🚩 Louise Michel : biographie de la Vierge rouge et figure de la Commune

🎯 Pourquoi Louise Michel est-elle une icône de l’histoire sociale ?

Louise Michel incarne à elle seule l’esprit de révolte et d’espérance du XIXe siècle français, une période marquée par des bouleversements politiques intenses et la lutte pour la justice sociale. Institutrice dévouée, combattante sur les barricades de la Commune de Paris et figure de proue de l’anarchisme, elle a consacré son existence entière à la défense des opprimés. En explorant la Louise Michel biographie, nous plongeons au cœur d’une vie romanesque où se mêlent courage physique, exil au bout du monde et fidélité absolue à des idéaux révolutionnaires qui résonnent encore aujourd’hui.

🗂️ Dans cet article, tu vas découvrir :

👉 Poursuivons avec le premier chapitre pour comprendre comment s’est forgé le caractère de cette militante hors norme.

📚 Une jeunesse entre château et révolte (1830-1856)

Pour bien saisir la trajectoire exceptionnelle de Louise Michel, il faut remonter à ses origines, car sa naissance même la place d’emblée dans une situation sociale complexe, à la charnière entre deux mondes.

📌 La « bâtarde » du château de Vroncourt

Louise Michel naît le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Côte, un petit village de la Haute-Marne, quelques semaines avant les « Trois Glorieuses » qui renversent Charles X. Elle est la fille de Marianne Michel, une servante, et vraisemblablement de Laurent Demahis, le fils du châtelain (ou du châtelain lui-même, Étienne Demahis, les sources varient parfois, mais le consensus penche pour le fils). Cette naissance illégitime aurait pu la condamner à la misère, mais le destin en décide autrement. Elle est élevée au château par ses grands-parents paternels, les Demahis, qui l’adorent et lui offrent une éducation libérale, imprégnée de la philosophie des Lumières et de souvenirs de la Première République.

Cette enfance est cruciale : Louise grandit loin des conventions rigides qui brident les jeunes filles de son époque. Elle lit Voltaire et Rousseau dans la bibliothèque du château, développe un amour profond pour la nature et les animaux, et manifeste très tôt une empathie débordante pour les souffrances d’autrui. On raconte qu’elle volait de l’argent ou de la nourriture chez ses grands-parents pour les donner aux pauvres du village, une générosité impulsive qui restera sa marque de fabrique. Elle ne connait pas la faim durant son enfance, mais elle la côtoie, ce qui éveille en elle une conscience de classe précoce, bien qu’elle vive, pour l’instant, du « bon côté » du mur.

Cependant, la mort de ses grands-parents protecteurs marque la fin de cette parenthèse enchantée. Chassée du château par la veuve légitime de son père en 1850, Louise Michel se retrouve confrontée à la réalité de sa condition sociale : sans dot, sans nom officiel, elle doit travailler pour survivre. C’est le premier grand choc de sa vie, celui qui la fait basculer du monde de la petite noblesse libérale à celui du peuple laborieux. Elle choisit alors la voie de l’enseignement, non par défaut, mais par vocation, persuadée que l’émancipation passe par le savoir.

📌 L’institutrice qui dit « non » à l’Empire

Louise Michel obtient son brevet de capacité pour devenir institutrice, mais une barrière politique se dresse devant elle. En 1852, Napoléon III (Louis-Napoléon Bonaparte) a instauré le Second Empire après son coup d’État. Pour exercer dans l’enseignement public, tout fonctionnaire doit prêter serment de fidélité à l’Empereur. Pour Louise, nourrie aux idéaux républicains de son grand-père, c’est inconcevable. Elle refuse catégoriquement de prêter ce serment, sacrifiant ainsi la sécurité d’un poste dans l’Éducation nationale.

Cette décision la contraint à enseigner dans des écoles libres (privées) qu’elle ouvre elle-même, d’abord en Haute-Marne (à Audeloncourt), puis à Milières. Sa pédagogie est déjà révolutionnaire pour l’époque : elle refuse les châtiments corporels, prône une éducation active, emmène ses élèves observer la nature et écrit des pièces de théâtre pour eux. Elle est une enseignante charismatique, adorée de ses élèves, mais surveillée par les autorités locales qui voient d’un mauvais œil cette « demoiselle » qui lit les journaux républicains et discute politique avec les hommes au café du village.

Durant ces années de province, elle commence également à écrire, envoyant des poèmes à celui qu’elle considère comme le phare de la conscience universelle : Victor Hugo, alors en exil à Guernesey. Une correspondance s’initie entre la jeune institutrice inconnue et le géant des lettres, une relation épistolaire qui durera jusqu’à la mort du poète. Victor Hugo devient pour elle une figure paternelle de substitution, un maître à penser, et elle se forge sous son influence une plume romantique et engagée.

Mais la province est trop étroite pour son ambition et sa soif de justice. En 1856, Louise Michel décide de monter à Paris. Elle a 26 ans, elle est libre, instruite et déterminée. Elle arrive dans une capitale en pleine transformation haussmannienne, où la richesse la plus ostentatoire côtoie la misère la plus noire. C’est dans ce creuset parisien que la militante va véritablement naître, au contact des réalités brutales du monde ouvrier.

🔥 Paris et l’effervescence révolutionnaire (1856-1870)

L’arrivée de Louise Michel à Paris marque le début de sa politisation active. Elle s’installe dans le quartier de Montmartre, qui est alors encore un village semi-rural mais qui s’urbanise rapidement, devenant le refuge d’une population ouvrière chassée du centre de Paris par les grands travaux du baron Haussmann.

📌 L’engagement social et les rencontres décisives

À Paris, Louise Michel reprend son métier d’institutrice. Elle ouvre une école rue Houdon, où elle enseigne le jour, tout en suivant des cours du soir pour parfaire sa propre instruction. Elle s’intéresse à tout : littérature, sciences, philosophie. Mais c’est surtout la misère de ses élèves et de leurs familles qui la révolte. Elle voit des enfants venir à l’école le ventre vide, sans chaussures en hiver. Sa charité devient militance : elle organise des soupes populaires, aide les femmes ouvrières, et commence à fréquenter les cercles d’opposition au Second Empire.

C’est dans ce bouillonnement intellectuel qu’elle rencontre des figures clés du mouvement socialiste et républicain. Elle croise Jules Vallès, l’écrivain révolté, et surtout Théophile Ferré, un jeune militant blanquiste dont elle tombe éperdument amoureuse (bien que cet amour semble être resté platonique). Elle fréquente aussi les réunions publiques où la parole se libère à la fin des années 1860. Elle y défend des idées d’avant-garde : l’égalité des sexes, le droit au travail, l’éducation pour tous. Elle collabore à des journaux d’opposition comme Le Cri du Peuple.

Son féminisme s’affirme déjà, mais il est indissociable de la lutte des classes. Pour Louise Michel, la femme est « l’esclave de l’esclave ». Elle ne se contente pas de revendiquer des droits politiques ; elle veut une refonte totale de la société qui libérerait à la fois l’ouvrier de son patron et la femme de la domination masculine. C’est une vision globale, très moderne, qui la rapproche de figures comme Louise Michel (elle-même), mais aussi plus tard de militantes comme Gisèle Halimi dans une autre mesure.

📌 La guerre de 1870 et le Siège de Paris

L’année 1870 est un tournant dramatique. Napoléon III déclare la guerre à la Prusse en juillet. La campagne est désastreuse pour la France et aboutit à la défaite de Sedan et à la capture de l’Empereur le 2 septembre 1870. À Paris, la foule envahit le corps législatif et la République est proclamée le 4 septembre 1870. Louise Michel est dans la rue, acclamant la chute du tyran. Mais la guerre n’est pas finie : les armées prussiennes marchent sur Paris et encerclent la capitale.

Commence alors le terrible Siège de Paris (septembre 1870 – janvier 1871). La ville est coupée du monde. L’hiver est particulièrement rigoureux. La famine s’installe. On mange du cheval, puis du chat, du chien, et finalement des rats. Louise Michel, infatigable, se démultiplie. Elle préside le Comité de vigilance des citoyennes du XVIIIe arrondissement. Sa mission ? Trouver de la nourriture, du charbon, organiser des ambulances, mais aussi surveiller les actions du gouvernement provisoire de la Défense nationale, que les révolutionnaires parisiens soupçonnent (à raison) de vouloir capituler face aux Prussiens.

C’est durant ce siège que Louise Michel se radicalise. Elle voit le peuple de Paris souffrir héroïquement tandis que la bourgeoisie des beaux quartiers continue de vivre relativement bien. Elle participe aux manifestations contre le gouvernement, réclamant la « guerre à outrance » et la levée en masse. Elle est arrêtée une première fois lors d’une manifestation devant l’Hôtel de Ville. Elle porte désormais souvent un uniforme de garde national, s’entraîne au tir. La douce institutrice s’est muée en soldat de la République sociale.

L’armistice signé le 28 janvier 1871 est vécu comme une trahison par les Parisiens. L’élection d’une Assemblée nationale à majorité monarchiste, installée à Versailles, creuse le fossé avec Paris la républicaine. La tension est à son comble. Le peuple de Paris, armé au sein de la Garde nationale, refuse de rendre ses canons. C’est l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres.

⚔️ La Commune de Paris : Louise sur les barricades (1871)

Le 18 mars 1871, Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif, ordonne à l’armée de reprendre les canons de la Garde nationale entreposés sur la butte Montmartre. C’est l’événement déclencheur de la Commune, et Louise Michel y joue un rôle de premier plan.

📌 Le 18 mars : l’héroïne de Montmartre

Au petit matin du 18 mars, les troupes versaillaises tentent de saisir les canons. Mais elles n’ont pas prévu d’attelages pour les descendre. L’opération traîne. Louise Michel, qui fait le guet, court alerter le Comité de vigilance. Elle descend la butte en criant « Trahison ! », rameutant la foule. Les femmes de Montmartre, les enfants, les gardes nationaux entourent les soldats. Les femmes interpellent la troupe : « Tirerez-vous sur vos frères, sur vos femmes, sur vos enfants ? ». Les soldats mettent crosse en l’air et fraternisent avec le peuple. Deux généraux sont arrêtés et fusillés. Le gouvernement de Thiers s’enfuit à Versailles. Paris est aux mains des insurgés.

La Commune de Paris est officiellement proclamée le 28 mars. C’est une expérience politique inédite d’autogestion et de démocratie directe. Louise Michel s’y investit corps et âme. Elle ne dort presque plus. Elle est partout : aux clubs politiques où elle prend la parole avec fougue, dans les hôpitaux où elle soigne les blessés, et sur le front, face aux troupes versaillaises qui assiègent désormais Paris.

Elle fait partie de cette frange la plus déterminée des communards. Elle ne veut pas seulement gérer la ville, elle veut vaincre Versailles pour instaurer la République sociale universelle. Elle écrit, elle organise, elle galvanise. Elle participe à la création de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, avec Élisabeth Dmitrieff, bien que Louise soit souvent plus « franc-tireur » et indépendante que membre disciplinée des organisations.

📌 La combattante et l’ambulancière

Louise Michel casse les codes de genre de son époque. On la voit souvent vêtue en homme, fusil à l’épaule, au milieu du 61e bataillon de la Garde nationale. Elle participe aux combats à Issy-les-Moulineaux, à Clamart, à Neuilly. Elle fait le coup de feu avec une bravoure qui force le respect de ses camarades masculins. Elle raconte dans ses mémoires qu’elle aimait l’odeur de la poudre, non par goût du sang, mais par ivresse de la liberté défendue.

Mais elle n’est pas qu’une guerrière. Elle s’occupe aussi de l’éducation et de la culture. Elle soutient les décrets de la Commune : séparation de l’Église et de l’État, école laïque, gratuite et obligatoire (bien avant Jules Ferry), interdiction du travail de nuit pour les boulangers, réquisition des logements vacants. Pour Louise, la Révolution doit être totale : sociale, intellectuelle et morale.

Cependant, l’étau se resserre. L’armée versaillaise, réorganisée et renforcée par les prisonniers libérés par l’Allemagne, lance l’assaut final fin mai 1871. C’est le début de la Semaine Sanglante (21-28 mai 1871). Les combats de rue sont féroces. Paris brûle. Louise Michel combat sur les barricades de la Chaussée de Clignancourt, au cimetière Montmartre. Elle voit ses amis tomber les uns après les autres. Elle échappe de peu à la mort à plusieurs reprises. Apprenant que sa mère a été arrêtée pour faire pression sur elle, Louise se livre d’elle-même aux autorités versaillaises le 24 mai pour la faire libérer. Elle est immédiatement incarcérée.

La répression est impitoyable. Des milliers de communards sont exécutés sommairement. Louise Michel assiste, impuissante, aux exécutions depuis sa cellule ou lors de ses transferts. Elle voit le rêve de sa vie noyé dans le sang. Mais loin de l’abattre, la défaite va transformer sa colère en une détermination froide et inébranlable.

⚖️ Le procès et la déportation en Nouvelle-Calédonie (1871-1880)

Après la défaite de la Commune, Louise Michel est emprisonnée au camp de Satory, puis à la prison des Chantiers à Versailles. Elle y vit dans des conditions effroyables, au milieu de la promiscuité, de la vermine et des cris des prisonniers torturés ou emmenés au peloton d’exécution.

📌 Le procès : la naissance du mythe

Son procès s’ouvre le 16 décembre 1871 devant le 6e conseil de guerre. C’est un moment d’histoire. Alors que beaucoup d’accusés tentent de minimiser leur rôle pour échapper à la mort ou au bagne, Louise Michel adopte une attitude de défi suicidaire. Vêtue de noir, digne, elle revendique tous ses actes. Elle déclare aux juges :

« Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue. J’appartiens tout entière à la Révolution sociale et je déclare que j’accepte la responsabilité de tous mes actes. »

Elle va plus loin, réclamant pour elle-même la peine capitale infligée à son ami Théophile Ferré (fusillé à Satory) : « Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance. » Cette attitude sublime les observateurs, y compris ses ennemis. Victor Hugo lui dédie son célèbre poème Viro Major (« Plus grande qu’un homme »). Elle échappe à la mort, peut-être parce que le gouvernement craint d’en faire une martyre trop encombrante. Elle est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée.

📌 L’exil et la rencontre avec le peuple Kanak

Après deux ans de prison en France (à l’abbaye d’Auberive), elle est embarquée en août 1873 sur le navire La Virginie, direction la Nouvelle-Calédonie. Le voyage dure quatre mois. Elle y retrouve d’autres grandes figures de la Commune comme Henri Rochefort. Arrivée sur la presqu’île de Ducos, elle refuse tout traitement de faveur. Contrairement à d’autres déportés qui s’enferment dans la nostalgie ou l’aigreur, Louise Michel s’intéresse passionnément à cette terre nouvelle.

Son séjour en Nouvelle-Calédonie est marqué par son ouverture d’esprit exceptionnelle. Alors que la plupart des déportés (et des colons) méprisent les autochtones, Louise Michel s’intéresse aux Kanaks. Elle apprend leurs dialectes, note leurs légendes, observe leurs coutumes. Elle enseigne même à certains d’entre eux, ainsi qu’aux enfants des déportés.

Lors de la grande révolte kanak de 1878, menée par le chef Ahtaï, Louise Michel prend une position unique : elle soutient les insurgés kanaks contre les colons français, alors même que la majorité des communards déportés offrent leur aide à l’administration coloniale pour mater la rébellion. Elle écrit : « Ils veulent vivre libres ou mourir, comme nous. » Elle voit dans leur lutte contre l’oppression coloniale le miroir de la lutte des communards contre Versailles. Cette lucidité anticolonialiste est rarissime à l’époque et constitue l’un des aspects les plus modernes de sa pensée politique.

Durant ces années d’exil, elle continue aussi ses observations scientifiques. Elle se passionne pour la botanique de l’île, correspond avec des sociétés savantes, et réalise des expériences sur la vaccination des papayers. L’exil ne l’a pas brisée ; il a élargi son horizon intellectuel et humain. Pour mieux comprendre la résilience de figures féminines face à l’épreuve, tu peux aussi consulter le portrait de Simone Veil, qui a surmonté l’horreur des camps dans un autre contexte historique.

🏴 Le retour et le drapeau noir (1880-1905)

En 1880, sous la pression de l’opinion publique (et grâce aux campagnes de Victor Hugo), la République accorde l’amnistie générale aux communards. Louise Michel peut rentrer en France.

📌 Le retour triomphal à Paris

Son retour le 9 novembre 1880 est un événement populaire. Une foule immense l’accueille à la gare Saint-Lazare aux cris de « Vive Louise Michel ! Vive la Commune ! ». Elle est devenue une légende vivante. Mais Louise n’est pas rentrée pour se reposer. Elle reprend immédiatement le combat politique. Cependant, sa pensée a évolué. Déçue par le socialisme parlementaire et autoritaire, elle se tourne vers l’anarchisme.

Elle devient l’apôtre de la grève générale et de l’action directe. C’est elle qui, lors d’une manifestation aux Invalides en 1883, brandit pour la première fois un drapeau noir, fait d’un vieux jupon, pour symboliser la misère et la faim, en opposition au drapeau rouge devenu trop lié aux partis politiques organisés. Le drapeau noir deviendra l’emblème universel du mouvement anarchiste.

Sa vie est alors une succession de meetings, de conférences à travers la France et l’Europe (Londres, Belgique, Pays-Bas), et de séjours en prison. En 1883, elle est condamnée à 6 ans de réclusion pour avoir mené une manifestation de chômeurs qui a abouti au pillage de boulangeries (elle n’a pas pillé elle-même, mais a assumé l’action de la foule). En prison, elle refuse, encore une fois, toute grâce présidentielle.

📌 L’attentat et l’activisme jusqu’au bout

En 1888, lors d’un meeting au Havre, un extrémiste (« chouan ») tire sur elle et la blesse à la tête. La balle reste logée dans son crâne. Au procès de son agresseur, Louise Michel plaide… pour son acquittement ! Elle soutient que cet homme a été égaré par une mauvaise éducation et qu’elle ne veut pas être la cause d’une condamnation. L’homme est acquitté. Cet épisode renforce encore son aura de « sainte laïque ».

Elle passe les dernières années de sa vie à voyager pour propager ses idées, souvent surveillée par la police de toute l’Europe. Elle vit pauvrement, donnant tout ce qu’elle gagne aux nécessiteux qui la sollicitent. Elle défend toutes les causes : les prostituées, les chômeurs, les animaux (elle est végétarienne par conviction éthique), et toujours, l’éducation libertaire.

Elle meurt d’une pneumonie à Marseille le 9 janvier 1905, lors d’une tournée de conférences. Ses funérailles à Paris sont grandioses : plus de 100 000 personnes suivent son cercueil jusqu’au cimetière de Levallois-Perret, un hommage populaire spontané comparable à celui rendu à Victor Hugo. La « Vierge rouge » entre définitivement dans l’Histoire.

🖋️ L’héritage d’une rebelle : féminisme et mémoire

Louise Michel laisse une empreinte indélébile dans l’histoire politique et sociale de la France. Son héritage est multiple et continue d’inspirer les mouvements contestataires contemporains.

📌 Un féminisme révolutionnaire

Si Louise Michel est une figure féministe, son féminisme se distingue de celui des « suffragettes » bourgeoises de son temps. Elle ne réclame pas seulement le droit de vote (qu’elle considère d’ailleurs comme secondaire tant que le système capitaliste perdure), mais l’égalité totale et l’indépendance économique des femmes. Elle écrit : « La question des femmes est, surtout à l’heure actuelle, inséparable de la question de l’humanité. »

Elle dénonce le mariage comme une forme de prostitution légale et prône l’union libre. Elle lutte contre les stéréotypes de genre par l’exemple, prouvant qu’une femme peut être intellectuelle, soldat et leader politique. En cela, elle ouvre la voie à des figures ultérieures qui allieront militantisme politique et cause des femmes, comme Angela Davis aux États-Unis au XXe siècle.

📌 Une figure littéraire et mémorielle

Louise Michel était aussi une écrivaine prolifique. Elle a laissé des poèmes, des romans sociaux (souvent misérabilistes, à la manière d’Eugène Sue), des contes pour enfants et surtout ses Mémoires, qui restent un témoignage de première main inestimable sur la Commune. Son style est lyrique, emporté, parfois emphatique, mais toujours sincère.

Aujourd’hui, de nombreuses écoles, rues et stations de métro portent son nom (comme la station Louise Michel à Levallois). Elle est devenue une icône pop-culturelle, représentée dans des bandes dessinées, des films et des chansons. Elle symbolise la résistance pure, l’intégrité absolue et le refus des compromissions. Contrairement à d’autres figures historiques figées dans le marbre, Louise Michel reste une figure vivante, subversive, dont la radicalité interpelle encore notre époque en quête de sens politique.

Pour approfondir le rôle des femmes « guerrières » dans l’histoire de France, le parcours de Jeanne d’Arc offre un parallèle intéressant, bien que dans un contexte religieux et royaliste totalement opposé aux idéaux athées et anarchistes de Louise Michel.

🧠 À retenir sur Louise Michel

  • Née en 1830, institutrice engagée, elle refuse de prêter serment à Napoléon III.
  • Figure majeure de la Commune de Paris (1871), elle combat sur les barricades et organise les secours.
  • Déportée en Nouvelle-Calédonie, elle soutient la révolte des Kanaks contre la colonisation, un fait exceptionnel.
  • Devenue anarchiste à son retour en 1880, elle popularise le drapeau noir et milite jusqu’à sa mort en 1905.
  • Son féminisme est indissociable de la lutte sociale : elle veut libérer la femme en libérant le peuple.

❓ FAQ : Questions fréquentes sur Louise Michel

🧩 Pourquoi l’appelle-t-on la « Vierge rouge » ?

Ce surnom lui a été donné par ses contemporains (amis comme ennemis). « Rouge » pour ses convictions révolutionnaires et communistes/anarchistes. « Vierge » parce qu’elle n’a jamais été mariée et que sa vie privée semblait entièrement sacrifiée à la cause révolutionnaire, lui donnant une aura quasi mystique ou religieuse, bien qu’elle fut athée.

🧩 Louise Michel a-t-elle tué des gens ?

Durant la Commune, elle a fait le coup de feu et a porté des armes. Elle a assumé avoir tiré sur les troupes versaillaises pour défendre Paris. Cependant, il n’y a pas de preuve précise qu’elle ait exécuté quelqu’un de sang-froid. Elle a toujours revendiqué la violence révolutionnaire comme une nécessité défensive face à la violence d’État.

🧩 Quel était son métier avant la politique ?

Elle était institutrice. C’était sa vocation première. Elle a fondé des écoles libres où elle appliquait des méthodes pédagogiques très modernes pour l’époque, basées sur le jeu, le dialogue et l’observation de la nature, refusant les châtiments corporels alors très courants.

🧩 Où peut-on lire ses écrits ?

Une grande partie de ses œuvres, notamment ses Mémoires et sa correspondance avec Victor Hugo, est disponible gratuitement sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. C’est une source directe fascinante pour comprendre sa pensée.

🧩 Quiz – As-tu bien suivi la vie de Louise Michel ?

1. En quelle année est née Louise Michel ?



2. Quel métier exerçait-elle avant la Commune ?



3. Quel célèbre écrivain était son correspondant et ami ?



4. Quel événement déclenche la Commune de Paris ?



5. Comment appelle-t-on la semaine sanglante qui met fin à la Commune ?



6. Où Louise Michel a-t-elle été déportée ?



7. Quelle population locale a-t-elle soutenue lors de sa déportation ?



8. Quel surnom lui a-t-on donné ?



9. Quel mouvement politique rejoint-elle après son retour d’exil ?



10. Quel drapeau Louise Michel a-t-elle popularisé ?



11. En quelle année revient-elle de déportation ?



12. Qu’a-t-elle fait lors de son procès en 1871 ?



13. Quel régime politique refusait-elle de servir au début de sa carrière ?



14. Dans quel arrondissement de Paris était-elle principalement active ?



15. Quelle était sa position sur le mariage ?



16. De quoi est morte Louise Michel ?



17. Comment a-t-elle réagi à l’attentat contre elle en 1888 ?



18. Quel domaine scientifique l’a passionnée en Nouvelle-Calédonie ?



19. Avec qui a-t-elle fondé l’Union des femmes pendant la Commune ?



20. Quel héritage laisse-t-elle principalement ?



[dates_article]

Pin It on Pinterest