le titre original de l’œuvre ?



4. Qui était le maire de Strasbourg qui a commandé ce chant ?



5. Pourquoi appelle-t-on ce chant « La Marseillaise » ?



6. Contre quel pays la France venait-elle de déclarer la guerre en avril 1792 ?



7. Lors de quelle journée révolutionnaire La Marseillaise a-t-elle triomphé à Paris ?



8. Que signifie l’expression « sang impur » dans le contexte de 1792 ?



9. Combien de couplets La Marseillaise compte-t-elle au total ?



10. Comment appelle-t-on le 7e couplet ?



11. Sous quel régime La Marseillaise a-t-elle été interdite au XIXe siècle ?



12. Quel compositeur a réalisé une orchestration célèbre de l’hymne en 1830 ?



13. Quand La Marseillaise devient-elle définitivement l’hymne national ?



14. Où ont été transférées les cendres de Rouget de Lisle en 1915 ?



15. Quel chanteur a créé la version reggae « Aux armes et cætera » ?



16. Dans quel article de la Constitution de 1958 La Marseillaise est-elle inscrite ?



17. Quel groupe anglais a utilisé La Marseillaise dans l’intro d’une chanson ?



18. Quelle révolution étrangère a utilisé La Marseillaise comme hymne ?



19. Que risque-t-on aujourd’hui en cas d’outrage public à l’hymne national ?



20. Quelle figure allégorique est souvent représentée chantant La Marseillaise ?



[dates_article]

Pin It on Pinterest